Annoncé aux Game Awards 2019, Godfall s’annonçait comme un véritable fer de lance pour la sortie de la Playstation 5. Exclusivité console (temporaire) et PC, le looter slasher de Counterplay Games, édité par Gearbox Software, intriguait, tant par sa direction artistique que par son genre. Tantôt un jeu solo et coopératif, tantôt un semblant de jeu à service, Godfall a su bien caché son jeu jusqu’au bout pour finalement se dévoiler pleinement le 12 novembre dernier.

Godfall a-t-il les épaules pour nous charmer? Après avoir terminé la quête principale et arpenté quelques heures le endgame, je vous livre mon avis sur cette première « exclusivité » PS5.

La guerre fait rage dans les royaumes d’Aperion (non, pas Hyperion, pas le bon jeu). Macros n’a qu’une idée en tête: devenir un dieu et régner sur le monde, quitte à faire tomber quelques têtes, dont celle de son frère, Orin, chevalier des Valorians. Bien que laissé pour mort, Orin a survécu et n’a plus qu’un seul but: se venger de son frère et mettre fin à son règne quoi qu’il en coûte. Son statut de chevalier de Valorians lui octroie le pouvoir de maitriser les Valorplates, des armures légendaires, qui permettent à leur porteur de maîtriser l’art du combat rapproché.

Après une mise en bouche des plus épiques grâce à une cinématique d’introduction à couper le souffle, Godfall surprend et nous met en haleine. Malheureusement, son scénario ne sert que de tableau pour justifier notre quête principale: vaincre Macros, le tout sans surprises. La mise en scène est elle-même très singulière, on compte les cinématiques sur les doigts de la main et notre aventure narrative ne se fait entendre que par quelques échanges plus ou moins instructifs avec nos 2 seuls interlocuteurs et alliés: la Septième Oracle et Zenun le forgeron. Un scénario simpliste, anecdotique qui n’est là que pour nous mettre dans une ambiance dont seul Godfall en a le secret.

Notre quête de vengeance se dépeint en plusieurs objectifs: les missions principales qui peu à peu nous rapprochent de notre cible finale, et des missions de chasse, dont le but est de terrasser les lieutenants et autres proches du Roi auto-proclamé d’Aperion, tout en y ajoutant quelques quêtes d’exploration secrètes, le tout dans 3 royaumes différents chacun prédominés par les éléments primordiaux: l’Air, l’Eau et la Terre. Tant qu’on y est, sachez que Godfall est jouable en équipe de 3 joueurs, mais 3 « amis », un matchmaking n’étant pas disponible.

Ce sont donc 3 mondes que l’on est amenés à visiter et le moins que l’on puisse dire est que Godfall est une pure merveille graphique. A la limite de la vitrine que l’on espérait pour ce début de génération grâce à ses décors ultra colorés, ses particules, ses intérieurs clinquants, le titre de Counterplay Games en met plein les yeux, c’est indéniable. Tout n’est évidemment pas parfait, ça manque parfois de quelques détails, d’un peu de finesse par ci par là mais dans l’ensemble, le dépaysement est total. Et il en est de même pour son level design très réussi bien qu’il trouve vite ses limites. Sans être un jeu en monde ouvert à proprement parlé, Godfall permet de s’adonner à l’exploration de vastes zones des différentes régions de ses royaumes, et se perdre dans la précieuse chasse au loot. Malgré tout, le jeu se dévoile assez linéaire dans son déroulement, et finalement l’appel de l’exploration se fait de plus en en plus rare au fil des heures. Malheureusement, cette beauté a un prix: celui de la stabilité. Proposant un mode résolution (en 30 FPS) et un mode performance (en 60 FPS), il souffre dans les 2 cas de nombreux soucis de chutes de framerate, aussi notables dans l’un ou l’autre mode.

Passons aux choses sérieuses, qu’est ce que réellement Godfall? Un looter slasher, ça on le sait déjà, mais comment met-il en scène son tout nouveau genre? Dans un premier temps, tout au long de votre aventure, il faudra mesurer l’importance des Valorplates, leurs attributs, leur colère d’Archon unique à chaque armure, et faire en sorte de toutes les fabriquer grâce à différents matériaux. Jusqu’ici, rien de compliqué, il suffit de fouiller un peu nos terrains de jeu et récolter suffisamment de matériaux nécessaires à leur fabrication. Rien de sorcier, toutes les fabriquer (au nombre de 12) se voit être un jeu d’enfant, peut-être même trop, à mon humble avis.

Dans un second temps, ces mécaniques RPG nous permettrons d’étoffer un arbre de compétences très complet, faisant évoluer nos mouvements et nos attaques, grâce à la réalisation des missions principales, de chasse, en complétant les mérites, en acquérant des points d’expérience en terrassant nos adversaires. Du déjà-vu, mais qui n’en reste pas moins efficace pour avancer dans notre quête.

Enfin, Godfall c’est partir à la chasse au loot, beaucoup de loot, de la simple pièce commune à légendaire. Si vous êtes des habitués des jeux dits à service ou autres MMORPG, avancer dans Godfall n’est qu’une question de routine. Bref, on cherche les meilleurs DPS (dégâts par seconde), les meilleurs attributs d’armes, en somme l’équipement optimal pour venir à bout de Macros et terminer la quête principale. L’aspect looter est donc expliqué.

Parlons maintenant du côté slasher, qui, dans sa définition pure et son lien créé avec l’omniprésence de loot, rappelle le genre Hack’n’Slash (genre d’un certain Diablo). On taille, on tranche chaque ennemi qui croise notre chemin avec nos lames et autres marteaux, entre action RPG et beat’em all, cela rappelle sans surprise la licence précédemment citée. Mais Godfall n’a pas la prétention d’arriver à la cheville de Diablo. Car si l’inspiration des jeux de Blizzard est clairement ressentie, son gameplay en combat, et même l’expérience en elle-même, tient nettement plus d’un certain Monster Hunter de Capcom. Deux salles, deux ambiances et pourtant, ce mélange de ces deux licences est pour le moins surprenant et véritablement grisant.

Quant aux fameuses gâchettes haptiques de la DualSense, elles font leur effet au bout de nos doigts lorsque l’on abuse des attaques lourdes. Malheureusement pour moi, Godfall m’en a bousillé la gâchette R2 d’une de mes manettes. Elle fonctionne toujours mais s’est nettement assouplie par rapport à L2. A trop vouloir l’exploiter, la DualSense dévoile une certaine fragilité face à son adaptabilité en action. Pour la petite histoire, la gâchette se raidie plus ou moins intensément lors des attaques lourdes. Chez moi, l’action a été fatale, dé-calibrant le moteur de la gâchette, la rendant même inutilisable sur le coup tant que je n’avais pas réinitialisé la manette.

Mais Godfall ne manque pas de montrer quelques ombres à son somptueux tableau. Sa durée de vie en est une parmi d’autres. En finissant l’histoire principale, toutes les missions de chasse et en ayant fabriqué 11 des 12 armures disponibles, le jeu ne m’a pris au bas mot qu’une dizaine d’heures. Ajoutons que durant ces 10 heures, le jeu en devient vite assez répétitif. Alors, oui, le gameplay est incroyable et malgré un bestiaire assez honorable, on combat les mêmes boss et mini boss tout au long du jeu. La faute à son contenu principal moindre. Quant au endgame, il se dévoile très pauvre. Une fois notre ultime combat terminé, nous débloquons les Pierrêves, souvenirs améliorés de notre aventure fraîchement terminée. En d’autres termes, on prend les mêmes et on recommence, on y ajoute quelques niveaux de personnage recommandés et le tour est joué. Un contenu qui peine à nous donner un réel but de looter après avoir terminé le scénario.

Godfall est un jeu qui sait ce qu’il fait mais ne sait pas où il va. Si son scénario ne surprend pas et se veut aussi minimaliste que possible, son gameplay quant à lui, convainc. Nerveux, aussi accessible qu’exigeant, il est à même de charmer bon nombres de joueurs. Malheureusement, sa durée de vie et ce sentiment de répétitivité dû à un contenu principal et un endgame pauvre peut en refroidir plus d’un. Un jeu dont la prédominance de la chasse au loot qui manque d’un but peinera à se démarquer face à ses concurrents. C’est malheureusement le cas de Godfall qui ne pousse pas forcément à additionner les heures de jeu. On lui reconnaît néanmoins un univers heroic fantasy somptueux, aux couleurs flamboyantes et aux décors magistraux qui amène à un voyage dépaysant bien que de courte durée. On espère un suivi qui nous donnera un réel but pour remettre les mains sur Godfall.

Les plus

  • Un univers heroic fantasy incroyablement beau
  • Un panel d’armures resplendissantes
  • Entre Diablo et Monster Hunter, un gameplay grisant
  • L’aventure jouable seul ou en coopération…
  • Une amélioration complète de nos avatars pour une sensation de montée en puissance certaine

Les moins

  • Une quête principale plutôt courte (une dizaine d’heures)
  • Un sentiment de répétitivité non négligeable
  • …mais sans matchmaking
  • Un contenu endgame très léger
  • Peut révéler la fragilité de la DualSense