Annoncé en février dernier par Furyu en collaboration avec son éditeur de prédilection NIS America lors d’un Nintendo Direct, Reynatis s’est très vite élevé au rang des JRPG les plus attendus de l’année par une catégorie de fans un peu particulière. L’annonce de certains noms à la tête du projet lui ont immédiatement octroyé une comparaison à un certain Final Fantasy Versus XIII. En effet, Reynatis c’est le projet qui a réuni des noms comme Kazushige Nojima (FF VII, Advent Children, Crisis Core, VIII, XV, Kingdom Hearts, etc) au scénario, et Yoko Shimomura (FF XV, Kingdom Hearts, Xenoblade Chronicles, etc), à la composition, sous la direction de Takumi Isobe de Furyu. Alors qu’une démo est disponible depuis quelques jours sur les différentes plateformes sur lesquelles il sera disponible, je me suis de mon côté attelé à sa version complète pour vous proposer mon test. Malheureusement, à l’instar d’un certain Monark, qui, lui, avait réuni des vétérans de la série Shin Megami Tensei, la douche a été glaciale.
Version | Numérique sur PS5, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Entre 25 et 26h |
Histoire terminée | Oui (+95% des quêtes secondaires) |
Complétion totale | 50% des trophées |
Difficulté | Unique |
Genre(s) | Action, Aventure, RPG |
Date de sortie | 27 septembre 2024 |
Prix (maximum conseillé) | 59€99 |
Plateforme(s) | PS4, PS5, Nintendo Switch, PC |
Voix | Japonais |
Textes | Anglais |
Connexion obligatoire | Non |
Dans l’univers de Reynatis, lorsque l’on frôle la mort, on devient un Wizard (magicien), doté de pouvoirs magiques donc, et on est immédiatement renvoyé sur Terre auprès de nos congénères non magiciens. D’ici un choix s’offre à eux, rejoindre la Guilde, rejoindre la M.E.A, une unité spéciale qui combat l’utilisation illicite de la magie, ou rester un magicien « errant », autrement dit sans faction. Dans ce quartier de Shibuya recréé, nous suivons Marin Kirizumi, un magicien errant en quête de puissance et de liberté, et Sari Nishijima, agente pour le compte de la M.E.A, qui veut éradiquer la propagation d’une drogue nommée Rubrum (ou Rub). Deux personnages que tout oppose mais que le destin finira par rassembler malgré eux.
C’est peu ou prou les premières heures de ce Reynatis. Si son postulat de départ qui oppose magiciens, MEA et humains promet un scénario prenant et haletant, dans la pratique on peine à être vraiment conquis par la proposition. Outre l’absence totale d’une localisation française, pouvant complexifier la compréhension, Reynatis se noie dans un tourbillon d’informations à retenir et se perd dans une forêt de dialogues qui passent bien trop souvent du coq à l’âne. En résulte qu’on perd vite le fil des événements, oubliant les détails qui nous ont mené à l’instant T, pour finir par se dire qu’un truc grave se trame mais qu’on ne sait plus vraiment quoi et pourquoi. On finit même par ne plus prêter attention aux nombreux personnages, protagonistes ou antagonistes, tant il peine à nous happer, malgré un univers qui avait matière à être passionnant. La faute également à un contenu secondaire quasi obligatoire, qui peut nous faire perdre le fil, mais j’y reviendrai plus tard.
Mais si son scénario ne passionne pas les foules, son gameplay néanmoins relève tout de même la barre. Outre une exploration prononcée de Shibuya et ses rues pour accomplir diverses missions secondaires et partir à la chasse aux « wizarts », c’est bien évidemment les combats qui prennent le pas sur la quasi totalité du jeu en termes de gameplay. Des combats en temps réel, autrement dit en action-RPG, dont le cœur est l’esquive. En effet, dans leur forme de wizards, à peine perceptible par les humains, les personnages dotés de pouvoirs ont besoin d’énergie pour pouvoir frapper et utiliser leurs compétences. Et afin d’en récupérer il leur suffit d’aspirer celle de leurs adversaires par l’esquive (elle peut également se régénérer naturellement mais plus doucement).
En résulte des combats particulièrement dynamiques, aux chorégraphies nerveuses et effrénées, avec un soupçon d’exigence. En effet, là encore, tout n’est pas parfait puisque si globalement on roule un peu sur le jeu malgré l’absence de modes de difficultés, et qu’on se complait dans l’exigence de certains affrontements, sur la fin du jeu, les combats de boss se dévoilent plus frustrants et mal équilibrés, tant par les sacs à PV qu’ils sont que par leur puissance démesurée et leur faculté à nous ruer de coups alors qu’on est immobilisés. Oui, je vous l’annonce, Reynatis a même parfois réussi à me faire rager.
Je vous le disais plus haut, si les combats prennent une place énorme dans l’entièreté du jeu, l’exploration n’est pas en reste. Abandonnant les arbres de compétences traditionnels régis par la prise de niveaux, Reynatis a mis son exploration au service de l’évolution de notre personnage au travers des « wizarts ». Mélange de Wizards et de Arts, ce sont des graffitis disséminés aux quatre coins de Shibuya qui, à leur découverte, nous permettent de débloquer quelques bonus non négligeables. Cela peut être quelques crédits ou même des points d’expérience mais surtout cela pourra également débloquer de nouvelles compétences. Et à mesure que nous trouvons plusieurs fois les mêmes Wizarts, cela augmente leur puissance. Un aspect du jeu à ne pas ignorer donc, à condition de faire les quêtes secondaires. En effet, certains wizarts n’apparaissent qu’à partir d’un certain pourcentage de malice dans la ville, pourcentage qui ne baisse que lorsqu’on fait le contenu annexe. Quand l’ingéniosité se fait doubler par un contenu malheureusement souvent peu intéressant.
Parlons maintenant de ce qui pourra le plus fâcher. Quand on est habitués aux JRPG, hormis quelques exceptions, on s’attend toujours à un certain retard graphique sans que cela ne soit véritablement gênant outre mesure. En cela, Reynatis ne fait donc pas partie des exceptions. Mais il est aussi très loin d’être visuellement acceptable. Après une cinématique d’intro très prometteuse, la réalité du jeu est toute autre. D’ailleurs, si vous avez joué à la démo, cet aspect du jeu ne vous aura très certainement pas échappé. Reynatis n’est à ce stade plus en retard graphiquement mais manque cruellement d’évolution par rapport à ses prédécesseurs du même studio. En effet, le nouveau jeu de Furyu est coincé à l’époque des Crystar, The Caligula Effect et même Monark (tous sortis avant 2020 ou à peine après).
Aliasing, visages inexpressifs, textures baveuses, ville un peu vide, sans parler d’Another (le second lieu du jeu) qui l’est totalement, on pourrait lui pardonner ses faiblesses et son retard, si seulement il avait été impeccable sur le reste. Malheureusement, d’un point de vue technique, ce n’est pas rose non plus, puisque le jeu souffre d’une distance d’affichage risible et assez prononcée, sans parler de la caméra qui fera souvent quelques caprices.
Reste l’OST, l’un des gros point forts du jeu (l’honneur est sauf) composée par Yoko Shimomura, a qui l’on doit les bandes originales de Final Fantasy XV, Kingdom Hearts, Legend of Mana, Live A Live, ou encore le premier Xenoblade Chronicles. L’artiste a même été récompensée aux Game Developers Choice Award cette année pour l’ensemble de sa carrière. Tout cet aparté pour dire que Reynatis propose une OST digne de ce nom, aux pistes et aux mélodies variées.
Enfin, je terminerai par l’évocation du scénario crossover avec une licence de Square Enix (dont je tairai le nom par égard pour ceux qui n’ont pas suivi la com de Reynatis), qui, à l’entente des premières notes de musiques, n’a fait qu’un tour dans mon cœur. Et le mélange des deux licences fonctionne étonnamment bien.
Reynatis faisait partie de ces jeux que j’attendais énormément cette année. Malheureusement je me suis bercée de douces illusions, en espérant que Furyu apprenne de ses erreurs passées. Si Reynatis est loin d’être foncièrement mauvais, il n’est pas non plus à la hauteur de ce qu’on espérait de lui, de son univers, et ne peut même pas aspirer à rivaliser avec les autres licences de NIS America (Ys, Trails, Disgaea). Outre un gameplay satisfaisant et une OST digne de sa compositrice, le reste peine malheureusement à nous convaincre pour nous transporter dans un univers qui présageait un voyage marquant. Mais la mission n’a pas été accomplie, la faute notamment à une écriture brouillonne et un scénario qui peine à aller au bout des choses. C’est dommage…
- Un gameplay nerveux et dynamique…
- Le système de Wizarts qui pousse à l’exploration…
- L’OST qui relève un peu le tout
- Le scénario crossover qui rappelle des souvenirs
- …Terni par des combats de boss frustrants
- …Au prix d’un contenu secondaire peu intéressant qui devient obligatoire
- Graphiquement trop en retard
- Un scénario qui peine à garder notre attention
- Toujours pas de localisation française