
Sorti à l’origine en 2015 sur Nintendo Wii U et deuxième jeu de la licence, Xenoblade Chronicles X est revenu le 20 mars venant compléter la série entière disponible sur Nintendo Switch. Au programme, un travail de remasterisation mais surtout un ultime chapitre inédit pour cette Definitive Edition. Un spin-off mais surtout un épisode à part qui se révèle finalement assez loin de ce que l’on pouvait connaitre de la série numérotée. Plusieurs semaines après sa sortie, après presque 85h de jeu, me voilà fin prête à vous en parler et lui dédier son test.

Version | Numérique sur Nintendo Switch, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Entre 80 et 85h |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | Non communiquée |
Difficulté | Unique |

Genre(s) | Action, Aventure, RPG |
Date de sortie | 20 mars 2025 |
Prix (maximum conseillé) | 59.99€ |
Plateforme(s) | Nintendo Switch |
Voix | Anglais, Japonais |
Textes français | Oui |
Connexion obligatoire | Non |

An 2054. La Terre est prise entre les feux d’une guerre entre 2 espèces extraterrestres et est réduite à néant. Tentant de s’échapper, l’humanité met en place un projet de migration de grande envergure sur des arches appelé le projet Exodus. Mais alors que la majorité des arches ne réussit même pas à quitter l’orbite terrestre, une petite poignée réussit tant bien que mal à se frayer un chemin. Nous suivons l’histoire des rescapés de la Grande Blanche, arche qui est venue s’écraser sur Mira et sur laquelle les survivants se sont forgés un nouvel espoir: tout recommencer et rebâtir la civilisation humaine à New Los Angeles, ou NLA, entièrement construite sur cette nouvelle planète. Nous y incarnons notre propre avatar, personnalisable, accueilli par Elma, colonel du BLADE, nouvelle force armée humaine. Alors que nous sommes en pleine accoutumance à cette nouvelle vie, très vite, un nouveau danger va se profiler à l’horizon, menaçant une nouvelle fois les chances de survie de l’humanité.
On ne va pas se mentir, résumer l’histoire de Xenoblade Chronicles X en seulement quelques lignes, sans spoiler, est une tâche pour le moins ardue et ce même si cet épisode se veut avoir un scénario plus en retrait comparé à la trilogie numérotée. Et on peut effectivement le considérer comme tel, de par un scénario de science-fiction assez classique, avec une narration parfois poussive et décousue, ou des personnages qui peinent à sortir du lot hormis une toute petite poignée et pourtant Xenoblade Chronicles X propose aussi son lot de moments mémorables et de rebondissements.

Xenoblade X, raccourcissons un peu son nom pour lui préférer son titre original, dévoile toutefois une ambition assez folle, surtout pour l’époque, celle de développer son lore dans ses moindres retranchements grâce à une générosité pantagruélique tant dans son contenu secondaire que dans son gameplay. Et autant vous prévenir de suite, non on ne peut pas terminer cet épisode en ligne droite. A de nombreuses reprises, le jeu vous somme de remplir certaines conditions spécifiques pour pouvoir lancer un nouveau chapitre. Cela va de « atteindre tel niveau conseillé (et donc obligatoire) » à « terminer telle mission » en passant par « explorer tant de pourcents d’une zone voire même de Mira ». En cela, le rythme de ce Xenoblade en est fortement entaché pouvant aller jusqu’à nous faire parfois perdre le fil conducteur de son scénario principal. Mais dans son entièreté, Xenoblade X demande une certaine réflexion, loin d’un manichéisme convenu tendant vers des questions d’ordre philosophique mais aussi sociologiques au gré de ses missions.
Pour ce qui est l’ajout majeur de cette Definitive Edition c’est évidemment son épilogue ajouté spécialement pour l’occasion, à l’instar de celle de Xenoblade premier du nom ressorti sur Nintendo Switch également. Le fameux Chapitre 13. Décomposé en plusieurs actes, cet ultime chapitre se veut plus brutal, mais aussi un peu mieux rythmé nous faisant faire face à une nouvelle menace, mais venant aussi définitivement clôturer la fin de l’épisode original, qui, disons le, a dû en laisser plus d’un sur le carreau il y a 10 ans maintenant.

Dès le départ, Xenoblade X dévoile un gameplay d’une générosité déconcertante, avec une quantité d’informations à retenir parfois même presque nauséeuse. Car même après presque 85h de jeu, je suis certaine de n’avoir maitrisé qu’un maigre pourcentage de tout ce qu’il a à offrir tant il se décompose de façon tentaculaire. Mais décortiquons le de façon assez scolaire. L’un des pans les plus importants de cet épisode est évidemment l’exploration de Mira. Déambuler dans les moindres recoins de cette (immense) nouvelle planète fait partie intégrante de l’aventure, aussi bien de façon dissimulée qu’imposée.
Mira est, aussi loin que je me souvienne, le monde ouvert le plus organique que j’ai pu découvrir jusqu’à maintenant, dans sa construction, dans sa cohérence, et dans sa topographie. Une planète détaillée de façon presque maladive, dans sa faune, sa flore, sa verticalité, ses reliefs, mais aussi la décomposition de ses zones, leur climat et leur colorimétrie. Mira est aussi époustouflante qu’étouffante dans laquelle chaque rencontre peut nous prendre au dépourvu. En effet, si le jeu ne nous permet pas vraiment d’aller trop loin trop vite, avec un système de niveaux habile pour les nombreuses espèces d’indigènes rencontrées, il dispose également d’une système de pacifisme. Autrement dit, vous pourrez très bien déambuler dans des zones de hauts niveaux à condition que les espèces présentes soient pacifiques. Si au contraire elles sont agressives, à vue ou à l’ouïe, préférez la furtivité ou détalez. D’ailleurs les missions principales (ou même secondaires) joueront énormément là dessus. Parfois, une mission de niveau 10 vous mènera dans une zone où la faune est de bien plus haut niveau. Il faut donc être attentif pour trouver un itinéraire sécurisé.

La première trentaine, voire quarantaine en ce qui me concerne, d’heures se fait exclusivement à pied ou tout au plus en voyage rapide si vous avez découvert assez de zones et posé de nombreuses sondes (nécessaires sur bien des aspects notamment l’extraction de Miranium) sur votre chemin, quand la seconde moitié se voit être vécue d’une façon totalement différente grâce aux fameux Skell, des méchas gigantesques, pour moi, littéralement, un « game changer », qui changent la donne tant en termes d’exploration qu’en combats. Mais un Skell, ça se mérite, et ça se bichonne. Puisque même à bord, la victoire n’est pas assurée surtout quand on sent se faire pousser des ailes et un trop plein de confiance. Et une fois nos permis obtenus, difficile de retourner en arrière, la prudence est donc légion si on ne veut pas épuiser notre (celle du personnage contrôlé) assurance bêtement et risquer de payer des sommes astronomiques pour le réparer.
Du côté des combats, ce Xenoblade reprend la base de la série: le combat automatique. Tout joueur de la série ne sera donc pas dépaysé en voyant les différents membres de l’équipe attaquer de façon autonome. Et évidemment, chaque joueur de la série connait déjà le système d’Arts à activer soi-même, rendant ses combats si singuliers et finalement pas si simple et ennuyeux qu’on ne l’imagine. Nous offrant un large panel de classes, d’armes, d’Arts et de compétences passives différents mais aussi de compagnons, Xenoblade X nous propose ici un nombre de possibilités de gameplay presque infini et une boucle pouvant être en constante évolution. Si le jeu propose son lot d’objets de soutien, il dispose d’une système de « cris de guerre ». Un système qui repose sur notre réactivité quant aux demandes de nos alliés soit par l’apparition de QTE, soit en utilisant un Art expressément demandé (corps à corps, à distance, une aura, etc) permettant ainsi de récupérer quelques points de vie mais aussi d’activer quelques buffs non négligeables.

Mais le cœur du gameplay réside dans l’investissement que chaque joueur voudra bien lui accorder. Car Xenoblade X n’est pas un titre conventionnel qui ne demande qu’à être terminé en ligne droite (et ça n’aurait finalement pas grand intérêt). Xenoblade X est un jeu qui veut que vous vous y investissiez corps et âme, durant lequel chaque pas précipité peut vous bloquer des heures durant. A vous de choisir si vous voulez vous en sortir ou abandonner. Très vite il dévoile son exigence, pour ne pas dire sa difficulté. Oui, Xenoblade X est un jeu qui est difficile, bien plus que la trilogie numérotée. Et c’est en cela aussi qu’il peut vous captiver autant qu’il peut vous tomber des mains. Mes 85h de jeu, c’est presque le minimum syndical à lui accorder.
Toutefois, cet épisode révèle aussi certains aspects de son game design qui ont pris un léger coup de vieux, ce qui semble assez normal pour un jeu qui a 10 ans. Par exemple, s’il vous autorise à accepter des missions de base (bleues) et missions normales (vertes) à outrance, il vous empêche d’accepter une mission d’entente (orange) et une mission principale (rouge) en même temps. Et vous ne pouvez pas non plus les abandonner en cours de route. Si vous en acceptez une, c’est pour la terminer avant de passer à autre chose. Si cela demande donc une certaine organisation cela peut aussi vous freiner dans les phases de farm (qui pourront être nombreuses) en plus d’avoir à se contenter de missions pas forcément intéressantes ludiquement parlant.



Graphiquement pour cette Definitive Edition, le plus flagrant sont les modèles de personnages qui ont réellement été retravaillés. Mieux modélisés, plus expressifs, brefs améliorés et remis un peu au goût du jour. Et cela n’est finalement qu’un infime détail pour l’immensité du jeu. Quant à Mira, elle dispose elle aussi d’un lifting, qui ne sautera évidemment pas forcément aux yeux sans un réel comparatif entre avant et après. Mais elle n’en demeure pas moins somptueuse, dépaysante au possible avec ses couleurs, ses biomes, sa faune et sa flore, chaque nouvelle zone découverte est un réel bonbon pour les yeux. Et c’est d’autant plus vrai une fois que nous pouvons la contempler depuis les hauteurs, sur terre comme dans le ciel. Seule véritable ombre au tableau, un nombre de ralentissements assez prononcé, malheureusement, en mode nomade ou docké.
Clou du spectacle de ce Xenoblade Chronicles X, sa bande originale. Un bonbon, un régal, du caviar pour les oreilles. Omniprésente mais surtout dynamique. Chaque piste à son moment de gloire. Des scènes plus dramatiques du scénario, en passant par les combats contre les Tyrans, la musique de vol en Skell (l’une de mes préférées), elle s’adapte à chaque situation pour qu’elle n’en devienne pas répétitive et trop intrusive. Un travail d’orfèvre sur cet aspect bien précis, rendant l’immersion inexorable. Du côté des doublages, en anglais, il abandonne l’accent britannique de la trilogie numérotée pour un accent plus americanisé. Si cela déroute pour ceux qui le découvrent, il n’en reste pas moins d’une grande qualité. Et si vous préférez les voix originales, c’est aujourd’hui possible grâce à cette édition définitive qui inclut le doublage japonais.


Parcourir et terminer Xenoblade Chronicles X, ici dans sa Definitive Edition, fait partie de ces grands moments dans la vie d’un joueur. Un gigantesque nouveau monde dans lequel il faudra apprendre à s’adapter, aussi bien manette en main que pour les personnages du jeu, faisant place à un game design poussé à son paroxysme. Tout s’imbrique de façon systémique, tout se mérite, et chaque erreur nous apprend comment aller de l’avant. C’est un jeu qui demande qu’on s’y investisse, et si c’est l’une de ses plus grandes qualités cela peut aussi être son plus grand défaut. Car l’aventure pourra parfois s’avérer épuisante et même frustrante tant il a à offrir sans vraiment se rassasier de notre temps accordé. Et si certaines de ses mécaniques ont pu prendre quelques rides, Xenoblade Chronicles X n’en reste pas moins un jeu intemporel.

- Un jeu pantagruélique sous tous ses aspects…
- Le travail de remasterisation très qualitatif
- L’OST, un travail d’orfèvre
- Le Skell, un game changer
- La possibilité de choisir entre doublage anglais et japonais
- Mira, d’une cohérence maladive
- Le système de pacifisme pour les ennemis, une idée qui aide à l’exploration
- L’univers détaillé

- …qui peut s’avérer épuisant et frustrant
- Une narration souvent décousue à cause des missions imposées
- Globalement un jeu exigent voire difficile
- De très nombreux ralentissements
- Le système de missions d’entente et missions principales qui a pris un coup de vieux (impossible de faire les 2 en même temps)