Daydream Forgotten Sorrow est le tout premier jeu du très petit studio (seulement 3 personnes) Frozen Line et édité par Ravenage qui se sont spécialisés dans l’édition de jeux indépendants. En attendant sa sortie, le 14 juin sur Steam, Epic Games et GOG, vous pouvez d’ores et déjà découvrir le premier chapitre du jeu intitulé Daydream: Prologue. Pour l’heure, si le jeu est bien prévu de sortir sur les autres plateformes, PS4/5, Xbox et Nintendo Switch, aucune date n’a encore été révélée à l’heure où j’écris ces lignes. Et aujourd’hui, j’ai l’immense chance de vous en livrer mon avis.
Conditions de test:
- Version: dématérialisée sur PC (Steam)
- Fournie par l’éditeur
- Temps de jeu: environ 9h
- Histoire terminée: Oui
- Complétion totale: chaque chapitre permet de débloquer les « Dream Story » que j’ai très peu collecté
- Difficulté: Unique
- Entièrement joué à la manette
Daydream Forgotten Sorrow nous raconte l’histoire de Griffin, un petit garçon, et son ours en peluche, Birly. Dénué de toute forme de dialogue, c’est au travers de son univers qu’il raconte cette aventure aussi onirique que cauchemardesque qui doit mener les deux compagnons à leur point de chute, un mystérieux phare.
Sans avoir besoin d’user des mots pour nous raconter son histoire, Daydream Forgotten Sorrow se veut aussi explicite que mystérieux sur ce qu’il relate. Grâce à une succession de chapitre et d’environnements variés, nombreux sont les thèmes qu’il traite, de la peur à l’amitié, mais aussi le courage en passant bien évidemment par des thèmes plus sombres que je ne peux vous dévoiler sans vous divulgacher le fond du message derrière ce récit touchant.
Car c’est en effet ce qui ressortira de cette toute petite production indépendante: une histoire touchante voire même qui pourra vous briser le cœur tant elle évoque avec brio des thèmes sombres sous le regard d’un petit garçon à travers son level design et ses décors.
Je préfère vous prévenir, la peur sous forme de phobie est énormément représentée dans le jeu, pouvant ainsi heurter nombreux d’entre vous, notamment l’arachnophobie, mais les développeurs ont pris le soin de prévenir son public au démarrage du jeu.
Frozen Line a énormément pioché dans les références littéraires pour donner vie à son univers si singulier, la plus évidente, et assumée par le studio, étant Le Petit Prince d’Antoine de Saint Exupéry. On retrouve également dans le character design de Griffin une pointe de Sweet Tooth, comics de Jeff Lemire adapté depuis en série sur Netflix et Birly est inspiré d’un très célèbre ourson lui aussi souvent accompagné d’un petit garçon. Toutes ces références font de Daydream Forgotten Sorrow une aventure profonde et permettent de mettre en valeur ses thèmes et ses symboles.
Daydream Forgotten Sorrow, que l’on peut traduire littéralement par « rêverie: le chagrin oublié » est un jeu d’aventure mêlant jeu de plateformes et puzzles. Mélangeant vues en 2D et en 3D, la particularité du jeu se trouve dans ce que j’appellerai sa petite touche « The Last Guardian« , toute mesure gardée. Sans être aussi poussée que le jeu Fumito Ueda, Frozen Line a tenté une approche similaire de « donner des ordres » à notre binôme tout au long de l’aventure pour résoudre des énigmes en coopération. Une approche qui fait mouche et plutôt réussie dans la réactivité de Birly. Cependant, il faudra toutefois parfois insister un peu avant que notre peluche se déplace à l’endroit indiqué, mais cela ne m’est arrivé que de rares fois.
Les énigmes font partie intégrante de l’aventure et si certaines se dévoilent assez simples et intuitives, beaucoup demandent d’allumer notre cerveau et faire fonctionner notre matière grise. Observation du level design, logique, interactions avec certains éléments du décor, nos très chers neurones sont mis à l’épreuve pour atteindre notre objectif final.
Malgré tout, l’aventure ne se voit pas toujours se dérouler sans encombres, notamment dues à la physique et l’animation un peu « caoutchouteuse » de Griffin qui pourra rendre certaines mécaniques, comme le saut, un peu plus fastidieuses. Les ratages peuvent donc être au rendez-vous, résultant parfois à une certaine frustration, mais fort heureusement, le jeu contient beaucoup de points de contrôle, ne nous faisant pas redémarrer des pans de chapitres entiers.
Pour un premier projet, le studio a été au rendez-vous pour nous proposer un jeu visuellement magnifique. De ses décors, ses jeux d’ombres et lumières, sa photographie, la diversité de ses environnements, il n’y a pas à dire, Daydream Forgotten Sorrow nous transporte dans son univers de bien belle façon. L’ambiance globale oscille entre rêverie et cauchemar proposant ainsi des chapitres à l’ambiance lumineuse et onirique, à des passages menés par l’angoisse et la noirceur.
Le jeu n’usant jamais de la parole ou de textes à lire, c’est au travers de son OST que le jeu nous relate les émotions. Et quelle OST! Brillante, tantôt guillerette, tantôt mélancolique, elle se fond parfaitement dans la scène et le moment en cours.
En termes de technique, c’est l’animation souvent hasardeuse de Griffin qui peut être perçue le plus gros point noir du jeu. A côté de la ça, la gestion de l’IA est très réussie. Je n’ai eu droit qu’à un seul bug de son, qui s’est avéré totalement absent. Il m’a suffit de redémarrer le jeu pour que tout revienne à la normale.
Aucun doute que Daydream Forgotten Sorrow est une petite pépite indépendante qui saura trouver son public. Un premier projet pour la toute petite équipe de Frozen Line qui propose un voyage mêlant rêve et cauchemar, aux thèmes forts appuyés par ses nombreuses références. Une aventure qui se vit au fil de ses chapitres et ses décors variés, porté par une OST exceptionnelle. La gestion de l’IA, sans être irréprochable est tout de même très réussie. Les énigmes quant à elles sont bien pensées et relèveront parfois du casse-tête. Visuellement, il propose un style graphique et une direction artistique somptueux digne de productions plus imposantes. C’est dans l’animation de notre protagoniste que se trouve sa plus grosse faiblesse, une animation un peu « caoutchouteuse » qui rend certaines mécaniques plus fastidieuses. Une très belle aventure vraiment marquante!
Les plus
- Une aventure mêlant rêve et cauchemar
- Une ambiance maitrisée
- L’OST qui porte la narration
- La coopération par « ordres » à l’IA
- Le level design et les environnements variés
- Les thèmes abordés
- Des énigmes qui relèvent parfois du casse-tête
Les moins
- L’animation de Griffin qui déssert parfois le gameplay
- L’IA pas toujours réactive, mais c’est rare