Soul Hackers, kézako? De son nom complet Shin Megami Tensei: Devil Summoner: Soul Hackers (oui c’est un peu long) est un spin-off de la célèbre saga d’Atlus, vous l’aurez deviné, Shin Megami Tensei. Initialement sorti sur Sega Saturn en 1997, puis en 1999 sur Playstation première du nom, pour finalement atterrir sur 3DS en 2012 au Japon et en 2013 en Occident, permettant au passage au titre de quitter le pays du soleil levant pour la première fois. Mais ce n’est pas de cet épisode que nous parlerons aujourd’hui, vous vous en doutez bien. Annoncé en février dernier après un mystérieux compte à rebours, Atlus a donc levé le voile sur Soul Hackers 2 (abandonnant à la manière de Persona le titre Shin Megami Tensei), une suite presque inespérée pour les fans, 25 ans après son premier opus. Sorti sur PS4/5, Xbox One/Series et PC, Soul Hackers 2 est disponible depuis le 26 août 2022.
Soul Hackers 2 est-il la porte d’entrée idéale dans les univers démoniaques d’Atlus? Maintenant que j’ai terminé l’aventure principale ainsi que quelques quêtes secondaires en une quarantaine d’heures (dont 5 en facile, je l’avoue), il est temps pour moi de vous livrer mon avis sur le nouvel épisode dans l’univers de Shin Megami Tensei.
Cet avis vous est proposé grâce à une version physique commerciale sur PS5 fournie par l’éditeur, Plaion France, que je remercie pour la millième fois mais toujours avec ma plus grande reconnaissance pour leur confiance.
Dans un Japon futuriste aux élans de mouvement Cyberpunk (très minimaliste), Soul Hackers 2 nous présente Ringo, notre personnage principal, et Figue, 2 agentes d’Aion, une nouvelle forme de vie créée grâce aux nombreuses données d’informations qui constituent la société, en d’autres termes appelons les des IA (pour faire très très simple). Elles sont envoyées en tant qu’infiltrées sous forme humaine pour mener à bien une mission de la plus haute importance: empêcher à des mains malintentionnées de s’emparer des Covenants et invoquer l’Être Suprême, capable de détruire toute forme de vie, en d’autres termes le monde. La faculté particulière de ces 2 êtres mystérieux? Pirater des âmes (Soul Hackers), mais je ne vous en dirai pas plus. Ringo s’allie bien vite à Arrow, Milady et Saizo, 3 invocateurs de démons (Devil Summoners), et ensemble il pourront déjouer les plans prévus par la société Fantôme. Evidemment, tout ça n’est pas si simple, et ils vont tous les quatre se heurter à quelques obstacles durant leur aventure.
Du début à sa fin, Soul Hackers 2 propose un scénario bien plus simpliste, c’est un fait, que les habituels Shin Megami Tensei et Persona. Tout en pouvant se révéler être une faiblesse pour les fans, il réussit malgré tout à proposer quelques rebondissements coups de poing, réelle identité de la saga SMT et de ses spin-off. Plus convenu, oui, parfois peu innovant en termes d’écriture, voire même plutôt classique, Soul Hackers 2 se dévoile nettement plus proche d’un SMT sans le moindre doute tout en s’y éloignant dans une certaine mesure, mais réussit à captiver notamment grâce à son panel de personnages. Arrow, Milady et Saizo, entre autres, ont tous 3 droit à leurs histoires respectives, fortes en émotions et en révélations. Il faudra toutefois passer par la case Axis pour approfondir cet aspect de l’écriture, mais j’y reviendrai plus tard.
Si le scénario peut être perçu comme décevant en le comparant à d’autres jeux de l’univers SMT, il n’en reste pas moins efficace dans son approche, où le monde futuriste qui nous est proposé ici est maitrisé et cohérent. On s’attache rapidement à ses personnages, et on suit malgré tout cette aventure avec engouement. Il reste très verbeux, c’est un fait, et certains dialogues manqueront d’une certaine profondeur. S’il est loin de ce qu’Atlus propose habituellement, pouvant ainsi en décevoir certains, il s’avère être une excellente porte d’entrée dans l’univers.
Car si les séries Shin Megami Tensei et Persona se sont très nettement démocratisées dans la culture des JRPG en Occident surtout depuis la sortie d’un certain Persona 5 Royal en 2020, grâce, on va pas se mentir, à la présence de sous-titres français, tout le monde n’a pas encore sauté le pas pour découvrir ces univers atypiques. Et à mon sens, Soul Hackers 2 peut être une bonne porte d’entrée avant de se lancer dans le reste.
D’une part grâce à son gameplay. Les aficionados de la saga se voient très clairement débarquer en terrain connu. Le tour par tour est devenu une promenade de santé ainsi que le système de démons que l’on maitrisera dès les premières minutes. En normal, les combats sont particulièrement vites expédiés pour les connaisseurs. Il repose essentiellement sur un système de faiblesses des éléments tout ce qu’il y a de plus classique et intuitif à prendre en main. Ainsi, on (ré)apprend à nous servir des démons en tant qu’alliés pour venir à bout de nos adversaires, sans oublier les éternelles fusions, qui nous permettent d’en obtenir d’autres, plus puissants, nécessaires pour terminer l’aventure sans encombres. Le tout avec un nombre d’aides particulièrement déconcertantes.
En effet, la saga principale SMT est réputée pour sa difficulté, les joueurs de Persona 5 Royal ne me contrediront pas non plus quant à un certain boss qui a pu les faire grincer des dents. Et pourtant, Soul Hackers 2 se dévoile être à des millénaires de tout ça. Il propose en effet également une accessibilité non négligeable pour les nouveaux venus, à travers un certain nombre de mode de difficultés d’un côté, ainsi que certaines fonctionnalités telles que les compétences de leader ainsi que les conjurations. Ces fonctionnalités on peut aisément les comparer à ce que propose déjà d’une certaine manière Persona 5 (et Royal). Compétences de soutien automatiques à la façon d’Oracle, d’autres activables dans le menu d’attaque, ou encore le célèbre All Out Attack (ici appelé conjurations). Taux d’activation plus importants, et des bonus qui ne seront pas négligeables surtout en fin de jeu, tout ça facilitera très grandement les affrontements (même en mode normal) sans pour autant devoir se reposer dessus pour aspirer à la victoire. Pour les plus coriaces des joueurs, une certaine dose de défi se dévoile à nous, mais cela reste assez anecdotique.
Comme d’habitude, si les combats prennent une part importante de l’aventure, l’exploration l’est tout autant. Dans un premier temps, pour équiper notre quatuor. On laisse tomber l’achat d’armes d’un Persona 5 pour une arme unique par personnage, appelée COMP, qu’il faudra améliorer. Mais améliorer les COMP nous demandera aussi bien de l’argent (virtuel, je précise) mais également des matériaux. Matériaux parfois gracieusement donnés par nos démons acquis ou en sortant victorieux contre d’autres, parfois même spécifiques. Faut-il énormément farmer dans Soul Hackers 2 aussi bien pour les points d’expérience que pour ces fameux objets? Ma réponse est non. Il ne nécessite pas de nombreuses heures de farm comme à l’accoutumée en tout cas à mon sens. Si on esquive pas à tout bout de champ les combats, tout se passera pour le mieux pour nous éviter d’avoir à prendre 10 niveaux pour un boss. Tout au long de mon aventure, j’ai dû « farmer » 3 niveaux tout au plus pour affronter un boss (en mode normal, je précise).
D’ailleurs, il n’y a pas vraiment de zone pour le faire. L’Axis et ses Matrices de l’âme peuvent être une petite porte ouverte au farm pour le début du jeu mais devient vite dérisoire quand on arrive dans de hauts niveaux. Il n’empêche que l’Axis est une zone primordiale à exploiter aussi bien pour approfondir les personnages en termes d’histoire que pour débloquer de nombreuses compétences pour Ringo et le reste du groupe. Alors il ne faut pas sous-estimer cet aspect du jeu pour autant. A vos risques et périls de l’ignorer.
En termes de contenu, il se révèle très généreux. Son intérêt en revanche fera couler beaucoup d’encre pour ce qui est des « requêtes » tout particulièrement (les quêtes secondaires et totalement optionnelles). Des quêtes Fedex en voulez vous en voilà, qui n’apportent pour ainsi dire absolument rien au jeu. Très vites lassantes, j’ai moi-même préféré en zapper la majorité.
Adieu également le recrutement de démons en combat qui pouvait s’avérer parfois fastidieux au travers de dialogues très aléatoires. Ici, on rencontre nos démons alliés qui de temps à autre, nous proposeront de converser avec les démons vaincus et nous demanderont quelque chose en échange pour qu’ils atterrissent dans notre Compendium (un objet, de l’argent, des points de vie, etc). Ce « SMT » se voit donc amputé de sa légendaire difficulté, pour un épisode nettement plus accessible.
Parlons graphismes, technique et tout ce qui va avec. Soul Hackers 2 nous propose donc de nous plonger dans un Japon futuriste, tout habillé de couleurs néons et en cel-shading de très bon goût. Un mouvement Cyberpunk minimaliste mais qui fera son effet grâce à ses décors aux couleurs pétantes et son character design assez fabuleux, il faut bien le dire.
Néanmoins, bien que graphiquement réussi, Soul Hackers 2 trouve vite sa limite visuelle, la faute à son level design. Tout comme de nombreux opus de la saga, il tire son level design de son passé de Dungeon Crawler. Ainsi on passera de très nombreuses heures à arpenter ces immenses donjons, d’une part parce qu’il faut bien qu’on avance dans l’histoire et qu’on en trouve la porte de sortie, et d’autre part, parce que l’exploration c’est la vie pour tout ce dont je vous parlais précédemment. Malheureusement, ces nombreuses heures finiront par être très répétitives, l’Axis en tête de liste, c’est un fait. On oublie les nombreux embranchements de SMT 3 (par exemple) qui manquaient de nous perdre. Non, ici, pas de faille possible, on finit obligatoirement par retrouver notre chemin (même avec mon sens de l’orientation d’une poule). Les donjons paraissent ainsi longuets, voire parfois interminables, c’est un peu dommage.
Côté bande-son, sans qu’elle soit véritablement inoubliable comme peuvent l’être celles de Persona 5 ou Persona 4 (au hasard), la bande originale sait mélanger les styles. Passant de la synthwave à des mélodies plus lyriques, Soul Hackers 2 se dote d’une OST solide, particulièrement entrainante dans cette aventure.
La qualité des doublages est quant à elle également de la partie, et ce aussi bien en VO qu’en anglais. Sans oublier les sacro saints sous-titres français, bien que la traduction soit tout de même légèrement moins réussie que les autres épisodes de l’univers. Un manque de moyens est perceptible, presque même palpable. Mais cela reste totalement compréhensible.
Pour des habitués des sagas SMT et Persona, Soul Hackers 2 peut être décevant. Un scénario et une écriture moins « wow » qu’à l’accoutumée, moins développé, moins transcendant, une difficulté franchement revue à la baisse, un level design qui pêche toujours un peu et ici particulièrement, sans oublier ses quêtes annexes vite indigestes, ses défauts sont nombreux, impossible de le nier. Mais ses qualités le sont tout autant. Le développement de ses personnages, son univers futuriste, sa bande originale, son gameplay intuitif. Et je vous avoue que même son scénario peut être aussi bien une force qu’une faiblesse. Malgré tout, il se dévoile être à mon sens, une excellente porte d’entrée dans les univers de SMT et Persona non négligeable. Un bon entrainement si on veut s’attaquer à plus après, notamment grâce à son accessibilité en termes de difficulté. En ce qui me concerne, j’ai adoré suivre Ringo et ses acolytes. S’il n’est pas forcément à la hauteur de ce que j’ai découvert ces dernières années, il n’en reste pas moins un très bon jeu à mon sens, un excellent JRPG avec l’identité d’Atlus que j’aime tant.
Les plus
- Ringo, Arrow, Milady, Saizo et Figue, un groupe auquel on s’attache sans mal
- Le gameplay intuitif et addictif
- Une bonne porte d’entrée pour les nouveaux arrivants
- Un univers futuriste qui casse la routine habituelle de la saga
- Un contenu généreux
- OST et doublages au rendez vous
- La présence des sous-titres français toujours à féliciter
- Plus proche d’un SMT qu’un Persona
Les moins
- Un level design répétitif et trop linéaire
- Une difficulté revue à la baisse, trop pour les habitués
- Les « requêtes » vite indigestes
- Un scénario qui manque de « wow » par rapport à d’habitude
- Localisation légèrement moins qualitative mais qui n’entache rien à la compréhension
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