« L’homme est parti à la découverte d’autres mondes, d’autres civilisations, sans avoir entièrement exploré ses propres abîmes, son labyrinthe de couloirs obscurs et de chambres secrètes, sans avoir percé le mystère des portes qu’il a lui-même condamnées. »
Stanislaw Lem (Solaris 1966)
Version | PS5 numérique fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | 11 heures |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | 100% (13 trophées obtenus sur 30) |
Difficulté | Unique |
Genre(s) | FPS, Action, Aventure, Science Fiction |
Date de sortie | 7 novembre 2023 |
Prix (maximum conseillé) | 34.99€ en standard et 64.99€ en version collector |
Plateforme(s) | PS5, Xbox Series S/X et PC |
Voix | Anglais |
Textes | Français, Anglais, Allemand, Espagnol, Polonais, Chinois simplifié, Russe, Portugais et Ukrainien |
Editeur | 11 Bit Studios |
Développeur | Starward Industries |
Réalisateur | Marek Markuszewski |
Compositeur | Brunon Lubas |
Seul(e), sur une planète abandonnée et isolé(e), vous vous réveillez doucement. Si dans un premier temps, vous essayez de comprendre qui vous êtes, vous comprenez que votre prénom est Yasna et que vous êtes microbiologiste. Vous vous relevez à la dur, puis soudain, tout vous paraît clair et vous revient en tête, votre mission avant de perdre connaissance et la mémoire de surcroit, c’est de porter assistance aux membres de votre équipage. Vous êtes sur la planète Régis-III et le seul espoir de vos camarades disparus, c’est vous. Voici les premières minutes de The Invincible.
Tel est le postulat de départ de The Invincible, à l’origine un roman écrit par Stanislaw Lem, écrivain polonais né le 12 septembre 1921 à Lviv en Pologne, aujourd’hui décédé. Il fut à l’origine de romans tels que Solaris, la Cyberiade, Le bréviaire des robots ou encore The Invincible. Au travers de ses romans, tous de science fiction, il fut qualifié par ses pairs de visionnaire, traitant de sujets tels que l’impossibilité de la communication entre humains et extraterrestres (ainsi que l’incompréhension entre les 2 espèces), le futur technologique de l’espèce humaine, il creuse l’idée d’une société idéale et utopique en explorant les conséquences d’une société qui serait tellement avancée technologiquement qu’elle supprimerait l’effort humain. Ses espèces extraterrestre ne sont pas en reste non plus puisqu’il proposera à de nombreuses reprises des espèces tellement avancées par rapport à l’espèce humaine que la communication serait impossible (Solaris par exemple). Enfin, pour se faire une idée de l’écrivain, il faut savoir que Stanislaw Lem était un partisan de la civilisation occidentale et rejette de ce fait le collectivisme (alors en vigueur dans son pays à ce moment de sa vie). Je finirais par évoquer son fameux roman The Invincible, édité chez nous en 1972 aux éditions Lafont. Si la traduction n’est pas tout à fait exacte, il faudrait plus parler de « l’Invaincu », les sujets traités en fond se veulent philosophique et évoque la place de l’humain sur Régis-III, face à un danger beaucoup trop incompréhensible pour lui ainsi que sur la question de savoir si l’humain est de taille pour explorer l’espace et faire face aux conséquences de ses découvertes.
Si la trame du roman est reprise dans les grandes lignes, sachez que le point de vue de départ est différent et que vous assisterez à l’ensemble de l’aventure de façon très fidèle.
Outre un scénario et une narration scindant votre aventure en 2 parties (le sauvetage de votre équipage dans un premier temps, une course contre la montre dans un second temps), The Invincible propose également son lot de thèmes propre à l’écrivain comme l’impossibilité de la communication entre les humains et les civilisations extraterrestres, et sur le futur technologique de l’humanité. Tout en restant compréhensible, The Invincible propose donc un vrai sujet de fond et nous propose donc de réfléchir à ces sujets en prenant à de très nombreuses reprises des décisions fortes influençant notre aventure. De ce fait, lors de votre première partie, vous n’aurez sans doute pas la fin que j’ai obtenu, nous posant de grosses questions quant à la portée de nos décisions tout au long de notre aventure. Le scénario de cette adaptation est donc vraiment mature et surprenant à bien des égards où je vous avoue qu’une fois le générique de fin devant mes yeux, je me suis surpris à me dire qu’il faudra que je me relance très vite, histoire de pouvoir explorer d’autres chemins scénaristiques, tant l’histoire de The Invincible est l’une des histoires les plus intelligentes que je n’ai vu dans un jeu vidéo depuis des années.
Un scénario fort, intelligent, surprenant, une narration sans fausses notes et surtout une Yasna attachante, portée par la voix originale de Daisy May, The Invincible me marque même durant l’écriture de ce test et je sais que me tenterais son platine prochainement, tant j’en redemande.
Dans le gameplay, The Invincible est en vue à la première personne et se comporte énormément comme un walking simulator où l’exploration est maitresse de notre aventure. En outre, sachez que l’interactivité est poussée au maximum et nous permet donc une assez grosse immersion à l’aide de 2 actions : le fait d’observer son environnement et de commenter ce que nous voyons ainsi que le fait d’interagir avec celui ci via des outils ou tout simplement nos mains virtuelles. Ce qui accentue donc notre sentiment de pleinement incarner Yasna, qui sert de passerelle entre l’histoire que nous vivons et le joueur et/ou la joueuse de façon magistrale. Durant mon aventure, le gameplay mais aussi la narration d’ailleurs (je ne rentrerais pas dans les détails histoire d’éviter tout spoils) m’a beaucoup fait penser à Firewatch sorti en 2016 (une inspiration soit dit en passant assumée par le studio).
Graphiquement, The Invincible, développé à l’aide de l’Unreal Engine, se sert de sa direction artistique (en ce sens, The Invincible nous propose une œuvre se servant du courant atompunk pour nous livrer un univers ayant une identité unique dans le paysage du jeu vidéo moderne), celle d’une œuvre de science fiction des années 1960. Pour vous la faire courte : j’ai pris une claque magistrale, pourtant sorti de Alan Wake 2, The Invincible lui tient la dragée haute, servi par un mode photo manquant un peu de possibilités.
Du côté de la technique, j’ai décidé d’y jouer en 60 FPS et mis à part un ou deux ralentissements sporadiques, je n’ai rien à vous dire de plus, tout s’est très bien passé de ce côté là.
En ce qui concerne la bande originale, je qualifierai celle-ci d’évolutive en fonction de nos choix. Explications. Alors qu’elle nous accompagne tout au long de notre périple, celle-ci voudra changer de mélodies en fonction de nos actions, de nos choix. En découle une expérience auditive profondément immersive menée par le compositeur Brunon Lubas, que vous avez probablement dû déjà entendre dans d’autres productions. A son actif, les OST de Vampire: The Masquerade Coteries of New York (Draw Distance), Layers of Fear 2 (Bloober Team) ou encore l’adaptation vidéoludique Blair Witch (Bloober Team). Et le moins que l’on puisse dire est que le monsieur maitrise l’ambiance musicale singulière des productions sur lesquelles il a travaillé.
En grand fan de science fiction, je me devais de ne pas passer à côté de The Invincible, qui est une œuvre qu’il ne faut surtout pas laisser passer si comme moi vous aimez le genre. De plus, je trouve que vouloir adapter du Stanislaw Lem est assez courageux de la part d’un aussi jeune studio, surtout pour un premier jeu vidéo, même s’il compte en ses rangs d’anciens développeurs venus de CD Projekt Red et Techland. De part son scénario et ses sujets traités de façon juste et intelligente, The Invincible rejoint instantanément le rang des œuvres qui me marqueront pour très longtemps. Je ne peux que vous encourager à faire le pas de découvrir sans plus tarder The Invincible, surtout au prix où il nous est proposé, un aussi petit prix pour une œuvre aussi grande, c’est une occasion à ne surtout pas rater.
- Un scénario exceptionnel !
- De multiples décisions à prendre qui jouent forcément sur la re jouabilité
- Une narration d’une générosité folle
- Une fidélité exemplaire par rapport au roman
- Des sujets philosophiques traités avec une intelligence rare dans le jeu vidéo
- Yasna, attachante
- La voix originale de Yasna, marquante
- Une DA à couper le souffle
- Un gameplay qui joue énormément sur l’immersion
- L’OST inoubliable
- Le mode photo qui manque cruellement d’options
- Quelques baisses de framerate par ci par là
Merci pour la découverte
Merci pour la découverte merci d avoir pris le temps pour nous
Avec plaisir ☺️