Dynasty Warriors fait partie de ces vieilles licences appréciées mais qui au fil des épisodes attire de moins en moins. Manque d’innovation? Assurément! Mon expérience en jeux du type dit Musô se limite à quelques opus sur PlayStation 3 (ne me demandez pas les chiffres exacts ou les dénominations) et aux Pirate Warriors inspirés du manga One Piece (des petites pépites pour les fans soit dit en passant). En tout cas, 2018 est l’année du changement pour la saga de Koei Tecmo: pour la toute première fois, les guerriers de la dynastie ont troqué les « arènes » pour un vaste monde ouvert. Révolution ou fausse bonne idée de l’année? Après 40 heures de jeu et 3 histoires terminées, voici ce que je peux vous dire sur ce nouvel épisode qui promettait un vrai renouveau! Merci au royaume Koch Media France pour le code du jeu.
1. La même rengaine
La Dynastie Han connaît de nombreux troubles et est aux portes de son extinction. Les Seigneurs des Trois Royaumes majeurs de l’Empire s’affrontent faisant place au chaos et à une guerre incessante pour une seule et même raison: prendre le trône d’Empereur et régner en maître puissant.
Si les innovations sont belles et bien présentes dans Dynasty Warriors 9, elles ne figurent pas dans l’originalité de son scénario. On prend les mêmes et on recommence. Ils veulent tous plus ou moins le trône quel qu’en soit le prix à payer, quitte à se trahir les uns les autres pour arriver à leurs fins. De stratégie en stratégie, de victoires en défaites, l’histoire de cet opus ne surprend pas pour peu qu’on se perde dans tout ce qu’il se passe à cause des nombreuses têtes et noms à retenir et perdons le fil des événements pour au final se lasser de suivre le déroulement de l’histoire.
Comme à ses habitudes, on nous propose les différentes histoires des nombreuses familles de l’Empire chinois. Au nombre de 5, toutes les faire permet de vivre le jeu de différents points de vue. Une idée assez intéressante, qui rallongera intensément la durée de vie du titre mais qui s’avérera au final assez répétitif. En effet, le jeu comprend 13 chapitres, toutes histoires confondues dont la longueur varie en fonction de celle que vous choisissez et il faut s’accommoder à refaire certains chapitres. Pour ma part, j’ai terminé 3 histoires pour débloquer tous les chapitres. Le plaisir de Dynasty Warriors 9 ne réside absolument pas dans sa trame, un défaut dont on fait finalement très vite abstraction.
2. Une lichette de RPG
La plus grosse nouveauté de ce nouvel épisode se trouve dans son monde ouvert immense, et forcément quelques ajustements de gameplay ont dû être apportés pour crédibiliser un peu ce choix. Bien évidemment, le beat’em all reste la base, fort heureusement, mais on y découvre régulièrement une petite pincette d’ajouts typiquement RPG.
Dans notre quête de ralliement de bases et chasses aux victoires contre nos plus puissants ennemis, Koei Tecmo a tenté d’insérer certaines activités telles que la collecte de matériaux pour fabriquer armes, accessoires et autres objets utiles lors des combats. Si ces aspects sont totalement facultatifs à la complétion de notre mission, cela permet de faire une petite pause entre deux batailles et permet de voir un peu du pays. Bien qu’il n’y ait rien de bien compliqué ou de punitif, je me suis contentée d’aller faire un coucou aux divers marchands, acheter leurs armes les plus puissantes et filer vers mon prochain adversaire et ai un peu plus ignoré ces ajouts pour me concentrer sur le gameplay purement Dynasty Warriors.
C’est ici qu’intervient mon avis vis-à-vis du titre. J’avais oublié à quel point les Musô étaient tout simplement addictifs. Chaque chapitre est constitué d’une bataille majeure pour faire basculer la situation en votre faveur dans votre quête, mais il ne faudra pas se contenter d’y foncer tête baissée au risque de mordre la poussière. La force des Dynasty Warriors, du moins de cet épisode particulièrement, est la mise en avant des stratégies militaires indispensables pour remporter une victoire. Il est donc de mise de s’attarder sur les différents parchemins secondaires pour affaiblir l’ennemi et ses alliés (et accessoirement recevoir de nouveaux parchemins de fabrication d’objets). J’ai, à quelques reprises, trouvé une mauvaise gestion de la difficulté quant à certains adversaires à éliminer. Bien que j’étais très largement à niveau, certains « boss » étaient nettement plus coriaces (avec une tête à côté de leur nom), plus difficiles à étourdir sous le coup de mes attaques les plus puissantes et qui manquaient de me coucher à de nombreuses reprises. Je ne comprenais pas tout et pouvais passer plusieurs minutes sur le même ennemi.
Allant de la simple bataille, à la prise d’un lieu stratégique ou au ralliement d’armées extérieures, la variété des quêtes a ravi mon compteur de KO. On se retrouvera toutefois face à quelques quêtes dites « Fed-ex » qui une nouvelle fois prouvent leur inutilité et un certain manque d’inspiration pour rallonger la durée de vie. Mais on outrepasse assez vite ces petites mésaventures.
Petit point d’honneur à nos montures qui font preuve d’un manque de minutie dans leur gameplay. Bien que dans l’ensemble plutôt maniables, vouloir profiter de la course automatique s’est montré être une mauvaise idée pour atteindre mes points de captures: sans aucune raison apparente, mon cheval s’emmêlait un peu les sabots dans son itinéraire et finissait par…tourner en rond autour d’un arbre. Dur.
3. Deux concepts incompatibles?
Là est la grande question. La tendance actuelle du jeu vidéo est tournée vers les mondes ouverts où chaque joueur est libre de ses déplacements et favorise la découverte de nos terrains de jeu. De toute évidence, c’est un énorme changement pour la licence qui se contentait jusqu’ici de proposer des combats sur de petites cartes. Mais la perte d’intérêt de beaucoup de joueurs envers la saga a poussé les développeurs à proposer autre chose de nettement plus grand. Pour vous donner une idée de la taille de notre bac à sable, un trophée/succès demande de découvrir 35% de la carte. En 40h de jeu, bien que j’ai également usé de la facilité des voyages express, je ne les ai toujours pas découverts.
Dans le concept, la liberté totale dans un Dynasty Warriors lui redonne un vrai goût de fraîcheur et de nouveauté. Malheureusement au détriment d’un aspect technique très discutable. Allier les deux concepts était très risqué, et il fallait bien choisir sa priorité. Les hordes d’innombrables ennemis avant tout ou la beauté d’un monde ouvert? On arpentera donc un environnement qui manque clairement d’un grain de folie.
Terrain assez plat, positionnement d’arbres qui semble être le même partout et dont la diversité fait défaut, distance d’affichage parfois médiocre, bref, sans être totalement hideux, mieux vaut tout de même ne pas trop s’attarder sur le rendu visuel. D’ailleurs, on reconnaîtra tout de même quelques efforts sur les forteresses et leurs « intérieurs », certes très ressemblantes les unes des autres, on leur accorde un certain cachet agréable à l’œil.
Si dans l’ensemble les attaques sont assez bien chorégraphiées en plein jeu, les personnages n’ont pas reçu non plus de traitement de faveur durant les phases de dialogues. Déplacements rigides qui datent un peu de Mathusalem, le jeu montre un réel retard technique.
Au delà de ça, du monde à écraser il y en a, je terminais chaque chapitre avec en moyenne 2000 KO (voir plus). La sensation et le plaisir des Dynasty Warriors est là!
De toute évidence, Omega Force a choisit son camp et a préféré privatiser la réelle force de sa licence et ne l’a pas dénaturée non plus.
Dynasty Warriors 9 n’en met pas plein les yeux, et je suis consciente qu’il est vite « oubliable ». La grosse nouveauté qui se voulait révolutionnaire pour la licence relance un peu l’intérêt mais n’est pas encore totalement au point. Mais qui ne tente rien n’a rien et je pense qu’avec un peu plus d’exploitation de l’idée, le futur de la saga peut nous réserver de belles surprises. En tout cas, je l’ai apprécié bien plus que je ne l’aurai imaginé, passant plusieurs dizaines d’heures dessus sans voir le temps passer, allant même à vouloir l’exploiter le plus possible. Pour la petite joueuse de Musô que je suis, cet énième épisode est une vraie réussite, pas des plus belles, pas des plus passionnantes, mais le cœur a ses raisons que la raison ignore: ma soif de pouvoir et de défouloir a été rassasiée.