C’est en 2021, alors que Plaion (anciennement Koch Media) annonce un nouveau label d’édition du nom de Prime Matter, qu’on apprend l’existence de Scars Above, parmi d’autres IP, dont on apprendra uniquement qu’il s’agira d’un jeu à la troisième personne dans un univers de science-fiction. Les mois passent et Scars Above reste discret. Jusqu’à ce que son studio, Mad Head Games, décide d’en dévoiler plus sur son jeu lors des Game Awards 2022. Gameplay et date de sortie sont donc dévoilés. Aujourd’hui, 28 février 2023, est un grand jour pour Scars Above et pour les joueurs qui peuvent désormais découvrir cette nouvelle licence énigmatique sur PS4/5, Xbox One/Series et PC.
Malgré sa discrétion, faut-il croire en Scars Above? Cela fait 15 jours que j’ai eu la chance de pouvoir mettre mes petites mains dessus, j’ai donc pu le retourner en long en large et en travers (jusqu’à en obtenir 96% des succès en un seul run) et peux donc ENFIN vous en parler. Car oui, cela a été particulièrement éprouvant pour moi de ne rien avoir pu dire jusqu’ici. Pourquoi? Je vais vous le dire dans les paragraphes qui vont suivre.
Cet avis est rédigé à partir d’une version numérique de Scars Above sur Xbox Séries X fournie par Prime Matter et Plaion France, que je remercie infiniment pour cette magnifique opportunité.
« Nous nous sommes toujours demandé si nous étions seuls dans l’univers. On l’a observé et exploré mais on a rien trouvé…Jusqu’à aujourd’hui. »
C’est sur ces quelques mots que se dévoile les premières images de Scars Above et les prémices de sa narration. Nous incarnons Kate Ward, une scientifique et membre du SCAR (Sentient Contact Assessment and Response), envoyée en mission avec le reste de son équipe pour examiner une structure extraterrestre en orbite autour de la Terre, qu’ils appellent le Métahédron. Alors que leurs recherches vont bon train pour tenter d’approcher cet étrange objet (volant non identifié), le Métahédron téléporte l’Hermès, leur vaisseau, et par la même occasion son équipage sur une planète inconnue. Kate est séparée de ses compagnons se retrouvant seule face à la dangerosité de ce nouvel environnement. Bien décidée à les retrouver coûte que coûte, cette mission de sauvetage devient également une quête de savoir quant à cette planète et le pourquoi du comment elle s’est retrouvée ici.
Dans cette mise à l’épreuve déroutante et mystérieuse, Scars Above propose un scénario qui ne brise aucunement les codes de la SF mais qui pourtant fait mouche. De l’énigmatique naufrage du vaisseau des SCAR à cette planète hostile, en passant par l’histoire qui se dessine autour de Kate, cette survivante improvisée, Scars Above a tout ce qu’il faut en termes d’écriture et de narration pour nous intriguer et nous turlupiner. Le sentiment de solitude y est omniprésent, et mine de rien ça fait un bien fou. D’ailleurs au delà de son ambiance, la narration des premières heures rappellera un certain…Returnal. L’inconnu, l’incompréhension, la solitude de l’héroïne qui tente désespérément de comprendre ce qu’elle fait là, toute mesure gardée, Kate et Selene ne sont pas si différentes l’une de l’autre.
En termes de durée de vie, il faut compter environ 10/12h pour terminer le jeu, le tout en ayant tout de même énormément exploré ce milieu hostile. Par exemple, j’ai terminé le jeu en ayant débloqué toutes les compétences de Kate, fabriqué toutes les armes et gadgets, et scanné tout ce qui était possible (ou presque). Alors oui, cela reste relativement court mais pas moins intense et grisant. Malheureusement, il lui manque un petit quelque chose: de la rejouabilité. Car une fois Scars Above terminé, la seule option est de le recommencer, un petit New Game + m’aurait franchement ravi.
Un premier très bon point pour Scars Above, qui bien qu’il ait loin d’avoir eu les moyens de Returnal, s’approprie à son tour une certaine maitrise du genre, tout en s’étoffant de sa propre identité. Et cela vaut notamment pour son gameplay. Loin de la difficulté du jeu de Housemarque, Scars Above n’en reste pas moins impitoyable dès ses premiers instants. Equipée de son VERA, Kate se voit bien vite confrontée à une faune monstrueuse et sans pitié. Fort heureusement, le jeu se dote d’une certaine accessibilité d’emblée grâce à plusieurs modes de difficultés, de facile à difficile, et autant vous dire que ce n’est pas de trop. Car les premières heures ne vous feront pas de cadeaux. Entre des ennemis certes redoutables, les plus gros points noir de Scars Above sont ses didacticiels. Traduction approximative? Quiproquo? Toujours est-il que si l’on se fie à ce que veut nous apprendre Mad Head Games pour survivre, la survie est bien vite remise en question. Mais une fois que l’on s’en rend compte ça coule de source. Sans oublier que le jeu se voit dénué de points de contrôles à proprement parlé, il ne faut donc pas mésestimé les étranges piliers rencontrés qui servent de points de réapparition, de sauvegarde et de points de santé (à la Dark Souls en somme).
Et ce gameplay qui semblait nous vouloir du mal se dévoile être un bonheur inébranlable tant il est addictif et je dirai même jouissif. Grâce à son imprimante 3D, l’arsenal de Kate se voit évoluer au fil des heures, le tout pour exploiter un système de faiblesses élémentaires tout ce qu’il y a de plus classique mais qui fonctionne.
N’attendez pas de Scars Above d’être un simple jeu de tir à la troisième personne bête et méchant. L’exploration de cette planète sur laquelle vous venez de vous échouer est une mine d’informations et de découvertes en tous genres pour la scientifique que vous êtes en train d’incarner. Ainsi, pas de points d’expérience à proprement parlé, et il faudra donc exploiter le terrain de jeu au maximum pour espérer survivre et augmenter vos connaissances pour faire évoluer les compétences de Kate et ramasser tout le nécessaire pour exploiter ses différents gadgets. On remarquera également une belle gestion de l’environnement, entre météo polaire, eaux contaminées, et autres joyeusetés. Exigeant, Scars Above l’est indéniablement, et demande un certain investissement, mais pas autant que Returnal, soyons francs et en ce qui me concerne, mes nerfs l’en remercie.
C’est du côté de son aspect visuel que Scars Above peut éventuellement décevoir. Si ses environnements et son univers sont à couper le souffle en termes d’ambiance, et transpirent la maitrise du genre, on regrette surtout une motion capture moins maitrisée. On aurait espéré plus d’émotions dans les regards et les expressions faciales. Et cela vaut également pour sa version doublée en français. En effet, le doublage paraît quasi inexpressif presque boudé par ses acteurs et c’est bien dommage par rapport à toute cette ambiance angoissante qui nous entoure.
On regrette également un gap monumental entre le moteur in-game et les cinématiques, et ce n’est pas en faveur des cinématiques. Gardez en tête qu’à l’heure où j’écris ces lignes, le patch dit day one n’est toujours pas disponible, alors ne faisons pas trop cas des phrases qui vont suivre à l’instant T. Sur Xbox Series X, les cinématiques manquaient cruellement de fluidité pour ne pas dire qu’elles ramaient bien comme il faut. Et ce du début à la fin. Et c’est bien dommage quand on voit leur qualité bien en deçà comparée à celle des phases in-game qui sont quant à elle irréprochables. Mais à côté de ça, le jeu de Mad Head Games pullule d’excellentes idées en matière d’environnements pour nous immerger dans son univers, malheureusement entachés par ce seul désagrément technique (à date).
Je vous mentirai si je vous disais que Scars Above n’a pas mal démarré pour moi. Difficile dans ses premiers instants, des didacticiels qui m’ont embrumé l’esprit, autant vous dire que ça ne partait pas sur les chapeaux de roues pour ce projet qui malgré tout m’avait attiré. Et pourtant, Mad Head Games ont frappé un grand coup dans la fourmilière pour le propulser au rang de coup de cœur de ce début d’année. Et j’aime dire de Scars Above qu’il m’a fait une Chorus. Très discret dans sa communication, qui sort à un moment de l’année particulièrement chargé, il intrigue mais on ne l’attend pas spécialement et pourtant, je me suis pris une baffe monumentale. Un gameplay exigeant mais ô combien addictif, le genre de jeu que l’on quitte en fin de journée mais qui nous manque déjà à peine quelques minutes plus tard. Sans qu’il brise les codes de la SF, il propose un scénario à l’écriture qui fait honneur au genre. On déplore la qualité des cinématiques et leur fluidité ainsi qu’une motion capture et un doublage qui manquent d’un peu d’émotions. Pour autant, j’ai terminé mon premier run à 96% des succès et je n’ai qu’une envie, y retourner et obtenir les 2 pauvres derniers succès qu’il me reste.
Les plus
- La SF dans toute sa splendeur
- Un petit arrière goût de Returnal qui ne déplaît pas
- Le sentiment de solitude omniprésent
- Exigeant mais pas trop, 3 modes de difficultés pour combler tous les types de joueurs
- Demande un certain investissement et de recherche
- Des environnements à couper le souffle, l’ambiance est folle
- Le gameplay addictif
Les moins
- Des didacticiels pas du tout en accord avec le gameplay
- Sur Xbox Series X, sans patch day one, des cinématiques qui ramouillent
- Une motion capture et un doublage VF peu expressifs
- Pas de rejouabilité (un New Game + siouplé)