Initialement sorti en 2010 exclusivement sur Xbox 360, Alan Wake du très apprécié studio Remedy (Max Payne, Quantum Break, Control) avait été acclamé par la presse et les joueurs. En 2016, le studio propose une toute nouvelle licence sur Xbox One: Quantum Break mais toujours pas l’ombre du retour du célèbre écrivain. En 2019, c’est Control, édité par 505 Games, qui vient s’ajouter au palmarès de Remedy. Dans la foulée, le studio rachète les droits d’Alan Wake à Microsoft. Un événement qui ne manque pas de mettre la puce à l’oreille des joueurs et en 2020 sort AWE l’ultime DLC Control et dans lequel nous avons revu le romancier pour la première fois depuis 10 ans, instaurant le « Remedy-verse ». Les joueurs espèrent toujours avant que le studio n’officialise la sortie d’Alan Wake Remastered le 7 septembre 2021 pour une sortie à peine plus d’un mois plus tard, le 5 octobre sur Xbox One et Series, PC via l’Epic Games Store et pour la toute première fois sur consoles Playstation. Rappelons au passage qu’entre temps Remedy a également annoncé le développement d’Alan Wake 2 sans date de sortie précise. Alan Wake is back baby! (Pardon, je m’emporte)

Alan Wake, un jeu que j’avais adoré il y maintenant 12 ans, mais la plume de Remedy opère-t-elle toujours?

Cet avis est rédigé à partir d’une version physique commerciale sur PS5 achetée par mes soins.

Alan Wake est un célèbre écrivain, auteur de nombreux best sellers, et pourtant il est atteint du célèbre syndrome de la page blanche. Sa femme Alice et son agent Barry décident qu’il est temps pour Alan de prendre du repos, peut-être cela l’aidera-t-il à retrouver l’inspiration. Le couple se rend donc à Bright Falls, une petite ville perdue au milieu des falaises et de forêts, un lieu idéal propre à l’évasion mais où les bruits de couloirs vont bon train. Mais peu de temps après leur arrivée, alors qu’une dispute de couple éclate, Alice disparaît dans de mystérieuses conditions. Bien décidé à la retrouver, Alan est prêt à remuer ciel et terre pour la sauver de son ravisseur qui demande une rançon à laquelle il ne s’attendait pas. Mais il n’imaginait pas que c’est un véritable combat contre les Ténèbres qu’il est sur le point de mener.

Ceux qui ont déjà fait le jeu il y a plus d’une décennie savent pertinemment où je veux en venir. Pour les autres, je vous laisse découvrir où les mènera cette escapade. Quoi qu’il en soit sachez que vous vous aventurerez dans un jeu mêlant thriller psychologique avec une pointe de survival horror dont le scénario passionne par son écriture et les références dont il s’est inspiré. Au programme, des allusions au maître de l’horreur Stephen King, dont est « fan » Alan Wake, ou encore une forte inspiration au célèbre film « Les Oiseaux » d’Alfred Hitchcock, pour ne citer que ce qu’il y a de plus évident.

En tout cas, malgré ses 12 bougies, le scénario d’Alan Wake n’a pas pris une ride, tant par son déroulement que par sa mise en scène façon série télé (un concept que Remedy a repris pour Quantum Break en poussant nettement plus cet aspect). Au total, ce sont 6 épisodes (ainsi que 2 épisodes bonus sortis sous formes d’extensions, The Signal et l’Ecrivain, ici inclus sur la galette) de 2h30 à 3h qui attendent les joueurs dans lesquels nous suivons un écrivain en perdition dans un univers et une approche originaux, véritable modus operandi devenu incontournable du studio. Petit bémol pour moi, la fin, très expéditive et qui annonçait sans l’ombre d’un doute une suite (qui n’est jamais arrivée jusqu’ici).

Mais si Alan Wake est indéniablement un jeu à scénario, il n’a pas oublié de proposer un gameplay tout aussi prenant. Armé d’un simple lampe torche et d’un arsenal des plus simples, Alan Wake doit compter sur la lumière pour vaincre ces mystérieuses forces surnaturelles qui sont à sa poursuite. Ainsi, le gameplay se décompose en plusieurs phases, d’un côté les phases de combats, dans lesquelles le secret est d’affaiblir nos ennemis grâce à la lumière (qui sert également de « viseur ») avant de truffer leur corps de balles, de l’autre des phases d’exploration qui permettent de se préparer mais également de ramasser un nombre incalculable de collectibles, dont les pages d’un manuscrit qui donnent une certaine profondeur au scénario (ils aiment bien faire ça chez Remedy, coucou Control).

Si explorer chaque recoin permet d’avoir les ressources nécessaires sans trop avoir à s’inquiéter de devoir compter ses balles et ses piles, la difficulté du jeu n’est pas en reste, en tout cas en 2022. En effet, bien qu’il reste incroyablement intuitif et efficace, c’est sur ce point que le jeu accuse le plus le poids des années. On peut lui attribuer une difficulté parfois mal dosée, certaines phases de combats s’avèreront bien plus difficiles à passer qu’elles n’y paraissent pendant que d’autres dont on attendait plus de résistance passent comme une lettre à la poste, en mode normal en tout cas, (dans mon cas la scène du concert par exemple). La faute à une certaine lourdeur dans le déplacement de notre écrivain notamment dans son esquive ou encore une charge d’endurance non indiquée à l’écran et qu’il faut cerner soi-même. Ajoutez à cela des ralentis intempestifs, inspirés des bullet times de Max Payne dans une moindre mesure, qui bloquent toute interaction avec les boutons de nos manettes, telle que l’esquive, qui peuvent être fatals tant nos ennemis, eux, sont agressifs et ne faiblissent pas.

Graphiquement en revanche, cette remasterisation m’a clairement impressionnée. Alors qu’on nous habitue à de simples lissages depuis des années et à une réhausse bête et méchante de la résolution, les équipes de d3t (Shenmue I et II remastered, Mafia II Definitive Edition) ont clairement mis les petits plats dans les grands pour proposer une qualité graphique proche du goût du jour. Je n’ai malheureusement pas pris le temps d’installer la version 360 pour proposer un comparatif, mais je pense que les captures d’écran (prises par mes soins) parlent d’elles-mêmes. Au programme, de la 4K, du 60 FPS, oui, mais également un travail sur les visages et les textures des décors, pour redonner un véritable coup de jeune à l’aventure.

Je regrette néanmoins la présence de nombreux ralentissements lors des cinématiques qui perdent ainsi de leur intensité. Malgré tout l’ambiance reste toujours aussi prenante et immersive, au sein d’un décor aussi apaisant qu’angoissant, qui se prête parfaitement au genre, je ne compte même plus mon nombre de sursauts. En revanche, l’abus de la musique signalant la présence d’ennemis dans les parages peut aussi casser un peu le truc, vers la moitié du jeu je ne me faisais plus avoir.

En tout cas, l’interprétation d’Ilkka Villi qui prête ses traits à l’écrivain est toujours aussi magistrale ainsi que celle d’Eric Aubrahn, voix française d’Alan, fait plaisir à (ré)entendre.

Quant à la bande originale? Quel régal auditif, qui tourne actuellement en fond pendant que j’écris ces mots. Aussi douce par ses paroles qu’agressive par ses notes et accords sur des rythmes de rock interprétés par les groupes Old Gods of Asgard (que l’on retrouve dans Control) ou encore Poets of the Fall sans oublier la voix d’Anna Ternheim ou les compositions de Petri Alanko. A écouter sans modération.

En 2010, j’avais adoré Alan Wake, et en 2022, je me souviens pourquoi. Scénaristiquement toujours aussi prenant, un gameplay toujours aussi efficace malgré quelques défauts notables avec le poids des années, et visuellement remis au goût du jour avec beaucoup de talent, revivre cette aventure horrifique a été un pur régal vidéoludique. Si vous étiez passés à côté il y a 10 ans, je ne peux que vous conseiller de le découvrir grâce à ce remastered de grande qualité, qui signe le retour d’Alan Wake dans cette version particulièrement aboutie. Vivement la suite? Oui, évidemment, et elle arrive enfin!

Les plus

  • Un scénario qui n’a pas pris une ride
  • Le travail graphique qui fait plaisir à voir pour une simple remasterisation
  • Une ambiance prenante et immersive
  • Une OST magistrale et intemporelle
  • Alan Wake, un personnage mené tambour battant par Ilkka Villi et sa VF Eric Aubrahn
  • Un gameplay intuitif et original
  • Les nombreuses inspirations aux maîtres en la matière

Les moins

  • Une difficulté parfois mal dosée
  • Une certaine lourdeur dans le déplacement de notre personnage qui accuse le coup du poids de son âge
  • Des ralentis intempestifs qui bloquent les interactions pendant quelques secondes
  • Quelques ralentissements durant les cinématiques