Les aficionados du genre et de la licence connaissent YS VIII depuis 2016. Sorti initialement sur PS Vita, le titre de Falcom a depuis connu toutes les générations de consoles qui lui ont succédé. PS4, PC, Nintendo Switch, c’est au tour de la PS5 de proposer sa version d’une des aventures d’Adol Christin, et je ne me mouille pas trop en disant cela, celle qui a marqué le plus de joueurs de la saga. Il est disponible sur la console current gen de Sony depuis le 18 novembre 2022.

Après un YS IX: Monstrum Nox sympathique mais non sans défauts, j’ai voulu tenter cette aventure « incontournable » de la saga. Ai-je eu raison? Avec un retard monstrueux, je peux enfin vous livrer mon avis sur cet épisode qui traverse les générations après 40h de jeu, 98% des quêtes secondaires terminées (oui, je n’en ai échoué que 2), la carte explorée à plus de 95%, et histoire terminée cela va de soi. YS VIII: Lacrimosa of Dana, un jeu au multiples sorties peut-il aujourd’hui aspirer à être intemporel?

Cet avis est possible grâce à une version digitale PS5 du titre fournie par Plaion France que je n’oublie pas de remercier pour leur confiance.

Adol Christin (personnage principal récurrent des YS) est marin (temporairement) à bord du Lombardie, bateau de croisière qui vogue sur les mers pour atteindre sa destination: le pays de Xandria. Alors que tout va pour le mieux sur le navire du Capitaine Barbaros, une étrange et gigantesque créature marine l’attaque lui valant ainsi de faire naufrage. Adol dérive et se réveille sur une île déserte: l’île de Seiren, dont les on-dit racontent qu’aucun homme n’a pu en réchapper. C’est donc un nouveau périple qui attend notre aventurier au cheveux rouge. Première étape: retrouver d’autres survivants qui étaient à bord du Lombardie.

Ce n’est ici que la partie émergée de l’iceberg du scénario d’YS VIII Lacrimosa of Dana qui nous réserve bien des surprises. Une île déserte, des créatures hostiles qui semblent venir d’un autre temps, et les rêves mystérieux d’Adol qui mettent en scène les souvenirs d’une jeune Prêtresse vivant à une autre époque. JRPG oblige, YS VIII prend le temps, beaucoup de temps, à poser son scénario et là où il souhaite en venir, rendant le rythme des premières heures un tantinet longuet mais pour mieux rebondir et arriver au vif du sujet: l’histoire de Dana, de l’île et ce qu’il adviendra des survivants du naufrage.

Une fois ces premières heures passées, cet épisode passionne par son univers, les mystères qui l’entoure, mais également par l’écriture de ses très nombreux personnages. Adol, Dana, Laksha, et bien d’autres. Des personnages aux multiples personnalités et aux multiples histoires sont au cœur de cet épisode. Et c’est un fait, si YS IX se veut être très attachant de ce côté là, il n’est en rien comparable à la profondeur de son prédécesseur.

Manette en main, YS VIII n’est en rien une révolution du genre. On retrouve ainsi les nombreux codes du JRPG et pourtant le titre a ce petit quelque chose en plus qui nous fait l’adorer. Le jeu se décompose en deux temps. Le premier: l’exploration, aspect indispensable à la recherche de survivants, à la récolte de matériaux, le second: les combats. Ce que j’ai d’une part trouvé brillant c’est la façon dont l’exploration fait partie intégrante de l’aventure et se fond parfaitement avec le scénario. Dès les premiers instants, le jeu nous apprend à explorer l’île de fond en comble, et dès lors où finalement on peut estimer s’en passer, on continue de nous-mêmes à arpenter les plages et autres environnements de cette île. C’est ainsi, sans trop que je m’y attende, que j’ai terminé l’histoire en ayant exploré plus de 95% de l’île. Et il en est de même avec le contenu secondaire. Plutôt généreux, il s’avère également d’une utilité assez impressionnante notamment pour faire évoluer et gérer le « Village des Naufragés » et on se prête au jeu sans se forcer. Et c’est à mon sens gage de qualité. Une carte qui ne nous décourage pas, bien au contraire, et qui nous pousse un peu inconsciemment à vouloir en faire le plus possible, à l’instar de Sonic Frontiers, sorti récemment et dont le monde ouvert est une invitation à l’exploration et non à l’indigestion.

Pour ce qui est des combats, YS VIII est un action-RPG dans lequel nous composons notre équipe à notre guise, et dont chaque membre est jouable. Dynamisme et variété de gameplay sont donc au rendez-vous pour éviter la lassitude. Les mécaniques, elles, restent relativement classiques, rappelons que le jeu date initialement de 2016 mais qui a connu un grand nombre de « ressorties ». Quoi qu’il en soit, là encore, YS VIII brille par son gameplay nerveux et diversifié, tout en n’étant pas punitif. Les combats sont esquivables au même titre que les sessions de farm, bien qu’elles se fassent finalement naturellement, ne sont en aucun cas obligatoires: on pourra combattre un ennemi avec un niveau bien plus haut que le nôtre sans que cela nous vaille un game over inévitable. Le système d’esquive est efficace, ainsi que la prise de puissance grâce au craft d’armes et d’équipements. En résulte un système de combat addictif et maitrisé. En revanche, on aura quand même pas mal de reproches à faire à la caméra qui fait un peu ce qu’elle veut quand elle veut durant les combats.

En termes de contenu secondaire, YS VIII propose son lots de quêtes, allant de « récupérer tels matériaux » à « passons à la contre attaque », sortes de phases de domination face à la faune de l’île, en passant par des quêtes bien plus profondes quand on explore Eternia (je n’en dirai pas plus), le tout sans que cela frôle l’overdose et la démesure.

Ca, c’était la partie pour ceux qui comme moi ne connaissaient pas le jeu. Passons maintenant à la qualité de cette itération sur PS5. S’il est graphiquement daté de 2016, remettons le quand même dans son contexte, YS VIII s’en sort visuellement très bien. Certes, les visages et les textures ont pris un léger coup de vieux, il n’en reste pas moins très joli à regarder notamment grâce à sa direction artistique. Des couleurs éclatantes, ses panoramas, ses nombreux environnements, son moteur certes un tantinet vieillissant ne perd pas tellement de sa superbe pour autant. La netteté de sa résolution est également un plus, sans oublier le 60 FPS constant. En effet, pas de chute de framerate à prévoir dans cette mouture et c’est sans compter sur l’absence ou en tout cas les très faibles temps de chargement qui sont un véritable bonheur. Son OST est quant à elle sublime et très adaptée à chaque situation.

A l’instar d’YS IX, Lacrimosa of Dana est jouable avec les voix en anglais ou en japonais mais avec la présence d’une interface et textes en français. Si je ne cesserai jamais de saluer le geste, le manque de rigueur est toutefois notable: fautes d’orthographes et oublis de mots sont quand même nombreux dans la traduction. On me rapportait également l’incohérence de traduction des matériaux, qui pouvaient en avoir 3 voir 4 différentes, mais cela semble avoir été réglé lors de la dernière mise à jour de décembre, je n’ai pas été confrontée à ce souci. Mais hormis ces quelques couacs, les sous-titres font plaisir à voir dans ce genre de jeux dits « de niche » permettant ainsi un confort linguistique indéniable.

YS VIII Lacrimosa of Dana est indéniablement un grand jeu. Son scénario, bien que légèrement poussif au début, met rapidement en haleine, l’écriture des personnages, le lien entre Adol et Dana, son gameplay dynamique et addictif, son invitation à l’exploration sans que cela en devienne une corvée, tout cela en a fait pour moi un véritable coup de cœur en cette fin d’année 2022 et début 2023. La version PS5 semble être effectivement la version la mieux optimisée aussi bien graphiquement qu’en termes de fluidité et de temps de chargement. Néanmoins, on regrette un certain manque de rigueur sur les sous-titres qui présentent encore beaucoup de coquilles. Le système économique est également à revoir, en effet, les possesseurs de la version PS4 doivent repasser à la caisse pour tâtonner cette mouture PS5. Mais pour le reste, YS VIII se dévoile être aussi incontournable dans la saga qu’intemporel.

Les plus

  • Un scénario haletant
  • L’écriture des personnages, Dana en tête de liste
  • Une invitation à l’exploration de l’île de Seiren
  • Le gameplay dynamique et grisant
  • La gestion du Village des Naufragés
  • Le contenu secondaire généreux mais qui ne tire pas sur l’indigestion
  • Fluidité et absence de temps de chargements sur PS5

Les moins

  • Un modèle économique dommageable pour les possesseurs de la version PS4
  • De nombreuses coquilles dans la traduction française
  • La caméra qui n’en fait qu’à sa tête