Depuis 2023, on connait Microids Studio Lyon pour son Crime de l’Orient Express qui mélangeait subtilement, avec un certain brio, modernisation et revisite d’un classique et fidélité à son œuvre originale. Véritable coup de cœur pour cette réinterprétation inédite du roman d’Agatha Christie, il était évident que j’attendais avec impatience l’annonce du futur projet du studio. Et il n’a pas tardé. En décembre 2024, le studio annonce être sur un nouveau jeu: Mort sur le Nil, issu du roman éponyme publié en 1937 (et mon roman préféré d’Agatha Christie, soit dit en passant). Nous voilà en septembre 2025, et il arrive ce jeudi 25 septembre. Et à l’instar de son prédécesseur, j’ai eu la chance de pouvoir le terminer avant sa sortie pour vous en proposer mon test. En croisière, monsieur Poirot!
| Version | Numérique sur PS5, fournie par l’éditeur |
| Temps de jeu | 25h |
| Histoire terminée | Oui |
| Complétion totale | 24% des trophées débloqués |
| Difficulté | Détective (Normal) |
| Genre(s) | Action, Aventure, Enquête, Enigmes |
| Date de sortie | 25 septembre 2025 |
| Prix (maximum conseillé) | 39€99 en version numérique, 49€99 en édition physique |
| Plateforme(s) | PS5, Xbox Series X|S, Nintendo Switch et PC |
| Voix | Français, Anglais, Allemand |
| Textes français | Oui |
| Connexion obligatoire | Non |
L’intrigue démarre au « Chez ma Tante« , transformé en bar/boîte de nuit pour l’occasion, en 1974. Nous y retrouvons notre célèbre détective privé, Hercule Poirot. Il y fait la connaissance de Jane Royce, qui exerce la même profession, véritable fan de l’enquêteur à moustache. Censé être là pour profiter d’un moment de répit entre deux enquêtes, voilà qu’un larcin d’un objet de grande valeur vient d’être fait. Ce qu’il ne savait pas en résolvant cette première affaire, c’est qu’il retrouverait la quasi totalité des personnes présentes ce soir là au cours d’un voyage en Egypte à bord du Karnac, un bateau de croisière sur le Nil, quelques mois plus tard.
Je me contente de vous résumer très grossièrement les premières minutes de cette adaptation du roman et les prémices de l’intrigue. Si vous l’avez déjà lu, vous connaissez déjà les tenants et les aboutissants de l’affaire qui va suivre, en tout cas, celle pour lequel le roman porte ce nom. Pour les autres, je tairais évidemment le qui, quoi, quand, comment, pourquoi et autres questions que vous pourriez vous poser. Sachez juste que le roman, et par extension le jeu, portent bien leur nom. Oui, un mort il y aura.
Mort sur le Nil, à l’instar de la précédente adaptation du studio, est fidèle au roman duquel il est issu, autrement dit, on retrouve de nombreux personnages du roman, son intrigue, ses suspects, son cadre et ses mystères. Mais, à l’instar du Crime de l’Orient Express, Microids Studio Lyon va aussi se prêter au jeu de la réinterprétation portée par le personnage de Joanna Locke dans ce dernier, remplacée dans cette nouvelle affaire par Jane Royce, mais va au passage transcender la proposition. En effet, grâce à ce nouveau personnage, nous allons suivre une deuxième affaire, en parallèle de celle de monsieur Poirot. Affaire inédite donc, au même titre que le personnage en lui-même, je tairais évidemment tout ce qui la concerne pour n’entacher aucunement votre découverte et le mystère qui entoure cette affaire.
Une proposition audacieuse, qui mêle une histoire déjà connue à une autre totalement inédite et imaginée des petites cellules grises du studio. Si l’idée est excellente et l’exécution tout autant, cette nouvelle adaptation (à l’instar de nombreux romans de l’autrice, Mort sur le Nil a eu droit à diverses adaptations au cinéma, théâtre, etc) peut également laisser s’échapper quelques longueurs scénaristiques (le chapitre 7 est beaucoup trop long pour son propre bien par exemple). En termes de durée de vie, le studio a doublé celle du Crime de l’Orient Express passant de 10-12h à une bonne vingtaine pour venir à bout de l’aventure. Cela n’empêche toutefois pas de profiter de cette enquête à sa juste valeur, autant pour la (re)découverte du roman que pour l’ajout personnel du studio qui réussi à garder une cohérence palpable aussi bien entre les deux affaires, qu’en termes d’écriture. Le studio se forge sa propre patte et apporte une nouvelle identité au roman d’Agatha Christie sans le dénaturer pour autant au travers de la plume de Lee Sheldon, déjà à l’œuvre sur le jeu précédent.
En termes de gameplay, Mort sur le Nil reprend vraisemblablement les mêmes mécaniques que son prédécesseur. On retrouve donc un jeu entièrement centré sur des énigmes à résoudre mais aussi son fort attrait pour les interrogatoires et les déductions au travers de la carte mentale qui centralise tous les indices récoltés au fil de nos enquêtes. Outre le fait de nous aiguiller vers les pistes à suivre, les interrogatoires à mener, les endroits à examiner, la carte mentale permet également de faire des déductions sur nos récentes découvertes et retrancher entre eux les différents indices. Une mécanique qui se veut donc centrale, et bien plus tentaculaire que dans le jeu précédent.
Si le studio reprend des mécaniques qu’il a déjà mis en pratique auparavant, ce sont bien évidemment les nouveautés qui nous intéresse. Du côté d’Hercule Poirot, on découvrira la reconstitution des événements pendant lesquelles on devra retracer les faits et gestes des personnages sur une courte période (de quelques minutes seulement) ainsi que la possibilité d’écouter des conversations à l’abri des regards indiscrets. Du côté de Jane Royce, on découvre également l’introduction de nouvelles mécaniques, le crochetage et la filature (à pied) ainsi qu’un système de choix. Si le système de crochetage est un petit casse-tête à résoudre tout ce qu’il y a de plus classique, la filature se voit un tantinet perfectible dans son exécution. En effet, il arrivera à de nombreuses reprises de ne pas vraiment comprendre pourquoi on a été démasqués alors qu’on gardait notre cible à bonne distance et que celle-ci n’avait pas vraiment de raison de se sentir suivie. Quant aux quelques choix que nous aurons à faire, ils auront une incidence sur le scénario sur le long terme. Autrement dit, Microids Studio Lyon apporte ici à son jeu une dimension de rejouabilité lui donnant une raison de le refaire (à minima une seconde fois).
Mais dans l’ensemble, le studio réussit une nouvelle fois à transcender la proposition précédente en apportant de nouvelles couches de gameplay avec la profondeur qui en découle pour un jeu du genre. On quitte également le huis clos pur du jeu précédent pour découvrir de nombreux décors, de l’Egypte en passant par Majorque et autres environnements à arpenter, ainsi que des zones plus ouvertes, permettant donc un peu plus d’alterner entre les nombreuses mécaniques introduites.
On reconnait volontiers l’évolution graphique entre le premier jeu du studio et Mort sur le Nil, qui, rappelons le, n’ont que deux ans d’écart. Les expressions faciales ont été grandement améliorées, la qualité graphique globale également, les décors sont absolument somptueux, les effets d’ombres et de lumière, les détails, les intérieurs, bref il est indubitable de voir l’immense gap entre le Crime de l’Orient Express et Mort sur le Nil. Le character design a cette fois-ci été confié à Arthur Boccard pour proposer là encore une nouvelle interprétation des personnages et garder cet esprit d’univers autour d’Hercule Poirot tout en gardant la description faite par Agatha Christie. Au niveau des quelques « regrets », c’est le character design des PNJ « figurants » qui pourrait décevoir. En effet, on aura tendance à retrouver le même personnage à plusieurs reprises dans la même zone, ce qui peut casser un peu l’immersion.
Le Crime de L’Orient Express
Mort sur le Nil
Aussi beau puisse-t-il être, Mort sur le Nil ne serait rien sans son ambiance et plus particulièrement son ambiance sonore. En effet, on retrouve à la composition le duo Jean-Luc Briançon et Roman Perreton qui avaient déjà rendu une excellente copie sur le jeu précédent. Pour ce deuxième jeu, ils ont gardé cette idée de transcender le jeu précédent, et en matière d’ambiance musicale, le pari est très largement gagné. En effet, je ne compte plus le nombre de fois où Mort sur le Nil a eu cette « vibe » très l’Arme Fatale (la série de films des années 90) avec ses morceaux de blues et ses solos de guitare. Un vrai bonbon pour les oreilles.
Pour ce qui est de son carton de doublage, on retrouve Julien Chatelet dans le rôle de notre célèbre détective belge, rejoint par Emilie Duchênoy (Gabby Arteta dans Severance, ou encore Anne ‘Jadis’ Stokes dans The Walking Dead et ses spin-off) dans le rôle de Jane Royce, qui donneront également la réplique à Chantal Baroin, ou encore Martial Le Minoux. Un casting 5 étoiles pour une interprétation bien plus convaincante que dans le Crime de l’Orient Express qui pouvait parfois être perfectible et peu impliquée.
Si Le Crime de L’Orient Express avait été un véritable coup de cœur en 2023, il en est de même pour ce Mort sur le Nil. Une proposition transcendée par la présence plus que récurrente d’un nouveau personnage inédit, permettant de revisiter une nouvelle fois un classique d’Agatha Christie (et pas des moindres, mon préféré), en apportant un second scénario à l’intrigue originale tout en gardant l’enquête principale et ce qui fait le sel du roman. En termes de gameplay, Microids Studio Lyon conserve les forces de son premier jeu, tout en les améliorant et ajoutant de nouvelles couches de gameplay qui permettent de lui apporter une nouvelle profondeur. L’évolution graphique est également de la partie, sans oublier son incroyable ambiance musicale très polar, très l’Arme Fatale (et c’est un immense compliment que je lui fais). Malgré tout, il est aussi pourvu de quelques imperfections, notamment de nombreuses longueurs scénaristiques, un risque auquel il fallait s’attendre quant à l’ajout d’une seconde enquête au cœur de l’histoire, qui permet au passage de doubler la durée de vie du jeu. Cela étant dit, Microids Studio Lyon signe une fois de plus une excellente adaptation, et une revisite et une modernisation d’un classique de la littérature efficace et rondement menée par notre duo de détectives!
- L’intrigue de Mort sur le Nil toujours aussi exceptionnelle à (re)découvrir
- L’ajout d’une seconde enquête en parallèle menée par Jane Royce
- Les nouveautés de gameplay qui apporte encore un peu plus de profondeur au genre
- Visuellement magnifique
- L’OST incroyable, avec ses quelques moments très L’Arme Fatale
- Le système d’indices jamais intrusif
- De nombreuses zones sur lesquelles enquêter
- Les phases de filature perfectibles dans leur exécution
- Quelques longueurs scénaristiques
- Le character design de certains PNJ « figurants » trop répétitif
