2007, le projet The Last Guardian débute sous la direction de la Team Ico, une petite équipe de développement connue pour nous avoir fait découvrir Ico et Shadow of the Colossus sur PlayStation 2. Ce n’est que 2 ans après, à l’E3 2009, que nous est officiellement dévoilé cette nouvelle expérience initialement dédiée au monolithe noir, la PlayStation 3. Les années passent sans aucune nouvelle du développement du titre. On en vient même à penser que le projet a été abandonné et annulé. Mais sans que personne ne s’y attende vraiment, The Last Guardian fait son grand retour durant la conférence PlayStation de l’E3 2015 sous un tonnerre d’applaudissements et d’émotions. Une date de sortie est même fixée au 25 octobre 2016 exclusivement sur PS4. Malheureusement, l’arrivée de la licence se verra une nouvelle repoussée pour pointer le bout de son nez le 7 décembre.
Après presque 10 ans d’attente, le dernier né de Fumito Ueda est là, et n’attend plus que nous mettions nos petites mains innocentes dessus. Après tant d’années, le titre est-il toujours à la hauteur de nos espérances? Je commence par remercier PlayStation France de m’avoir permis de vivre cette aventure.
1. Un moteur graphique original
Depuis 2015, les versions d’essai de The Last Guardian sont au rendez-vous à de nombreuses conférences, permettant aux joueurs et aux journalistes de mettre leurs mains dessus en avant-première. Nous sommes sur PlayStation 4, l’ère où les graphismes sont les premiers jugés et où les consommateurs sont loin d’être des tendres. « 10 ans pour ça? » Cette idée se répand à la vitesse de l’éclair sur les réseaux sociaux.
Aujourd’hui, nous pouvons enfin juger par nous-mêmes la qualité technique des aventures de Trico et du jeune garçon. Comme pouvaient le spéculer certains auteurs, le titre n’est pas une horreur, loin de là. Original, est un terme plus approprié. Nous ne sommes pas face à un jeu dont les graphismes sont ultra réalistes et débordant d’effets next-gen et pourtant, son contexte fera qu’on le trouve beau. Soyons clairs, l’aspect physique de The Last Guardian est bien loin de ce que peut faire la PS4, on lui reprochera surtout un peu trop d’aliasing et des décors bien trop lumineux pour nos pupilles. Mais l’univers créé par le studio se trouve être en parfaite harmonie avec ce style graphique atypique, et on oubliera bien vite qu’il aurait pu être mieux. La réelle force du titre est son identité, sa simplicité, qui en aurait perdu s’il avait été « plus beau »et plus spectaculaire à l’œil.
Parlons brièvement du level-design qu’il est impossible d’oublier de mentionner, puisqu’il fait partie à part entière de notre aventure. En effet, n’oublions pas que l’aspect le plus travaillé du jeu est cette relation entre 2 personnages que tout semble séparer et qui pourtant construiront de forts liens sentimentaux au cours de l’histoire. Afin de concrétiser, de matérialiser ces liens, l’équipe de Fumito Ueda s’en est donné à cœur joie pour faire chauffer nos matières grises dans ce qu’on pourrait qualifier d’énigmes.
En lui-même, le jeu ne nous offre pas plusieurs portes de sorties et pourtant certaines situations liées au level-design ne manquera pas par moments de nous faire nous arracher les cheveux. Nous voilà au premier défaut majeur de The Last Guardian. Du début à la fin, le joueur est livré à lui-même et ne peux compter que sur la logique et son analyse des lieux pour s’en sortir. Malheureusement, alors que nous sommes persuadés de la solution pour atteindre une issue, le jeu ne répond pas forcément à nos actions et installe le doute. L’avancement perdra donc en fluidité.
2. Un scénario émouvant
Nous démarrons l’aventure dans une grotte, dans laquelle nous rencontrons pour la première fois nos 2 protagonistes: le jeune garçon et Trico, une étrange bête à plume. N’ayez crainte, le spoil n’est pas une habitude de la maison, je tenterai au mieux de parler du scénario sans rien vous dévoiler.
Dans cette première scène, nous assistons à la première rencontre de ces deux êtres dont la relation affective évoluera au fil de nos heures de jeu, et qui sera parsemée d’interrogations quant aux origines de leur périple qui s’avérera être des plus émouvants. C’est un fait, au delà d’une narration touchante, ce qui clouera notre manette à nos mains c’est ce duo improbable et l’affection qui les lie l’un à l’autre.
Certaines de nos questions trouveront leurs réponses mais malheureusement pas toutes, ou alors je me suis un peu trop prise au jeu, et m’en suis posée un peu trop que je n’aurai dû. Dans tous les cas, il faudra aller jusqu’au bout de l’aventure pour avoir le mot de la fin, ne vous attendez pas à apercevoir un semblant de réponse dès les premières minutes du jeu, le scénario prend forme petit à petit.
En ce qui me concerne, je suis venue à bout de l’aventure en moins de 15h, sans spécialement lambiner mais sans non plus découvrir les moindres recoins des mystérieux lieux qui nous entouraient.
3. Trico, la plus impressionnante des IA
Quand on décide de parler du dernier bébé de Fumito Ueda, on se doit de ne pas ignorer le travail exemplaire fait sur Trico, cette chimère à plumes qui sera plus qu’un compagnon de route à nos yeux. Mis à part sa bouille toute particulière qui nous donnerait presque envie d’en avoir un, son seul moyen de communiquer avec son jeune acolyte, et à travers lui, les joueurs, se fait par ses expressions, ses actions, son regard et ses gémissements.
Chaque moment fort de notre périple sera marqué par une réaction de Trico qui sera quasi à coup sûr salvatrice. « Pourquoi quasi? » On sent que le travail sur l’intelligence de cet animal a été de longue haleine, malheureusement, on ressentira souvent quelques soucis en termes de réactions à l’exécution de nos ordres. Il semblerait même presque que la bête s’en sort mieux seule qu’avec nos indications. Cela peut parfois être un peu frustrant étant en possession de la manette, et pourtant je suis tout de même restée impressionnée.
4. Un gameplay trop imprécis
Nous y arrivons. Le plus gros point faible du titre. Quand on commence l’aventure on ne se doute absolument pas de ce qui nous attend pour la suite en ce qui concerne la jouabilité. Malheureusement, on se rendra bien vite compte qu’elle nous réserve de mauvaises surprises.
En soit, le gameplay est plutôt simple à prendre en main, on assimile rapidement quelle touche correspond à l’action désirée, le problème n’est pas là. Ce qui sera susceptible de profondément nous agacer, c’est (comme bien souvent) la caméra un peu trop capricieuse et trop imprécise. C’est le point noir du jeu. Et ça, je ne pouvais pas me permettre de ne pas le mentionner. Aussi belle l’aventure soit-elle, je sais que c’est une pilule que de nombreux joueurs auront du mal à avaler, et qui gâchera toute leur expérience.
Les lieux que nous visitons sont bien souvent exigus, et il ne faut pas oublier qu’une bête de six pieds de haut nous suit sans relâche au moindre pas que nous faisons. Pour son bien, j’espère réellement voir un correctif arriver.
5. La bande-son phénoménale
Qui dit émotions, dit obligatoirement bande-son époustouflante. Et ça, le studio l’a bien compris. Bien que je n’ai jamais fait leurs précédentes licences sur PS2 (ni sur PS3), je sais en revanche que ce sont des maîtres en matière d’ambiance sonore. Et comme on dit, jamais deux sans trois. La bande-son de The Last Guardian est tout simplement magnifique, à l’image de l’ascenseur émotionnel qu’il nous propose. On lui reprochera peut-être de ne pas être assez présente tout au long de l’histoire. Seule les moments forts auront droit à leur touche musicale.
6. Conclusion
The Last Guardian est un de mes coups de cœur de cette année 2016. D’une beauté émotionnelle sans égal, il sera gravé dans ma mémoire de joueuse à jamais. Non dénué de multiples défauts, j’ai passé de merveilleux moments à suivre l’enfant et Trico. Beaucoup le qualifie de chef d’oeuvre, à juste titre. Chaque passage me faisait monter la moutarde au nez, et la fin a réussi à me faire verser quelques larmes de joie et de tristesse à la fois. Le titre fait parties de ces jeux que j’aime qualifier de pépite de par la rareté d’une si belle expérience. Les joueurs les plus sensibles l’adoreront, les autres moins à cause de ses problèmes de gameplay qui lui font malheureusement perdre beaucoup de points en crédibilité et c’est juste dommage.
7. Galerie de captures
Bien qu’en soit, aucune capture ne spoil vraiment le jeu, voici une petite galerie de jolies captures où vous êtes libres de cliquer ou non.
Rares sont les jeux capables de nous émouvoir de nos jours… Visiblement, The Last Guardian en fait partie. Il démontre que les graphismes et la « technique » ne font pas tout, c’est le fond et le message véhiculé qui importent. À en lire ta crtique, ce jeu est incontournable. Je lui donnerai sa chance, c’est certain mais plus tard car j’ai trop de jeux qui attendent d’être finis… De plus, une durée de vie de 15 heures en jouant de façon linéaire c’est très faible (surtout qu’il a fallu attendre dix ans pour mettre la main sur le jeu suite à un développement qui fut, on peut le dire, chaotique…). J’attendrai donc une baisse de prix ! Très bon blog en passant ! 😉