Panther et Carmen

« L’amour est enfant de bohème, il n’a jamais, jamais connu de loi. » Ces paroles nous les connaissons, grâce à l’opéra de Georges Bizet de 1875, Carmen. Mais avant d’arriver sur scène, Carmen était avant tout l’œuvre de Prosper Mérimée et personnage principal de la nouvelle éponyme de 1845.

Au sens le plus large de sa personnalité, la jeune bohémienne est une femme fatale. Son histoire traite de bien des thèmes tels que l’amour, la passion et ses conséquences, ou encore de la sensualité, la jalousie et de la mort. En latin, carmen veut dire « charme » (12). Ainsi, le personnage de Carmen est la définition même de la manipulation par ses charmes mais également de la femme forte (13) et désabusée.

Dans le monde réel, Ann Takamaki est le type même de la « gaijin » (un mot japonais aujourd’hui devenu péjoratif que l’on traduit par « étranger »). Moquée, abusée, seule, elle ne trouve de réconfort qu’auprès de sa seule amie Shiho Suzui, qui connaitra un destin dramatique à cause d’un certain Kamoshida (oui, encore lui), qui, au passage, n’a d’yeux que pour la jolie blonde et la voit même comme une femme soumise dans son palais. Mais malgré l’intérêt qu’on lui porte principalement pour sa beauté atypique (au Japon), elle est éperdument seule et marquée par le désir profond de s’intégrer, ce qui joue de ses faiblesses. Jusqu’à ce qu’elle fasse la rencontre de Joker accompagné de Ryuji, qu’elle connaît depuis le début de sa scolarité au Japon. Dans le Metavers, elle découvre son vrai moi: Carmen, et devient Panther en rapport avec son costume en cuir rouge et ses oreilles de chat. Elle y devient une femme libre de ses choix, libre de ses prétendants (Kamoshida le premier), libre de rendre justice à ceux qui n’en avaient pas la force (Shiho, qui tente de se suicider après les remontrances de l’entraineur de l’équipe de volleyball de Shujin Academy en est un exemple parfait).

La Carmen de Persona 5 rejoint la description du personnage de Mérimée décrit par Théophile Gautier (14). Vêtue d’une robe de Sévillane (la danse populaire de la ville espagnole de Séville) rouge et noire, elle incarne à merveille la beauté de la Carmen du XIXe siècle.

Plus loin encore, le personnage de Carmen renforce l’aspect de sa force ethnologique, la force d’être une étrangère aux yeux de Don José et du narrateur (15) ce qui nous permet de faire un lien direct entre Ann, la jeune femme étrangère et elle. Alors qu’Ann a toujours souffert de sa beauté, de sa différence, elle s’en émancipe et en fera un atout, une force qui lui permettra en premier lieu de se retourner contre Kamoshida.

(12) Dokamo – Carmen une héroïne littéraire hors du commun

(13) et (14) Blog AC Versailles – Héroïnes de toujours – Carmen la femme fatale

(15) Interlettre – Carmen de Prosper Mérimée – résumé et analyse

Pages : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14