Edge of Eternity c’est le second mais pas moins immense projet de Midgar Studio (leur tout premier jeu étant Hover sorti en 2017), un studio basé à Nîmes, oui oui notre Nîmes. Le projet est lancé sur Kickstarter pour une campagne de financement participatif en 2015. Après le succès de cette campagne, et l’indéniable intérêt des joueurs pour le titre, le développement peut donc démarrer pour l’équipe de seulement 9 personnes. C’est en 2018 que les joueurs PC peuvent découvrir, en accès anticipé, le tout premier chapitre de ce JRPG à la française inspiré des grands noms du genre (Final Fantasy, Dragon Quest ou encore Xenogears), puis le jeu s’étoffe d’année en année pour être officiellement terminé en juin 2021, ou en tout cas entier. Le temps passe et Edge of Eternity continue d’être suivi et amélioré grâce aux nombreux retours des joueurs, que les développeurs prennent à cœur, et s’offre même une sortie sur consoles. Le jour fatidique est arrivé, aujourd’hui 10 février 2022, vous pouvez donc dès à présent le découvrir sur Xbox One et Series (disponible dans le Game Pass) mais également sur PS4 et PS5 en version numérique ou physique grâce à Just For Games.
Edge of Eternity, un trésor cristallin à ne pas manquer? Au moment où j’écris ces lignes, je bloque au boss de fin après plus de 50h de jeu, je reviendrai évidemment sur les raisons qui m’ont poussé à abandonner plus tard.
Cet avis est rédigé grâce à une version dématérialisée PS5 fournie par Dear Villagers et Just For Games que je remercie infiniment pour leur confiance et pour cette belle opportunité.
Edge of Eternity se déroule sur la planète Héryon, où la guerre contre les Archélites, un peuple venu d’une autre planète, fait rage et l’ennemi décide de punir ses habitants avec un mal des plus meurtriers: la Corrosion, une maladie qui transforme son porteur en véritable monstre. Nous incarnons Daryon, un soldat du Consort, qui voit ses frères d’armes tomber les uns après les autres et apprend par une lettre de sa soeur, Sélène, une prêtresse du Sanctorium, autrement dit une magicienne, que leur mère est atteinte de l’irrémédiable maladie. Ses jours sont comptés, mais Daryon, après avoir déserté, et Sélène sont bien décidés à trouver un remède pour la sauver quoi qu’il en coûte. Mais ils sont loin d’imaginer que c’est une aventure lourde de secrets et de dangers qui les attend.
Evidemment, ceci n’est que le postulat de départ du jeu de Midgar Studio qui ne manque pas de nous réserver bien des surprises. Révélations, coups de théâtre, et autre joyeusetés font du scénario d’Edge of Eternity une aventure épique et accrocheuse, le propre que l’on attend d’un tel jeu. Une histoire que l’on suit avec engouement portée avec brio par son duo de personnages, sans oublier les nouvelles têtes que nous sommes amenées à rencontrer qui agrémentent notre escapade de leurs passés divers et variés, souvent poignants et lourds à encaisser.
Si les codes du JRPG pur sont respectés et peuvent même tirer sur ce qui peut paraître aujourd’hui assez classique, le studio nîmois n’a pas manqué de donner à leur bébé une réelle identité au travers de ses dialogues auxquels on ne s’attendait absolument pas. Un langage familier, quelques vannes balancées par ci par là, et beaucoup de répartie, Edge of Eternity quitte cet aspect classique des jeux japonais pour jouir d’une modernité indéniable et absolument exquise. Une liberté bienvenue pour le genre puisqu’il permet sans mal de s’identifier à cette belle brochette de héros à en devenir mais qui ne restent pas moins humains.
Vous l’aurez compris, Edge of Eternity vient étoffer la longue liste de JRPG en tour par tour. Inspiré de Final Fantasy, notamment, le jeu se dote, en plus de l’éternelle barre de vie et celle de mana/magie, d’une jauge ATB qui vous autorise à passer à l’action une fois remplie. Un système qui rend les combats d’autant plus dynamiques (notons la possibilité d’augmenter la vitesse des combats pour les plus impatients). Sans oublier une barre de fatigue de l’équipe à laquelle il faut être également attentif. Mais en termes de gameplay, là aussi, il réussit encore à tirer son épingle du jeu en s’alliant avec talent à un aspect très tactique. Outre le fait d’attaquer chacun son tour, le jeu propose également de se déplacer sur les zones de combats permettant ainsi de prendre nos ennemis à revers ou tout simplement esquiver les attaques qui sont prêtes à nous être jetées sur le coin de la figure. Attaques physiques, magiques, compétences spéciales, le système de combat propose quelque chose de très complet, très addictif mais surtout avec une bonne dose de difficulté. J’en ai d’ailleurs payé le prix face à l’ultime boss. Je ne suis pas à niveau? Pas de problème, je farm. De mauvais équipements? Dans le doute, je vais aller crafter quelque chose de mieux. Mais après de nombreuses heures, en facile, avec la difficulté à 0, niveaux désactivés, cet adversaire est de toute évidence beaucoup trop fort pour moi. Trop fort parce que je n’ai indéniablement pas la bonne tactique mais également parce que malheureusement je me suis heurté à quelques bugs (dont un qui n’affichait pas de barre de vie de l’ennemi et donc m’empêchait de le frapper). Les bugs, eux, disparaissent, pas la difficulté qui m’a clairement mis des bâtons dans les roues, par manque d’habitude au genre tactique, la stratégie idéale ne m’ayant toujours pas fait tilt.
Car c’est un fait, le jeu s’octroie une certaine complexité dans sa proposition. Dans les combats oui, notamment les combats de boss, qui demandent de taper aussi fort que d’être un fin stratège ainsi que dans la gestion de ses personnages. Sans aucune surprise, le jeu propose d’améliorer nos personnages, ou en tout cas de les équiper. Outre l’achat possible au travers des divers marchands, la possibilité de partir à la chasse aux coffres dans les différentes zones du jeu (l’exploration fait partie intégrante de l’aventure) ou encore la complétion des (très) nombreuses quêtes secondaires, Edge of Eternity propose un système de craft sur divers établis qui demande beaucoup d’investissement de temps et de Heyrs (la monnaie du jeu). Le temps, il en faut pour trouver les plans et accumuler quelques deniers pour en acheter mais aussi passer à la fabrication et donc, bien souvent devoir acheter les matériaux nécessaires.
Et le temps, Edge of Eternity a bien compris qu’il fallait aussi en gagner pendant l’inévitable passage au « farm » de niveaux grâce à un système de code couleur sur les ennemis pour nous éviter d’en perdre avec des adversaires « trop faibles ». Une initiative que je tiens à saluer. Car c’est un fait, comme je l’évoquais brièvement plus haut, l’exploration fait tout autant partie intégrante que tout le reste, tant pour se mettre à niveau, se faire une petite fortune de Heyrs ou encore trouver des coffres et autres matériaux, et pour rendre la tâche moins monotone, Midgar a eu la présence d’esprit de nous fournir une monture, tel les célèbres Chocobos, sauf qu’ici ce sont des Nekaroos, des gros chats à l’allure fantaisiste, qui raviront tous les adorateurs de félins, très utiles lorsqu’il s’agira de déterrer un trésor à proximité.
Ici, pas d’arbres de compétences à proprement parlé. En effet, les compétences de nos personnages ne sont accessibles que grâce à leur arme. Ainsi, il nous demande d’utiliser des cristaux sur nos armes pour les améliorer et équiper nos personnages de différentes capacités, chaque arbre est propre à chaque arme, il faut donc équiper nos armes dès que nous sommes amenés à en changer et surtout augmenter également leur niveau. Tout ça pour dire qu’Edge of Eternity propose un gameplay aussi complet que complexe mais ô combien grisant et addictif, qui ravira sans aucun mal tous les fans du genre si tant est qu’ils soient capables d’affronter quelques désagréments.
Car dans l’ambition de proposer un jeu aussi grand, avec un contenu plus qu’honorable et beau, il ne faut pas oublier que le studio compte aujourd’hui pas plus d’une dizaine de personnes et surtout qu’il est indépendant. Et à l’heure où j’écris ces lignes, le jeu peut réserver de mauvaises surprises en termes de bugs mais souvent contournables, il est aussi important de le dire.
Pour la petite histoire, je me suis retrouvée confrontée à un crash de ma console qui survenait toujours au même moment, au chapitre III, alors que j’atteignais mon objectif principal. Une cinématique qui devait se lancer, mais qui à la place me renvoyait sur le menu de ma console. Impossible d’avancer. Mais dans l’incapacité de le lâcher tant j’étais déjà accro (ça en dit long), je me suis donc attelée à terminer de nombreuses quêtes secondaires. Plusieurs heures plus tard, je décide de reprendre la quête principale en espérant que le problème ce soit résolu de lui-même. J’atteins avec appréhension mon objectif, et là, le miracle fut! Eurêka!
Tout ça pour dire que oui, à l’heure actuelle, même si le jeu semble s’être énormément bonifié avec le temps, il n’est pas impossible de se heurter à de nombreux bugs divers et variés, et vous l’aurez compris mon temps de jeu en a été truffé. Mais en ce qui me concerne, cela ne pas empêché de persévérer pour découvrir ses secrets et mystères.
Graphiquement parlant, Edge of Eternity n’est en 2022 pas une claque graphique, certes. Des textures datées, un peu d’aliasing, un peu de flou, et beaucoup de clipping/popping sont ce qu’on aurait le plus à lui reprocher. Mais il n’en reste pas moins impressionnant graphiquement pour une équipe si réduite: les effets d’ombres et lumières sont une réussite sans oublier ses panoramas aux couleurs éclatantes. S’y ajoute un character design atypique bien qu’inspiré (Daryon a un faux air de Noctis, on est d’accord?) mais qui manque un peu de profondeur notamment dans ses animations faciales et pourtant il n’en reste pas moins un jeu qui flatte nos rétines grâce à sa direction artistique, son univers et sa faculté à nous transporter dans ses vastes zones inspirées de l’heroic fantasy.
On note également la présence d’un cycle jour/nuit ainsi qu’une météo dynamique qui rendent l’immersion et l’exploration plaisantes. Mais là encore ce n’est pas parfait. On regrettera un changement de luminosité trop brusque lorsque la nuit tombe ou le jour se lève et des climats qui ne sont pas toujours du plus bel effet (le brouillard par exemple se veut être un poil trop épais).
Si les inspirations à Final Fantasy et Dragon Quest sont plus que flagrantes, force est malgré tout de constater qu’en Edge of Eternity réside une proposition artistique enchanteresse et captivante, propre à lui, qui nous scotche manette en main rondement menée par une mise en scène soignée et des animations, notamment dans les attaques, très réussies.
Sans oublier sa bande son épique composée par Cédric Menendez (A Normal Lost Phone, Hover) ainsi que la présence de Yasunori Mitsuda (saga Xeno et Inazuma Eleven) et ses doublages de très bonne facture. A noter également que le jeu dispose d’une traduction française pour les textes, qui viennent accentuer la modernité du langage dont je parlais plus haut. Quelques fautes de frappe, oublis de mots ou fautes d’orthographes d’inattention sont présentes par ci par là mais rien de véritablement méchant.
Non, Edge of Eternity n’est pas parfait. Si ses nombreux défauts ne peuvent être ignorés et doivent être signalés, notamment sur sa technique quelque peu « datée » mais non moins impressionnante pour un si petit studio et ses nombreux bugs intempestifs, je n’ai pour autant pas réussi à lui en tenir rigueur en termes de plaisir de jeu tant j’ai apprécié cette aventure. Son scénario aussi classique et simple puisse-t-il être réussi néanmoins à proposer quelque chose de très agréable à suivre grâce à sa narration et les surprises qu’elle réserve, à des dialogues atypiques qui permettent de moderniser le genre mais également de mieux s’identifier à ses personnages, dont le character design ne fera pas forcément l’unanimité. Son système de combat mêlant tour par tour et tactique permettent un indéniable dynamisme dans son approche ainsi qu’un aspect addictif certain. Sa difficulté, quant à elle, peut être aussi jouissive que frustrante. Oui, il est parsemé de petits et gros défauts, et pourtant impossible de le lâcher alors que le pire m’est arrivé: rester bloquée à cause d’un crash de ma console à un seul et même endroit. Alors qu’Astria Ascending m’avait déçue pour diverses raisons, Edge of Eternity quant à lui m’a convaincu du talent français pour proposer un JRPG avec une identité qui lui est propre. Une pépite indépendante, originale, et prenante que je ne saurais que trop conseiller à tous les fans du genre.
Les plus
- Une direction artistique qui pousse à l’exploration
- Daryon et Sélène mènent leur barque avec brio
- Des personnages secondaires intéressants au passé intriguant (mention spéciale à Ysoris)
- Un contenu secondaire gargantuesque
- Un système de combat dynamique
- Une difficulté qui se pose là et ravira ceux en quête de défis notamment au travers de l’aspect très tactique
- Le système de code couleur pour éviter les ennemis « inutiles »
- Les Nekaroos qui aident à l’envie et au besoin d’explorer
- Le système de craft complet mais qui demande de l’investissement
Les moins
- Techniquement un poil daté mais honorable pour une production indépendante
- Quelques bugs, parfois bloquants, à prévoir même s’ils sont contournables
- Une difficulté parfois frustrante qui peut en faire abandonner plus d’un (je ne me remet pas de ne pas avoir pu battre le boss de fin)
Ci dessous, je me permet de vous relayer les notes des mises à jour qui ont été déployées avant la sortie du jeu:
Notes du patch 1.000.003 du 31 janvier 2022:
- Amélioration de la stabilité et des performances
- Résolution de divers problèmes d’interface utilisateur
- Correction d’un problème de localisation
- Correction de la position T-Pose de plusieurs PNJ
- Correction de plusieurs collisions invisibles
Notes du patch 1.000.004 du 3 février 2022
- Résolution du crash sur PS5 au chapitre III (au début de la passe d’Olphara)
- Correction d’un problème graphique de l’eau à Wurlzend
- Performances améliorées sur PS5
Merci pour cette découverte c est un plaisir de voir ce qui se fait en France même si c est pas top top
Merci beaucoup pour l article