
Déjà auteur pour Third Editions avec le livre Entre les mondes de Death Stranding, Antony Fournier frappe à nouveau et nous propose cette fois-ci de revenir sur la vie mouvementée d’un des génies du jeu vidéo : Goichi Suda, ou Suda51 pour les intimes. De sa jeunesse jusqu’à maintenant, l’auteur nous propose de revenir sur la carrière bien mouvementée du papa, entre autres, de No More Heroes, Killer 7 ou bien encore de Killer is Dead.

Editeur | Third Editions |
Prix | 29€90 |
Date de sortie | 13 mars 2025 |
Nombre de pages | 295 |
Format | 160 x 240 mm |
Illustration | Kojiro Kondo/Jhony Caballero |

Sur 295 pages, Antony Fournier retrace donc la vie de Goichi Suda entre sa jeunesse, mouvementée, son adolescence (qui l’est tout autant) et son arrivée à Tokyo où il enchainera des petits boulots (dont certains sont surprenant). Mais il faudra attendre la fin des années 90 et l’aube de l’an 2000 pour que Goichi Suda se découvre l’amour du développement de jeux vidéo. De son premier jeu vidéo chez un éditeur maintenant disparu jusqu’à Grasshopper Manufacture, ce livre retracera pratiquement 40 ans de la carrière d’un développeur tantôt comparé à Tarantino, tantôt à une sorte d’escroc.
« Les jeux de Suda, souvent maltraités, régulièrement adulés, sont toujours plus que la somme des références qu’ils déroulent. Le meilleur moyen de comprendre les œuvres de Suda reste, toujours, de les expérimenter soi-même, sans aucune préconception sur ce qu’est ou non un jeu vidéo – en tuant nous même notre passé de joueur pour apprécier d’un œil neuf les nombreuses expériences offertes par Grasshopper Manufacture » – Antony Fournier – L’Œuvre de Suda51 Punk!, Suplex et ]jeu vidéo[ – Third Editions – page 8
Scindé en deux parties, L’ Œuvre de Suda 51 Punk!, Suplex et ]jeu vidéo[ est littéralement un pur bijou de lecture pour quiconque a déjà jeté ses mimines sur un jeu vidéo de Suda51. Ecrit de façon totalement fluide, sauf vers la fin où l’auteur rentre dans les détails des œuvres de Suda avec un sens presque maladif du détail trahissant le travail de titan abattu par Antony Fournier (dont je tire le chapeau, je n’ose imaginer les longues journées a compiler les nombreuses sources nécessaire à l’écriture de ce livre), le livre se lit rapidement pour quiconque souhaite soit découvrir la carrière de Goichi Suda ou soit, comme moi, étant totalement fan du monsieur, se replonger dans les méandres de la psyché d’un auteur atypique et singulier.

L’auteur prend le temps de revenir en détail sur les plus belles réussites du studio et de son homme fort (No More Heroes, Killer 7, Lollipop Chainsaw) mais aussi sur la plus grosse défaite du monsieur, Shadows Of The Damned, qui aura souffert avant, pendant et après son développement chaotique.
« Pourtant, aujourd’hui encore, lorsque Suda parle de Shadows of the Damned, il ne parle en fait souvent que de Kurayami. Plus que tout autre titre passé ou à venir de Grasshopper, celui-ci sonne, rétrospectivement, comme une cicatrice créative qui n’est toujours pas tout à fait refermée. » – Antony Fournier – L’Œuvre de Suda51 Punk!, Suplex et ]jeu vidéo[ – Third Editions – page 133
Puis, pour clôturer le tout, l’auteur nous propose une analyse poussée du développeur casseur des codes en revenant plus longuement au travers d’une analyse pointue, longue mais précise sur ce qui motive Suda 51 ainsi que les thèmes évoqués dans l’ensemble de ses œuvres, avec toujours ce petit fil rouge qui lie chacun des jeux vidéos du punk du jeu vidéo.

Si je ne rentre pas plus dans les détails, c’est pour vous laisser la surprise intégrale lors de votre lecture puisque à l’instar d’un jeu vidéo estampillé Suda51, ce beau bébé de 295 pages n’attend que vous pour vous offrir tout ce qu’il a dans le ventre et se permet de dévoiler énormément de choses sur la vie de Goichi Suda. Pour ma part, si j’ai découvert le monsieur avec son No More Heroes sur Nintendo Wii (2007) où l’on suivait les aventures de Travis Touchdown le personnage qu’aime tellement Suda, au point de lui offrir une conclusion avec Travis Strikes Again et No More Heroes 3 (respectivement sortis en 2019 et 2021), j’ai toujours eu à cœur de suivre chacun de ses jeux vidéo tout au long de ma vie de joueur, aimant vraiment le caractère imprévisible de Suda.
« Petit à petit, son image se développe dans les médias et auprès de son public, son mythe se construisant au fil de déclarations fanfaronnes, sortant de l’ordinaire, largement reprises et amplifiées par les magazines et sites de jeux. » – Antony Fournier – L’Œuvre de Suda51 Punk!, Suplex et ]jeu vidéo[ – Third Editions – page 108
Alors quand l’occasion de me plonger dans la lecture de cet ouvrage, pour découvrir la vie d’un auteur que je chérie dans un coin de mon cœur de joueur, je n’ai pas hésité une seule seconde me permettant de me rendre compte que j’ignorais tout ou partie d’une personne qui a, au travers de ses œuvres, su me parler comme je l’aimais : sans filtre, en brisant des codes bien établis et souvent un peu ridicules d’un média qui se fait de plus en plus vieux d’année en année et qui pourtant reste si jeune à mes yeux.

« Loin de chercher le réalisme absolu, chimère après laquelle tant de jeux courent, les titres de Grasshopper adoptent au contraire avec insolence un aspect kitsch, bruyant, arcade, conscients que l’immersion ne passent pas par la technologie et par le seul visuel, que l’écran face à l’utilisateur est à la fois une distance immuable et un pont vers celui-ci avec lequel on peut jouer sans fin. Cette obsession pour le « quatrième mur » qu’il représente peut paraître ironique lorsqu’on considère que ce sont au fond les mêmes types d’idées qui mènent certains développeurs sur la voie du réalisme et qui poussent d’autres développeurs à s’en éloigner au maximum. » – Antony Fournier – L’Œuvre de Suda51 Punk!, Suplex et ]jeu vidéo[ – Third Editions – page 248
Je finirais par remercier et féliciter Antony Fournier, l’auteur de ce livre, qui m’aura vraiment immergé comme jamais dans une lecture passionnante, intelligente, qui m’aura permis de renouer le temps d’un instant avec la vie tumultueuse de Goichi Suda, l’un de mes auteurs de jeux vidéo favori, qui tout au long de sa vie, n’aura eu de cesse de m’étonner, de me faire réfléchir sur ma passion et ce que doit être ou non un jeu vidéo selon lui, avec brio.