Cela faisait un moment que je n’avais pas écrit sur un jeu VR. Quelle belle occasion de s’y remettre avec l’arrivée de The Inpatient le 23 janvier.

Souvenez-vous, lors de la conférence Playstation à l’E3 2017, on nous présentait un nouveau titre pour le Playstation VR dont la bande-annonce intriguait et dérangeait en même temps.

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En ce dimanche 4 février 2018, après une semaine de dur labeur, mon objectif premier était au moins de commencer The Inpatient. Aux alentours de 18h30, ce fut le drame, le générique défilait devant mes yeux, et je suis restée figée. Le doute et la perplexité m’envahissaient peu à peu. Vous vous demandez ce qu’il me prend? Pour la première fois, je suis partagée entre le sentiment d’avoir fait un excellent jeu et celui d’être au sommet du mont de la déception.

Avant de vous conter mon expérience, plaçons tout d’abord The Inpatient dans son contexte. Vous le savez peut-être déjà, ou pas, ce nouveau titre VR a été créé par Supermassive Games. Si cela peut faire ni chaud ni froid à certains d’entre vous, un petit pincement au cœur se manifestera chez les autres. The Inpatient était très attendu pour la simple et bonne raison qu’il est en lien direct avec l’exceptionnel, le grandissime Until Dawn. Celui-ci vient se placer 60 ans avant la dramatique escapade de notre groupe d’adolescents. Ce nouveau petit bout d’histoire nous plongera au cœur du sanatorium de Blackwood Pines, élément important d’Until Dawn. Merci du fond du coeur, encore et toujours à PlayStation France pour le code du jeu.

Veuillez m’excuser pour les captures d’écran, elles ont été prises in-game et comme vous le savez déjà surement, un screen VR n’est jamais bien fameux pour se rendre compte du résultat réel.

1. L’angoisse à l’état pur

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The Inpatient ne passe pas par quatre chemins pour nous mettre d’emblée dans son ambiance pour le moins très angoissante. Le menu s’avérera être la seule partie la plus lumineuse de tout votre périple mais il n’en est pas plus rassurant.

Une fois vous être enfin décidé à franchir le pas, vous vous retrouvez dans ce qui semble être une chambre d’hôpital sombre et poisseuse. Poings liés à votre fauteuil roulant, votre seul mouvement possible sera celui d’arpenter du regard votre environnement. Un vieil homme s’avance vers vous. Cet homme est le Dr. Jefferson Bragg. Ces quelques premiers échanges avec lui auront deux impacts. Le premier, la compréhension de la mécanique principale du jeu, celle de faire des choix de dialogues, et vous apprendre ou vous rappeler ce qu’est l’effet papillon ou comment vos choix peuvent influencer la suite des événements. Cette courte séquence vous permettra également de découvrir le noyau du scénario de The Inpatient: vous incarnez un personnage (dont vous pourrez choisir le sexe au début de votre partie) dont les souvenirs et même l’identité ont complètement disparu.

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Sachez que j’ai entièrement fait The Inpatient sur PS4 Pro, mes propos ci-dessous sont donc à prendre un peu plus à la légère si vous jouez sur PS4 standard, je ne peux affirmer ou infirmer qu’il existe une différence graphique entre les deux supports. En matière de VR, Supermassive n’en sont pas à leur coup d’essai, ils nous avaient proposé Rush of Blood au line-up du casque qui, pour la plupart d’entre nous, fait partie de nos premières expériences dans cette nouvelle façon de vivre le jeu et nous avaient agréablement surpris, notamment en termes graphiques. C’est net, c’est propre, c’est agréable. On remarquera parfois un petit aliasing sur certains éléments du décor mais rien de vraisemblablement gênant. On estimera un certain relâchement au niveau des expressions de visages, qui aura une conséquence un peu décevante. Si The Inpatient me partage ce n’est pas à ce niveau là.

2. Avance et subit

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Côté gameplay, mettons les choses au clair de suite, The Inpatient n’a rien d’Until Dawn, si ce n’est cette prise de choix et d’effet papillon qui ne sera pas forcément évident à distinguer à votre première partie.

Il est malheureux de le dire, mais si son ambiance est bonne et éventuellement certains aspects du scénario, on ne pourra pas en dire autant de ses sensations. Nous devons nous contenter d’avancer dans des couloirs, rejoindre certaines pièces, sursauter, avancer, toujours avancer et revenir à la case départ. C’est ennuyeux à mourir et même si nous fouillons un peu pour tenter de trouver des objets qui nous permettrons de récupérer quelques fragments de mémoire, cette impression de errer sans but est belle et bien présente. Durant toute ma virée dans cet endroit, j’ai eu l’impression de revivre la démo de Resident Evil VII, Kitchen, qui en soit était une très bonne expérience bien qu’un peu traumatisante, mais dans laquelle j’ai dû subir sans pouvoir me défendre.

Force est de constater que le jeu n’exploite la VR que dans son visuel et non dans le gameplay et les possibilités de mouvements réalistes. Nous ne devons nous contenter que de quelques ouvertures de portes en agrippant une poignée, la tourner légèrement avec la Dualshock 4 ou un Move, appuyer sur un ou deux boutons, et balayer une salle avec notre lampe torche. Soit dit en passant ce dernier exemple fut une réelle preuve d’imprécision: ma manette avait beau être bien face à la caméra et malgré mes nombreuses tentatives de recalibrer tout ça en maintenant la touche option, ma manette devait obligatoirement regarder le mur à ma gauche pour éclairer en face de moi dans le jeu.

On pourra éventuellement s’essayer à la reconnaissance vocale au moment de faire nos choix, mais cela ne permet pas d’intensifier l’immersion pour autant.

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3. Qui suis-je? Où suis-je?

C’est ici que The Inpatient m’intrigue et me perd dans mon avis le concernant. Nombreux sont les joueurs qui ont vu dans cet annexe à Until Dawn, un prologue dispensable dont les révélations ne surprennent pas. En toute honnêteté, je ne peux pas leur donner tort. Mais je ne peux pas non plus leur donner raison.

Son scénario se passe en 2 temps. Le premier, on vous maintient enfermé dans une chambre plus proche d’une cellule dans laquelle vous faites la connaissance d’une ou d’un autre patient, dont la démence et l’aspect font peine à voir. Dans la seconde, vous tentez tant bien que mal de vous extirper de votre prison et parvenez malgré tout à rencontrer quelques survivants. Si ces derniers sont d’une gentillesse certaine envers notre pauvre personnage (du moins dans ma partie), mes sentiments envers eux n’ont pas évoluer d’un pouce durant notre escapade. En fait, ils ne m’ont fait ni chaud ni froid, ils auraient pu ne pas être là que cela ne m’aurait pas plus perturbé. Des dialogues trop simplistes, des expressions trop abruptes, bref ils n’ont rien apporté de plus à mon expérience et leur présence ne m’a pas rassurée.

Si ce prologue m’intrigue c’est en son cœur, notre personnage. Bien évidemment, la « révélation » maître ne m’a pas plus surprise que ça, c’est plutôt les quelques fragments de souvenirs que j’ai réussi à dénicher qui m’ont un peu bousculée et me poussent à dire que The Inpatient n’est pas si plat que ça. Je pense que l’idée de base était très bonne malheureusement inexploitable à cause de sa durée de vie.

Deux heures, c’est le temps qu’il faut pour voir le générique de fin défiler devant vous. Pour moi, trois. J’imagine que nombreux sont les joueurs qui déambulaient d’un pas décidé dans cet hôpital, dans mon cas, j’y allais plutôt à pas de velours, parfois pour pas grand chose mais j’assume ma trouillardise légendaire.

Un chose est sûre, bien que je sois de toute évidence tombée sur la mauvaise fin, elle m’a ravie faisant le lien direct avec le début d’Until Dawn.

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Si vous lisez cet avis et le voyez comme négatif envers The Inpatient, il en a effectivement toutes les formes. Le nouveau titre VR de Supermassive Games n’a presque rien pour plaire, si ce n’est un savoir faire pour nous mettre dans l’ambiance qu’ils souhaitent. Mais l’exploitation imprécise et timide de la réalité virtuelle et son scénario trop discret auront pour conséquence de nous décevoir. Mais j’y ai vu une bonne intention, dont la prise de risque était trop moindre quant à son potentiel. Et il faut bien l’avouer, tenter de prolonger l’expérience Until Dawn n’est pas une mince affaire, la barre est déjà bien placée au dessus de nos têtes. Mais soyons clairs, The Inpatient déçoit mais n’en est pas pour autant le calvaire que certaines notes tentent de représenter.