Annoncé lors du Xbox Games Showcase de 2023, Kunitsu-Gami Path of The Goddess, la nouvelle IP de Capcom, a mis du temps à lever le voile sur son concept atypique: un doux mélange de jeu de stratégie à d’action-RPG, voire même de beat’em all. Disponible depuis le 19 juillet 2024 sur consoles PlayStation, Xbox (ainsi que disponible dans le Game Pass), et PC, Kunitsu-Gami dévoile une proposition originale, novatrice et rafraichissante. Si vous souhaitez vous faire une idée de ce concept atypique, une démo est disponible sur tous les supports. En attendant, voici mon test!
Version | Numérique sur Xbox Series X, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 23h (NG+ commencé) |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | Non communiquée |
Difficulté | Unique |
Genre(s) | Stratégie, Tower Defense, Action, RPG |
Date de sortie | 19 juillet 2024 |
Prix (maximum conseillé) | 49€99 |
Plateforme(s) | PS5, Xbox Series S/X et PC |
Voix | Anglais,Japonais |
Textes | Allemand, Anglais, Arabe, Chinois traditionnel et simplifié,, Coréen, Espagnol, Français, Italien, Japonais,Portugais, Russe |
Connexion obligatoire | Non |
Nous sommes au Mont Kafuku, cime fictive où villageois et animaux vivent en paix et en harmonie. Mais cette paisibilité est mise à mal par une mystérieuse corruption, s’attaquant aux villageois, à la faune mais aussi aux environnements et villages éveillant chaque nuit les Ikoku (les Yokai du jeu, si je puis dire). Dans le rôle de Soh, guerrier élu, notre but sera d’accompagner Yoshiro, une miko, dans ses rituels de purification des Torii pour évincer la corruption et rendre au Mont Kafuku sa splendeur.
Afin de comprendre Kunitsu-Gami, il faut avant tout comprendre le rôle de Yoshiro et sa fonction dans le jeu. Si on pourrait traduire le terme par prêtresse, le terme miko, dans une écriture ancienne (神子) signifie « enfant de kami ». Autrement dit, cela implique un rôle intermédiaire entre les hommes et les divinités du Shintoïsme, les kami. En effet, dans Kunitsu-Gami, Yoshiro n’est désignée que par ce terme, appuyant donc sur la connotation divine de son rôle, et sur la signification de ses rituels dansés tout au long du jeu.
Kunitsu-Gami Path of the Goddess est donc une ode au folklore japonais, de par son postulat de départ mais aussi au travers de sa direction artistique, ses costumes, et ses danses. Sans véritable narration, sans aucun dialogues, Kunitsu-Gami nous raconte son histoire au travers des différentes zones qui donnent vie au Mont Kafuku. Seuls quelques éléments de lore peuvent être décelés dans les différents Ema que nous sommes amenés à récupérer au fil de notre périple, mais cela reste malgré tout très léger et ne concerne finalement que nos adversaires nocturnes.
En effet, Kunitsu-Gami a préféré tout misé sur son gameplay et son mélange des genres: la stratégie et l’action. S’il était difficile de visualiser ce que cela donnerait manette en main avant sa démo, celle-ci a permis de lever le voile sur ce concept atypique: finalement, Kunitsu-Gami va bien plus loin en proposant un mélange plus axé sur du tower defense (Crystal Defenders, GrimGrimoire), en 3D, et du beat’em all, au travers de ses combos.
Chaque zone se divise en 2 phases distinctes, la première, de jour, nous permet de purifier les amas corrompus, et en récupérer des cristaux, et sauver les villageois avant de pouvoir leur attribuer un métier, pendant que Yoshiro avance lentement mais surement vers le prochain Torii à purifier. En bref, c’est le temps de la préparation. La seconde, de nuit, voit apparaître les Ikoku, dont le seul et unique but est d’arrêter Yoshiro dans son rituel. C’est dans cette phase que Kunistu-Gami dévoile tout son potentiel et son originalité: un tower defense dans lequel la tour à protéger est une femme et mouvante de surcroit.
Il faut donc attribuer les bons métiers aux villageois (qui se débloquent au fur et à mesure de notre avancée) et les placer aux bons endroits tout en nous déplaçant librement et en attaquant en tant que Soh afin de protéger la miko des créatures damnées qui veulent s’en prendre à elle. Car si la démo ne laissait qu’entrevoir une infime partie de ses possibilités en matière de level design, laissant penser qu’il serait relativement accessible, Kunitsu-Gami révèle finalement une difficulté à la hauteur de son genre principal au fil de notre aventure. En effet, plus on avancera, plus cela se corsera, révélant même parfois une certaine inégalité dans sa difficulté.
Car contrairement à un tower defense classique, qui permet de placer autant de combattants que nous le voulons sur le terrain, Kunitsu-Gami est conditionné à un nombre limité de villageois par zone. De ce fait, certaines zones seront des promenades de santé, pendant que d’autres nous donnent beaucoup plus de fil à retordre et ce malgré la possibilité d’étoffer les différents arbres de compétences, qu’ils soient au service des métiers ou celui de Soh.
Car il faut bien le dire, Kunitsu-Gami est loin d’être parfait. Outre l’équilibrage de sa difficulté parfois en dents de scie, il peut également révéler une certaine répétitivité et ce malgré sa volonté de proposer un level-design varié, et des situations inattendues. Mais au delà de ça, il en découle une certaine innovation dans son concept qui le rend particulièrement prenant et addictif. Alors même que je venais d’en baver pour battre le boss final, j’ai relancé instantanément le New Game +, parce qu’au final, j’en redemandais encore.
D’ailleurs, je n’oublierai pas d’évoquer sa rejouabilité. D’une part en cours de partie, grâce aux nombreux objectifs secondaires divers et variés qui permettent d’acquérir Talismans, Gardes Tsuba et autres Musubi, mais aussi grâce à son New Game +. En effet, celui-ci ne se contente pas de nous faire refaire le jeu à l’identique une deuxième fois. En plus de nous proposer une certaine redécouverte des zones avec un bestiaire différent dès les premiers niveaux avec nos métiers améliorés et arbres de compétences étoffés, il se dévoile aussi important pour avoir le fin mot de l’histoire. Mais, je n’en dirai pas plus. Kunitsu-Gami demande de l’investissement mais il nous le rend bien.
Développé grâce au moteur maison qui a de nombreuses fois fait ses preuves, le RE Engine, cette nouvelle production signée Capcom est à tomber à la renverse de par sa beauté. Mais c’est surtout son univers et sa direction artistique qui en font un jeu foncièrement somptueux. Mais une fois n’est pas coutume, le RE Engine renforce son esthétique grâce à la maitrise de ses jeux d’ombres et de lumières et ses palettes de couleurs.
Du côté de la bande-son, Kunitsu-Gami la doit au jeune compositeur Chikara Aoshima dont la première collaboration avec Capcom fut en 2019 pour Shinsekai – Into The Depths, disponible sur Apple Arcade et Nintendo Switch. Entre musiques traditionnelles et modernes, l’OST de Kunitsu-Gami est aussi enchanteresse qu’elle surprendra parfois, notamment lors des combats de boss, révélant des sonorités surprenantes. Il ne faut évidemment pas oublier le thème principal « Kunitsu-Gami » interprété par la chanteuse Ermhoi, qui prête également sa voix le temps de quelques murmures et appels à l’aide à Yoshiro.
Kunitsu-Gami Path of The Goddess est une véritable (bonne) surprise de cet été. Son concept mêlant habilement stratégie, et plus particulièrement le tower defense, et l’action est particulièrement novateur, rafraichissant et diablement efficace. Evidemment, il est loin d’être parfait, on lui regrettera avant tout une certaine répétitivité qui peut s’installer ainsi qu’un équilibrage de sa difficulté parfois en dents de scie. Mais il n’en reste pas moins qu’il propose quelque chose de neuf, de frais, et fait preuve d’une réelle prise de risques à l’heure où tout est conditionné à un cahier des charges pour tenter de plaire au plus grand nombre. Kunitsu-Gami fait partie de ces productions inédites, souvent discrètes, qui méritent pourtant qu’on s’y intéresse. Malheureusement pour lui, à son lancement, il se coupe d’une partie de son potentiel public faute d’une sortie en édition physique. Car là encore, il le mérite, très largement.
- Le mélange stratégie-action inédit et efficace
- Addictif au possible
- Le folklore japonais au cœur de l’aventure
- Sa direction artistique à tomber
- Sa rejouabilité
- L’OST, entre tradition et modernité, surprenante
- La variété des métiers des villageois
- Une difficulté en dent de scie
- La répétitivité peut vite se faire ressentir
- Pas de version physique