Dernier épisode de la trilogie reboot « World of Assassination » démarrée en 2016, Hitman III commence les hostilités en ce début d’année 2021. Après un Hitman Absolution des plus mémorables sur la génération PS360, Io Interactive s’est essayé il y a maintenant un peu plus de 4 ans au format épisodique pour son reboot, simplement nommé Hitman. Erreur réparée depuis Hitman 2 qui proposait un contenu principal complet dès sa sortie mais jouissait de l’ajout régulier de contenu. Expérience réitérée en ce mois de janvier 2021 avec ce troisième épisode qui clôture l’arc narratif d’une chasse des plus risquées. Faut-il une nouvelle fois succomber aux charmes et aux compétences de l’agent 47?

Retour aux sources

En 2016, Io Interactive décidaient de renouer avec le passé de la saga et de son agent fétiche. Exit le scénario dirigé d’Absolution (pas un mauvais tournant à mon sens) pour retrouver les espaces ouverts qui lâchent les joueurs dans une totale liberté sur des cartes inspirées pour assassiner leurs cibles. Seul point noir: le format épisodique.

Alors que le premier Hitman de cette trilogie proposait un scénario bien trop discret pour la licence, Hitman 2 quant à lui proposait quelque chose de plus solide et de plus intéressant à suivre. Et Hitman 3 réitère l’expérience avec brio avec un final (court mais) grandiose.

Lancé dans sa chasse du Constant, à la tête de Providence, 47 part aux quatre coins du monde pour enfin venir à bout de cette organisation. A ses côtés, l’éternelle Diana Burnwood, qui ne manquera pas de lui filer quelques tuyaux pour mener ses contrats à bien. De Dubaï au Massif des Carpates, en Roumanie, l’agent 47 aura du pain sur la planche pour faire tomber quelques têtes. Et sans compter le nombre de surprises que lui réservent ses derniers contrats.

Car si depuis 2016, le scénario ne semblait pas vouloir s’orienter vers du grandiose, Hitman III, au contraire, jouit d’une écriture intelligente et réussit à surprendre au travers des quelques brèves cinématiques. En revanche, ne vous attendez pas à une mise en scène hollywoodienne, bien que soignée, elle n’est malgré tout que très minimaliste et se focalise sur l’essentiel.

Le tour du monde en 6 contrats

Ce sont pas moins de 6 missions principales se déroulant dans des villes tantôt paradisiaques, tantôt plus urbaines, bref il y en a pour tous les goûts, pour les agents les plus chevronnés comme les plus amateurs. Je vous entend déjà dire « seulement 6 missions?! ». Oui, seulement, et il faudra compter en moyenne une petite heure chacune pour les finir, si tant est qu’on fouille un minimum et qu’on s’imprègne de notre rôle de tueur à gage fantôme. Le calcul est vite fait: 6h pour un premier run.

Mais, il est à mon sens très important de le dire, Hitman III à l’image de ses prédécesseurs, jouit d’une incroyable rejouabilité si on aime parfaire nos techniques et nos scénarios d’assassinats. Un nombre de défis incommensurable s’offre à nous pour exploiter au maximum les possibilités que nous offrent IO Interactive pour devenir les parfaits petits assassins (virtuels, hein, rappelons que les cascades ont été faits par des professionnels et qu’il n’est pas recommandé de tenter de refaire la même chose à la maison). Quoi qu’il en soit, si on s’arrête juste à la complétion bête et méchante des missions principales, Hitman III est court, très court, trop court. Mais son contenu secondaire, facultatif, quant à lui, ravira les plus perfectionnistes et les plus téméraires.

Pour les plus créatifs, Hitman III propose, en plus d’autres modes tels que Escalades ou Cibles Fugitives, de créer nos propres contrats et les partager aux autres joueurs. Un petit plus pour s’essayer aux imaginations de nos semblables.

Notons également que le contenu d’Hitman et Hitman 2 sont directement accessibles depuis le menu du 3 si tant est qu’on les possède sur la plateforme d’une même marque (tout l’inverse de moi donc qui aie le premier sur PC, le 2 sur Xbox One et le 3 sur PS5). Si cela donne effectivement l’occasion de se refaire un petit marathon, c’est psychologiquement assez déroutant quand on vagabonde dans les menus et qu’on voit… qu’on a accès à presque rien.

Assassiner pour les nuls

Hitman III ne révolutionne en rien ses 2 prédécesseurs. Les mécaniques restent les mêmes, les objectifs aussi. Notre but: réussir nos contrats sans que personne ne soit au courant que nous étions là, en l’occurrence, l’agent 47. Ainsi nous passons le plus clair de notre temps à nous déguiser, et à utiliser des éléments de décors pour passer inaperçus et nous fondre dans la masse.

Mais soyons réalistes, tout le monde n’a pas l’assassinat dans l’âme et surtout pas le pied léger, moi la première. Et ça, IO l’ont parfaitement compris. Depuis 2016, nous avons donc à notre disposition les intrigues. On suit un cheminement précis, guidé, qui nous rapproche aisément de nos cibles et/ou d’informations primordiales à la compréhension des intentions de Providence. Un régal pour moi, qui n’arrive pas à mettre un pied devant l’autre sans rameuter toute la clique de gardes. Cette approche permet de découvrir les lieux et au fil que nous nous rapprochons de nos cibles, des possibilités qu’offrent les 6 cartes présentes dans Hitman III pour les assassiner. Les empoisonner, les pousser dans des endroits totalement improbables ou tout simplement les étrangler à coup de corde à piano dès qu’ils sont isolés, bref, les possibilités paraissent infinies.

En l’occurence, les intrigues principales, au nombre de 3 par missions, sont très inspirées et varient les plaisirs. Infiltrer un gratte-ciel « clone » du Burj Khalifa à Dubaï, revêtir le rôle du détective privé et résoudre une mystérieuse affaire, ou encore découvrir les joies viticoles, et il faut dire que ça va à ravir à notre tueur à gage préféré.

Malgré tout, on reprochera une chose à ce troisième volet: son IA. Tantôt très observatrice, quasi dotée de la science infuse, tantôt complètement à la ramasse. Dans la panique, en me faisant littéralement grillée en plein meurtre d’un pauvre innocent, le simple fait de me déguiser devant le nez des témoins suffisait à les faire lâcher l’affaire. Moi ça me va, je ne vais pas dire le contraire.

Vers la next-gen et au delà

Vous l’aurez donc compris, je me suis penchée sur la version PS5 du titre. Et que dire de plus si ce n’est… wow. C’est beau, c’est clinquant, chaque carte possède son identité et son ambiance qui lui est propre. On ressentira autant le côté mondain de Dubaï que l’ambiance froide de la campagne britannique. Sans exagération aucune, c’est beau.

Le moteur est maîtrisé et son imitation du ray tracing (j’en ai cru qu’il y en avait sur PS5) donne un certain cachet et un réalisme dans les décors et les jeux d’ombres et de lumières. Pour autant, il ne faut pas trop en abuser. Lorsque les surfaces sont naturellement réfléchissantes, le réalisme des reflets est véritablement bluffant. Quand un parquet reluit presque plus qu’un miroir, on a tendance à se dire que c’est trop.

En revanche, j’admet émettre un petit bémol quant à la qualité visuelle des cinématiques. Si l’ensemble reste tout à fait acceptable, le fossé graphique entre jeu et cinématiques se fait énormément ressentir. Notamment à cause d’un grain de film, dont le choix artistique est évident, mais qui finalement les rend plus ternes que les phases de gameplay et durant lesquelles on remarque une certaine pixellisation surtout dans les obscurs. Rien de méchant, rien de véritablement gênant mais je pense que c’est ce qui nous attend le plus durant cette nouvelle génération de consoles: un in-game sublime et des cinématiques un poil plus en deçà.

Techniquement, je n’ai pas grand reproche à faire à Hitman III. Pas de chutes de framerate, et un seul bug: une assistante qui décidait de ne pas bouger alors qu’on me demandait de la suivre. Une petite relance rapide, c’est pas les temps de chargement sur next-gen qui vont nous horripiler, et cette mésaventure était de l’histoire ancienne.

Revêtir l’emblématique costume de l’agent 47 s’est avéré être une nouvelle fois un pur plaisir (non coupable). Si dans l’ensemble il ne révolutionne pas ses prédécesseurs, ce troisième et dernier épisode de la trilogie World of Assassination n’a pas manqué d’efficacité pour réussir à me scotcher dans cette nouvelle chasse. Ses intrigues inspirées le rendent accessible aux moins discrets d’entre nous et sa rejouabilité satisfera les plus chevronnés et les plus inventifs. Si la discrétion de son scénario se faisait ressentir dans les opus précédents, Hitman 3 réussit à surprendre et convaincre malgré la simplicité de sa mise en scène qui reste toujours en retrait. On lui reprochera surtout une IA parfois à la ramasse et un effet de reflets parfois trop prononcé mais dans l’ensemble, Hitman 3 clôt cette trilogie reboot avec brio avec ce qu’il faut là où il faut.

Les plus

  • Un tour du monde réussit grâce à la diversité des cartes et leur identité
  • L’immense rejouabilité
  • Les intrigues prédéfinies inspirées donnant une certaine accessibilité à tout type de joueur
  • La totale liberté pour chaque contrat
  • Sur PS5, sublime

Les moins

  • L’IA très souvent dans les choux
  • Les cinématiques pixellisées
  • La présence du contenu précédent dans les menus, rendant l’actuel « minime » (c’est psychologique)
  • Ca manque d’un Ave Maria (quand même)