Chez Ki-Oon Editions, l’année 2022 a commencé par la parution d’une nouveauté : Leviathan, première œuvre originale du mangaka Shiro Kuroi. Sorti le 6 janvier 2022, Leviathan fait partie des mangas que j’attendais le plus cette année. Sa particularité ? Son dessin incroyablement détaillé. Mais réussit-il à être plus que ça ?

  • Genre: Seinen
  • Univers: Science-fiction
  • Prix: 9€95
  • Nombre de pages: 187
  • Nombre de tomes prévus: 3

Synopsis

Monstre ou humain… qui sommeille au coeur des ténèbres?

Aux confins de la galaxie, sur la route entre la Terre et Proxima du Centaure sommeille le Leviathan, un vaisseau de transport disparu sans laisser la moindre trace. Notre lecture commence lorsque des pilleurs d’épaves tombent nez à nez avec le vaisseau si longtemps sorti des radars. A son bord, pas de survivants, mais un journal qui retrace les derniers instants de ses passagers… C’est ainsi que nous découvrirons ce qui s’est passé à bord du Leviathan.

Un space opera classique

Alternant entre présent et passé, Leviathan raconte comment le vaisseau a disparu et ce qu’il est advenu de ses passagers. Une ambiance angoissante règne sur ce premier tome qui pose les bases de ce qui semblera devenir un réel combat pour la survie, quel qu’en soit le prix.

A première vue, Leviathan ne semble rien inventer, on y retrouve des codes de science-fiction et de la survie souvent traités à la différence près qu’ici, pas de bestiole bizarre qui survient de nulle part, et aucune échappatoire pour nos survivants livrés à eux-mêmes en une fraction de seconde dans un environnement hostile. On y découvrira même des inspirations à des œuvres très à la mode depuis quelques années.

Mais malgré cette « facilité » de scénario et de narration, Leviathan m’a happé dans ses pages, dans lesquelles le mystère reste à son comble. Son ambiance, rappelant dans une moindre mesure la saga cinématographique Alien, nous scotche à ces mots et ces images qui défilent devant nos yeux. Et si la finalité semble presque évidente, j’aime à croire que Leviathan nous réserve bien des surprises et des rebondissements dans ses prochains tomes. Et si tel n’est pas le cas, il n’en reste pas moins que Shiro Kuroi nous offre un huis-clos angoissant et pesant, et réussit à nous captiver par ses dessins peu conventionnels.

Des dessins réalistes, peut-être trop, rendant certaines scènes illisibles dans leurs actions, mais ce cas ne se compte ici que sur les doigts d’une main. Des visages qui nous font frémir, des scènes violentes, un environnement hostile, tout ça fait de Leviathan une œuvre incroyable à parcourir. Plus loin encore, nul doute que les connaisseurs de bandes dessinées verront en Leviathan une inspiration certaine au dessinateur français Enki Bilal, figure reconnue de la science-fiction.


Couverture de « Le vaisseau de pierre » sorti en 1976
Planche du Vaisseau de Pierre, par Enki Bilal


Leviathan n’est d’ailleurs pas, à mon sens, à mettre entre toutes les mains malgré l’absence d’une indication le stipulant. En effet, j’ai trouvé que ce premier tome s’adresse à un public averti, tant par ses dessins que par ses propos.

Si Leviathan reste une œuvre de science-fiction foncièrement classique et quasi sans surprise, il n’en reste pas moins que ce premier tome est percutant et appelle à vouloir en connaitre la suite. Efficace dans sa mise en scène, dans son ambiance et dans ses propos, malgré un sentiment de déjà-vu pour les afficionados du genre, Shiro Kuroi réussit d’une main de maître à nous transporter dans son univers au travers de son dessin réaliste et détaillé. Les pages se tournent inlassablement jusqu’à la toute dernière appelant à patienter pour la suite.

Un dernier mot sur l’objet en lui-même. La première de couverture est sobre mais somptueuse. J’apprécie particulièrement le format du livre, plus grand qu’à l’accoutumée, en adéquation parfaite avec le désir de détailler les planches sans oublier ses tranches noires, annonciatrices de l’ambiance globale qui nous attend.