Si vous vous intéressez aux jeux mobile, vous avez forcément déjà entendu parler de Chimera Entertainment, studio allemand basé à Munich. En effet, depuis 2006, il collabore avec de nombreux éditeurs/développeurs pour donner vie à de nombreux univers sur smartphone. Parmi eux, Angry Birds Epic et Evolution, mais aussi XCom Legends, Sacred Legends et plus récemment Shadow and Bone pour le compte de Netflix. Cette année, c’est leur tout premier jeu original qui est sorti, dans un premier temps en accès anticipé sur PC dès le 4 juin 2024, puis en version 1.0 quelques mois plus tard, le 13 novembre, sur PC (bien évidemment), PS5 et Xbox Series S/X. Son nom? Songs of Silence, un jeu de stratégie en tour par tour. Plusieurs semaines après sa sortie, je me suis attelée à découvrir ce titre et vous en publier mon test. Il faudra retenir avant tout qu’il est loin d’être une chanson douce.
Version | Numérique sur Xbox Series X, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 19h |
Histoire terminée | Non (mais j’en suis au dernier chapitre) |
Complétion totale | 18% des succès |
Difficulté | Facile (Histoire) |
Genre(s) | Stratégie en tour par tour |
Date de sortie | 13 novembre 2024 en version 1.0 |
Prix (maximum conseillé) | 29€99 |
Plateforme(s) | PS5, Xbox Series S/X et PC |
Voix | Anglais |
Textes | Français, Allemand, Anglais, Espagnol, Italien, Japonais, Polonais, Portugais, Russe, Chinois simplifié et traditionnel, Turc |
Connexion obligatoire | Non |
Dans un monde créé par les Dieux, celui-ci a été divisé en 2 parties afin de faire régner la paix entre Premiers-Nés (Firstborn) et les humains (Starborn), un monde de lumière et un monde de ténèbres. Mais l’instabilité de ces mondes ont fait naitre les Purgatoires dévorant tout sur leur passage. Une nouvelle ère de la guerre est sur le point de démarrer…
Dans Songs of Silence, nous incarnons la nouvelle reine Lorelai, accompagnée de son aigle Eila, dont l’unique but est de sauver son peuple et l’amener vers de nouvelles terres où il sera en sécurité. Malheureusement, ce sont de nombreux combats qui l’attendent et la menace de la Crusade sera vite aux portes de sa nouvelle capitale. Elle devra donc trouver des alliés pour l’épauler dans cette croisade pour sauver son monde.
Voici ce que nous raconte Songs of Silence dont le but est de mener les rescapés de notre royaume défait vers un nouveau futur, une nouvelle vie, se faire de nouveaux alliés, ce pour quoi il faudra braver tous les dangers pour y parvenir. Un scénario qui fait combattre la lumière contre les ténèbres, la liberté, l’espoir et la reconstruction contre le chaos et la destruction. Et bien que les thèmes soient tout ce qu’il y a de plus classiques, la formule narrative de Songs of Silence fonctionne, tant par sa narration menée par les nombreux dialogues qui parsèment ses 8 chapitres que par les quelques interventions du narrateur. Au fil des heures on apprend à s’attacher aux personnages, tout en en détestant d’autres, et notre périple se suit avec une certaine efficacité, en attendant avec ferveur notre grande victoire finale. Une victoire que je n’ai malheureusement pas pu expérimenter.
Bien plus qu’un simple jeu de stratégie traditionnel, Songs of Silence a pris le risque de mélanger les genres. Si la partie stratégie 4X (exploration, expansion, exploitation et extermination) est en première ligne, il possède une forte composante de jeu de gestion et de deckbuilding, le tout saupoudré de combats automatiques.
Sur le papier, le mélange est alléchant et intriguant. Comment va-t-il s’en sortir avec autant de mécaniques si différentes? Chaque chapitre nous lâche sur un bout de carte bien déterminé avec un objectif clair qui se solde bien souvent par une ultime conquête pour passer à la suite. Mais avant d’imaginer atteindre ce point de chute décisif, Songs of Silence nous demande d’explorer les environs pour étendre nos forces afin de collecter les ressources nécessaires pour faire grandir nos armées.
Plus on conquiert de forteresses, ponts et villages plus nous récolteront d’argent et de matériaux de construction à chaque tour pour « acheter » de nouvelles unités (mais tout en nous imposant une limite du nombre de factions et bien souvent du nombre de tours) tout en pensant, moyennant finances, à améliorer chaque patelin conquis. Il faut donc être aussi rapide qu’il faut prendre son temps (assez contradictoire je vous l’accorde). De plus, l’exploration permettra de trouver parfois une quête secondaire à accomplir. Dans cette composante du jeu, c’est le système économique qui fait défaut. Les unités sont bien souvent hors de prix et ne sont achetables qu’une fois par tour, ce qui peut rendre la tâche ardue si l’on souhaite une armée, une réserve et une garnison qui tiennent la route, et surtout bien trop allonger la durée d’un chapitre (surtout si on se plante en beauté et qu’à notre résurrection il faut tout recommencer). Quant à la reconstruction des points conquis, elle s’avère malheureusement assez anecdotique dans son intérêt, hormis pour rallonger le temps de siège.
Evidemment, impossible de parler de Songs of Silence sans évoquer ses (nombreux) combats. Ce qu’il faut avant tout retenir c’est que chaque classe à ses forces, mais aussi ses faiblesses, et que leur emplacement dans votre armée est décisive. Une unité mal placée et c’est le drame, la catastrophe, l’annihilation, bref vous avez le tableau.
Lors des combats, nos unités (notre chef d’armée également) combattent de façon automatiques. Une fois le combat lancé, elles se jettent à corps perdu vers leurs adversaires en tentant au mieux de les décimer, au pire de les faire battre en retraite. Et nous dans tout ça? C’est là que la composante de deckbuilding apparait. Lors des combats nous avons la possibilité, grâce à nos cartes, de faire plusieurs actions en faveur de nos troupes. Les soigner, faire apparaitre une classe de notre réserve, ou encore invoquer de nouvelles troupes, les possibilités peuvent être nombreuses tout en étant limitées par leur utilisation. Chaque carte possède un cooldown plus ou moins long avant de pouvoir la réutiliser. Ainsi chaque utilisation doit être réfléchie et utilisée avec soin si on ne veut pas risquer une défaite.
Vous l’aurez compris, Songs of Silence demande un certain investissement stratégique et tactique d’un côté et de temps de l’autre. Mais si ce n’était que ça. En effet, très rapidement, Songs of Silence fait preuve d’un équilibrage douteux, tantôt relativement accessible (en mode facile heureusement) tantôt très difficile mais surtout punitif (toujours en mode facile, aïe). En effet, le jeu peine à se ranger du côté de ses joueurs, les ennemis sont brutaux, particulièrement résistants, pendant que nous sommes restreints notamment sur la prise de niveaux et donc sur nos forces de frappes. Si chaque niveau nous permet d’acquérir 1 nouvelle carte (d’attaque ou de structure) ou une amélioration d’une carte déjà acquise, chaque chapitre nous permet au mieux de ne prendre que 2 niveaux maximum. Ce qui est bien trop léger. Ainsi, et ce relativement rapidement, l’aventure en devient frustrante mais surtout épuisante et éreintante. Je me suis vue rester bloquée pendant plusieurs heures au chapitre 6 sans pouvoir atteindre le chapitre suivant. Ce ne sera que le dernier chapitre qui aura eu raison de moi, tant par sa longueur que par sa difficulté bien trop poussée pour la débutante que je reste dans ce genre de jeux. Pour un peu plus de facilité, il faudra malheureusement se résoudre à s’orienter vers le mode Escarmouche et abandonner le mode histoire. Pour un jeu qui se veut narratif, c’est dommage.
La plus grande force du jeu de Chimera Entertainment, c’est son aspect visuel, sa direction artistique et son ambiance. Inspiré par le mouvement d’Art Nouveau représenté par Alphonse Mucha et Gustav Klimpt, Songs of Silence jouit d’une identité visuelle entièrement dessinée à la main qui s’avère d’une beauté séduisante imprégnée de son univers qui jongle entre lumière et ténèbres. Son ambiance globale est donc maitrisée, tant par la beauté de ses structures, mais aussi de ses 2 mondes que l’on aura l’occasion d’arpenter à plusieurs reprises, mais aussi par la diversité de son bestiaire. Du côté de la partie sonore, Songs of Silence s’est payé le compositeur de renom Hitoshi Sakimoto (Tactics Ogre, Final Fantasy Tactics, Odin Sphere, Valkyria Chronicles, pour ne citer que quelques titres de son long palmarès). Une chose est sûre, il maitrise son sujet à la perfection, tant la bande originale est une franche réussite, épique au possible, nous accompagnant à chaque instant tout en sachant rester discrète quand l’instant présent l’impose.
Du côté de la technique, Songs of Silence est mi-figue, mi-raisin. Si on peut lui accorder l’absence totale de bugs, sur Xbox Series X en tout cas, il peinera parfois à tenir la cadence sur sa fluidité. En effet, j’ai essuyé à nombreuses reprises de nombreuses pertes de FPS alors que je n’étais même pas en combat (avec le nombre de factions à l’écran j’aurai pu comprendre). De plus, les temps de chargement paraissent interminables, c’est donc à revoir de ce côté là.
Lorsque l’on m’a proposé le test de Songs of Silence, je ne vous cache pas avoir hésité. Le manque de temps, mon inexpérience dans le genre, mais c’est ma curiosité qui a fini par prendre le dessus, peut-être allais-je passer à côté d’une belle production indépendante à vous conseiller. Beau, Songs of Silence l’est c’est certain et je ne parle pas que de sa qualité visuelle. Si sa direction artistique fait évidemment beaucoup, on ne peut pas passer à coté de son scénario et ses thèmes abordés. Son mélange de genres était également alléchant, intriguant et intéressant. Malheureusement, de ce côté là, Songs of Silence échoue à trouver un juste équilibre entre plaisir de jeu et défis, la faute à un équilibrage (même en mode facile) douteux qui tend plus à nous épuiser. Le mélange de ses nombreuses mécaniques finissent par manquer de profondeur pour aller au fond de sa proposition. On espère que les mois qui suivent avec l’arrivée de nouveaux contenus permettront au studio de rectifier le tir.
- Un scénario aux thèmes classiques mais qui fonctionnent
- Sa direction artistique inspirée de l’Art Nouveau
- Un mélange de genres inédit
- L’OST somptueuse et épique
- Une difficulté bien trop relevée (même en facile)
- Manque de stabilité sur Xbox Series X
- Le système économique trop punitif