En 2018, le studio barcelonais Nomada Studio sortait son tout premier jeu: Gris. Acclamé par la critique et les joueurs, recevant des ovations de toutes parts, Gris fait partie des jeux dont on entend encore parler 6 ans après sa sortie. Après un long silence de la part du studio, il était temps de dévoiler un nouveau projet, toujours aux côtés de Devolver Digital. Il répond au nom de Neva. Annoncé lors du PlayStation Showcase de mai 2023, les joueurs de Gris savaient déjà ce qui les attendaient. Les autres, eux, on découvert dans cette première bande-annonce le savoir-faire de Nomada Studio et un jeu à suivre de près. Si je ne peux pas vous parler de Gris, je vais toutefois vous parler de Neva, sorti le 15 octobre 2024 sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox Series S/X et Nintendo Switch. A date, sachez que Neva n’est sorti qu’en version numérique mais à l’instar de son prédécesseur, une édition physique a déjà été annoncée, et sera disponible au printemps 2025 distribuée par Maximum Entertainment.
Version | Numérique sur PS5, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 5h |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | 55% des trophées |
Difficulté | Aventure + Histoire |
Genre(s) | Aventure, Plateformes, Narratif |
Date de sortie | 15 octobre 2024 |
Prix (maximum conseillé) | 19€99 |
Plateforme(s) | PS4, PS5, Xbox Series S/X, Nintendo Switch et PC |
Voix | / |
Textes | Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Japonais, Chinois traditionnel et simplifié, Coréen, Russe, Portugais |
Connexion obligatoire | Non |
Dans un monde en proie aux ténèbres et à la mort de toute chose, nous incarnons une jeune femme du nom d’Alba (bien que le jeu ne mentionne son nom à aucun moment) accompagnée de Neva, un louveteau immaculé avec sur sa tête ce qui s’apparente à des bois. C’est dans ce monde désolé, menacé par la décrépitude, que nous allons donc suivre les 2 compagnons à travers les 4 saisons, en suivant la croissance de Neva, et le lien grandissant qui les unit dans leur fuite et leur volonté de mettre fin à ces événements.
Neva n’a a proprement parlé pas de scénario, ni aucune narration orale comme on en a l’habitude. Un choix du studio qui a souhaité proposer à ses joueurs une narration ouverte à l’analyse et à l’interprétation personnelle, qui baigne ses personnages principaux dans une aventure pleine d’émotions. Car c’est ce qui ressort de ce deuxième jeu de Nomada (très certainement à l’image de son prédécesseur à en croire les nombreux retour sur Gris): un jeu émouvant, touchant, et poignant. En découle une aventure poétique d’un côté, onirique de l’autre, mais aussi profondément sombre qui nous touche en plein cœur à des moments cruciaux.
Neva est un metroidvania sans en vraiment être un. En effet, il peut en avoir quelques codes dont sa vue si caractéristique en 2D, jouant sur l’horizontalité et la verticalité, avec quelques énigmes environnementales qui nous demandent de puiser dans nos compétences pour arriver à notre point de chute de l’instant, mais la difficulté et l’exploration du genre instauré par Metroid et Castlevania en moins.
A l’image de son HUD, le gameplay se Neva se veut assez minimaliste. Alba est dotée d’un saut, un double saut, un « dash »/une esquive, et une attaque qui sont donc les bases les plus simplistes du titres. Avec ces quelques éléments en main, notre aventure se dessine donc autour de la fuite de ces 2 compagnons qui souhaitent aussi mettre fin à la menace qui pèse sur leur monde: des ténèbres qui déciment toute vie sur le passage et la corrompe.
Notre avancée se fait donc en 2 temps. La première, les phases de plateformes qui nous demandent d’exploiter nos compétences pour sauter d’un point à un autre tout en utilisant les quelques mécaniques environnementales pour nous aider. La deuxième, les combats durant lesquels nous ferons face à divers ennemis, du plus petit et insignifiant, au plus gros et sans pitié. Si globalement le jeu se veut plutôt bien équilibré en termes de difficulté, cela ne l’empêche pas de nous faire affronter quelques boss plutôt coriaces qui nous demanderons plusieurs essais avant de passer à la suite.
Alba n’a que 3 points de vie, prenant la forme de 3 fleurs, dont chaque coup lui en fait perdre un, et dont la seule possibilité d’en récupérer un est de donner 6 coups d’affilée (sans se faire toucher). Autrement dit, Neva est le parfait mariage entre accessibilité et difficulté, dont l’exploitation des compétences, l’esquive en tête de liste (rassurez-vous on est loin d’un Souls like). Mais les compétences seules d’Alba ne sont pas toujours suffisantes pour venir à bout de ses opposants. C’est là que Neva intervient, qui, au fil des saisons, et donc de sa croissance, débloquera de nouvelles compétences à exploiter.
D’un gameplay très minimaliste et simpliste en découle donc un jeu qui explore les codes d’un Metroidvania tout en le déconstruisant pour le rendre moins punitif et plus linéaire, et qui trouve un juste milieu entre combats et phases de plateformes. Et pour ceux qui souhaitent profiter du jeu sans trop se prendre la tête sur un léger (très léger) « die and retry », Neva dispose d’un mode histoire, qui vous donne la possibilité de ne pas vous inquiéter de votre nombre de points de vie restants puisqu’ils sont tout bonnement inexistants dans ce mode.
Dire de Neva qu’il est magnifique visuellement ne serait qu’un doux euphémisme. On quitte le photoréalisme et les effets clinquants pour un jeu entièrement dessiné à la main. Et outre les graphismes dont on aime tant parler, on parle bien ici de direction artistique, dont ce seul adjectif prend tout son sens dans la production de Nomada. Neva est un immense tableau donc chaque image vient l’agrémenter par la beauté de ses plans, révélant une palette de couleurs chatoyantes qui viennent poser une ambiance à chaque environnement et à chaque saison traversée. Ainsi donc on passera d’un rose pâle pastel qui met du baume au cœur, en passant par un bleu ciel qui rassure et des turquoises qui illuminent le décor, pour parfois finir sur un mélange de rouge et noir qui portent la noirceur de l’instant sur leurs épaules.
Et cette ambiance toute particulière se faire ressentir également du côté de sa bande originale. Composée par le groupe Berlinist, qui a déjà fait ses preuves sur Gris, la bande son de Neva est une symphonie de pistes qui annoncent des moments doux, pleins d’émotions, et les moments de tensions, de combats acharnés et de scènes plus dures et graves. Chaque piste se fond dans le décor, raisonnant à chaque instant.
A l’instant même où je découvrais les premières images de Neva en mai 2023, je savais ce qui allait m’attendre. Un jeu profondément beau, poétique, touchant, émotionnellement fort, les mots me manquent même pour les poser sur cette courte aventure tant j’en ressors toute chamboulée. Dès ses premières minutes, Neva nous subjugue de par sa beauté à l’écran, ses couleurs, ses décors, ses personnages, et sa beauté musicale. Mais au delà d’une aventure contemplative, Neva propose aussi un gameplay qui se veut minimaliste et intuitif, tout en jonglant avec quelques moments de tensions, tant dans ses combats que dans ses phases de plateformes. On peut évidemment pester sur sa durée de vie (on parle de 3, 4, 5 heures grand maximum) puisqu’une fois que les crédits défilent devant nos yeux, on en redemande encore et malheureusement, hormis pour le terminer à 100%, Neva ne dispose pas d’une réelle rejouabilité. Mais s’il y a bien une chose à retenir c’est que Neva marque, par sa douceur et sa simplicité.
- Le duo Alba et Neva profondément touchant
- Le gameplay qui évolue au fil des saisons
- L’ambiance posée par ses palettes de couleurs
- L’OST sublissime (je l’écoute même en écrivant ces quelques mots)
- La direction artistique avec un grand A
- Le juste milieu entre combats et phases de plateformes
- Un très beau mariage entre facilité et difficulté
- Le manque de rejouabilité