Véritable phénomène de la sphère manga, l’oeuvre d’Hiro Mashima se voit une nouvelle fois adaptée, cette fois-ci grâce à la coopération de Koei Tecmo et du studio Gust, à l’origine de la saga Atelier. Sorti le 30 juillet dernier, cette adaptation de Fairy Tail fera revivre aux fans les dernières aventures de la guilde dont la fin a été publiée en 2017 (en France) dans le 63e tome. Fausse bonne idée ou comment un jeu peut vite nous faire déchanter.

Un grand merci à Koch Media France pour la version digitale du jeu sur PS4.

Un jeu qui donne une pêche d’enfer?

Je me souviens n’avoir lu que les 2 premiers tomes du manga, autant dire que je suis plutôt mal placée pour affirmer si cette adaptation se veut fidèle ou non à l’oeuvre originale mais il n’en reste pas moins qu’il y a pas mal de choses à (re)dire sur cette nouvelle version vidéoludique de Fairy Tail.

Dans un premier temps, il est important de savoir que Gust ne relate que la seconde moitié du manga, soit après l’arc de l’île de Tenro. Dans les grandes lignes, Natsu et sa bande se retrouvent coincés dans une « faille temporelle » sur l’île de Tenro après un combat acharné contre Hades suivi d’Acnologia, un dragon légendaire. Mais le dragon détruit l’île, laissant les membres de Fairy Tail sur place. Leur captivité, longue de 7 années dans « le monde réel », a eu pour conséquence qu’à leur retour, leur guilde n’est plus ce qu’elle était, les moyens financiers manquent et leur absence a permis à d’autres guildes de faire leurs preuves au royaume de Fiore. Fairy Tail doit donc reprendre du poil de la bête et atteindre les sommets qu’elle occupait 7 ans auparavant.

C’est ainsi que commence donc cette adaptation. Malgré le choix de Gust de nous faire commencer l’aventure par le milieu, le scénario se veut assez simple à comprendre malgré quelques subtilités que seuls les fans comprendront (notamment les liens entre les personnages de Fairy Tail et ceux des autres guildes). En tout cas, on comprend vite le but, dans un premier temps gagner les Jeux Magiques pour finir en combats sans merci contres les démons sortis de l’imagination du livre d’un certain Zeleph dans l’arc de Tartaros.

Mis bout à bout, le scénario de Fairy Tail dévoile une certaine richesse et un univers captivant tourné vers la magie et les pouvoirs parfois démesurés de ses porteurs. Malheureusement, l’adaptation de Gust est bondée de longueurs scénaristiques et de dialogues inutiles aux aspects quasi enfantins, rendant finalement l’essentiel un peu flou pour les néophytes. Si quelques cinématiques se payeront le luxe de nous marquer, elles ne se comptent finalement que sur les doigts de la main et le résultat final en devient longuet et peu intéressant. J’en suis arrivée à passer les dialogues hors histoire tellement l’ennui se faisait beaucoup trop ressentir. Malheureusement, la pêche d’enfer de Natsu n’est pas communicative.

Si l’aspect fan service devait bien évidemment être au cœur du jeu, les « autres » quant à eux peineront à s’immerger dans cet univers qui a marqué la scène manga pendant plus de 10 ans.

Un JRPG qui manque d’imagination

Alors que la plupart des adaptations de mangas ne se limitent qu’à certains types de jeux, principalement des musou (ou Dynasty Warriors like) et des jeux de combats, Gust a eu l’audace de se tourner vers le RPG en tour par tour. Et les premières minutes se veulent fascinantes car au delà de toucher à un gameplay que j’aime particulièrement, Fairy Tail tente de changer un peu la donne grâce à des attaques de zones ». Puis, il prône les attaques magiques avant les attaques physiques rendant ainsi les combats incroyablement bien rythmés et dynamiques. On découvre vite la notion d’éveil et la coopération magique (que je compare, entre de grosses de guillemets, au All Ou Attack de Persona 5), une attaque de groupe permettant de faire un maximum de dégâts à nos ennemis. Malheureusement, après seulement quelques heures de jeu, cette adaptation nous montre son vrai visage.

Une expérience incroyablement répétitive et qui peine à le cacher. Ainsi, quand on s’adonne à exploiter tout le contenu du jeu, là encore l’engouement qu’on pouvait ressentir pour le choix du gameplay fait place à l’ennui et l’envie de vite en finir. Les missions principales et secondaires s’additionnent et se ressemblent toutes, on combat sans relâche les mêmes ennemis et plus on avance plus le jeu nous paraît d’une longueur indécente. Et pourtant, il ne faut qu’entre 25 et 30 heures de jeu pour voir le générique de fin arriver et accéder à l’épilogue et l’end-game.

On le remarque notamment dans les missions de rang de la guilde ou celles dédiées aux « histoires » des personnages (qui finalement ne leur apporte pas grand chose), qui à peu de choses près ne se contentent que d’augmenter le nombre d’ennemis à battre pour les réussir. Au final, on ne se contente que du minimum syndical pour être à niveau et passer à la suite de l’histoire principale.

De plus, si le contenu des combats se veut certes répétitif, nos attaques le sont également, on finit par ne plus miser sur la zone d’attaque mais sur la puissance, étant donné que le jeu permet une dépense indécente de MP. On se retrouve donc presque à écouter un disque rayé où nos personnages répètent sans cesse les mêmes choses durant des animations (assez impressionnantes lors de leurs premières utilisations) parfois plus longues qu’elles ne font de dégâts.

Plus loin encore, la difficulté elle non plus n’est pas à la hauteur. Une fois l’épilogue atteint, les ennemis dans les différentes zones avaient 20 niveaux de plus que mes personnages et si les combats étaient certes plus longs je n’avais aucun mal à en venir à bout.

Imparfait jusqu’au bout

Si Gust a voulu faire dans l’originalité, le studio a néanmoins gardé le style cel-shading qui convient si bien à ce genre d’adaptations. Restant ainsi fidèle aux dessins d’Hiro Mashima, il n’en reste pas moins que le jeu n’en est pour autant pas plus maîtrisé. Si on apprécie les animations des sorts de nos différents personnages, le reste quant à lui ne décolle pas la rétine. Outre un level-design des différentes zones que nous parcourons qui ne se contente que de couloirs plus ou moins étroits, il faut également se faire à une pauvreté de décors dont les textures ne rendent honneur à aucunes des plateformes sur lesquelles le jeu est disponible. Aliasing, chutes de FPS, Fairy Tail accumule les défauts techniques et graphiques pour une DA qui se veut d’habitude peu gourmande.

Fort heureusement, le jeu arrive à se rattraper sur certains critères. Tout d’abord, dans son ambiance sonore et plus particulièrement dans sa bande originale tout droit sortie de l’animé. Une ambiance plaisante qui rappelle presque un univers celtique guilleret très en accord avec l’ambiance bon enfant de la guilde. Ensuite, on aime la découverte des animations des attaques du roster (16 personnages jouables tout de même). Je pense notamment aux différentes formes d’éveil de Natsu, ou encore aux attaques de Wendy et d’Erza (qui se sont révélées être mes personnages féminins préférées) et de Gerald. Tout ça est assez plaisant à regarder malgré la longueur de certains et la répétitivité de leurs utilisations.

Si on apprécie le geste de la VOSTFR, la traduction française quant à elle est plus que bancale. Entre les fautes d’orthographe et les nombreuses erreurs de traduction (qu’on remarquera si on s’attarde notamment sur la traduction des trophées/succès), une fois de plus l’immersion en prend un sacré coup, c’est dommage quand on pense à l’effort fait de base pour rendre le jeu accessible.

Au début, j’adorais cette adaptation de Fairy Tail, tant par son univers magique, son gameplay en tour par tour, les premières heures m’annonçaient une expérience que j’allais grandement apprécier. Malheureusement, plus j’avançais, plus j’en oubliais ses qualités pour finalement ne remarquer que ses défauts. Répétitif au possible par un bestiaire ridicule, une accumulation de missions qui se ressemblent toutes, j’en ai même finit par oublier le travail effectué sur les animations, aux aspects épiques au début mais aux allures de trop vues après 30h de jeu. Seul le fan service pourra éventuellement le sauver… et encore.

Les plus

  • Le choix du JRPG…
  • Le gameplay orienté vers la magie…
  • La VOSTFR…
  • La bande originale
  • Le roster
  • La découverte des animations

Les moins

  • … malheureusement vite répétitif
  • … mais qui rend le jeu parfois trop facile malgré un fort écart de niveaux
  • … ponctuée de trop nombreuses fautes
  • Le missions secondaires peu inspirées
  • Techniquement et graphiquement peu digne de 2020
  • Le level design des zones trop « couloir »
  • Le bestiaire limité à un changement de couleur