
Layers of Fears, Observer, Blair Witch, The Medium puis le remake de Silent Hill 2, autant de productions qui ont chacune posé les pierres pour que le studio apprenne de ses erreurs. Un peu moins d’un an après la sortie du remake de SH2, qui avait permis au studio de briller auprès du grand public, il revient avec ce Cronos: The New Dawn. Et le moins que je puisse dire, c’est qu’il y a bel et bien un avant et un après pour le studio Bloober Team. Explications sur un possible magnum opus pour le studio avec ce Cronos: The New Dawn, disponible depuis le 5 septembre sur PS5, Xbox Series S/X, PC et Nintendo Switch 2.

Version | Physique et commerciale sur PS5 |
Temps de jeu | 29 heures |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | 33 trophées obtenus sur 48 pour 52% de complétions |
Difficulté | Normale |

Genre(s) | Survival Horror, Science Fiction, TPS, Solo |
Date de sortie | 5 septembre 2025 |
Prix (maximum conseillé) | 59.99€ |
Plateforme(s) | PS5, Xbox Series X|S, Nintendo Switch et PC |
Voix | Anglais |
Textes français | Oui |
Connexion obligatoire | Non |

« Such is our calling « Voyageur 3576, Cronos The New Dawn
Nous sommes à une époque inconnue. Tout n’est que désolation et le monde n’est plus qu’un vaste champ de ruine plongés dans une obscurité sans pitié. Le Voyageur 3576 est réveillé de son profond sommeil et activé par une entité administrative appelé Le Collectif, qui lui assigne comme mission de retrouver son prédécesseur, le Voyageur 3500 et de s’acquitter de sa mission à lui. Mettre la main sur un certain Edward Wiśniewski et apporter son essence au Collectif. Pour se faire, le Voyageur 3576 devra remonter le temps jusqu’en 1981, dans une Cracovie en proie à un mystérieux virus appelée la Convergence, transformant quiconque en Orphelin. Sauf que ce qui pouvait s’apparenter à une simple mission de routine deviendra alors quelque chose de bien plus grave… Je viens de vous résumer les deux premières heures de Cronos: The New Dawn et sans rentrer dans les détails, le scénario réserve énormément de surprises à son joueur.
Basant son intrigue sur deux époques, l’une dans le futur et l’autre en 1981, Cronos souhaite non pas nous raconter une « simple » histoire du genre du Survival Horror, mais souhaite aussi mettre en avant une Cracovie (l’ancienne capitale de la Pologne) certes fictive (la ville de New Dawn n’existe pas) mais basée sur certains épisodes bien réel de l’Europe Centrale. Comme par exemple la grève des travailleurs de l’Aciérie en 1981 pour nous plonger dans une intrigue s’inspirant de faits historiques afin de mettre en avant l’histoire du pays et de sa capitale. De ce fait, le studio nous offre une redoutable écriture. Que ce soit son scénario, inspiré des œuvres comme l’Armée des 12 singes (et de son excellente série 12 Monkeys) et la série Dark, son cadre, une Cracovie des années 80 alors soumise au communisme de l’URSS alors en vigueur, ses dialogues, ses journaux vocaux et écrits, les affichages sur les murs qui ont l’excellente idée d’être traduit quand on y passe notre curseur dessus (l’une des idées les plus simplistes qui soient mais qui témoignent d’un certain génie pour moi), nous transporte alors dans un cadre inédit, entre fiction historique soucieuse du respect d’un pays en proie au communisme et ses travers les plus malsains (sa propagande pour ne citer que ça) mais aussi à un virus inarrêtable, venu de nulle part, bien décidé à se propager et absorber quiconque se montrera sur son chemin.

Un mot sur ce fameux virus, la Convergence, très largement inspirée du chef d’œuvre absolu du maitre John Carpenter, The Thing, transformant quiconque en orphelin, si sur le papier, il peut vaguement rappeler les Nécromorphes de la saga Dead Space, une fois en face en face, il faudra penser différemment. En effet, les monstres de Cronos: The New Dawn se veulent être plus puissant, plus malin, plus rapide. Ils sont en capacité d’assimiler leur congénères afin de gagner en force mais aussi leur particularité. Par exemple, vous venez de tuer un orphelin doté d’un gilet par balle, le prochain ayant le temps de l’absorber le récupérera et sera donc bien plus fort. Pas question de tirer sur le torse par exemple, visez la tête ou les jambes afin de ralentir votre ennemi. Fort heureusement, outre un arsenal classique mais très efficace (une arme de poing, un fusil à pompes, une carabine et quelque chose d’un peu plus pêchu dont je tairais la teneur), vous devrez avoir recours au feu, seul véritable point faible des Orphelins. Mais là dessus, ne vous inquiétez pas, à condition d’être malin, vous aurez toujours de quoi sous la main. De plus, survival horror oblige, la gestion de vos denrées est exigée. Pour se faire, si vous êtes autant aguerri que moi, vous connaissez la chanson : des salles de repos comme dans la saga Resident Evil vous attendront à des moments propices et il vous faudra avoir recours au magasin pour dépenser votre énergie (la monnaie du jeu) ainsi que vos noyaux (vos points d’expérience, glanés sur votre route, afin d’acheter ressources ou augmenter votre armure, vos armes et ainsi de suite. Petit conseil cela étant dit, priorisez avant tout la taille de votre inventaire puisque il est rachitique au début de notre (més)aventure.
Du côté du gameplay, c’est là encore un sans fautes. Vous incarnez un Voyageur, muni d’une armure complète, rappelant les scaphandres de plongée (mais comment fait-il pour voir ?), ayant une incidence sur le poids ressenti (je vous garantis que manette en main, on sent tout le poids de l’armure, créant alors un vrai sentiment d’accroche entre le personnage et son joueur) et votre seul équipement rattaché à votre armure sera votre précieuse lumière (qui a le bon goût de vous « prévenir » juste avant un combat). S’équipant d’une torchère et d’armes à feu, vous devrez vous frayer un chemin à travers deux époques. Mais le studio a prévu quelques surprises, notamment le fait de pouvoir activer ou désactiver des failles temporelles vous permettant de poursuivre votre route ou alors de vous servir du décor pour vous défendre. De plus, toujours pour évoluer au sein des magnifiques décors qui n’attendent plus que vous pour être découverts, vous pourrez vous équiper de bottes magnétiques afin de vous servir des constructions d’anciens voyageurs pour souvent évoluer la tête en bas. Des séquences certes balisées mais vraiment jouissives. La somme de tout ce que je viens de vous expliquer contribue, selon moi, à offrir une identité unique à Cronos: The Dawn, nous garantissant des sensations que je trouve inédites dans le genre du Survival Horror. C’est bel et bien un pari réussi pour le studio alors même que je n’ai pas encore parlé de l’ambiance !

Allez, vu que j’ai tellement envie de vous en parler, parlons en de l’ambiance de Cronos. En un mot comme en cent, Cronos: The New Dawn est une pure réussite et Bloober Team (me) confirme une seule chose : sa maturité. Réussite de bout en bout, Cronos est la preuve que le studio maitrise son sujet et réussit à renouveler en quelques sortes, le genre du Survival Horror. Si les précédentes œuvres du studio oscillaient entre le FPS (Observer, Layers Of Fears, Blair Witch) et la vue caméra par dessus rappelant la saga Resident Evil à ses débuts (The Medium), depuis le remake de Silent Hill 2, le studio est passé à une vue TPS (vue à la troisième personne) et en seulement 2 productions, le studio est parvenu à maitriser son sujet, rattrapant un certain Capcom et ses derniers Resident Evil (allant du 7 jusqu’au prochain Requiem) mais dans le sens inverse (Bloober Team passe du FPS au TPS, Capcom du TPS au FPS avec une touche d’entre deux pour toucher les deux publics).
Que ce soit la mise en scène lors des cinématiques ou alors des phases de gameplay, l’ambiance sombre, lugubre, majoritairement jetée dans une obscurité lancinante, absorbant toute trace d’une vie jadis, que vous soyez au casque ou non, Cronos: The New Dawn part du postulat que vous incarnez un personnage surpuissant pour ne rien vous épargner (même dans sa difficulté puisque vous n’aurez pas d’autre choix que d’y jouer une première fois en normal). Evoluant majoritairement en intérieur, si vous connaissez de près ou de loin l’Urbex (pour exploration urbaine) vous serez plus que servi puisque là encore, le studio fait montre d’une confiance en soi magistrale. Ca fourmille de détails, partout, tout le temps et très souvent j’ai regretté de ne pas avoir un mode photo sous la main, tant Cronos l’aurait mérité.

De plus, je vous l’avoue, je n’ai jamais été en totale confiance durant mon aventure et j’ai pratiquement fait tout le jeu en marchant (même avec toute mon expérience dans un genre que j’affectionne particulièrement), faisant attention à tous les bruits pouvant me prévenir d’un danger à venir, puisque vous ne serez jamais tranquille car vos ennemis vous attendent partout, vous devrez faire attention au moindre bruit que ce soit et il ne faudra surtout pas les minimiser. Par exemple, lors d’un combat, je me suis rendu très vite compte que les Orphelins appelaient littéralement du renfort et en effet, quelle ne fut pas ma surprise quand en effet, mon intuition avait vu juste, les orphelins peuvent très souvent et de façon aléatoire, faire appel à du renfort. Mais ce n’est pas fini puisqu’en dehors des combats, certains orphelins peuvent vous « suivre ». Ils peuvent être hors champ mais ils peuvent tout de même vous avoir repéré depuis quelques minutes pour mieux vous piéger dans un endroit. Alors attention à vous ! Ambiance garantie, vous êtes ainsi prévenu(e)s. J’ai failli oublier quelque chose de très important, non ? Hé bien si, je ne vous ai pas parlé des armes à feux, bah oui ! Parce que surprise de la part du studio, chaque arme à feu est doté d’un tir secondaire qui peut littéralement renverser le cours de la bagarre. N’hésitez donc pas à vous servir d’une arme en particulier uniquement pour son tir secondaire. Parce que j’ai constitué mon arsenal de trois armes fixes (et une quatrième au cas où) à une seule fin : le contrôle des foules. Si mon arsenal est moins fort face à un ennemi unique, quand ça commence un peu à déborder en face, je vous garantis que le ménage est bien fait.
Développé à l’aide de l’Unreal Engine 5 (une fois de plus, bah oui !), Cronos: The New Dawn n’est certes pas optimisé pour la PS5 Pro (une fois de plus, de mon côté, j’y ai joué sur la console mid-gen de Sony) mais mis à part quelques petits ralentissements lors de certains passages (je pense notamment à un boss vers la fin du jeu), je n’ai rien de négatif à vous dire. Pas de freezes, pas de bugs, aucun « gros » souci. D’un point de vue purement graphique, la dernière production en date du studio est absolument magnifique mais se récupère vraiment dans sa Direction Artistique. Savant mélange entre le rétro futurisme et le Brutalisme (style architectural issu du mouvement moderne, qui connaît une grande popularité entre les années 1950 jusqu’aux années 1970), la DA confère à Cronos: The New Dawn une identité qui lui est unique et lui offre alors un cachet certain, inscrivant de ce fait le bébé du studio au panthéon des meilleurs survival horror. Doté d’un unique doublage en anglais, Cronos ne fait pas les choses à moitié et nous offre un doublage de (très) haute volée. Déjà à l’œuvre sur Layers Of Fears ou The Medium, Arkadiusz Reikowski nous livre une Originale Soundtrack mémorable, inscrivant un peu plus Cronos: The New Dawn comme étant l’un des meilleurs Survival Horror de son époque.

Place maintenant à mon avis, même si vous l’avez très certainement compris avec mes compliments ici et là : Cronos The New Dawn est un chef d’œuvre imparfait mais un chef d’œuvre absolu quand même. Cela faisait bien des années que je n’avais pas savourer un tel jeu que ce Cronos qui me l’a rendu au centuple. Même si mes débuts ont été rendus compliqués par des partis pris de la part du studio (le studio exige que le joueur commence l’aventure en mode normal, l’expérience étant réellement pensée de cette façon) jetant son joueur sans rien lui dire et en le laissant se débrouiller, je me suis vite rendu compte que c’était complètement assumé de la part du studio qui propose alors à son joueur habitué au genre du Survival Horror qui s’adresse avant tout à celles et ceux ayant l’expérience requise pour s’y plonger et l’honnêteté intellectuelle pour accepter qu’ils sont bel et bien en présence d’un représentant du genre dans ce qui se fait de plus efficace à notre époque.
Si je suis un habitué du genre depuis des années, avoir été autant malmené par Cronos The New Dawn aura eu deux effets sur moi. Le premier, cela m’a permis de prendre du recul et de comprendre pourquoi j’aime autant le genre, ses mécaniques, sa façon de voir les choses. La seconde, celle d’accepter de me reposer sur mon expérience pour faire le point sur tout ce que j’ai accumulé dans l’intégralité de tous les jeux du genre que j’ai accompli tout au long de ma vie de joueur. Se faisant, quand je n’étais pas entrain de jouer à Cronos The New Dawn, je n’ai pas cessé d’y penser, avec la forte envie d’y retourner, tout en ayant envie de ne pas le finir. C’est paradoxal mais plus j’avançais dans Cronos, moins je voulais le finir pour justement continuer d’y jouer. La marque des plus grands diront certains avec lesquels je suis d’accord tant Cronos n’aura eu de cesse que de me bousculer et me forcer à me servir de mes connaissances pour survivre un combat de plus, même en n’ayant plus aucune munition sur moi (rassurez vous, de ce côté là, la gestion des ressources est un sans faute du studio pour peu que vous preniez la peine de fouiller comme un(e) drogué(e)).

Cronos The New Dawn est une réussite incontestable. Que ce soit son scénario, sa narration, son cadre, ses propos, son gameplay, la gestion intelligente de son joueur, tout transpire une confiance en soi de la part du studio qui force le respect. Le souci, c’est que je pourrais continuer avec les superlatifs durant des pages entières mais le simple fait de vous répéter que Cronos The New Dawn est un chef d’oeuvre absolu du genre, avec ses qualités et ses défauts qui ont la particularité de devenir des qualités au fil du temps prouve, selon moi, que si vous appréciez le genre, vous devez vous jeter dessus, qui doit être découvert, aimé et rejoué durant des années. Pour finir, il me faut remonter à un certain Resident Evil 4 Remake (2023) pour retrouver une œuvre me « forçant » à ne pas la lâcher une fois le générique de fin atteint. A l’heure où est écrit ce test, je suis donc dans le NG+ de Cronos et bien décidé à le finir à minima une seconde fois entre deux tests pour ma rédac cheffe adorée. Si je n’en ai pas fini avec Cronos The New Dawn, je sais que l’œuvre n’en a pas fini avec moi non plus…

Chef d’oeuvre absolu de la part de Bloober Team, je suis presque à penser que le studio vient de nous livrer son magnum opus même si les dernières déclarations de Piotr Babieno (le PDG du studio) laisse rêveur quant au fait que chaque prochaine production de la part du studio se devra être plus « énorme » que la précédente. En attendant, ce virage action horreur marque l’amoureux du Survival Horror que je suis. Marquant sur bien des points, addictif comme pas permis et maitrisé avec un culot sans pareil, Cronos The New Dawn est la seconde production de ce beau mois de septembre à m’avoir complétement conquis et me marque jusque dans mon inconscient (je parle évidemment du dantesque Hell is Us). Vous n’imaginez pas à quel point j’ai hâte de découvrir la suite du programme chez Bloober Team ! En attendant, foncez sur Cronos The New Dawn, il mérite totalement votre attention tout comme il mérite tout mon amour.

- Une écriture redoutable, qui ne laisse rien au hasard
- Une mise en avant surprenante d’un pan de l’histoire de la Pologne et Cracovie, s
- Le fait de malmener autant son joueur, il fallait l’oser !
- Le gameplay, addictif
- Le fait de « sentir » le poids de son personnage, c’est bien joué
- La traduction des écrits sur les murs, augmentant l’immersion du joueur
- L’ambiance, marquante et addictive
- L’Originale Soundtrack, Arkadiusz Reikowski a abattu un travail de titan

- Il manque un mode photo, c’est vraiment dommage
- Pas optimisé PS5 Pro
- Quelques ralentissements sporadiques
- Le coup de la lampe qui s’éteint avant l’arrivée des monstres et de celui des portes qui se ferment toute seules… Bon, ça suffit à un moment donné ! (ceci est évidemment une boutade)