Fondé en 2020 au Québec, le studio Yellow Brick Games, qui compte parmi ses rangs de nombreux vétérans de l’industrie (dont Mike Laidlaw, ancien directeur créatif chez Bioware pour Dragon Age mais aussi Thomas Giroux, ancien d’Ubisoft ayant œuvré sur Watch Dogs), s’apprête à sortir son tout premier jeu. Celui-ci répond au nom d’Eternal Strands. Inspiré par de grands noms du jeu vidéo tels que Shadow of the Colossus, Breath of the Wild et sa suite Tears of the Kingdom mais aussi Dragon’s Dogma, Eternal Strands s’annonçait être un jeu d’aventure épique. Eternal Strands sera disponible dès le 28 janvier 2025, sur PS5, Xbox Series S/X, PC mais aussi dans le Game Pass. Malheureusement, à l’heure où j’écris ces lignes, aucune annonce n’a été faite quant à une éventuelle version physique. Pour ma part, j’ai l’immense chance de pouvoir vous proposer mon avis en amont de sa sortie. Un méli-mélo d’inspirations pour le meilleur?
Version | Numérique sur PS5, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 24h |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | 34% des trophées débloqués |
Difficulté | Facile |
Genre(s) | Action, Aventure |
Date de sortie | 28 janvier 2025 |
Prix (maximum conseillé) | 39€99 |
Plateforme(s) | PS5, Xbox Series S/X et PC |
Voix | Anglais, Français |
Textes | Français, Anglais, Japonais, Coréen, Portugais, Russe, Chinois simplifié, Allemand |
Connexion obligatoire | Non |
Brynn et sa bande sont des Tisserands (ou Tisseurs), des êtres capables de maitriser la magie grâce à leur cape. Il y a de ça de très nombreuses années, leur monde, l’Enclave, a été dévasté par un événement apocalyptique qu’ils appellent la Tempête, le scellant hors du reste du monde. Ils sont bien décidés, tous ensemble, à reprendre l’Enclave et la restaurer. Leur aventure s’annonce épique et bourrée de surprises, bonnes comme mauvaises, et de rencontres en tous genres.
C’est peu ou prou le postulat de départ d’Eternal Strands et si son scénario se veut relativement classique, son écriture quant à elle fait un travail d’orfèvre pour nous happer dans son univers. Car s’il a fortement été inspiré par de nombreux noms de l’industrie, le premier jeu de Yellow Brick Games passionne par sa mythologie bien à lui qui lui confère une véritable identité. Sa faune, sa flore, ses créatures, et même ses conditions météorologiques, ici tout sert son lore et son scénario, de façon assez spectaculaire. On y suit un groupe qui se soudera de plus en plus les coudes au fil de l’aventure pour déceler les nombreux mystères qui gravitent autour de l’Enclave.
De plus, outre son histoire principale, il propose évidemment son lot de quêtes secondaires, ici appelées « partenaires » qui permettent le développement des différents membres de la bande, et approfondissent leur histoire et leurs liens entre eux tout en s’imbriquant parfaitement dans le scénario. Au travers de plusieurs choix, nous avons la possibilité de donner une vraie personnalité à Brynn qui influera notamment sur la façon dont son groupe se comportera avec elle. On lui accorde également une pointe d’humour ci et là, donnant un ton plus léger, mais toujours bienvenu, parfois comparable à un certain Immortal Fenyx Rising.
Un premier très bon point pour Eternal Strands qui dévoile ici une vraie appropriation de son univers et s’en sert pour nous transporter en son sein, découvrant en même temps que notre groupe de personnages les nombreux secrets du passé.
C’est du côté de son gameplay qu’Eternal Strands tir tout son potentiel et révèle ses nombreuses inspirations assumées. Tout d’abord, sachez que c’est un jeu à la troisième personne dont le système de combat est un action-RPG dans un monde aux faux semblants de post-apo. Dès notre arrivée dans l’Enclave, nos missions sont bien établies par des objectifs clairs. Malgré tout, il oscille entre exploration organique, où nous sommes livrés à nous-mêmes pour trouver notre objectif dans de grandes zones ouvertes et un peu de dirigisme quand on est à proximité de ce que l’on cherche.
En cela, l’exploration du monde d’Eternal Strands se dévoile profondément cohérente avec son postulat de départ. Nous ignorons tout de cet endroit dans lequel nous débarquons, à nous le plaisir de la découverte de ces nombreuses zones, liées par des portails tissés. Et à la façon de Breath of the Wild/Tears of the Kingdom, on peut grimper absolument partout, si tant est qu’on a assez d’endurance (évidemment). L’exploration est au cœur de notre périple, mais, vous vous en doutez bien, pas que.
Evidemment, l’autre activité d’Eternal Strands se trouve dans les combats contre petits et (très) grands ennemis. Oui, à la façon de Breath of the Wild (encore lui) mais aussi de Shadow of the Colossus. Equipée d’une épée et d’un bouclier, d’un arc, et d’une arme à deux mains, Brynn rencontrera de très nombreux ennemis lors de ses nombreuses vadrouilles dans l’Enclave. Des ennemis organiques, mais aussi des « Arkons« , des êtres artificiels (dont je vous laisse le plaisir de découvrir le pourquoi du comment) de taille humaine et de taille beaucoup moins humaine, pour ne pas dire gigantesques. C’est dans ces phases qu’Eternal Strands dévoile une profondeur de gameplay assez impressionnante. Entre l’utilisation de nos magies (divisées en 3 éléments), l’exploitation des conditions météo imprévisibles, et le prélèvement de filaments sur ces fameux ennemis géants, on se retrouve embarqués dans des combats épiques durant lesquels nous aurons l’occasion de grimper sur nos ennemis pour les terrasser et révéler leur filament (la source de leur pouvoir). Évidemment, chaque ennemi « majeur » a son propre pattern, et un filament plus ou moins facile à révéler (mais pas toujours très clair et intuitif). Eternal Strands révèle donc un système de dynamique et nerveux mais qui sait aussi faire preuve d’exigence.
Mais les combats (et l’exploration) ont évidemment une toute autre utilité. S’il n’est pas un RPG à proprement parlé, il en possède tout de même certains codes, notamment dans la fabrication d’armes et armures (pour lesquels il faudra trouver les plans au préalable) mais aussi l’amélioration des différents ateliers de notre camp. Et là encore, Eternal Strands étonne de par son originalité. Classés en diverses catégories de rareté (avec l’éternel code couleur, gris, bleu, vert, violet et jaune), les matériaux requis à la fabrication et aux améliorations ne nécessitent pas de taper sur des ennemis bêtement et méchamment. Non, pour corser un peu la chose, Eternal Strands s’est dit « et si le loot dépendait de la façon de tuer nos ennemis? ». En effet, c’est la façon dont nous tuons nos ennemis, grâce à un élément magique notamment, qui influe sur les matériaux qui apparaitront. Une façon plutôt ingénieuse de varier le gameplay mais aussi nous obliger à exploiter l’entièreté des mécaniques mises à notre disposition.
On découvre donc un gameplay qui a su s’inspirer de nombreux jeux, tout en incorporant quelques belles idées. Le tout renforce son identité et en devient addictif au possible. Evidemment, tout n’est pas parfait. Par exemple, on devra composer avec une caméra bien souvent capricieuse, ce qui peut entacher un peu certains combats. De plus, on pourra également pester sur l’effet un peu « guimauve » de Brynn quand elle s’agrippe aux « géants », qui ouvrent parfois la porte à quelques imprécisions dans le gameplay. Enfin, j’aurais aimé qu’on puisse améliorer son endurance, ne serait-ce qu’un tout petit peu.
Que dire d’autre d’Eternal Strands qu’il est absolument magnifique? Et je pèse mes mots. Ses panoramas, ses couleurs, son bestiaire, ses décors, son architecture, ses biomes, son character design, Yellow Brick Games a mis les petits plats dans les grands pour nous proposer un jeu qui nous subjugue de toute part. Plus loin encore, ses quelques séquences dessinées à la main, sont elles aussi fabuleuses et servent une mise en scène soignée. Sa direction artistique est une merveille et nous transporte dans son monde bien à lui.
Parlons maintenant, doublage et bande-son. Pour le premier, le jeu s’est payé le luxe d’un doublage entièrement en français en plus de l’anglais. Celui-ci met à l’honneur de jeunes comédiens et comédiennes comme Salma Cordier qui s’est approprié le personnage de Brynn avec brio, ou encore Maxime Hoareau, que nous avons pu entendre dans God of War Ragnarok, mais aussi des voix bien plus connues telles que Jessica Barrier (Tifa dans Final Fantasy VII Remake et Rebirth) dans le rôle de Casmyn, Armelle Gallaud, ou encore Audrey Sourdive.
Pour ce qui est de la bande-originale, elle a été confiée à Austin Wintory, connu pour ses compositions sur flOw, Journey, The Banner Saga mais aussi Assassin’s Creed Syndicate. Et une fois de plus pour Eternal Strands, il nous offre une expérience musicale absolument fantastique qui met à l’honneur la dimension particulièrement épique de l’aventure. Un véritable bonbon pour les oreilles.
Quand on évoque Eternal Strands, impossible de ne pas mettre en avant ses inspirations de renom. Et pourtant, si elles sont évidentes, il n’en reste pas moins que Yellow Brick Games propose ici un jeu avec sa propre identité, à l’instar d’Immortal Fenyx Rising qui était bien plus qu’un Breath of the Wild dans la mythologie grecque. Ici, c’est un peu pareil, et Eternal Strands a une vraie proposition artistique et scénaristique originale, autour desquelles se dessine sa propre mythologie, son propre univers, ses propres enjeux. Eternal Strands c’est un monde à explorer, à découvrir, des personnages à rencontrer, des ennemis à analyser, mais aussi l’apprentissage de son gameplay qui, malgré quelques défauts, offre une certaine fraicheur dans ses mécaniques et ses possibilités. Petit coup de cœur de ce début d’année, sur lequel on retourne avec un immense plaisir.
- Un univers passionnant qui jouit de sa propre mythologie
- Le pattern des « boss »…
- Brynn et sa bande, un groupe attachant
- Un mélange de jeux qui fonctionne
- La façon d’influer sur le loot
- Le contenu secondaire qui s’imbrique dans le scénario
- Les choix qui influent sur la personnalité de Brynn
- Une DA fabuleuse
- Les scènes dessinées à la main, des merveilles
- L’OST fabuleuse
- Une caméra parfois trop capricieuse
- …mais qui manque parfois d’intuitivité
- La souplesse de Brynn rend quelques actions imprécises
- L’absence d’amélioration pour l’endurance