Aujourd’hui encore il est une légende du JRPG des années 90… Dragon Quest III sort en février 1988 sur NES au Japon puis en mars 1992 en Amérique du Nord sans jamais voir le jour en Europe. En mai 2021, à l’occasion du live spécial pour les 35 ans de la licence, Square Enix ressuscite son trésor national en annonçant un remake en HD 2D (ou 2D HD, c’est selon), style graphique qui a déjà fait ses preuves sur le diptyque Octopath Traveler ou encore le remake de Live A Live. Le temps passe et Dragon Quest III HD 2D Remake (c’est son nom) se fait discret pour revenir de plus belle le 18 juin 2024, lors d’un Nintendo Direct, révélant sa date de sortie tant attendue. Après des années d’attente, Dragon Quest III HD 2D Remake est disponible depuis le 14 novembre sur PS5, Xbox Series S/X, Nintendo Switch et PC. Que faut-il attendre de cette nouvelle mouture? Je vous en parle dans les paragraphes qui suivent.
Version | Numérique sur PS5, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 31h |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | 37% des trophées |
Difficulté | Normal + Facile |
Genre(s) | Action, Aventure, RPG |
Date de sortie | 14 novembre 2024 |
Prix (maximum conseillé) | 59€99 sur Nintendo Switch et PC, 69€99 sur PS5 et Xbox Series X |
Plateforme(s) | PS5, Xbox Series S/X et PC |
Voix | Anglais, Japonais |
Textes | Français, Anglais, Italien, Allemand, Espagnol, Chinois simplifié et traditionnel, Japonais, Coréen |
Connexion obligatoire | Non |
C’est après avoir choisi le nom et l’apparence de notre protagoniste que l’aventure commence. A l’aube de notre seizième anniversaire, à Aliahan, il est temps pour nous de reprendre le flambeau de notre père, Ortega, héros en son temps, disparu des années auparavant. Un puissant sorcier du nom de Baramos sème la terreur dans le royaume. Le roi nous confie la mission de partir à l’aventure pour reprendre là où en était resté notre père avant sa disparition: retrouver le Roi sorcier et le défaire.
C’est ainsi que commence donc ce Dragon Quest III, qui est en fait le début de la trilogie d’Elric, faisant office de préquelle à Dragon I et II (eux aussi prévus de revenir sous forme de remake en 2025). Doté d’un scénario très classique (rappelons qu’il date initialement de 1988), ce n’est pas tant ce qu’il raconte qui nous fascine mais plutôt comment il le raconte. En découle donc une aventure d’une efficacité sans commune mesure dans les contrées de notre royaume en proie à un ennemi redoutable.
Et la légende fut… Divisé en 2 parties bien distinctes, Dragon Quest III nous réserve bien des surprises et laisse place à une aventure des plus épiques, semée d’embuches, d’énigmes, de secrets à découvrir et de mystères à révéler, laissant libre court à notre soif d’exploration.
En effet, la narration et le lore de Dragon Quest III peuvent être vécus de façon très personnelle en fonction de chaque joueur tant, déjà à l’époque, il nous laisse entièrement libres de faire ce que l’on veut. Et c’est en cela que sa narration fait partie intégrante de son game design, mais plus loin encore, de son gameplay.
Avant de partir à l’aventure, il faut évidemment constituer son équipe. Là encore, ce Dragon Quest nous laisse choisir (et même créer) les 3 personnages qui nous accompagneront tout au long de notre périple. Ainsi donc nous pouvons choisir leur vocation (ou « job » pour les habitués de Final Fantasy) parmi une longue liste (dont le Monstrologue, nouvelle vocation exclusive à ce remake) ainsi que leur personnalité, leur apparence et leur voix. Une fois chose faite, nous pouvons entreprendre notre long périple.
Bien que le jeu nous propose d’afficher ou non les objectifs principaux sur notre carte, le voyage de Dragon Quest III se veut tout particulièrement organique. En effet, l’exploration prend une part immense (et même nécessaire) dans notre quête nous permettant donc de découvrir de nouveaux lieux, villes, donjons, souterrains, etc mais aussi de nouvelles quêtes. Chaque élément du jeu participe à notre aventure et chaque personnage rencontré peut donc nous donner de précieux indices (que l’on peut conserver dans nos souvenirs) pour découvrir les nombreux secrets qui parsèment le royaume.
Mais si l’exploration est un des pans principaux de notre voyage, Dragon Quest III n’est évidemment pas avare en…combats. Comme tout JRPG qui se respecte, les combats auront tout autant la main mise sur notre avancée, et pas qu’un peu. Sachez déjà qu’on quitte les standards actuels pour revenir aux bons vieux combats aléatoires. On ne voit pas nos ennemis sur notre chemin et on peut être attaqués, n’importe où, n’importe quand, qu’on ait fait une longue marche ou à peine quelques pas. Pour ma part, cela a pris un petit coup de vieux, car même si on peut fuir les combats, les esquiver aurait été encore plus confortable.
Si Dragon Quest III est bien un RPG en tour par tour, les premiers affrontements déroutent. Mais où est donc passé le choix de l’ennemi à attaquer? Alors que les premiers combats ne proposent d’affronter qu’un seule type d’ennemis, on comprend bien vite que Dragon Quest III ne permet pas de choisir d’attaquer un ennemi en particulier mais un groupe d’ennemis au sein duquel nos attaques (au corps à corps, aptitudes et sorts) frapperont un adversaire aléatoirement. Une fois cette mécanique apprivoisée, les combats s’enchainent, les niveaux fusent, et les compétences pleuvent… pendant quelques heures seulement.
Très vite, Dragon Quest III HD 2D Remake dévoile ce que l’on n’a pas vu venir: sa difficulté. Oui, Dragon Quest III se révèle assez vite particulièrement dur. Car bien qu’il jouisse d’un système de faiblesse comme on en voit d’habitude, les ennemis se révèlent être particulièrement résistants (sans parler des boss qui sont de véritables sacs à PV) mais surtout font incroyablement mal. Et alors que je me rendais à la zone du désert, assez proche du début du jeu donc, je me suis heurté à mon premier pic de difficulté mais certainement pas mon dernier. Certains me diront « un Dragon Quest sans farm n’est pas un vrai Dragon Quest » et si cela est très vrai pour le genre tout entier, la notion de farm dans DQ3 (je m’autorise quelques abréviations) finit par prendre le pas sur l’entièreté de l’aventure.
On enchaine donc les combats, en espérant prendre quelques niveaux, on augmente notre défense grâce aux équipements, on s’équipe de nouvelles armes, on continue sans relâche à optimiser tout ça et on tente de nouvelles stratégies. Malheureusement, force est de constater que DQ3 prend ici une toute autre saveur, mettant, à force, un accent certain sur la répétitivité mais aussi un soupçon de frustration. Pour ma part, j’ai décidé de baisser la difficulté d’un cran, en mode facile, me permettant donc de me concentrer sur l’histoire tout en espérant naïvement pouvoir profiter des combats. Malheureusement, DQ3 n’a pas su trouver de juste milieu entre ses difficultés. En normal, l’impression constante d’être une chips prête à s’écraser face contre terre persiste à chaque combat. En facile, c’est toujours le cas à la seule différence que le jeu ne nous permet pas de mourir, on reste à 1 point de vie. Ainsi donc je n’ai malheureusement pris à aucun moment plaisir durant les affrontements, trop difficiles (et répétitifs d’un côté), trop faciles et sans véritables enjeux de l’autre.
Je me suis donc posée la question: à qui s’adresse vraiment ce remake? Quel est son but? Pour moi, un remake (ou même une remasterisation) est voué à attirer un nouveau public, à permettre à de nouveaux joueurs de découvrir un jeu qu’ils n’ont pas fait à sa sortie initiale tout en permettant aux éternels nostalgiques de repartir à l’aventure sous un nouveau jour. Dans le cas de DQ3, je ne me suis pas sentie à la maison, comme s’il était mon premier JRPG, comme si je découvrais le genre en même temps que le jeu. Plus j’avançais et plus je voyais défiler les interminables heures de farm devant mes yeux laissant place à une certaine lassitude. Soyez donc prévenus.
Une fois de plus, Square Enix, et tout particulièrement la collaboration entre le studio Artdink (Triangle Strategy) et la Team Asano (Octopath Traveler, Triangle Strategy, Live A Live Remake), ont prouvé leur savoir faire sur le rendu visuel de HD 2D. Tout en conservant le character design d’Akira Toriyama en pixel art, ce sont les décors qui nous subjuguent de leur beauté époustouflante. Les effets de l’eau, les jeux de lumières, les couleurs, chaque pas foulé est un véritable dépaysement. Tout est beau, tout est contemplatif. Evidemment, l’apparition aléatoire des ennemis, et leur absence visuelle sur notre route, implique aussi que tout ceci peut donner une certaine impression de vide, mais qui sert avant tout la sensation d’aventure, voire même d’inconnu. Et c’est sans parler de l’OST de Kōichi Sugiyama, elle aussi remise au goût du jour, du thème principal si emblématique aux pistes plus discrètes mais qui nous accompagnent à chaque instant.
Alors que je viens de poser tous ces paragraphes et toutes ces lignes sur mon écran, je peine à prendre du recul sur ce que je ressens après avoir terminé Dragon Quest III HD 2D Remake. Ai-je aimé? La réponse est oui. Mais tout en ayant profondément aimé l’aventure, son cheminement, son game design très organique, ses moments d’émotions, ses révélations, son appel à l’aventure, à l’exploration et à la découverte, ce remake de DQ3 m’a également laissé un goût amer. En effet, alors que les heures passaient, alternant entre 2 difficultés, Dragon Quest III Remake m’a autant émerveillée qu’il m’a souvent lassée, la faute à sa difficulté et au manque d’un juste milieu dans ses affrontements. Alors que je savais qu’il fallait que je farm inlassablement pour finir par m’en sortir la tête haute et le torse bombé, je n’en ai tout simplement pas eu le courage, préférant donc me contenter d’un mode de difficulté qui ne me convenait pas non plus. Mais en faisant abstraction de ce sentiment particulièrement frustrant, il n’en reste pas moins que DQ3 est à la hauteur de sa réputation sublimé par un style graphique qui lui va à ravir. La légende fut, la légende restera, bien que semée de nombreuses embuches.
- La HD 2D, un style graphique magnifique
- Une aventure organique qui appelle à l’exploration
- Le système de classe/vocation/job reste une valeur sûre
- La sublime direction artistique
- La possibilité d’afficher les objectifs ou non
- L’OST est un régal
- Pas de juste milieu entre le mode normal et le mode facile, laissant place à une certaine frustration. J’espère un meilleur équilibrage pour Dragon Quest I et II Remake.
- L’apparition aléatoire d’ennemis a pris un petit coup de vieux.