Balan Wonderworld est la nouvelle production de Yuji Naka, papa d’un célèbre hérisson bleu supersonique, sous le dessin aguerri de Naoto Ohshima, character designer de ce même hérisson (entre autres), et sous l’édition de Square Enix. Promettant monts et merveilles dans le genre du platformer 2D/3D, sa démo, disponible depuis le 28 janvier, avait refroidi pas mal de joueurs.

Alors qu’un report était fortement conseillé à l’équipe de développement pour ne pas subir les foudres de nos petites mains de joueurs, la Balan Company a préféré maintenir la date de sortie au 26 mars du merveilleux monde de Balan, préférant proposer un patch dit Day One pour améliorer l’expérience. Disponible sur PS4, PS5, Xbox One et Series, Nintendo Switch et PC, Balan a-t-il eu raison de nous inviter dans son monde merveilleux si tôt? Je vous propose de trouver la réponse dans les paragraphes qui vont suivre. Un grand merci à Square Enix France et LU6.1 pour le code du jeu sur PS5. Pour information, je ne me suis pas essayé à la coop, donc je n’y ferai aucune mention dans cet article.

Dès les premières secondes, nous rencontrons Léo et Emma, deux jeunes enfants (adolescents?) à qui la vie peine à sourire. L’entrée en matière de Balan Wonderworld se fait grâce à une courte cinématique, durant laquelle nous voyons nos jeunes héros céder à la curiosité et suivre un mystérieux personnage dans un théâtre: Balan. Bien vite, il nous transporte dans son monde: Wonderworld.

Nous voilà donc rapidement sur l’île des Tims où les premiers mondes apparaissent. Où sommes nous? Que faisons nous ici? Quel est notre but? Beaucoup de questions émergent et pour y répondre, il faut évidemment se lancer à l’aventure. Les premiers mondes servent de « didacticiels » dans lesquels nous comprenons les mécaniques principales du jeu et leurs enjeux.

Tout d’abord, Balan Wonderworld c’est 12 mondes à parcourir, à terminer, à explorer dans lesquels il faudra user de ruse et de costumes en tous genres pour arriver face à notre ultime adversaire. 12 mondes qui demanderont entre 15 et 20 heures de temps de jeu pour tous les terminer, sans compter un petit contenu endgame, dispensable mais qui rallonge un peu l’aventure des plus nostalgiques.

Réduit à seulement quelques lignes de dialogues, dans lesquels seul Balan est doté de la parole, le titre semble ne pas avoir de scénario à proprement parlé, on peine à comprendre où il veut en venir et pourtant, plus nous avançons dans l’aventure plus ses propos s’éclaircissent. En effet, Balan Wonderworld traite des rêves, de notre volonté à les accomplir, ou encore comment nos faiblesses nous poussent parfois à les abandonner au travers de Lance, antagoniste principal, qui corrompt les différents propriétaires des mondes que nous sommes amenés à visiter.

Ainsi, Balan Wonderworld traite de bien des sujets, aux thèmes forts et poignants. Nous rencontrerons donc des personnages aux rêves les plus fous et intenses dans leurs mondes aux couleurs éclatantes et univers fascinants. Divisés en 2 actes et un combat de boss, chaque monde se présente sous un même schéma de scénario: la présentation avec le personnage, sa corruption et le dénouement de l’histoire après avoir vaincu ses démons. D’un « fermier qui s’insurge contre la tempête », à un « homme qu’on ne voit pas » en passant par un « garçon qui ne voulait faire qu’un avec le vent » entre autres, Balan Wonderworld propose donc un voyage onirique, avec une pointe de saveur ludique pour ses joueurs cibles: les enfants.

C’est pourquoi les différentes touches de notre manette ne servira qu’à une seule et même chose: sauter et/ou utiliser la compétence du costume porté. Rien de compliqué, les quelques phases de combats sont pliées en quelques secondes, ce qui peut même être qualifié de léger pour un jeu de plateforme en 2021. Et c’est un fait, c’est léger et en fait sa faiblesse la plus évidente et même déroutante (car même dans le menu ingame, on valide avec tout, donc un conseil ne faites pas « rond », « b », ou que sais-je sur « retourner à l’écran titre »). Malgré tout, cette simplicité n’a pas entaché mon plaisir de jouer, la diversité des costumes permettant de varier les possibilités. Seule limite: le nombre de costumes que nous pouvons transporter, 3 maximum, et le nombre de fois que nous l’avons récolté sans le perdre et le stocker dans notre garde-robe. Et si la diversité des costumes est de mise, trop de costumes tue les costumes. Car si leurs aspects sont tous différents, beaucoup de leurs compétences se ressemblent beaucoup trop, leur présence n’étant finalement là que pour coller à l’univers du monde en cours et on peut se mélanger les pinceaux pour choisir nos tenues dans notre quête aux statues de Balan.

Alors que je parlais des premiers mondes « didacticiels » dont les actes sont assez courts à terminer pour comprendre les mécaniques de gameplay principales, Balan Wonderworld a malencontreusement oublié certains détails. Si le plus gros du jeu vous demande de collectionner des costumes (plus de 80 au total) et de venir à bout des 12 mondes, il manque de précisions quant à certains aspects de sa jouabilité. En effet, nous récoltons tout au long des différents actes, et au fil que nous battons les boss, des statues de Balan sans comprendre réellement leur utilité. Il faut donc se concentrer sur le compteur qui s’affiche à l’écran nous donnant une information primordiale: x/25 ou x/50, etc. Cela correspond au nombre de statues à collecter pour débloquer les mondes suivants.

Autre aspect un peu flou: ces petites boules de poils nommées Tims. Les Tims font partie intégrante de l’aventure. En effet, outre le fait que nous nous retrouvons sur leur île entre chaque voyage, où ils nous accueillent presque en héros avec leurs yeux ronds et plein d’amour, dont leur seule façon de communiquer avec nous est la bulle qui apparaît au dessus de leurs têtes, ils nous suivent partout où nous allons. Dans chaque monde, c’est 5 Tims de couleurs différentes (ou pas) qui nous suivent sans qu’on comprenne réellement à quoi ils servent. Nourrir les Tims sur leur île avec les différents cristaux que nous récoltons les fera changer de couleur et chaque couleur leur donne une aptitude différente: les Tims rouge sont plus forts aux combat tandis que les bleus (de mémoire) ramassent plus aisément des objets fort utiles (clés, œufs, cristaux). Un aspect loin d’être évident qui aurait mérité quelques lignes d’explications (surtout pour satisfaire la compréhension des jeunes joueurs).

Il en est de même pour les activités secondaires proposées sur l’île. En effet, nous observons un compteur en bas à gauche de notre écran et le résultat si nous atteignons le chiffre cible. Débloquer un nouvel étage de la Tour des Tims, débloquer un trampoline, réparer une horloge, on joue le jeu et on laisse les Tims faire mumuse pour faire augmenter ce compteur sans trop comprendre ce à quoi cela sert. Et je vous avoue qu’après avoir terminé le jeu, avec une armée de près de 60 Tims à mes « ordres », je n’ai toujours pas compris à quoi cela servait.

En ce qui concerne son aspect visuel, Balan Wonderworld est joli, il n’a rien de réellement innovant, en tout cas sur PS5. Cross-gen oblige, il peine à réellement exploiter les possibilités graphiques de la nouvelle génération et on le trouve même vide dans son level design. Bien que hautement coloré, agréable dans son ensemble, il faut éviter de s’attarder sur certaines textures baveuses et quelques inégalités en termes de perspectives. Néanmoins, on lui accorde une identité visuelle et sonore certaine bien qu’on aurait préféré une plus grande diversité de musiques. Mais nous ne saurons lui enlever sa vocation à nous transporter dans un voyage dépaysant aux univers variés et chaleureux.

Parlons sérieusement: Balan Wonderworld est-il aussi mauvais qu’on peut le lire? La démo est-elle représentative du jeu final? A ces deux questions, je vous répond non. Au delà de sa simplicité enfantine (c’est un fait), de sa limite de gameplay certaine, Balan et son monde merveilleux proposent une aventure des plus colorées, bon enfant, bourrée de mignonneries, de cinématiques mises en scène dignes des animations Disney/Pixar, d’une bande son festive et rythmée, tout cela ne fera certes aucunement concurrence aux plus grands noms des jeux de plateformes mais qui saura faire son effet sur les enfants ou même aux âmes d’enfants. Il n’est pas parfait, loin de là, sa caméra parfois toujours un peu capricieuse (même après le patch day one), le trop plein de costumes qui se ressemblent dans leurs compétences, je me serai passé sans mal des scènes de danses en fin de monde, et pourtant je n’ai ressenti aucune obligation à devoir le finir. Le plaisir de jeu était présent, malgré quelques prises de bec avec le gameplay qui a gardé la petite rigidité de la démo, tout en ressentant qu’elle avait été atténuée, j’ai clairement pris plus de plaisir dans le jeu final que dans la démo. Son scénario aux allures inexistant mais qui réussi à aborder des thèmes forts et la façon dont il les traite en résulte une certaine nostalgie une fois le générique de fin atteint. Loin d’être une révolution, il a néanmoins quelques points forts qui nous feront l’apprécier à sa juste valeur. Ni excellent, ni mauvais, n’en déplaise à ses détracteurs, Balan Wonderworld reste un bon petit jeu accessible à tous les types de joueurs.

Les plus

  • La diversité des costumes…
  • Des mondes hautement colorés et une mise en scène soignée
  • Un scénario qui saura faire son effet par les thèmes qu’il aborde et qu’il rend accessible aux plus jeunes
  • La notion de rêve et d’accomplissement
  • Une bande son rythmée
  • Des univers marqués par une identité visuelle
  • Une durée de vie correcte

Les moins

  • … mais qui peuvent parfois énormément se ressembler
  • Un manque d’explications
  • Un gameplay limité à une seule action
  • Une caméra parfois rageante
  • Joli mais insuffisant pour la nouvelle génération