Conjointement développé par les studios valenciennois YS Interactive et le studio madrilène Pendulo Studios, Blacksad Under the Skin était une première fois sorti sur PC et consoles de salon de la génération précédente, en 2019, et revient 5 ans plus tard sur PS5 et Xbox Series, toujours édité par Microids. Aventure totalement indépendante mais officielle du personnage d’ordinaire en bande dessinée, créée par le duo espagnol Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido, éditée en France chez Dargaud, est-ce que cela vaut la peine de prendre la manette ? La réponse est sans l’ombre d’un doute, avec toutes les preuves qui convergent, un très grand oui.
Version | Numérique sur PS5, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 12h |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | 28% des trophées |
Difficulté | Unique |
Genre(s) | Aventure, Narratif, Policier, Polar |
Date de sortie | 14 novembre 2019 sur PC, Xbox One et PS4, 28 novembre sur Nintendo Switch, 27 juin 2024 sur PS5 et Xbox Series S/X |
Prix (maximum conseillé) | 24€99 |
Plateforme(s) | PS4, PS5, Nintendo Switch, PC, Xbox Series S/X |
Voix | Allemand, Anglais, Espagnol, Français |
Textes | Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Néerlandais, Russe |
Connexion obligatoire | Non |
Assis devant sa machine à écrire, Blacksad, encore sous le(s) coup(s) de sa précédente affaire, reçoit une mystérieuse visite. Décidément, une journée bien chargée marmonne t-il… Devant lui, une bien étrange jeune femme se dresse tristement face à lui pour lui de demander résoudre une enquête qui va s’avérer être bien plus complexe qu’il ne le pensait… Il s’agirait alors de faire toute la lumière sur le prétendu suicide de Joe Dunn, un coach de boxe, de retrouver son poulain, disparu dans la nature, le tout dans les 15 jours qui suivent… Tel est le point de départ de Blacksad Under the Skin, qui vous mettra dans la peau de John Blacksad un détective privé américain dans les années 50 ayant pour trait un chat noir. Parce que oui, l’univers de Blacksad remplace les hommes et les femmes par des animaux anthropomorphes (qui a probablement inspiré les développeurs de The Wild Gentlemen pour leur Chicken Police) . Mais au fait, ça parle de quoi Blacksad ?
Avec son premier tome intitulé « Quelque part entre les ombres », le personnage de Blacksad, écrit par Juan Díaz Canales et dessiné par Juanjo Guarnido, c’est tout un univers atypique qui s’invite à nous. Des personnages aux traits animaliers et de surcroit anthropomorphes, Blacksad étant un chat noir, on est plongé dans la peau d’un détective privé vers la fin des années 50 aux Etats-Unis. De la pègre à la corruption, aux secrets explosifs, quiconque a déjà lu un polar (au hasard les romans de P.D James, Edgar Allan Poe, Conan Doyle, RW Chapman, etc), sans parler des séries TV et/ou films comme Perry Mason de 2020 pour ne citer que cette série, se fera une idée de l’ambiance et thématiques de Blacksad. Publié en 7 tomes parues des années 2000 à 2023, Blacksad nous propose un univers bien singulier qui nous plonge dans une société qui nous remplace nous par des animaux anthropomorphes ayant nos traits de caractères, nos émotions et notre façon de voir les choses.
Retour à cette aventure vidéoludique. Vous incarnerez donc Blacksad et votre unique objectif sera de faire toute la lumière sur le prétendu suicide de Joe Dunn en menant l’enquête à coup d’interrogatoires mais aussi en fouillant méticuleusement les nombreux décors. L’écriture et la narration sont redoutables, efficaces, sans fausses notes puisque je dois vous avouer ne pas avoir lâcher la manette une fois lancé dans l’enquête. La mise en scène, classique, avec l’utilisation de champ, contre-champ et de passage d’un personnage à l’autre lors des discussions fait le travail avec efficacité. Quant à l’ambiance, c’est l’un des gros points positifs du bébé des studios puisque, à l’aide d’une bande son jazzy, nous sommes jetés dans une époque rappelant les meilleurs polars des années 30.
Du côté du gameplay, quiconque a déjà joué à un titre du studio Telltale sera ici en terrain connu puisque les nombreux QTE ou choix contextuels vous aideront (ou non) à progresser dans votre enquête, avec une petite subtilité plutôt bien trouvée, c’est de pouvoir vous servir du flair et des sens félins de Blacksad pour trouver des indices sur vos interlocuteurs/trices mais aussi vous servir d’un menu spécifique pour connecter les indices entre eux et procéder à des déductions afin d’avancer dans la résolution de l’affaire.
Avant de parler du sujet qui fâche, la technique, puisque au courant des déboires des versions old gen, j’ai à coeur de vous parler en premier lieu de la bande son, que je trouve tout simplement exceptionnelle. Composée par Juan Miguel Martín, Silvio Ocaña et Inon Zur (bien connu des joueurs ayant accompli Fallout 3/4, Starfield, Rise Of The Ronin, Dragon’s Dogma et j’en passe), l’Original Soundrack de Blacksad Under The Skin est un bonbon pour les oreilles, qui résonne encore maintenant durant l’écriture de ce test. Ensuite, c’est le doublage français qui mérite mon amour certain. Mené tambour battant par Jérémie Covillault (Tom Hardy, Hugh Jackman, Jeffrey Dean Morgan, Jon Hamm), le monsieur nous offre alors une prestation exceptionnelle faisant de Blacksad l’un des personnages les plus charismatiques que j’ai pu voir depuis un bon bout de temps. Le reste du casting ne démérite pas non plus, bien au contraire. Il donne en effet la réplique à un casting français 5 étoiles, de Marie Zidi à Martial Le Minoux, qui prennent leur rôle particulièrement à cœur, et s’imprègnent de l’ambiance polar noir qui ne quitte pas une seconde la production de Pendulo.
Malheureusement pour le titre, ce ne sont pas ses immenses qualités qui l’ont fait connaître mais ses nombreux déboires à son lancement en 2019. Cette version PS5, qui n’est qu’un portage des versions old gen (pour rappel, PS4, Xbox One et Nintendo Switch), développées à l’aide du moteur Unity, est bien moins buguée que je ne l’aurais pensé au départ (ce n’est pas sans une certaine appréhension que je me suis lancé dans cette affaire). Bien conscient des déboires de ces versions lors de leur sortie respective, j’ai toujours eu à cœur de découvrir un jour ce Blacksad et l’opportunité d’en faire un test lors de sa proposition s’est avérée être une chance que je ne devais surtout pas refuser. Si je ne connais que la réputation d’un jeu à la technique compliquée, cette version PS5 m’aura offert un seul bug atypique puisqu’au tout début de l’aventure, lors de la finalisation d’une scène et lors du passage à la suivante, le jeu a préféré me faire répéter intégralement la scène déjà accomplie. Un « petit » problème qui ne s’est manifesté qu’une seule fois, fort heureusement et en début de jeu.
Pour le reste, mis à part des ralentissements et une désynchronisation labiale persistante, mes sessions sur le portage PS5 s’est bien passée et je n’ai, à aucun moment, boudé mon plaisir, acceptant donc d’avoir sous les yeux un jeu jouable dans des conditions que je juge acceptables. Mais gardez bien à l’esprit que je suis de nature positive quand je peux accomplir un jeu sans énormes problèmes. Je ne nie en rien les quelques soucis de ce genre mais cela ne m’a pas empêché de voir la fin de l’aventure, bien au contraire. Je finirai aussi par dire que je ne souhaite pas amoindrir l’expérience de joueurs et de joueuses pour qui la technique se doit d’être irréprochable et qui en tiennent rigueur à un titre mais je tiens juste à exprimer mon avis, qui je le sais, est aux antipodes d’une génération pour qui les graphismes, le gameplay et la technique seraient plus important que la narration et le scénario dans un jeu vidéo.
Graphiquement parlant, sans être une claque digne de la génération actuelle, Blacksad Under the Skin reste un très beau jeu dont l’ambiance visuelle prime sur le reste. On regrette quelques petites inégalités dans la modélisation de certains personnages ou encore dans les animations, qui laissent plus transparaitre un développement difficile, au départ, qu’un manque de talent. Je vous laisse juger par vous-mêmes avec les captures d’écran présentes dans ce test.
Ce que je pense de Blacksad Under The Skin ? J’ai franchement adoré ce à quoi j’ai joué durant 12 heures. A tel point que j’ai applaudi durant les crédits de fin et à tel point que je me lancerais dans une nouvelle partie prochainement quand j’aurais du temps libre. Avec son ambiance de polar et de films policier, son écriture, ses sujets abordés, dont j’étais loin d’imaginer la maturité (ne connaissant pas la BD originale), son personnage principal d’un charisme fou ainsi que l’utilisation de clé de narration tel que le fait de connaitre les pensées de son personnage, Blacksad Under the skin m’a mit un joli uppercut dans la mâchoire. Enorme coup de cœur donc, j’en redemande tellement que j’ai bien envie de me lancer dans la lecture de la bande dessiné afin de continuer l’exploration de cet univers si singulier, mature et étonnamment adulte.
Cette histoire de prétendu suicide dans un club de boxe miteux de New York m’aura offert l’un de mes plus gros coup de cœur de cette année, aux côtés de Stellar Blade, Pacific Drive et Still Wakes The Deep. Un personnage principal au charisme fou, porté par un doublage français d’une très grande qualité, Blacksad Under the Skin est bien plus profond et adulte que je ne l’aurais pensé au départ de toute cette affaire de test ayant la réputation d’un jeu bugué jusqu’au trognon. J’ai finalement découvert le fin mot de toute cette histoire, c’est à dire une aventure narrative riche dont son univers, son ambiance, ses propos, ses thématiques et ses clés de narrations m’ont donné la folle envie de me précipiter sur les 7 tomes de son aventure papier. Si vous aimez les enquêtes policières tendance polar et avez envie de découvrir un univers pour le coup inédit, soyez ouvert d’esprit au niveau de la technique, sans être irréprochable mais tout à fait acceptable, d’une œuvre vidéoludique, vous ne serez pas déçus. Au pire, envoyez moi vos gros bras, je saurais les mater, comme le gros matou désabusé que je suis.
- John Blacksad, personnage principal charismatique et attachant
- Techniquement mieux maitrisé qu’en 2019…
- Une enquête haletante et époustouflante
- Une œuvre mature et adulte aux propos étonnamment profonds
- Une narration classique mais particulièrement efficace
- Un gameplay venu tout droit des productions Telltale
- L’espèce animale de Blacksad au service du gameplay
- Une OST parfaite, au service de l’immersion et de l’ambiance
- Le doublage français exceptionnel
- La durée de vie et le rythme mené tambour battant
- Les trophées en anglais, pourquoi? (Le problème est connu et sera résolu dans une mise à jour qui arrivera courant du mois de juillet)
- …mais qui n’est encore totalement irréprochable, il subsiste encore quelques légers bugs (et qui se comptent sur les doigts d’une main)
- Quelques inégalités dans la modélisation et les animations
- Une synchronisation labiale parfois aux fraises