En 2022, les PlayStation 4, PlayStation 5 et PC recevaient Stray, un jeu dans lequel on incarne un chat errant, développé par BlueTwelve Studio (leur tout premier jeu soit dit en passant), studio montpellierain, et édité par Annapurna Interactive. La même année il reçoit plusieurs distinctions notamment aux célèbres Game Awards dont celle du « meilleur jeu indépendant » et du « meilleur premier jeu indépendant ». Il reçoit également plusieurs distinctions aux Pégases, DICE Awards, et consorts, la liste est longue. En 2023, c’est au tour des consoles Xbox de recevoir l’histoire touchante de ce petit chat roux. La seule à ne pas avoir encore pu faire découvrir cette petite production originale était la Nintendo Switch. Chose réparée puisque Stray arrive enfin, le 19 novembre 2024, sur la console hybride du petit artisan nippon aussi bien en version numérique qu’en version physique distribuée par nos amoureux des boites de chez Maximum Entertainment. Si j’avais déjà fait le jeu dans sa version PS4, je n’en avais pas fait de test. Et bien, qu’à cela ne tienne, j’ai eu la chance de refaire le jeu sur Switch en amont de sa sortie, ce sera donc un test complet de Stray pour ce portage!
Version | Numérique sur Nintendo Switch, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 6h |
Histoire terminée | Oui (aussi bien sur PS5 en 2022 que sur Switch en 2024) |
Complétion totale | Non communiquée |
Difficulté | Unique |
Genre(s) | Aventure |
Date de sortie | 19 juillet 2022 (PS4,PS5, PC), 10 août 2023 (Xbox One, Series), 19 novembre 2024 (Nintendo Switch) |
Prix (maximum conseillé) | 29€99 en version numérique, 39€99 en version physique |
Plateforme(s) | PS4, PS5, PC, Xbox One, Xbox Series, Nintendo Switch |
Voix | / |
Textes | Français, Anglais, Japonais, Espagnol, Allemand, Italien, Néerlandais, Portugais, Russe, Coréen, Chinois |
Connexion obligatoire | Non |
Nous incarnons un chat errant qui vit paisiblement avec ses congénères à la surface de la Terre. Lors d’une promenade matinale, notre félin est séparé de son groupe, et tombe tout droit dans une ville souterraine. Une ville morte dans laquelle la seule forme de vie qui s’y trouve sont des robots bipèdes qui ont appris à être autonomes. Une ville où la surface de la Terre n’est qu’un doux rêve, puisque les Zurks, des bactéries mutantes qui mangent même le métal, l’infestent, empêchant quiconque et quoi que ce soit de s’en échapper. Au cours de ses pérégrinations, nous faisons la connaissance de B12, un drone doté d’une IA, qui se fait et nous fait la promesse de nous aider à retrouver notre habitat naturel: la si mystérieuse surface. Nos deux compagnons vont donc braver tous les dangers pour arriver à leur objectif.
Ce sont les grandes lignes du scénario de Stray qui nous dévoile ici un univers futuriste, post-apocalyptique, dans lequel notre protagoniste est un simple chat, errant mais très débrouillard. En l’absence totale de doublage, Stray puise au plus profond de son lore pour nous dévoiler petit à petit ce qui se cache derrière cette étrange ville, dénué de tout humain, dont les seuls habitants sont des robots intelligents. C’est donc au détour de quelques dialogues et échanges avec ses habitants hors du communs et de souvenirs que Stray nous raconte le fond de son histoire.
Si on s’attend à une histoire qui se dévoile dès les premiers instants déjà dramatique, on est loin du compte. Bien que l’aventure soit très courte, l’histoire de Stray se révèle d’une profondeur assez déroutante, proposant des thèmes matures, touchants qui saura répondre à nos nombreuses questions, concernant la ville, mais aussi l’histoire de B12, notre compagnon de route. Et le refaire 2 ans après sa sortie initiale m’a rappelé à quel point Stray, dans sa plus pure simplicité narrative, est un jeu narratif tout bonnement incroyable aux messages sous-jacents particulièrement forts.
Stray est un jeu d’aventure en 3D à la troisième personne, à la seule différence près des jeux plus conventionnels qu’on incarne un chat. Si les déplacements sont relativement libres (marche, saut, course, etc) les interactions en ville sont donc un peu plus limitées. Le jeu de BlueTwelve demande donc un certain sens de l’observation et de l’exploration pour atteindre chaque objectif principal (à savoir qu’il propose également quelques « quêtes » secondaires qui ne rapportent finalement qu’un peu de durée de vie, toutefois plaisante).
Notre aventure est entièrement organique. En effet, pas de gros icône pour nous indiquer le chemin à suivre, nous sommes livrés à nous-mêmes pour avancer dans notre quête de liberté. Il faudra donc bien souvent demander conseil aux habitants de la ville pour trouver notre prochaine étape, mais aussi user de nos compétences félines pour les atteindre, comme sauter de gouttière en gouttière, ou encore faire ses griffes sur un store roulant. Mais il faudra aussi faire preuve de débrouillardise pour trouver certains objets de quêtes nécessaires à notre avancée.
Mais Stray propose aussi quelques moments de tension comme l’obligation de fuir face aux Zurks mangeurs de… tout, ou encore passer sous les radars des Sentinelles, des drones de surveillance armés. En cela, Stray propose une belle palette de mécaniques qui fera évoluer le gameplay à de nombreuses reprises, mêlant furtivité, un peu d’action, ou tout simplement résoudre des énigmes environnementales pour nous débloquer certains passages.
Si on peut lui regretter certaines phases de gameplay plus anecdotiques que d’autres (notamment le manque d’utilité du miaulement), qui auraient mérité d’être plus développées, Stray n’en reste pas moins un jeu particulièrement plaisant à faire, qui trouve un certain équilibre dans ses mécaniques et réussit à éviter toute forme de redondance et de répétitivité.
Passons maintenant à ce qui brûle toutes les lèvres: mais sur Switch ça tourne comment? La question est légitime puisque Stray jouit de graphismes développés à l’aide de l’Unreal Engine 4 particulièrement réalistes, dans un univers cyberpunk avec les décors et l’ambiance qui vont avec (néons, immeubles, la totale). Stray est d’ailleurs connu pour sa beauté certaine sur les consoles concurrentes.
Commençons par le commencement: oui, pour tourner sur Switch quelques concessions ont été nécessaires. Ainsi la résolution a été revue à la baisse, impactant directement sa netteté notamment sur les arrière-plans, et faisant apparaitre de l’aliasing ou des textures moins détaillées. Cela a-t-il rendu le jeu « moche »? Que ce soit en mode nomade ou en mode docké, oui, Stray perd inévitablement en qualité visuelle, c’est indéniable. Moins net, plus aliasé, plus flou parfois mais pour autant il garde le charme de sa direction artistique toujours aussi dépaysante et enivrante. De mon point de vue, Stray s’accorde plutôt bien avec la console de Nintendo tout en s’éloignant, manifestement, de ses concurrentes. Evidemment, les captures d’écran ici présentes font foi pour que vous jugiez par vous-mêmes.
Du côté de la technique, il tourne étonnamment bien. Qu’est-ce que ça veut dire? Dans un premier temps, on ne remarque que quelques chutes de framerate, qui se manifestent principalement lorsque le jeu sauvegarde automatiquement (mais pas systématiquement). En effet, pour être tout à fait transparente, tout au long de mes 6h de jeu, je n’ai eu qu’une (très) violente chute de fréquence d’images par seconde en approchant de la fin du jeu. Pour ce qui est de l’affichage des textures, le jeu souffre un peu plus en mode docké mais de façon assez localisée (par exemple au début d’une zone au démarrage du jeu), en mode portable (mode dans lequel j’y ai le plus joué), pas de souci de ce point de vue là.
Donc oui, pour que l’expérience soit optimale, on est sur un jeu moins joli que sur PlayStation, Xbox ou PC, mais qui souffre relativement peu (et il faut le souligner) de problèmes techniques intempestifs qui pouvaient soulever de nombreuses questions. Seul petit hic, les temps de chargements qui peuvent être un poil longuets. Pour autant, le portage réalisé par Inline Assembly Ltd en est surprenant en termes d’optimisation.
Stray est un jeu que j’aime profondément depuis sa sortie en 2022. C’est un jeu avec une âme, qui propose une expérience originale et profondément touchante. C’est un jeu qui marque indéniablement et qu’on peut refaire 2 ans après en ayant l’impression de le redécouvrir. Son univers, son protagoniste, son gameplay, tout est là pour nous dépayser le temps de quelques heures. Pour ce qui est de son portage Switch, il est étonnant. Si on s’éloigne manifestement de ses autres versions sorties précédemment, Stray sur Switch jouit d’une optimisation qui réussit à trouver un équilibre graphique et technique qui permet de conserver la beauté de sa direction artistique sans la dénaturer. Evidemment, il faut s’attendre à quelques faiblesses techniques notamment l’affichage de certaines textures en mode docké, ou encore quelques chutes de framerate (mais qui restent plutôt rares). Ce n’en reste pas moins un très beau travail pour un portage qui n’était pas si évident à réaliser.
- Une histoire émouvante et bien écrite
- Un univers cyberpunk maitrisé
- Gameplay intuitif qui mélange plusieurs styles
- Aventure entièrement organique
- Magnifique OST
- Portage Switch très bien optimisé
- Les temps de chargement un poil longs
- Quelques mécaniques auraient méritées un peu plus de développement