Il nous aura fallu attendre 13 longues années pour revoir Alan Wake dans ses mésaventures contre une mystérieuse entité pas très commode dans la petite ville de Bright Falls, située dans l’état de Washington. L’attente fut longue, même si en cours de route, Remedy nous a régalé avec Quantum Break en 2016 et le chef d’œuvre Control en 2019. Mais ça y est, on tient enfin la suite d’Alan Wake entre les mains. Pour quel résultat ? Et bien, c’est simple : pour un nouveau chef d’œuvre signé Remedy et Sam Lake.
Version | Numérique PS5 fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | 32 heures |
Histoire terminée | Oui ! |
Complétion totale | 89% (59 trophées sur 67) |
Difficulté | Facile |
Note de la rédaction | J’ai beaucoup sursauté |
Genre(s) | Action, Survival Horror |
Date de sortie | 27 octobre 2023 |
Prix (maximum conseillé) | 59.99€ (ou 79.99€ pour la Deluxe édition avec Season Pass) |
Plateforme(s) | Xbox Series S/X, PC et PS5 |
Voix | Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Japonais |
Textes | Allemand, Anglais, Chinois – simplifié, Chinois – traditionnel, Coréen, Espagnol, Français, Italien, Japonais, Polonais, Portugais, Russe, Ukrainien |
Editeur | Epic |
Développeur | Remedy Entertainment |
Réalisateur(s) | Sam Lake et Kyle Rowley |
Comme dit dans l’introduction de ce test, il aura tout de même fallu, à Remedy, 13 ans pour nous proposer une suite à Alan Wake, sorti exclusivement en 2010 sur Xbox 360 et ayant marqué alors une bonne partie des joueurs et des joueuses à l’époque, de part sa proposition audacieuse et inédite, surtout pour l’époque. Entre temps, le studio nous à proposé Quantum Break, exclusivité Xbox One puis est sorti du giron Microsoft en nous proposant Control, titre multiplateformes, qui est pour moi un chef d’œuvre absolu (mais là n’est pas le sujet). Pendant ce temps là, certes je prend mon pied avec les titres de Remedy mais je réclame toujours une suite à Alan Wake, sans résultat. Jusqu’à ce que le miracle opère en deux temps. Déjà, le studio nous propose une extension pour Control appelée AWE (pour Altered World Event) et surtout son « Remedy Connected Universe« . Puis… L’annonce que je n’attendais plus vraiment : pour commencer, un remastered du premier Alan Wake qui sortira enfin sur PlayStation (dont les joueurs aiment véritablement les expériences solo selon Johannes Paloheimo, le directeur commercial du studio) et surtout une suite à Alan Wake ! C’est lors des Game Awards 2021 que Remedy a décidé de faire cette annonce tonitruante, qui n’a fait qu’un tour dans mon cœur de joueur. Après l’avoir fini une première fois, j’en suis ressorti conquis et surtout lessivé par une expérience marquante.
Mais avant tout autre chose, petite piqûre de rappel. Dans Alan Wake, vous incarnez un écrivain du même nom qui se fait embarqué par sa femme Alice dans la petite ville de Bright Falls pour des vacances bien méritées. Mais tout ne se passera pas comme prévu puisque le couple est alors attaqué par une mystérieuse entité belliqueuse qui enlèvera Alice. Dans une course poursuite effrénée, Alan Wake fera tout pour sauver sa femme et affronter alors cette force ténébreuse. C’est un résumé ultra accéléré des événements du premier opus qui se finit sur un cliffhanger des familles et nous laissera alors sans réponses durant pas mal d’années. Nous sommes en 2023 et le FBI est dépêché à Bright Falls pour faire la lumière sur un meurtre commis par une secte. C’est le point de départ d’une suite qui ne fera pas que répondre à nos questions et ira bien plus loin que ça. Vous incarnerez donc Saga Anderson et Alan Wake et vous découvrirez alors que le studio est en très grande forme.
Pour commencer l’état des lieux de cette suite, sachez que le scénario m’a mit une énorme mandale dans la tête. C’est très bien écrit, et ce, du début jusqu’à sa fin. Si vous avez déjà joué au premier opus ou bien à une production Remedy, sachez que le principe des épisodes TV est conservé mais amélioré, jouit du format TV tout en étant conscient d’être un jeu vidéo. Si au début de l’aventure, vous jouerez exclusivement avec Saga Anderson, très vite, vous aurez le choix d’alterner entre les deux protagonistes, dans l’ordre de votre choix. De mon côté, j’ai accompli toute la partie de Saga en premier pour enchaîner avec celle de Alan et je n’ai remarqué aucune incohérences scénaristique. Si la partie avec Saga rappelle fortement le premier Alan Wake tout en étant inspirée par des œuvres comme True Detective, Seven, Twin Peaks, voire même, une fois de plus, le film de John Carpenter, l’Antre de la Folie, la partie avec Alan est inspirée d’Inception de Christopher Nolan entre autre. Le tout est également inspirée de jeux tels que Resident Evil 2 (Remake) et Silent Hill. Si je vous dit tout ça, ce n’est pas anodin puisque le gameplay est fortement inspirée du remake de Resident Evil 2, de sa prise en main lors des gunfights par sa gestion de l’inventaire en cases. Enfin, j’évoque avec vous la mécanique du Palais Mental dont jouissent les 2 personnages principaux. Si c’est Saga Anderson qui l’utilisera le plus, cette partie de l’aventure nous proposera alors d’entrer littéralement dans leur tête pour faire le point sur la situation à l’aide des indices précédemment récoltés et nous offre alors la possibilité d’avancer dans l’enquête. Le tour de force opéré par le studio c’est qu’en passant du palais mental à la réalité, on se rend compte que c’est sans aucun temps de chargement, et à la volée. Ca surprend au début pour au final nous faire comprendre que le studio réussit là un petit miracle qui pourrait alors être une petite évolution dans l’industrie, oui rien que ça.
En ce qui concerne Saga, sachez que Bright Falls se veut maintenant être un semi monde ouvert, avec ses zones rattachées les unes aux autres et une fois une zone découverte et explorée, vous pouvez y revenir comme bon vous semble pour continuer de l’explorer et y découvrir de nouvelles zones jusqu’alors fermées. Pour Alan, vous resterez dans la même zone, mais, elle aussi, libre d’exploration. Je n’en dis pas plus, histoire de vous laisser la surprise intégrale mais sachez juste que sa partie à lui détonne radicalement de Bright Falls, en termes de cadre mais aussi et surtout d’ambiance. L’un dans l’autre, préparez vous à être bousculé(e)s puisque les deux zones savent cultiver sur nos peurs les plus personnelles et savent exploiter les légendes urbaines de leurs deux cadres, tout en réussissant à nous offrir une identité propre. En termes d’ambiance donc, là encore c’est un carton plein et Alan Wake 2 n’a pas à rougir face aux mastodontes du genre sorti il y a de ça quelques mois (The Callisto Protocol, Resident Evil 4 Remake et Dead Space Remake) et peut même s’assoir à leur table avec un sourire grand comme ça. Néanmoins, ne vous attendez pas à faire face à un bête action survival-horror de plus, Alan Wake 2 se concentre avant tout sur son aspect enquête. Il y a tout de même des combats mais ils se veulent être moins nombreux mais plus intenses. Ce qui fonctionne vraiment puisque quand les ennemis débarquent après une vingtaine de minutes sans personne, leur arrivée nous met dans une situation d’urgence qui rompt alors un peu notre tranquillité.
De plus, durant l’intégralité de mes sessions de test sur Alan Wake 2 et relativement tôt dans l’aventure, je n’ai eu de cesse de ressentir que Remedy avait été plus que marqué par le remake de Resident Evil 2, j’en veux pour preuve le gameplay en vue à la 3ème personne (qui a été légèrement remanié par rapport au premier mais dont on ressent une nette différence) au système d’inventaire en cases (sans parler du stockage), les raccourcis pour la croix directionnelle avec pour finir les sensations lors des bastons qui font vraiment penser aux mêmes sensations que le remake. Qu’elle ne fut pas ma surprise, lors de l’écriture de découvrir qu’effectivement le studio, lors du développement de cette suite, fut bouleversé par le remake de Capcom et sa réception critique et commerciale:
« Juste au moment où nous élaborions le concept d’Alan Wake 2, Capcom a publié le remake de Resident Evil 2. La capacité de ce jeu à moderniser un classique vieux de 20 ans et son accueil incroyable nous ont définitivement rendus plus confiants dans notre décision de changer de genre. »
Et la réflexion que je me suis faite, c’est que nous sommes en train d’assister au fait qu’un remake ait réussi à inspirer l’industrie pour relancer un processus créatif vers l’avant, j’en prend pour preuve Alan Wake 2 qui a réussit à nous proposer sa propre identité en ayant tout de même une inspiration revendiquée et assumée.
Sur la partie graphisme, je ne vais pas y aller par quatre chemins mais le moteur Northlight Engine fait des merveilles et nous gratifie d’une claque graphique du début à la fin. Des extérieurs de jour comme de nuit, des intérieurs qu’ils soient urbains ou bien ruraux ainsi que des visages, le studio maitrise réellement son moteur, qu’il a sans doute modernisé pour l’occasion (le bond est réel entre Control et Alan Wake 2), le tout sans temps de chargement entre le palais mental et la « réalité ». Bref, là encore, le studio mérite vraiment tout mon respect. Seule ombre au tableau (qui arrivera un peu plus tard), c’est bien évidemment l’absence d’un mode photo qui aurait pu sublimer encore plus l’expérience. Mais comme j’ai l’intention d’y jouer encore ce test sorti (pour décrocher le platine entre autre), j’aurai l’occasion de faire mumuse avec l’outil plus tard.
J’ai failli oublié d’en parler mais la bande originale d’Alan Wake 2 est juste énormissime. Une habitude chez Remedy mais il ne faut pas oublier d’en parler puisque le groupe Poets Of The Fall qui ici joue celui de Old Gods of Asgard est toujours de la partie et nous offre toute son énergie pour nous offrir une bande son de malade mental.
Du côté de la technique, j’y ai joué d’entrée de jeu en 60 FPS et je n’ai essuyé aucun ralentissements ni aucun freezes mais comme c’est Remedy, j’ai eu droit à beaucoup de choses vraiment amusantes. Pour commencer, vu que j’y ai joué avec le doublage français, j’ai eu droit à une désynchronisation des voix. Comme pour Control en son temps, j’ai donc décidé d’y jouer en version originale sous titrée français (VOSTFR). Je me suis vite rendu compte que les sous titres étaient soit en avance par rapport aux dialogues, soient très en retard. Je suis donc repassé une nouvelle fois en français. Qu’elle ne fut pas ma joie de découvrir que certains dialogues étaient en français puis passaient en anglais pour repasser en français. J’ai même eu droit à de l’espagnol à un certain passage de l’aventure ! Si pour d’autres, cela risque d’entacher leur expérience, j’ai décidé que cela n’affectera ni mon avis sur Alan Wake 2 ni sa note finale puisque si en effet, il aura été vraiment de bon ton que le studio répare tout ça le jour de la sortie avec un solide patch dit day one ou alors de repousser la sortie du jeu, je considère que ce n’est pas si grave que cela puisse en paraître. J’espère juste que le studio est au fait de la situation et réglera ça rapidement puisque je rappelle que pour Control le doublage FR et son énorme décalage voix-personnage n’a jamais été réglé, 4 ans après sa sortie, avec une ressortie sur consoles actuelles de surcroit!
13 ans sans nouvelles d’Alan Wake et le temps commençait à être long. Mais son retour, alors que l’on aurait pu craindre une fausse note sonne non pas comme un miracle mais comme une énorme gifle. Tout dans Alan Wake 2 est d’une significative réussite. De son écriture, à sa mise en scène, ses personnages, ses graphismes, ses ambiances, sa durée de vie menée tambour battante jusqu’à la fin (après 32 heures, un record pour un survival-horror !), Remedy signe là un retour fracassant pour son écrivain. Sans parler de son intention de nous proposer son univers connecté entre Alan Wake et Control, le studio peut être fier de cette suite d’une incontestable réussite. Néanmoins, seule ombre au tableau, les quelques bugs mentionnés plus haut qui peuvent gâcher la fête de certains ainsi que l’exclusivité dématérialisée de cette suite. Si une fois que j’ai fini cette suite, je peux comprendre le pourquoi du comment (sans rentrer dans les détails), il est dommage de voir que la fête aurait été plus folle sans ces ombres au tableau. En l’espèce, Remedy ne se moque pas de ses fans les plus assidus et nous offre un nouveau chef d’œuvre dont lui seul à le secret. J’ai maintenant hâte de deux choses : la suite de Control et de Alan Wake 3. Oui je suis très gourmand mais quand c’est tellement bon, j’en redemande jusqu’à plus faim.
- Une claque graphique, ni plus ni moins
- Un scénario et une narration d’une incontestable réussite
- Une mise en scène remarquable
- Saga Anderson, Alan Wake et les autres protagonistes tous criants de vérité
- Une durée de vie record, sans temps mort
- Une bande son marquante
- Des ambiances qui marquent durablement
- Une direction artistique réussie
- Un Remedy Connected Universe d’une surprenante insolence
- La mécanique du Palais Mental à la volée d’une franche réussite
- Réussir à s’inspirer des plus grands est une chose, les respecter pour à son tour proposer sa propre œuvre en est une autre
- Les quelques bugs quant à la piste audio auraient pu et même dû être évités au jour de la sortie, espérons que le studio soit au courant de la situation pour les régler au plus vite
- Pas de mode photo au lancement, c’est dommage tant on en prend plein la tête
- Exclusivement en dématérialisé, c’est dommage de se priver d’une partie du public de la sorte
Hello. Merci pour ce test. J’ai beaucoup entendu parler de ce jeu avant qu’il sorte et j’avais très envie d’y jouer. Cependant, je voulais être sûr qu’il en vaut le coup. Ton article m’a convaincu !