Sorti le 27 août dernier, la réputation de Tormented Souls n’est plus à faire. Résultat de la collaboration entre Dual Effect et Abstract Digital Works, un studio chilien fondé en 2013, et édité par PQube, le survival-horror indépendant ne manque pas de très vite faire parler de lui et avait même pour principale ambition d’être un « hommage à Resident Evil et Silent Hill« .

Evidemment, je suis au rendez-vous pour vous en parler un peu plus en détail et vous confier ce que j’en ai pensé. Tormented Souls, un hommage, une ode aux précurseurs du genre? Le survival-horror d’antan peut-il toujours avoir le même impact à notre époque?

Cet avis est rédigé à partir d’une version dématérialisée PS5 fournie par le distributeur Just For Games que je remercie infiniment pour leur confiance.

Nous incarnons Caroline Walker, dont on ne sait finalement pas grand chose. Très vite, elle (nous) recevons une lettre dans laquelle est dissimulée une photo de deux sœurs, deux jumelles et un lieu à visiter: le manoir Wildberger, devenu un hôpital. Vêtue de sa jupette, son blouson en cuir et ses mitaines, Caroline est bien décidée à lever le voile sur cette mystérieuse photo. Je ne vous surprendrai guère en vous dévoilant que ce qui nous attend est loin d’être une promenade de santé. Dès son arrivée au manoir, la petite n’est pas accueillie avec le tapis rouge sous les bottines.

Si Tormented Souls propose effectivement un scénario digne des grands noms du genre, il s’avère être tout ce qu’il y a de plus classique au point même qu’après quelques minutes de jeu, j’avais déjà deviné une partie de l’histoire. Evidemment, on ne lui demande pas de nous pondre un scénario à la James Wan et de son très célèbre Insidious, alors c’est un aspect que je lui pardonne volontiers.

Malheureusement pour lui, je suis très tatillon sur la forme que les deux studios ont choisi pour nous raconter la plus grosse partie de leur histoire horrifique: la lecture de documents éparpillés aux quatre coins du manoir. Pour la petite histoire, je ne supporte plus les collectibles, j’en fais une overdose, et même si je continue de fouiller dans les jeux je ne m’embête plus à lire les différents écrits sauf que nombreux sont les jeux qui agrémentent leur lore par ce procédé (coucou Control), et je vous avoue que je trouve ça fainéant à souhait et souvent très peu clair notamment en ce qui concerne la chronologie. Et Tormented Souls n’est pas une exception. En résulte des questions qui restent toujours sans réponses même après avoir terminé le jeu, probablement parce que je n’ai pas tout trouvé, ou tout simplement parce qu’il ne les propose pas. De plus, si vous ne lisez pas ces précieux documents tout au long du jeu, il est peu probable que vous compreniez la dernière partie du jeu.

Tout ça pour dire que c’est un procédé, une recette, qui ne fonctionne plus sur moi et me laisse de marbre. Malgré tout, je suis allé au bout de l’aventure et ai lu tous les documents qui sont tombés entre mes petites mimines, me permettant de vous dire que Tormented Souls propose un background intéressant, dérangeant au possible, et tout à fait convenable pour les fans du genre.

Concernant sa durée de vie, comptez entre 6 et 8h pour le boucler. De mon côté, je l’ai terminé en un peu plus de 6h mais je ne vous cache pas avoir eu recours à une soluce pour certains passages du jeu, notamment pour la résolution de certaines énigmes et l’endroit où je devais aller ensuite, je vous explique pourquoi un peu plus bas.

En termes de gameplay, là encore Tormented Souls assume son statut d’hommage aux survival horror des années 90/2000. La caméra fixe lui va à ravir, et on ne va pas se mentir, ce choix est parfait pour coller à l’ambiance dans laquelle il veut nous plonger et le sentiment de peur qui nous envahi à mesure qu’on avance dans cet étrange endroit. Plus loin encore: le retour des bandes d’enregistrement pour sauvegarder. Un système qui fonctionnait parfaitement il y a 20 ans mais qui peine à retrouver sa superbe aujourd’hui à mon goût. Certes, ça soulève le sentiment de peur au moindre bruit, la peur de perdre un certain de temps de jeu, et devoir recommencer. A l’époque c’était nouveau, aujourd’hui ça ne l’est plus vraiment et cela relève finalement d’une certaine routine.

Pour ce qui est d’arriver à la fin du jeu, Tormented Souls propose de résoudre une flopée d’énigmes grâce à la récupération de divers objets tout au long de notre périple. Cela va du simple cadenas à la batterie de voiture, placés dans notre inventaire, dans lequel nous avons la possibilité d’équiper, utiliser ou combiner. Ainsi donc nous nous lançons à la découverte de cet hôpital peu conventionnel, labyrinthique, aux très nombreuses pièces à visiter. Et pour être tout à fait honnête, mon sens de l’orientation d’une poule ne m’a pas aidé à avancer ni même la difficulté de certaines énigmes, qui pour la plupart manquent de logique et d’intuition. Ou alors, je suis juste trop vieille pour ces trucs là.

Mais vous vous doutez bien que tout cela serait trop facile si Caroline était seule dans ce manoir pour mener l’enquête. Il faut donc s’attendre à rencontrer quelques colocataires hostiles pour nous freiner dans notre recherche. Si les premières rencontres nous valent quelques jumpscares bien placés, l’habitude et la routine prennent place, pour peu qu’un son ou une musique soient caractéristiques à un ennemi en particulier, nous avertissant de ce qui va nous tomber dessus. Armée d’un lance clous et d’un briquet, Caroline n’a que peu de solutions pour s’en tirer: attaquer ou s’échapper, mais pas les deux à la fois puisqu’il faut constamment rester dans la lumière pour ne pas sombrer (en tout cas pendant un certain temps). Et si le sentiment d’urgence est présent à chaque rencontre, le jeu nous laisse le temps d’aller dans notre inventaire et choisir notre porte de sortie, laissant peu de place à l’erreur et le rendant ainsi presque trop facile. Un système de raccourcis aurait pu accroître le sentiment de panique au moment fatidique.

Si j’ai jusque là beaucoup de choses à lui reprocher, j’en suis consciente, je ne peux en revanche rien dire sur son ambiance. Une ambiance maitrisée, tant sonore que visuellement. Nous sommes plongés dans cet endroit qui donne la chair de poule, un manoir transformé en hôpital qui ne présage rien de bon et qui donne envie d’avancer d’un pas et reculer de dix. Et c’est dans cette ambiance que Tormented Souls marque un sans faute. Chaque craquement de parquet emballera votre petit cœur, et le mien en est un bon exemple. Une mouche qui pète (vous avez la réf?) et c’est la crise cardiaque assurée en ce qui me concerne.

Graphiquement, il s’en sort également plutôt bien. Gardons en tête que cela reste un jeu indépendant avec les moyens restreints qui vont avec et je trouve que le rendu est plutôt réussi. Alors oui, ça manque d’une synchro labiale, ça manque également de quelques détails sur certaines créatures mais pour autant cela reste tout à fait convenable à mon sens. D’ailleurs j’ai trouvé le travail des ombres des plus réussis!

Tormented Souls, un hommage digne de Resident Evil et de Silent Hill? Affirmer le contraire serait malhonnête de ma part, car c’est un fait, le jeu de Dual Effect et Abstract Digital Works fait honneur au genre des années 90/2000. Pour autant, il en est resté bloqué, n’innovant pas forcément et se contente d’utiliser ce qui fonctionnait il y a 20 ans sans essayer de l’améliorer ou de le faire évoluer à notre époque. Malgré tout, il réussi à nous happer, malgré une forme de narration qui me rebute, dans un scénario dérangeant et une ambiance glauque au possible. Ainsi, il ne s’adressera qu’aux fans du genre, oui, mais surtout aux nostalgiques qu’il ravira sans le moindre doute.

Les plus

  • Une ambiance glauque maitrisée
  • Un scénar dérangeant mais classique et prévisible
  • Graphiquement très convenable
  • Un hommage indéniable

Les moins

  • L’obligation de lire les documents
  • L’absence de synchro labiale
  • Certaines mécaniques datées qui auraient mérité une petite refonte
  • Des énigmes trop peu intuitives