Forspoken, également connu sous son nom de code « Project Athia« , a été dévoilé lors du Showcase dédié à la PS5 en juin 2020. Des panoramas verdoyants, un dragon, de la magie et des monstres, voilà le prochain projet sur lequel étaient le studio Luminous Productions (Final Fantasy XV) dont le destin était d’être une vitrine pour la machine à venir de Sony. Le temps passe et Project Athia devient officiellement Forspoken et doit sortir pour la fin d’année 2022. Après plusieurs reports, le jeu de Luminous édité par Square Enix est enfin sorti le 24 janvier 2023 en exclusivité sur PS5 et PC, à peine quelques semaines après la disponibilité d’une version de démonstration qui semble avoir été loin d’être convaincante.
Après presque 25h de jeu, histoire terminée et beaucoup de contenu secondaire bouclé, je m’attelle à vous livrer mon avis sur cette nouvelle IP. Faut-il détester Forspoken?
Cet avis est rédigé à partir d’une version numérique PS5 du titre fourni par Square Enix, que je remercie pour leur confiance une nouvelle fois.
Nous incarnons Alfre « Frey » Holland, une jeune new-yorkaise à la prédisposition d’être aimant à problèmes. Comparutions au tribunal, bagarres, Frey ne fête pas ses 21 ans comme le feraient la majorité des jeunes femmes. Prenant la fuite avec son chat Homère alors que son « appartement » prend feu, elle tombe par hasard sur un bracelet aussi beau qu’étrange. Alors qu’elle l’enfile à son avant bras, Frey fait « whoosh » et est téléportée à Athia, un autre monde dévasté par une étrange Brume qui transforme ses habitants et sa faune en « monstres ». Une chance pour elle, celui qu’elle porte au bras et qu’elle nomme « Krav » lui octroie des pouvoirs qui permettront de survivre à ce monde qui n’est pas le sien et surtout tenter de le sauver de celles qui semblent être à l’origine de cette situation: les Tanntas.
Voici le postulat de départ de Forspoken. Un scénario aux premiers abords tout ce qu’il y a de plus classique mais les aventures de Frey à Athia nous réserve bien plus de surprises et de rebondissements qu’on ne l’imaginait. Mais bien que pavé de bonnes intentions, Forspoken souffre d’un rythme mal équilibré dans sa narration. Un début poussif, notamment dédiés aux nombreux tutoriaux du gameplay, pour une seconde partie bien trop rapide à mon goût, les rebondissements bien que bienvenus sont finalement survolés et résultent à un final, certes fort d’émotions et de gnaque mais relativement expéditif. Pour autant Forspoken se veut être plaisant dans son écriture. Mais c’est un fait, son scénario peut être accueilli en demi teinte, tant son rythme ne l’aide pas forcément à en voir ses qualités et est finalement plutôt court. En effet, le jeu se termine sans mal en une douzaine d’heures en ligne droite, ce qui est clairement en deçà de la norme pour le genre.
Cela dit, Ella Balinska (que l’on a récemment pu découvrir dans la série Netflix Resident Evil) mène cette courte danse avec brio. C’est d’ailleurs l’une des premières forces de ce Forspoken à mon sens: l’alliance de la modernité incarnée par Frey, sa posture, ses vêtements, son franc parlé et sa spontanéité, et d’un monde fantastique, aux allures d’ancien temps, presque moyen-âgeux mené par le monde d’Athia et les survivants de Cipal, dernière cité survivante de la Brume.
A côté de ça, Forspoken jouit d’un gameplay qui devrait mettre tout le monde d’accord. Typé action-RPG, le jeu de Luminous se veut être incroyablement addictif et grisant manette en main. La diversité des pouvoirs, l’esquive de Frey, le parkour, son dynamisme, Forspoken a indéniablement des arguments de taille pour nous amuser. Au fil que l’on avance, le panel de pouvoirs s’étoffe ainsi que leurs compétences diverses, qu’elles soient en combat ou passives pour améliorer nos déplacements, que l’on acquiert grâce aux différents arbres liés à chaque pouvoir, Frey en devient quasi indestructible à mesure qu’on maitrise le gameplay au fil des heures et que l’on est réactifs face à l’adversité. Chaque combat se dévoile épique, parfois même mené par le sentiment d’urgence de devoir agir vite. Il faut parfois s’adapter rapidement face aux hordes d’ennemis divers et variés qui se ruent dans notre direction.
Mais pour pleinement jouir du gameplay, il faut passer par la case exploration et contenus secondaires éparpillés sur ce monde ouvert gargantuesque. Points d’expérience, augmentation de santé, de magie, plus d’endurance, nouvelles compétences, capes, colliers, vernis à ongles (si, si), Forspoken hérite d’un contenu secondaire, appelé détours, occidentalisé, en d’autres termes, la carte regorge d’activités, pour la plupart relativement courtes et plaisantes mais il faut le dire en abondance. Et je vous mentirai si je vous disais que la première fois que j’ai ouvert la carte je n’ai pas été découragée par ce trop plein d’informations à l’écran me faisant penser à un certain Horizon Forbidden West qui m’avait frustrée d’emblée. Ainsi, ma première quinzaine d’heures s’est tournée exclusivement sur l’accomplissement de l’histoire en ne me focalisant que sur le contenu secondaire qui était sur ma route. Rien de plus.
Et pourtant… alors que je voyais le générique de fin défiler sous mes yeux, je n’avais prévu que de faire quelques activités supplémentaires histoire d’exploiter un minimum son contenu avant de vous en parler. Cet avis était donc prévu d’être publié bien plus tôt jusqu’à ce que l’envie viscérale de relancer le jeu a pointé le bout de son nez. D’un peu moins de 20h de jeu, j’en suis passé à plus de 25 en ne faisant que des activités secondaires, le tout avec un plaisir immense sans que je puisse m’arrêter. On connait tous cette réplique « allez, une dernière » pour au final se rendre compte que ce n’était que la dernière avant la suivante. Voilà le pouvoir qu’a eu Forspoken sur moi. Un plaisir immense de parcourir Athia, de vider la carte, sans penser à autre chose tant le dynamisme de son gameplay nous susurre des mots doux à l’oreille.
Malheureusement pour lui Forspoken avait fait quelques promesses, qu’il n’a pas pu tenir. Oui, c’est un fait, la vitrine à laquelle nous nous attendions n’a pas été au rendez-vous. Si le jeu reste tout de même très joli, il montre vite ses faiblesses graphiques. Le Luminous Engine est aujourd’hui vieillissant et s’essouffle peu à peu.
Forspoken n’a pas ce côté clinquant de ses bandes annonces, et pourtant il n’en reste pas moins un très beau jeu, dont la force se trouve dans sa direction artistique. Une DA enchanteresse, dépaysante et apaisante, par le calme qui peut y régner, la sensation de solitude (d’ailleurs tout ceci, et l’aspect de « vide » du monde ouvert est expliqué par le scénario), je me suis laissée transporter par cet univers, ce monde fantastique, ses couleurs, et son OST. Laissée aux mains d’un certain Bear McCreary, la bande originale de Forspoken nous enivre de ses mélodies qui titillent nos oreilles musicales dès les premières notes.
S’il lance un appel à la liberté qui saute aux yeux, on regrettera également quelques limites au parkour notamment concernant certaines hauteurs non accessibles à la force des gambettes de Frey. De plus, du côté de ses faiblesses, quelques chutes de framerate sont à prévoir, notamment durant des combats dont l’abondance en ennemis est présente, alliée aux effets des pouvoirs (certes époustouflants). L’absence d’une certaine diversité dans le level design fait également défaut notamment dans les labyrinthes qui semblent tous se ressembler.
Forspoken n’est pas parfait. On lui regrette des promesses graphiques non tenues, un scénario plutôt court, un monde ouvert occidentalisé par l’abondance de contenu secondaires et pourtant, son capital addictif est mené tambour battant par son gameplay et un casting auquel on s’attache bien plus qu’on ne l’imaginait. Ses premières heures se dévoilent être poussives, notamment dans sa narration qui manque de rythme au début, pour un peu trop s’accélérer dans sa seconde partie. Mais il est indéniable que l’appel d’Athia, de Frey, sa spontanéité et ses pouvoirs nous scotchent à nos manettes. De mon côté, j’en ai oublié le trop plein de contenu secondaire pour m’y perdre presque 10h supplémentaires après avoir terminé le jeu. Forspoken a tellement plus à offrir que la simple vitrine qu’il aurait dû être.
Les plus
- Ella Balinska en Frey, une prestation surprenante
- La diversité des pouvoirs et leurs effets
- Le dynamisme du gameplay et les animations du parkour
- Un scénario qui réserve quelques surprises
- La sensation de liberté et de dépaysement
- Des panoramas fascinants
- Bear McCreary toujours au rendez-vous pour la qualité de ses OST
- Addictif au plus haut point
Les moins
- Un monde ouvert occidentalisé qui peut en décourager plus d’un
- Quelques limites à la liberté et au parkour
- Le moteur Luminous Engine au bout du bout
- Un rythme de narration mal équilibré
- Le level design des labyrinthes peu inspiré
J’ai fini le jeu, mais pas encore posté mon test. Et je te rejoins sur beaucoup de chose. Le jeu st une réussite avec des défauts, mais c’est réussie.