Annoncé puis disponible dans la foulée, L’histoire de la Nintendo 64, écrit par Patrick Hellio, est le deuxième ouvrage dédié à l’histoire d’une console de la maison d’édition toulousaine Third. Après l’Histoire de la Wii, voici venue celle de la Nintendo 64, la plus américaine des consoles japonaises. Journaliste depuis la fin des années 90, Patrick Hellio a arpenté les couloirs de nombreuses rédactions telles que Gamekult ou encore JV Le Mag. Aujourd’hui et depuis 2007 il anime régulièrement le podcast hebdomadaire de Libération, Silence On Joue. Passionné d’histoire du jeu vidéo, il n’en est pas à son premier coup d’essai avec cet ouvrage, il a précédemment dédié sa plume à l’Histoire du Point’n Click: L’Epopée du jeu d’aventure graphique (Pix’n Love) ou encore Génération Jeu Vidéo: années 80 et années 90 (Wildfire Media). L’Histoire de la Nintendo 64: La plus américaine des consoles japonaises est disponible depuis le 9 février 2023, sur le site de Third Editions et en librairie.
Malgré des chiffres de ventes en deçà de ses prédecesseures, la Nintendo 64 a profondément marqué l’industrie. Cet ouvrage retranscrit avec minutie son histoire.
Cet article est rédigé grâce à un ouvrage physique de la version standard commercial fourni par la maison d’édition, que je remercie une fois encore.
Sur fond de contexte industriel de la sphère vidéoludique, cet ouvrage se veut précis, dans la façon d’aborder et de raconter l’histoire de la cinquième génération de consoles de Nintendo mais se concentre également sur ses concurrentes, ainsi que l’évolution de l’industrie, tant en termes de technologie pure, du hardware, aux supports utilisés. Centré sur la N64, oui, mais impossible de ne pas évoquer, la Super NES et autres Atari, 3DO, et même CD-i, sans oublier Sega et l’ascension de Sony et sa PlayStation.
« Pour ses chefs-d’œuvre incontestés comme pour ses flamboyantes bizarreries, pour ses ratages comme pour ses fulgurances de gameplay fédérateurs réunissant quatre joueurs devant le téléviseur, la Nintendo 64 reste un pilier de la grande histoire vidéoludique, mais aussi de nombreuses histoires de joueurs. »
Ses noms de code, sa sortie tardive par rapport à ses concurrentes chez Sega et Sony, un support cartouche vieillissant, en passant par sa conception difficile, sa dream team occidentale qui a façonné sa réputation, son accessoire mort né, ses réussites, ses échecs, comment Nintendo a boudé la toute première édition de l’E3 en 1995, les 207 pages de cet ouvrage dessinent avec précision l’histoire de cette console aujourd’hui devenue un incontournable de l’histoire de l’industrie.
Des anecdotes marquantes, des citations qui le sont tout autant, que la console nous ait marqué ou non dans notre vie de joueur, Patrick Hellio dévoile son histoire aussi passionnante que surprenante. On y relève même une intemporalité dont Nintendo a la façon d’aborder l’industrie et ses ambitions.
« Nous ne cherchons pas à faire des jeux bourrés de FMV. Nous prêchons plutôt la qualité à la quantité » – Shigeru Miyamoto
Sourcé avec soin, précis dans ses explications et dans le choix de ses mots, cet ouvrage se veut être profondément passionné tout en étant une mine d’informations concernant la conception de la console et de sa logithèque. Une console japonaise qui a voulu se démarquer par sa technologie américaine, fortement inspirée de l’industrie cinématographique alors portée par des œuvres telles que Jurassic Park ou encore Terminator 2, mais également par le choix de ses partenaires les plus proches (impossible de parler de la Nintendo 64 sans évoquer l’exceptionnel studio britannique Rare).
Sans oublier ses jeux, incontournables et révolutionnaires, tels que Super Mario 64 ou encore un certain The Legend of Zelda Ocarina of Time (en passant par son support initialement prévu). Entre anecdotes de développement et impact de ces jeux sur l’industrie toute entière, L’histoire de la Nintendo 64 fourmille de détails en tous genres, en s’attardant par exemple le temps de quelques lignes sur l’explication qui a poussé Square a abandonner son partenaire de toujours, pour se diriger vers Sony et sa PlayStation pour son Final Fantasy VII.
« Hormis ses qualités intrinsèques indiscutables, Super Mario 64 rappelle également combien l’histoire du jeu vidéo est ponctuée de titres fondateurs qui, par leurs choix et orientations, orchestrent idéalement la rencontre entre un postulat technologique nouveau et une époque, un contexte, un public qui va lui procurer toute sa résonance. » – Patrick Hellio, L’Histoire de la Nintendo 64, page 155
Dans un format classique pour la maison d’édition, plus petit par rapport à des ouvrages tels que « Le Monde Selon Final Fantasy » ou encore « The Heart of A Plague Tale« , c’est également sa première de couverture qui attire particulièrement notre attention. Dans sa version standard, le visuel propose un éclatement de la console, avec différents étages proposant quelques dessins de ses jeux les plus marquants. Une illustration qui transpire les détails, de l’inconditionnel Mario, en passant par Link sur Epona, mais également Banjo et Kazooie (et je vous laisse découvrir le reste). Sa version First Print (exclusive au site de l’éditeur), quant à elle, propose une illustration similaire mais dont la mise en avant est centrée sur la célèbre manette de la N64.
Relatant avec soin l’histoire d’une console, mais également le contexte industriel qui l’entoure et l’ambiance concurrentiel de l’époque, L’Histoire de la Nintendo 64 et son auteur, Patrick Hellio, offrent une lecture passionnante dont on ne voit pas les pages se tourner. Pour vous donner une idée de mon affect particulier avec cette console que je n’ai possédé que dans les années 2010, c’est en 2003 que j’ai pu pour la première fois empoigner sa manette atypique, alors que je passais mes vacances d’été chez des amis de la famille. On m’a tendu la manette sur le menu d’Ocarina of Time que je n’ai plus pu lâcher avant de l’avoir terminé. Un jeu mais également une console qui depuis me suivent à tous les instants tant ces quelques heures passées à l’époque ont profondément marqué ma vie de joueuse. Ainsi, en connaitre ses secrets mais également ses faiblesses à travers cet ouvrage ont été particulièrement intenses ne serait-ce que pour étoffer ma culture vidéoludique. Un ouvrage a posséder sans le moindre doute si l’histoire de l’industrie vidéoludique nous intéresse.