Quatorze ans, c’est le temps qui sépare The World Ends With You (sorti initialement sur DS en 2007 au Japon et en 2008 chez nous puis sur Nintendo Switch dans une version Final Mix en 2018) de sa suite Neo The World Ends With You sorti le 27 juillet dernier. Développé et édité par Square Enix, ce n’est pas sans compter sur de grands noms du jeu vidéo japonais que cette suite a pu voir le jour. Nous retrouvons donc Tetsuya Nomura, que l’on ne présente plus, dans le rôle de producteur créatif et au character design ou encore Takeharu Ishimoto à la composition, nom que l’on retrouve surtout dans les Final Fantasy ou autres Kingdom Hearts. Neo The World Ends With You est disponible sur PS4 et Nintendo Switch, une version PC est également attendue à une date ultérieure encore inconnue. Il est possible également de suivre en parallèle l’adaptation en animé disponible sur Wakanim qui permet surtout une petite piqûre de rappel pour ceux n’ayant pas fait le premier opus.

Sans plus attendre, voici ma petite visite guidée personnelle de Shibuya aux côtés de Rindo et ses Wicked Twisters.

Cet avis est rédigé grâce à une version dématérialisée PS4 fournie par l’éditeur que je remercie chaleureusement. Afin d’éviter tout spoilers majeurs, les captures d’écrans sont issues de la première semaine du jeu.

Tout commence sous le soleil radieux dans les rues de Shibuya pour Rindo et Fret. Une journée qui s’annonce banale pour les deux amis jusqu’à ce qu’ils découvrent de mystérieux badges. Des badges qui font office de billets d’entrée pour un jeu auquel ils vont devoir jouer malgré eux: le Reaper’s Game. Arrachés du RealGround (ou RG, le monde réel), Rindo et Fret se retrouvent propulsés (pas au sens littéral du terme) dans l’UG, l’UnderGround, le monde des Reapers. Les règles sont simples, pendant une semaine, plusieurs équipes vont devoir s’affronter pour amasser un maximum de points. Au programme, une énigme par jour à résoudre au plus vite pour collecter ces précieux points. L’équipe gagnante du septième jour obtient la possibilité de choisir ce qu’il se passera ensuite (revenir dans le RG pouvant être demandé). Laissés aux mains du Maître du Jeu, Rindope et Fret ne sont pas au bout des surprises que leur réserve ce jeu qui ne compte pas se débarrasser d’eux aussi facilement et surtout se dévoile plus malveillant qu’on ne saurait l’imaginer.

Neo The World Ends With You propose un scénario des plus originaux, pouvant, dans une certaine mesure, rappeler un certain Persona 5, grâce à leur utilisation commune de certains thèmes. Quoi qu’il en soit, aussi facile puisse être la comparaison, Neo TWEWY a le mérite de nous raconter un scénario solide aux côtés de personnages aussi fascinants que détestables. Un scénario unique, original, innovant, j’irai même jusqu’à dire dépaysant, qui ne manque pas de surprendre à de nombreuses reprises. En somme, cette suite à The World Ends With You a les bonnes cartes en main pour passionner les férus de RPG japonais.

Evidemment, la question « peut-on y jouer sans avoir fait le premier? » est légitime. Et à cela je vous répond, oui c’est possible mais comme toute suite, Neo TWEWY n’est pas avare en références à son prédécesseur, ainsi certaines scènes, certaines allusions n’auront pas forcément le même impact sur les fans que sur les néophytes. Mais en termes de compréhension pure, aucune barrière à signaler, le tout est écrit de façon à rendre le jeu accessible au plus grand nombre. Dans cette accessibilité est également inclue la localisation française pour les textes. Et en termes de durée de vie, il m’a fallu une cinquantaine d’heures pour en voir le générique de fin, en faisant toutes, ou presque, les missions secondaires.

Du côté de sa maniabilité, là encore Neo The World Ends With You propose une expérience des plus singulières, plus particulièrement dans ses combats, qui régissent une grande partie du jeu. Dans une approche en Action RPG, il n’a pourtant pas décidé de faire comme tout le monde. Je m’explique. Chaque membre de notre équipe (dont je tairai les noms) a en sa possession un badge assigné à chaque touche de notre manette. Chaque badge propose différents styles de combats, rapproché ou à distance, et utilise des éléments différents, de la kinésie au feu en passant par l’eau, la glace, l’électricité, et plus encore. Ainsi le gameplay se dessine de cette façon: chaque touche nous permet de prendre le contrôle d’un des différents membre de l’équipe et lui permet d’attaquer et vaincre les Echos, des créatures aussi monstrueuses que colorées. Une fois la barre d’attaque d’une touche vidée, quelques secondes suffisent pour qu’elle se recharge avant de pouvoir réattaquer avec le personnage assigné à cette touche. Il faut savoir varier les plaisirs pour charger notre pourcentage de Groove, qui une fois activé balance des attaques surpuissantes contre nos ennemis.

L’idée est bonne, grisante et addictive, et une bonne connaissance de notre manette est nécessaire pour rendre les combats fluides et rapides. Malgré tout, au fil des heures et des recrutements de nouveaux membres, les combats finissent par devenir brouillons, parfois même illisibles et même trop longs tant il y en a beaucoup trop à l’écran pour distinguer l’action en cours. Et c’est sans oublier un aspect tout de même très répétitif qui peut en rebuter plus d’un. RPG oblige, quelques sessions de farm seront forcément de la partie pour se mettre à niveau, voir plus, pour pouvoir venir à bout de certains ennemis très puissants renforçant ainsi cette impression.

Au delà des combats, l’UG et le jeu des Reapers octroie à nos différents personnages la possibilité de maitriser des pouvoirs forts utiles au cours de leur périple notamment pour résoudre les énigmes ou aider les habitants du RG, à ne pas ignorer si on veut compléter l’arbre de compétences à notre disposition. Malheureusement, j’ai trouvé ces mécaniques un peu trop sous exploitées, et alors qu’il y a matière à proposer un contenu diversifié, le tout s’est révélé être utilisé de manière simpliste et sans grande évolution.

A côté de ça, Neo TWEWY se comporte comme un RPG classique, avec des équipements à porter augmentant nos statistiques, des niveaux à prendre, des missions secondaires à compléter, un arbre de compétences à remplir, et des armes, ici des badges, à « looter » ou à acheter pour gagner en puissance. Pendant notre visite des quartiers de Shibuya, il ne faut pas non plus jouer les avares et abuser des restaurants présents aux quatre coins de chaque quartier, pour la simple et bonne raison que chaque plat proposé permet d’augmenter les statistiques de nos personnages, de leurs PV (points de vie) à leur points de style, qui permettent de débloquer les atouts de leurs « fringues », en passant par l’attaque, la défense et cetera, et ce de façon permanente. Les quelques défauts de gameplay mis à part, Neo TWEWY propose un gameplay des plus nerveux notamment dans ses combats.

Parlons maintenant de son aspect visuel. Dans un style en cel-shading, les aventures de Rindo et sa bande se dessinent sous forme de BD/manga dans la réalisation de sa mise en scène principale. Alternant entre dialogues parlés pour les scènes les plus importantes, et muets, difficile de réellement défendre ce choix après un certain Scarlet Nexus à la mise en scène similaire et qui en aura marqué plus d’un mais pas forcément dans le bon sens. Mais, j’aime les défis et je vais quand même essayé. Oui, Neo TWEWY est un jeu bavard, comme tout JRPG qui se respecte. Pour autant, il propose des dialogues relativement courts la majorité du temps et réussit à trouver le juste milieu pour ne pas partir dans les discours interminables jusqu’à l’épuisement.

Pour ce qui est des phases d’explorations, nous sommes lâchés au cœur d’une Shibuya loin des fioritures actuelles c’est un fait. On reste dans le graphiquement simple, pas spécialement détaillé, parfois aliasé, une caméra fixe, mais avec le charme japonais qu’on aime. Mais s’il y a bien une chose qu’on ne peut pas lui retirer: c’est la vie de la ville qui nous entoure, ces foules de figurants qui fourmillent dans les rues ce qui accroit l’immersion et le dépaysement.

Je vais maintenant parler de ce qui a fait de Neo TWEWY une expérience unique pour moi: sa bande originale. Probablement l’une des meilleures depuis Persona 5. Aux rythmes électro, underground, du métal aux mélodies plus douces, c’est un véritable melting pot musical qui rend l’expérience unique, avec une identité qui lui est propre et une ambiance et un univers fascinants. Rien que pour sa bande son, le jeu en vaut clairement le détour.

Alors que je savais absolument pas à quoi m’attendre en lançant Neo The World Ends With You, le résultat de cette aventure originale est presque une évidence: contre toute attente, il en est devenu un véritable coup de coeur. Un coup de cœur scénaristique, grâce à l’originalité de son histoire, mais aussi musical. Je pourrais évidemment ajouter le gameplay, sa maniabilité étant assez innovante notamment dans ses phases de combats, malgré tout on ne peut ignorer un aspect assez répétitif qui peut nous perdre en fonction de notre patience et une certaine réalisation un peu brouillonne dans ces mêmes phases. Malgré tout, j’ai adoré passer ces cinquante heures aux côtés des Wicked Twisters, cette équipe au grand cœur, ses personnages aux personnalités variées, et leurs ennemis aussi mystérieux et farfelus que détestables. Neo The World Ends With You fait partie de ces jeux que je ne regrette absolument pas d’avoir fait. En revanche, ce que je regrette nettement plus c’est d’être passée totalement à côté de l’opus original, The World Ends With You. Va falloir que j’essaye de remédier à cette malencontreuse erreur.

Les plus

  • Un scénario original et dépaysant
  • Un gameplay qui l’est tout autant et grisant
  • Une OST fabuleuse, rythmée de nombreux styles différents
  • Les nombreux plot twists
  • Une utilisation de l’argent et de la cuisine enfin intéressants
  • L’accessibilité scénaristique à ceux qui n’ont pas fait le premier

Les moins

  • Certaines mécaniques trop peu exploitées
  • Un aspect indéniablement répétitif
  • Un contenu peu diversifié
  • Une réalisation des phases de combats qui devient brouillonne et peu lisible