Premier jeu du studio Ember Lab, Kena Bridge of Spirits a été mis sur les devants de la scène en juin 2020, aux côtés d’une certaine Playstation 5 qui jusque là n’avait daigné montré le bout de son nez. Dès les premières images, Kena et son studio ont envoûté les joueurs, tant par l’univers qu’il nous présentait que par sa direction artistique onirique et sa direction artistique impressionnante pour un si petit studio. Car oui, Ember Lab c’est une petite équipe de moins de 20 personnes, dont la spécialité est l’animation, oui, mais l’animation publicitaire particulièrement. Mais si le studio est connu de la scène vidéoludique, c’est grâce à son court métrage, Terrible Fate, inspiré de The Legend of Zelda Majora’s Mask, rien que ça. Les mois depuis son annonce passent et Kena se fait plutôt discrète, le jeu en est reporté d’un petit mois pour débarquer le 21 septembre dernier sur PS4, PS5 et sur l’Epic Games Store. La communication reste toujours autant en retrait jusqu’à son lancement officiel au point d’alarmer la presse et les joueurs.

Kena Bridge of Spirits, fausse hype ou réelle bonne surprise de cette fin d’année? L’aventure terminée, je vais m’efforcer de vous décrire en détails, ou presque, mon expérience et ce qu’il en reste après en être venue à bout.

Cet avis est rédigé à partir de la version dématérialisée du titre (seule version disponible à ce jour, la version physique est attendue pour le mois de novembre) sur PS5 que j’ai obtenu par mes propres moyens.

C’est l’histoire de Kena, guide des esprits, armée de son bâton, dont la mission est de guider les âmes qui tourmentent un village, rongé par les ténèbres, vers l’autre côté et lever le voile sur leurs motivations qui les a égarés en cours de route. Et c’est globalement la seule chose que nous racontera le jeu.

C’est un fait, Ember Lab n’a pas fait dans l’originalité ni dans le grandiose en termes de scénario peinant ainsi à nous mettre sur le derrière une fois l’aventure terminée. C’est convenu, commun, classique et simple au possible. Pourtant, malgré un manque scénaristique certain, l’écriture de Kena n’en reste pas moins efficace et maitrisée. On y découvre une héroïne touchante, accompagnée de la mignonnance de mystérieuses créatures, les Rot, et toute une flopée de personnages aux histoires et aux souvenirs percutants.

Pour autant, c’est un fait indéniable, l’histoire de Kena ne surprend pas et peinera à être inoubliable, révélant ainsi son plus gros défaut au fil de l’aventure, d’ailleurs il m’a manqué une véritable profondeur dans l’histoire de notre héroïne. Mais, telle une aiguille dans une botte de foin, cette ombre du tableau se perd dans un bon nombre de qualités.

En termes de durée de vie, il faut compter une petite dizaine d’heures pour terminer l’aventure, plus ou moins en ligne droite, en se perdant un peu dans le contenu secondaire. Une durée de vie qui n’est pour moi en aucun cas à pointer du doigt, cela reste agréable d’alterner entre des gros temps de jeu et de plus courts.

Dans un monde semi-ouvert, l’aventure de Kena se découpe en plusieurs phases de gameplay bien distinctes. La première, les combats. Dans ses mécaniques les plus basiques, les affrontements sont tout ce qu’il y a de plus simples. Au début du jeu seulement armée de son bâton de guide, les combats se dévoilent accessibles et intuitifs, du vu et revu pour le genre du jeu. Mais les heures passent, Kena se dotent de nouvelles armes et techniques et surtout elle a le soutien des fameux Rots (à ne pas confondre avec notre réaction quand on boit trop de bulles), la meilleure corde qu’elle a à son arc. En résultent finalement des combats, notamment contre les ennemis les plus féroces, bien plus exigeants qu’on ne l’imaginait, mon manque de temps et de patience m’en ont forcé à réduire la difficulté en facile, mêlant combat au corps à corps, à distance, attaque de Rots, esquive, contre attaques, et parades. On aura même tendance à vouloir le comparer, peut-être trop facilement je vous l’accorde, à un action RPG, du genre d’un certain… Dark Souls. Quoi qu’il en soit, la sensation d’urgence, d’un certain défi, sont présents.

La deuxième approche de Kena Bridge of Spirits est l’exploration, que ce soit pour avancer dans l’histoire mais également dans un but de complétion, tant pour compléter les quêtes secondaires (les courriers de villageois), obtenir du karma, qui permet d’améliorer nos compétences, ou encore se forger une véritable armée de Rots. Et autant vous dire que la direction artistique et l’univers s’y prêtent parfaitement, on se perdra assez facilement à vouloir découvrir les moindres secrets de ces plaines. Troisième et dernière phase de gameplay: les énigmes. Enfin, le mot est vite utilisé, puisque finalement tout cela s’avère assez simple à résoudre et ne présente aucune réelle difficulté mais qui demande surtout une certaine maitrise de notre arsenal et capacités.

Quoi qu’il en soit, le titre d’Ember Lab s’avère extrêmement efficace manette en mains. Et, bien qu’il n’invente rien pour le genre, il s’avère très satisfaisant.

Mais Kena est également une prouesse technique, en tout cas pour son statut de jeu indépendant et pour sa petite équipe. Non sans défauts, notamment sur certaines textures, qui auraient certainement pu être effacés par un peu plus de moyens financiers, Kena Bridge of Spirits c’est, à l’image du dernier Ratchet & Clank en date, la limite entre le jeu vidéo et le film d’animation. Des couleurs éclatantes, un déluge de particules, des jeux d’ombres et de lumière maitrisés, des panoramas à couper le souffle, un character design soigné, Kena est aussi somptueux qu’enchanteur. Et mis à part quelques ralentissements au tout début du jeu, je n’ai rien à signaler d’alarmant en termes de bugs ou autres petits désagréments. Si je voulais chercher la petit bête, j’évoquerai probablement le choix des 30 FPS lors des cinématiques, qui piquent un peu les yeux quand on décide, comme moi, de jouer en mode performances plutôt qu’en mode résolution.

Mais Kena c’est également l’alliance de sa somptueuse DA à une OST de très bonne facture, aussi enchanteresse que le reste, orchestrée avec talent et dont chaque note se fond parfaitement dans la scène en cours, notamment lors des cinématiques.

Une fois l’aventure terminée, Kena Bridge of Spirits se révèle plutôt classique dans sa ligne de conduite. Un scénario convenu, un déroulement assez linéaire malgré le choix du monde semi-ouvert, bref à lire cela, certains auront déjà en tête que ce jeu n’est pas fait pour eux. Pourtant, au bout de cette dizaine d’heures, Kena s’est révélé à la fois aussi exigeant dans ses phases de combats que rafraichissant par son univers, ses mascottes toutes mignonnes, sa DA des plus atypiques pour un « si petit jeu » et son OST onirique. Oui, je l’ai adoré, le plaisir a bel et bien été au rendez-vous, et si ses quelques défauts peuvent être perçus comme majeurs, à juste titre, je n’ai eu aucun mal à les pardonner tant j’ai été transportée dans cette petite œuvre qui a tout d’une grande. On ne peut que souhaiter à Ember Lab une très bonne continuation et de leur demander de nous offrir de nouvelles belles aventures telles que celle-ci.

Les plus

  • La direction artistique envoutante et enchanteresse
  • L’OST sublime et qui reste en tête
  • Les Rots aussi adorables qu’utiles
  • La présence d’un mode photo toujours appréciable
  • Des combats exigeants, on peut assez facilement le comparer à un Souls like
  • Un univers somptueux

Les moins

  • Un scénario classique qui manque de profondeur
  • Peut être trop court pour certains joueurs
  • La Dualsense inexploitée