Sorti en 2021 exclusivement sur Apple Arcade en 2 parties, Fantasian, devenu Fantasian Neo Dimension, a fait son grand retour le 5 décembre 2024 sur PS4, PS5, Xbox Series S/X, Nintendo Switch et PC (bref, la totale). Développé par Mistwalker (Blue Dragon, Lost Odyssey, Terra Battle,…), studio fondé par le grand, que dis-je, l’immense Hironobu Sakaguchi, juste le papa de Final Fantasy, en collaboration avec de grands noms du JRPG (au hasard, Nobuo Uematsu à la composition, lui aussi très connu pour ses travaux sur la série FF, Shunsuke Kobayashi que l’on peut connaitre pour les Mario et Luigi, Jun Ikeda qui a travaillé sur Persona 5, Persona 5 Royal et Persona 3 Reload, si peu, ou encore Kimihiko Fujisaka, qui a œuvré aux côtés d’un certain Yoko Taro sur les Drakengard, entre autres). Avec un casting de développeur aussi impressionnant, que faut-il en attendre? La réponse dans ce test, après 80h de jeu, aux portes du boss de fin.
Version | Numérique sur Xbox Series X, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 83h |
Histoire terminée | Non (mais presque) |
Complétion totale | 54% des succès, et la majorité des quêtes secondaires terminées |
Difficulté | Normal |
Genre(s) | Action, Aventure, RPG |
Date de sortie | 5 décembre 2024 |
Prix (maximum conseillé) | 59€99 |
Plateforme(s) | PS4, PS5, Xbox Series S/X, Nintendo Switch, PC |
Voix | Anglais, Japonais |
Textes | Anglais, Japonais |
Connexion obligatoire | Non |
Fantasian Neo Dimension nous raconte l’histoire de Leo, un jeune homme devenu amnésique vivant dans un monde en proie à une infection mécanique qui le détruit peu à peu, du fait d’un dieu malveillant. Alors que son objectif principal est de retrouver ses souvenirs et se rappeler qui il est, sa quête de recouvrir la mémoire le conduira à la rencontre de nombreux personnages. Leur périple les confrontera à diverses menaces et à une chasse sans pitié d’un dieu.
N’y allons pas par quatre chemins, le scénario de Fantasian est d’une richesse assez déroutante alors que le début du jeu se dévoilait plutôt classique pour ne pas dire assez cliché. S’il nous fait incarner et nous présente Leo comme son personnage principal, le reste du casting n’en reste pas moins au cœur de son écriture, sa narration, et son histoire toute entière. Une jeune magicienne diseuse de bonne aventure, une jeune reine aux pouvoirs chevaleresques, un mystérieux capitaine de navire, des robots dotés d’intelligence et de parole, pour ne citer qu’une partie des personnages, croiseront notre route et nous accompagneront tout au long de l’aventure. Divisé en 2 actes bien distincts (d’où sa sortie initiale en 2 parties en 2021), Fantasian dévoile une histoire captivante, particulièrement émouvante mais surtout très mature.
A la croisée d’un Final Fantasy « classique » et d’un NieR Replicant (le character design de Leo en est très parlant sans parler de sa colorimétrie assez terne notamment sur les environnements), Fantasian Neo Dimension propose une histoire souvent passionnante, qui met en avant absolument tous ses personnages, qui jouissent d’une écriture et d’un passif toujours très lourd de sens, qui servent le scénario et l’univers à merveille (Leo étant même peut-être légèrement en retrait contrairement à ses compagnons). On apprécie également la façon dont sont racontés les souvenirs sous forme de contes narrés qui apporte une autre dimension à la narration. Son contenu secondaire n’est pas en reste, servant bien souvent (mais pas toujours) lui aussi le lore, bien que ludiquement on aurait aimé avoir mieux que de nombreuses quêtes dites FedEx et sans grand intérêt narratif (chercher des chats, des chiens, etc).
Malheureusement, le jeu ne dispose d’aucune localisation française, seulement l’anglais ou le japonais pour les voix et les textes. Si le début du jeu se révèle plutôt accessible en termes de vocabulaire et de dialogues, il n’en reste pas moins un JRPG très dense et riche en développement de ses divers sujets (on a même un passage qui parle de physique quantique) et thèmes.
Manette en main, Fantasian Neo Dimension est un RPG en tour par tour avec un système d’ordre, autrement dit, ce n’est pas forcément au tour d’une équipe après l’autre, tous les membres de l’équipe (de 3 personnages maximum) et les ennemis s’entremêlent et se battent pour leur tour et gagner quelques places dans l’ordre défini (d’apparition, le plus souvent). Petite particularité de son gameplay, certains personnages ont la capacité d’orienter leurs attaques (oui, grossièrement, comme dans Wanted où les personnages dévient leurs balles) et/ou de percer les défenses des ennemis, permettant de toucher plusieurs ennemis à la fois sur une trajectoire déterminée sans oublier les nombreuses capacités magiques (utilisant donc des MP) aux propriétés élémentaires. Jusque là, Fantasian se dessine de façon assez classique.
Mais dans sa volonté d’être un jeu classique pour ne pas dire à l’ancienne, Fantasian dévoile quelques mécaniques qui enrichissent son gameplay. Tout d’abord, le Dimengeon. Qu’est ce que c’est que ce machin? Dans le jeu c’est un dispositif qui permet d’envoyer un certain nombre d’ennemis (déjà rencontrés) et de les stocker dans un monde parallèle. Pour nous? C’est éviter un nombre incalculable de combats aléatoires tous les 3 mètres, et de s’adonner à des sessions de farm particulièrement généreuses. ENFIN un jeu qui rend son « grind » de niveaux fun (jusqu’à un certain point, au bout de 80h, je vous rassure qu’on finit par en avoir un peu marre).
Car c’est un fait, pour terminer Fantasian, il faut farmer, beaucoup farmer, et si ce n’est pas tant pour les niveaux, mais un peu quand même, ce sera pour débloquer les nombreuses compétences des « Growth Maps » (arbres de croissance) des différents personnages. Car, il faut l’évoquer à un moment ou un autre, Fantasian est un jeu particulièrement exigeant, voire même parfois difficile.
Et il faut savoir que ce portage/remastered de la version Apple Arcade a apporté une fonctionnalité de taille: un mode normal. Vous avez bien lu, en 2021, on ne pouvait y jouer qu’en difficile. Si cela permet de le rendre bien plus accessible, il n’en reste pas moins un RPG qui va concentrer ses combats sur une stratégie pointue et l’importance des « buff » et « debuff » notamment et particulièrement lors de ses (très) nombreux combats de boss. Si dans de nombreux JRPG il suffira d’avoir quelques niveaux de plus pour vaincre un boss aisément, dans Fantasian, cela est loin d’être suffisant puisqu’à l’instar de son histoire, il met ses nombreux personnages au service de son gameplay. Si on peut se constituer une équipe type pour la plupart des combats, notamment pour le farm, les boss, eux, demandent d’exploiter quasi systématiquement l’entièreté des personnages. En effet, le jeu dispose d’un changement de personnage en cours de combat qui n’est absolument pas punitif et est même vivement encouragé (on ne perd pas le tour, il ne faut pas hésiter à en abuser).
En découle donc un gameplay riche, qui permet d’utiliser l’entièreté des personnages (ils gagnent tous le même nombre de points d’expérience en fin de combats) les mettant donc tous à profit et surtout mettant en place des stratégies pointues pour survivre lors des enchainements dévastateurs des boss.
Si le gameplay est une franche réussite, la construction du jeu, elle, peut s’avérer épuisante (c’est pourquoi à l’heure où j’écris ces lignes, je ne l’ai pas terminé). En effet, au delà de vouloir profiter un maximum de son scénario mais aussi de son contenu secondaire, force est de constater que Fantasian a un peu trop abusé sur la présence de boss. Entre les nombreuses stratégies à mettre en place et leur nombre de points de vie (rallongeant donc indéniablement les combats), à force, trop de boss tuent les boss, c’est épuisant, éreintant, et même lassant et finalement répétitif. Et c’est franchement dommage.
Je ne tergiverserai pas sur les autres aspects du jeu, exploration, contenu secondaire, équipements, améliorations, et j’en passe. Néanmoins, j’appuierai sur sa caméra qui constitue l’un de ses principaux défauts de gameplay. Elle n’est pas contrôlable librement et le jeu a décidé de jouer avec ses plans de vues. Autrement dit, on pourra parfois se retrouver en vue à la troisième personne, tout à fait classique, mais aussi en vue de dessus changeant ses angles un peu comme bon lui semble. En découle donc très souvent une maniabilité hasardeuse et peu intuitive qui fera souvent faire n’importe quoi au personnage contrôlé (un peu comme Resident Evil en son temps, ça a très très mal vieilli).
Visuellement, Fantasian souffre indéniablement de sa condition de portage, de sa plateforme initiale (ce n’est ni plus ni moins qu’un jeu mobile) et d’un moteur vieillissant. Son univers, mêlant futurisme, fin du monde, biomes divers et variés, à la façon très réussie d’un Final Fantasy, et sa direction artistique sont fantastiques, néanmoins il souffre d’une certaine inégalité dans ses plans. Tantôt un décor sera net et sans bavure, tantôt les textures manqueront de détails et de netteté. Le tout manque un peu de finition pour rendre le tout homogène et agréable à tout moment.
Du côté de la bande-son, quand il s’agit de Nobuo Uematsu c’est toujours du grand art et Fantasian n’est pas une exception, très loin de là. Musicalement, sans que cela fasse partie de ses compositions majeures, indélébiles et inoubliables, on est sur un niveau à la hauteur du maitre, tant par la diversité de ses pistes que par leur impact à l’instant T. Une OST qui constitue évidemment une valeur sûre.
Fantasian Neo Dimension, c’est un mélange de genres et d’univers assez rafraichissant. S’il a tout d’un Final Fantasy, on lui accordera un petit inspiration à d’autres productions qu’elles soient du studio ou non, lui permettant d’avoir une identité propre aussi classique que novatrice. Et c’est d’autant plus vrai pour son gameplay, qui allie la valeur sûre d’un tour par tour tout en y incorporant des mécaniques originales, lui permettant de répondre à ses propres codes et installant un système de stratégie pointue et recherchée. Mais si j’ai beaucoup de bien à dire de Fantasian, il n’en reste pas moins un jeu imparfait, qui s’embourbe parfois dans sa construction « à l’ancienne » avec des aspects trop datés. L’enchainement de boss, par exemple, la caméra qui nous demande de s’adapter à elle en sont les principaux griefs que j’aurai à lui reprocher ainsi que ses inégalités visuelles. Sans oublier évidemment l’absence de localisation qui le coupe indéniablement d’une partie de son public. Un jeu inoubliable sur certains de ses aspects mais qui malheureusement ne suffisent pas à le rendre incontournable.
- A la croisée d’un Final Fantasy et d’autres productions du genre
- L’écriture et le développement de ses nombreux personnages
- Un gameplay en tour par tour qui apporte son lot d’originalité
- Une direction artistique fantastique
- La narration des souvenirs, très émouvante
- Le Dimengeon, quelle fabuleuse invention
- L’exploitation des personnages au service du gameplay
- Des combats exigeants et stratégiques
- L’OST de Uematsu, une valeur sûre
- Un système de caméra qui rend les déplacements fastidieux
- L’écriture de Leo plus en retrait
- Une construction épuisante: trop de boss tuent les boss
- De nombreuses inégalités graphiques
- L’absence de localisation, c’est toujours inexcusable