Beyond Good & Evil. Qui ne connait pas le titre de Michel Ancel sorti le 11 novembre 2003, devenu culte pour des millions de joueurs et de joueuses à travers le monde ? 21 ans après sa sortie, voilà qu’Ubisoft nous propose sa version 20ème anniversaire qui revient du début de sa conception jusqu’au titre en lui même, revu et corrigé pour nous proposer l’expérience originale dans les meilleures conditions possible. Avant de nous lancer dans le test, j’ai un aveu à vous faire, avant ça, je n’avais jamais eu l’occasion de jouer à BGE. C’est maintenant une faute (impardonnable) réparée et le découvrir maintenant est l’occasion, pour moi, de réaliser à quel point ma passion a évolué en 21 ans.
Version | Dématérialisée sur PS5, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 14 heures |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | 43% des trophées obtenu |
Difficulté | Unique |
Genre(s) | Action Aventure |
Date de sortie | Jeu original : 11 novembre 2003, Version 20ème anniversaire : 25 juin 2024 |
Prix (maximum conseillé) | 19.99€ |
Plateforme(s) | PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series S/X, Nintendo Switch et PC |
Voix | Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Néerlandais, Polonais, Portugais, Russe |
Textes | Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Néerlandais, Polonais, Portugais, Russe |
Connexion obligatoire | Non |
En temps normal, écrire un test est à la fois une tâche simple mais complexe puisque tout un tas de paramètres entrent en ligne de compte dans notre façon de vous raconter ce à quoi on a joué, ce qu’on a vu, ce qu’on a ressenti et ainsi de suite. Ecrire un test d’une œuvre âgée de maintenant 21 ans avec l’aura que l’on connait et le statut de jeu vidéo culte pour des millions de joueurs et de joueuses à travers le monde n’est pas aussi évident que l’on pourrait penser. Etre joueur est une chose, être joueur et testeur en est une autre puisque des responsabilités que l’on a décidé d’accepter bien malgré nous nous octroie de ce fait des droits et des devoirs. Avoir la chance de tester des œuvres tout au long de l’année est devenu pour moi une habitude et un vrai plaisir. Alors quand on me confie la lourde tâche de tester une œuvre au passé aussi chargé que Beyond Good And Evil, ma mission devient alors bien plus compliquée que je ne l’aurais cru de prime abord, d’où cette petite introduction. Découvrir le chef d’œuvre de Michel Ancel et ses équipes 21 ans après sa sortie initiale est donc un privilège que je ne néglige pas mais aussi, encore une fois, une responsabilité que le testeur que je suis décide de mener à bien, je l’espère tout du moins.
L’univers de Beyond Good And Evil (je vais l’appeler BGE histoire de gagner du temps) se passe en l’an de grâce 2435, sur la planète Hillys où vivent les Hillyen(ne)s (rien à voir avec les Hyliens), en proie à un conflit ouvert avec les DomZ, une espèce extraterrestre belliqueuse qui s’en prend à ses habitants en les enlevant par milliers. Dans leur malheur, le peuple d’Hillys peut compter sur son escouade de choc qui les protège contre l’envahisseur : la Section Alpha, de puissants soldats, courageux et intrépides… Du moins en apparence. C’est ainsi qu’un mystérieux groupe de résistants, le réseau IRIS, souhaite exposer aux habitants la vérité et donc les mensonges de la section Alpha. Au milieu de tout ça, vous incarnez Jade, secondée par son oncle adoptif Pey’j, vous savez, le cochon, une courageuse photographe qui va s’enrôler dans le Réseau et ainsi faire la lumière sur les événements qui secoue la planète. Un scénario fort, poignant, intelligent, qui vous emmènera derrière les lignes ennemies en vous servant de votre appareil photo mais aussi de votre bâton dai-jo avec au programme, de l’action, de l’exploration, de l’escalade, des énigmes, voilà ce que je pourrais dire de BGE sans entrer dans le moindre spoil que ce soit. Parce que oui, même 20 ans après, je vous laisse la surprise intacte.
Au niveau du contenu, là encore, c’est rempli à ras bord sur la tartine. Entre la quête principale, le contenu secondaire ou bien les multiples activités annexes, BGE fournit suffisamment de contenu pour occuper le joueur ou la joueuse pour le/la tenir occupé(e) durant au minimum 14 heures (mais beaucoup plus si vous prenez le temps de tout faire). Vous pourrez donc explorer une multitude d’environnements, que ce soit des donjons ou la vaste cité de Hillys, pour l’époque, le jeu se voulait être immense et plutôt bien fourni en termes de liberté. De plus, vous pourrez à la fois vous déplacer en hovercraft, à pied ou bien, vers la fin du jeu à bord de quelque chose dont je tais volontiers la teneur (mais c’est vraiment cool).
Techniquement parlant, je n’ai rien de négatif à vous remonter, mis à part un freeze en début de partie. Pas de ralentissements, pas de bugs. Tout s’est très bien passé donc. Graphiquement parlant, oui cette version 20ème anniversaire n’est ni un remastered ni un remake mais un vrai travail a été fait de la part du studio Virtuos Games (en supervision avec Ubisoft Montpellier) et la différence se voit, à condition d’aller voir des vidéos du jeu à l’époque de sa sortie. Plus beau donc (et même en 60 FPS !) mais en adéquation avec l’expérience originale. C’est un parti pris de fait. Moi en tant que joueur qui découvre le jeu 20 ans après, c’est un choix que je comprends, puisque j’ai pu découvrir le jeu tel qu’il était à l’époque mais avec des graphismes légèrement remaniés, histoire de lui offrir un léger lifting. Enfin, du côté du gameplay, là encore l’expérience est agréable puisque les contrôles ont été revus, la présence de sauvegarde auto est à saluer, de même que des chargements bien plus rapides sont à noter, rendant donc, une fois de plus, l’expérience bien plus agréable qu’à l’époque. On garde donc l’essence du jeu imaginé dans les années 2000, avec les avantages et les inconvénients qui s’imposent d’eux-mêmes. Je pense par exemple à une certaine rigidité dans le gameplay, notamment lors des phases d’infiltration qui peuvent parfois être source de frustration.
Maintenant, place à la partie la plus difficile de ce test : mon avis. Si cette version 20ème anniversaire vous propose à la fois la genèse du développement, ainsi que le jeu en lui même est une excellente idée, vendue à un prix doux, le tout dans de bonnes conditions, il faut bien vous avouer que découvrir une œuvre aussi âgée m’a été à la fois un plaisir mais aussi un… calvaire. En 21 ans, le jeu vidéo tel qu’on le connait vous et moi a connu des bouleversements majeurs qui l’ont envoyé dans une direction que l’on ne connait que trop bien (la vue TPS caméra à l’épaule de Resident Evil 4 de 2005, le bond en avant en termes d’écriture initié par The Last Of Us, deux exemples parmi tant d’autres) qui fait que découvrir une œuvre vieille de 20 ans, maintenant, en 2024 est une chose bien plus complexe que l’on ne pourrait le croire. Comment appréhender ce à quoi l’on joue ? Comment juger ce qu’on voit ? Comment apposer un jugement juste sans avoir peur d’attirer les foudres des fans mécontents (composante extrêmement importante de notre exercice de testeur/euse) ?
Pour être clair et concis, j’ai passé un agréable moment à pouvoir enfin me cultiver avec une œuvre que j’aurais dû faire il y a de cela très longtemps mais… Cela s’arrête là. Je n’ai pas pris plus de plaisir que cela manette en main, la faute à l’intégralité d’une œuvre datée et hors du temps (je te déteste profondément compagnon H, toi et ton stupide manuel du compagnon dont tu répète ses commandements ad vitam aeternam). Si, pour son époque, BGE avait su être une petite révolution, maintenant en 2024, il faut vraiment être patient ou bien extrêmement nostalgique pour se (re)lancer dans la découverte du titre d’Ubisoft. De sa caméra ultra capricieuse, à son absence totale de narration (ou presque) de sa difficulté déconcertante (parfois les ennemis vous enlève un cœur, parfois deux, parfois on ne sait pas vraiment, c’est à la bonne franquette), du changement parfois incongru des règles qu’il s’est lui même fixé pour changer en cours de route histoire de toujours garder l’avantage sur son joueur, BGE m’aura obligé à jouer avec une solution à côté pour en voir le bout, pratique que je déteste vraiment, mais contraint par des mécaniques archaïques et maintenant dépassée par la technologie actuelle, BGE, dans cette version 20ème anniversaire est à la fois une expérience que tout le monde se doit de faire mais à la fois ne pas faire, ce qui est paradoxal, n’est-ce pas ?
Parce que oui, cette version 20ème anniversaire est un jeu vidéo que tout joueur-euse de jeu vidéo se doit de faire de toute urgence si il ou elle se revendique comme telle. Parce qu’avoir un oeil sur le passé de notre passion est une chose essentielle pour se rappeler que jamais les conditions actuelles de notre passion actuelle n’aura été la plus optimale possible. Parfois, nous nous plaignons, moi le premier, de tel jeu qui n’est pas comme « ça », ou bien trop difficile, trop facile, trop long, trop court, pas en 60 FPS, la liste est encore bien trop longue. Me replonger dans une œuvre aussi âgée me fait donc prendre conscience que tout n’était pas aussi bien avant. Dans les années 2000 donc (et cela s’applique aussi bien avant), les jeux vidéo nous faisaient souffrir, beaucoup, longtemps. Mais ils savaient aussi nous récompenser de la plus belle des manières. Avec leur univers, leur monde, leur héros et héroïnes auquel on s’attache des années et même encore maintenant d’ailleurs. Bref, je pourrais continuer des heures durant sur cet axe là mais je pense avoir réussi à vous transmettre mes sentiments de joueurs ayant pas mal d’années d’expérience maintenant qui a enfin pu découvrir un titre de plus de 20 ans avec des conditions quasi similaires qu’a l’époque de sa sortie. Avec toute la frustration que cela a pu engendrer, j’en ressors toutefois fier de moi, d’avoir enfin pu accomplir BGE. De ce fait, BGE est sans l’ombre d’un doute un jeu qui peut être culte pour énormément de joueurs, et pour l’industrie toute entière, mais pour autant n’est pas forcément intemporel. Malgré ses améliorations non négligeables et inexorables, BGE a pris quelques rides, notamment de gameplay, dont la fluidité d’époque n’est plus la même qu’aujourd’hui, et qui nécessite un certain temps d’adaptation pour peu que vous soyez patients et prêts à refaire un retour vers le passé.
Ubisoft a eu une excellente idée en nous sortant cette édition 20ème anniversaire de Beyond Good & Evil, puisque j’ai enfin pu le découvrir, dans les conditions les plus optimales possibles malgré tout de même le sentiment qu’un vrai remake aurait pu rendre la fête encore plus folle. Si BGE reste toutefois le chef d’œuvre injustement boudé par les joueurs à son époque (malgré son succès critique il a été un échec commercial), les affres du temps et l’évolution de la technologie qui emmène le jeu vidéo là où le connait actuellement a rendu l’expérience de découverte d’un titre aussi vieux de 20 ans un peu laborieuse pour ne pas dire éreintante par moments. J’en retire toutefois la satisfaction d’avoir nourri ma culture de joueur de jeu vidéo. Si auparavant Beyond Good & Evil 2 ne m’intéressait pas (il faut parfois être franc dans la vie), l’idée de revoir Jade et son oncle porcin Pey’j me parait nettement plus séduisante après la complétion de cette édition 20ème anniversaire. Si j’en ressors mitigé aujourd’hui, en 2024, je ne lui enlèverai jamais son influence en son temps, ni son avant-gardisme, et encore moins le pourquoi du comment il est considéré comme culte.
- Pouvoir découvrir les aventures de Jade et Pey’j dans les meilleures conditions possibles sur tous les supports
- Son prix doux pour un retravail inexorable
- Les coulisses du développement du jeu dans la galerie anniversaire est une excellente idée que tout jeu devrait avoir
- L’occasion d’enfin pu accomplir Beyond Good & Evil, c’est pas trop tôt !
- L’OST, très « feel good »
- Les affres du temps sur le jeu a rendu l’expérience un peu éreintante, hélas
- J’aurais vraiment préféré un « vrai » remake pour rendre justice au chef d’œuvre de Michel Ancel
- Une caméra des plus capricieuses
- La rigidité d’antan qui rend certaines phases frustrantes