C’est à l’occasion du Judgment Day, le 7 mai dernier, que Toshiro Nagoshi annonce officiellement la sortie de Lost Judgment, suite directe des aventures de Takayuki Yagami et sa bande dans Judgment (de son titre japonais Judge Eyes). Ainsi, depuis le 24 septembre 2021, nous avons pu poser nos petites mains de joueurs sur cette nouvelle affaire, qui, je vous l’annonce ne vous laissera pas indemnes.

Lost Judgment, le syndrome de la suite ou réussit-il à faire mieux? Dans cet article, je vous livrerai mon avis sur le jeu que j’attendais le plus cette année. Peut-il aspirer à devenir mon jeu de l’année? La réponse à tout ça dans les paragraphes qui suivent.

Cet avis est rédigé à partir d’une version physique commerciale PS5 fournie par Koch Media France que je remercie encore et toujours pour leur confiance et leur gentillesse.

L’intrigue démarre doucement. Alors qu’ils enquêtent sur une petite affaire d’arnaque, Tak et Kaito sont appelés à Yokohama pour enquêter dans un lycée sur une affaire de harcèlement scolaire. Au même moment, le cabinet d’avocats Genda s’occupe d’un cas d’agression sexuelle dans le métro tokyoïte. Mais dans cette histoire, personne n’imaginait que ces deux affaires allaient finalement prendre une ampleur bien plus importante. Meurtre, torture, vengeance, Yamagi se lance à corps perdu pour résoudre cette mystérieuse affaire et met ses talents de détective et d’avocat à rude épreuve pour découvrir et prouver la vérité, entre Ijincho et Kamurocho.

Voilà, c’est tout ce que j’accepte de vous dire du pitch de Lost Judgment pour ne pas trop vous en dévoiler et vous laisser découvrir ce qui se cache derrière son scénario. Si Judgment avait réussi avec brio à nous happer dans son histoire et son message, j’ose affirmer sans mal que sa suite réussit à faire encore mieux. Lost Judgment s’attaque à un thème des plus poignants: le harcèlement scolaire, tout en le mêlant à d’autres tels que la justice, la vengeance, le pardon, et bien d’autres. Une chose est certaine: Lost Judgment dévoile un scénario bouleversant, poignant, nettement plus sombre que son prédécesseur, qui prendra ses joueurs aux tripes tant il réussit à traiter de ces sujets avec une justesse inégalée. Un scénario qui mène à la réflexion sans aucun doute et des thèmes que l’on aimerait être abordés plus souvent.

A l’image de ce que nous ont toujours réservé les Yakuza, et aujourd’hui Judgment, Ryu Ga Gotoku Studio propose une nouvelle fois une histoire passionnante bourrée de rebondissements en tous genres et nous prouve comme à l’accoutumée son savoir faire que je considère inépuisable tant il réussit à nous proposer un scénario original à chaque nouveau jeu. Doté d’une écriture magistrale, Lost Judgment ne manquera pas de vous faire passer du rire aux larmes en un claquement de doigts.

De mon côté, j’ai dédié une bonne trentaine d’heures à Lost Judgment, quête principale terminée et en m’attardant quelques quêtes secondaires et affaires du lycée. Il propose donc une durée de vie généreuse si on part dans la complétion du 100%.

En termes de gameplay, Lost Judgment conserve le genre beat’em all, contrairement à Yakuza qui a opté pour le tour par tour depuis Like A Dragon. Les mécaniques de base restent vraisemblablement les mêmes, mais outre les deux « postures » de combats découvertes dans Judgment, Tak se dote d’un troisième style: le serpent. Vif et rapide, à compléter grâce à son arbre de compétence lié, je vous avoue m’en être servi tout au long du jeu, à quelques ennemis près.

Bien que les combats fassent partie intégrante du jeu, Lost Judgment n’en reste pas moins une enquête, on retrouvera ainsi les filatures (surtout dans les quêtes secondaires, très rarement dans l’affaire principale), les poursuites, ou encore les phases de recherches dans notre environnement. Evidemment, RGG nous délecte de quelques nouveautés telles que les phases d’infiltration ou les phases de parkour, sans en abuser ni les rendre répétitives et indigestes. Tout est dans la modération et rend le tout assez diversifié pour oublier la certaine redondance que peut provoquer les combats à répétition. Bref, le gameplay s’octroie une nouvelle fois le statut de valeur sûre tant il s’avère efficace dans toutes ses mécaniques. On pourra éventuellement lui reprocher quelques lourdeurs dans certains déplacements mais rien de très grave et surtout de courte durée.

Autre nouveauté dans ce Lost Judgment, adieu la course à pied pour aller d’un point A à un point B puisque Yagami peut désormais se déplacer en skateboard. Rien de révolutionnaire en soi, mais qui a son petit charme.

Pour ce qui est du contenu, Lost Judgment ne tarit pas à la tradition et se veut encore une fois très très très généreux. Nous retrouvons donc les affaires secondaires, toutes aussi trépidantes et WTF qu’on les imagine, avec leurs nouveautés de gameplay grâce aux différents gadgets mis à notre disposition (on apprécie ou non), les mini-jeux, les salles d’arcades, ainsi que les affaires du lycée. En effet, le lycée Seiryo ne manque pas de mystères à résoudre au sein de ses différents club et l’évidence fait que Yagami est le mieux placé pour les résoudre. On prendra ainsi part aux affaires du club de danse, entre autres, au mini-jeu incroyablement addictif façon jeu de rythme des plus réussi.

Graphiquement parlant, là encore, Lost Judgment se veut être incroyable tant dans la beauté des deux villes, que dans la qualité des visages (à quelques PNJ près) et leurs expressions. Le Dragon Engine prouve une nouvelle fois ses capacités. Mais cela on en a déjà l’habitude et malgré tout, il sembler peiner à se surpasser. S’il est indéniablement magnifique, je peine à lui trouver de réelles nouveautés graphiques par rapport à Judgment que j’ai (enfin) fait en début d’année dans sa version PS5. Mais… ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ça reste une régal visuel.

Et cela passe aussi par sa mise en scène en général. Exquise et poignante, Lost Judgment, tout comme ses prédécesseurs de la saga Yakuza ou Judgment, fait hommage au cinéma nippon du genre. Sa bande originale, elle aussi vous fera avoir quelques frissons tant elle se fond à merveille dans la scène en cours. Mention spéciale à la musique du générique d’intro, Rasen, interprétée par Jon-Yakitori et la chanteuse Ado, un bonbon pour les oreilles.

Sans l’ombre d’un doute et comme je m’y attendais, Lost Judgment a été à la hauteur de mes attentes et même plus. Son scénario bouleversant, ses personnages poignants, ses thèmes abordés d’une justesse presque déconcertante, son écriture toujours aussi maitrisée, cette nouvelle affaire au cœur d’un lycée japonais meurtri propose une expérience scénaristique hors du commun. Pour autant, j’étais loin de me douter qu’il ferait mieux que Judgment qui avait déjà placé la barre très haut. Côté gameplay, il ne surprendra pas les habitués mais on apprécie les quelques nouveautés apportées qui permettent de varier les plaisirs. Ce n’est que graphiquement, bien que très réussi, qu’on peut émettre des réserves. Titre cross-gen, oui, il peine toutefois à se renouveler et le Dragon Engine semble avoir atteint ses limites, un détail puisque tout le reste est d’une excellence indéniable. Lost Judgment est sans le moindre doute aspirant pour être mon GOTY 2021.

Les plus

  • Un scénario bouleversant et une enquête menée avec brio
  • Des thèmes abordés poignants et rares
  • Une écriture maitrisée qui vous fera passer du rire aux larmes en un claquement de doigts
  • Les personnages, leur histoire
  • Des nouveautés de gameplay bienvenues
  • Toujours plus de contenu secondaire, les affaires du lycée en tête de liste
  • Une mise en scène digne du cinéma japonais

Les moins

  • Quelques déplacements encore lourds
  • Les gadgets qui servent d’activateurs de quêtes pas au goût de tout le monde
  • Un moteur graphique qui semble avoir trouvé ses limites