Sorti au Japon en février 2020, l’annonce de la suite de Persona 5 était attendue de pieds fermes par les fans occidentaux, et le temps commençait à être long. Mais Persona 5 Strikers s’est enfin trouvé une date de sortie en Occident en décembre dernier pour débarquer officiellement le 23 février prochain sur PS4, Nintendo Switch et PC dans nos contrées.
Après le succès des épisodes canons des Voleurs Fantômes, Persona 5 et Persona 5 Royal respectivement sortis en 2017 et 2020, Atlus ont décidé d’exploiter le plein potentiel de sa licence et plus particulièrement de ce cinquième épisode acclamé par la critique et se sont alliés aux maîtres des Musô (Dynasty Warriors like), Koei Tecmo et Omega Force pour mettre en œuvre une nouvelle aventure du groupe d’adolescents voleurs de cœurs. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir vous proposer mon avis quelques jours avant sa sortie, un immense merci à Koch Media France pour cette opportunité.
Persona 5 Strikers est-il la suite que nous désirions? Ce nouveau genre colle-t-il avec l’identité de la licence? Je me suis attelée corps et âme pour tout vous dire (non, pas tout, article garanti sans spoilers) sur cette suite!
Souvenez-vous, en 2017 (ou en 2020 pour les allergiques à la langue de Shakespeare), nous rencontrions les Voleurs Fantômes, un groupe d’adolescents dont les pouvoirs étaient de se rendre dans le metavers, le monde psychique, dans lequel ils pouvaient avoir accès aux Palais de personnes malveillantes et dont le rêve et les désirs n’étaient basés que sur leur propre réussite, quitte à en commettre les pires crimes. Une seule chose à faire: voler leurs cœurs et leur faire subir une metanoïa pour qu’ils se repentent de leurs actes. C’est à la première version que Persona 5 Strikers fait suite (et non Persona 5 Royal et son contenu additionnel). Voici ce qu’il nous raconte.
Après les évènements de Persona 5, le groupe des Voleurs Fantômes se dissout, un peu par la force des choses, chacun vaque à ses occupations, dans des établissements différents et dans des villes différentes. L’intrigue commence 6 mois après avoir sauvé le monde. Le protagoniste et ses acolytes se retrouvent une nouvelle fois à Shibuya pour passer leurs vacances estivales ensemble. Mais les choses se passent un peu différemment que prévu. Une épidémie de Metanoïa fait rage dans plusieurs villes du Japon, et le nom des Voleurs Fantômes est le premier à retentir quant à ces événements mystérieux. Il est temps pour eux de prouver leur innocence, retrouver le véritable coupable et laver leur nom. Des vacances loin d’être de tout repos pour notre groupe de justiciers préféré. Ils devront parcourir de nombreuses villes japonaises pour arriver à mettre un terme à cette menace. Mais ils ne sont pas au bout de leurs surprises. Nouveaux ennemis, nouveaux lieux, nouvelle mission, nouveaux alliés, de Tokyo à Osaka, le chemin vers la vérité mènera les Voleurs Fantômes à travers un road trip des plus mouvementés.
Quelques mois après la sortie d’Hyrule Warriors L’Ère du Fléau sur Nintendo Switch qui promettait une préquelle à Breath of The Wild, son plus gros défaut s’est avéré être son scénario qui manquait de cohérence, faute à quelques couacs scénaristiques, le sortant ainsi de sa timeline de prédilection, la question quant à l’écriture et l’histoire de Persona 5 Strikers pouvait donc se poser. Soyez rassurés, il n’en est rien. Persona 5 Strikers bénéficie de l’écriture qu’on connaissait à ses prédécesseurs et qu’il mérite. Quant au scénario en lui-même, il continue dans la lignée des épisodes précédents: les questions que l’on peut se poser trouvent leurs réponses, les thèmes abordés sont toujours aussi poignants, et les quelques allusions à l’épisode canon font mines qu’il n’oublie pas d’où il vient. Si le terme suite est bel est bien utilisé pour qualifier P5S, l’obligation d’avoir fait Persona 5 ne se fait clairement pas ressentir. Bien que les références soient là, le jeu prend le temps de réexpliquer certains termes (en condensé, c’est un fait) et ce qu’il est important de comprendre. En termes de narration, le schéma de Persona 5 est repris: les longues discussions entre deux phases de gameplay seront de la partie, si Persona 5 Strikers a bel et bien décidé de nous dépayser ce n’est pas de ce côté là.
Car vous le savez tous, P5S troque le genre JRPG au tour par tour pour un gameplay nettement plus tourné action, et plus précisément Musô. Au tour de la licence Persona de s’adonner aux combats contre un nombre incalculable d’ennemis. Mais si le genre est bien présent, Atlus n’a pas pour autant décidé de se la jouer comme tout le monde.
En effet, le genre nous habituait à des phases de gameplay et un HUD qui lui est propre: affichage du nombre de K.O, prises de bases, objectifs bien particuliers, conditions de défaite et j’en passe. Ici, Persona 5 Strikers ne s’est accommodé que du strict minimum soit juste les hordes d’ennemis par centaines. Par conséquent, seule l’absence du tour par tour nous dépayse, ainsi que l’apprentissage du gameplay de tous les personnages, mais cela ne dure qu’un temps. Pour le reste, on sait ce qu’on a à faire et comment on doit le faire. Les palais se sont transformés en prisons, et on ne récupère plus des trésors mais des désirs (je vous laisse le soin de découvrir le pourquoi du comment par vous-mêmes évidemment) mais la base est la même. On joue des différents atouts des Personae pour vaincre nos ennemis en abusant de leurs faiblesses, chaque personnage récupère son rôle de prédilection (DPS/soigneur/tank/soutien), on passe par de courtes phases d’enquête et on combat sans relâche les Ombres dans le Metavers. La fusion de Personae est elle aussi de retour, bref tout ce qui de Persona 5 ce qu’il est nous accompagne tout au long de ce nouveau périple.
Et même si le tour par tour est abandonné, ce n’est pas pour ça que la difficulté lié au genre ne répond pas à l’appel. Non, Persona 5 Strikers sait se montrer intransigeant face à certains ennemis, il faut donc savoir allier prise de puissance, stratégie d’équipe, armes, armures et Personae. Certains boss savent vous faire comprendre que vous n’êtes pas à la hauteur et qu’il faudra revenir plus tard. Malheureusement, alors que Persona 5 proposait le Memento pour farmer nos niveaux de personnages, P5S quant à lui ne propose pas d’alternative équivalente. Ainsi, la prise de puissance se révèle être un peu plus fastidieuse et chronophage mais se rattrape sur la présence d’un arbre de compétence unique pour tous les personnages jouables à alimenter grâce aux points de lien.
Quoiqu’il en soit, ce changement drastique n’entache en rien l’identité de la licence et se révèle être aussi efficace en termes de plaisir de jeu qu’un JRPG classique. On notera tout de même qu’à l’écran, les phases de combats sont extrêmement chargées visuellement quand on regarde le nombre d’ennemis affichés, l’équipe de 4 Voleurs Fantômes ainsi que leurs Personae que l’on peut invoquer « manuellement » mais qui peuvent aussi se manifester seules, en somme on peut vite se perdre dans l’action, le tout avec une caméra qui fait parfois un peu ce qu’elle veut. Les combats sont incroyablement dynamiques bien qu’on peut leur reprocher une certaine latence de déplacement lors d’un changement de personnage en pleine action, pour peu que l’on choisisse un Voleur Fantôme en mauvaise posture, le temps que le joystick réponde et ça peut tourner au drame. Afin de vous donner une idée de ce que je veux vous dire ici, voici une courte vidéo de quelques phases de combats, notamment contre des mini boss (au passage, la fin de la vidéo permet de voir le seul défaut graphique/technique que j’ai rencontré):
La version ici traitée est celle de la PS4 jouée sur PS5. Quoi qu’il en soit, la direction artistique de Persona 5 est une nouvelle fois au rendez-vous pour le plus grand bonheur des fans. Le style cel shading aux allures d’animé qui va à ravir au jeu est toujours là ainsi que ses cinématiques mises en scène avec le plus grand soin, leur effet wow, ainsi que de surprise et la classe qu’on incombe aux Voleurs Fantômes aussi. Son charme opère toujours aussi bien, et techniquement je n’ai quasiment rien à lui reprocher. Fluide, je n’ai remarqué aucune chute de framerate, stable, aucun crash, et aucun bug. En revanche, j’ai remarqué de temps à autre un clignotement prononcé sur certaines textures, sans que ce soit systématique, lors des coup spéciaux ou All Out Action.
En termes de level design, Atlus et Omega Force se dont adonnés à quelque chose d’assez simple et linéaire et ne laissent que de peu de place aux feintes. Pour autant, les décors sont inspirés et variés, à l’image des villes que l’on est amenés à visiter, les phases d’exploration prenant une grande place dans le jeu, cela permet de ne pas se perdre dans la redondance. Et il en est de même pour le character design et le bestiaire global. Si les Ombres et Personae les plus emblématiques de la licence sont de la partie, on leur a attribué à chacune une zone spécifique, on ne les revoit pas d’une prison à l’autre.
Côté contenu, il m’a fallu 45h pour voir le générique de fin, et en ayant terminé une bonne soixantaine de requêtes secondaires. Effectivement, cela ne vaut pas la centaine d’heures de Persona 5, mais sa durée de vie reste honorable. Alors que l’Ere du Fléau proposait un contenu secondaire démentiel presque trop omniprésent et démoralisant, Persona 5 Strikers a su se trouver un juste milieu pour ne pas décourager ses joueurs. Les requêtes sont assez courtes, et diverses dans chaque prison qu’on est amenés à visiter. Alors que le genre a pour habitude de titiller la répétitivité, P5S réussit à ne pas en arriver jusque là.
Persona 5 a-t-il eu droit à une suite qui lui est digne? A mon avis, sans le moindre doute. Si Persona 5 Strikers a changé son fusil d’épaule en termes de gameplay, il a su conserver l’essence de son prédécesseur dans son écriture et les thèmes qu’il aborde. Le genre Musô peut dérouter les premiers temps, c’est indéniable, on peut surtout lui reprocher un certain bazar durant les phases de combats et une caméra parfois capricieuse mais au bout du compte le plaisir de jeu reste indemne. On félicite évidemment le choix de proposer les sous-titres localisés, pour le plus grand bonheur des non anglophones, qui s’avèrent une nouvelle fois particulièrement réussis. Si l’attente de son annonce fut interminable, Persona 5 Strikers est clairement fin près à débouler sur nos consoles et PC et nous faire vivre une nouvelle fois une aventure mémorable, le tout sublimé par l’inoubliable bande originale de Persona 5 (et Royal), légèrement revisitée, mais qui nous reste toujours autant dans la tête des heures durant. Les Phantom Thieves of Hearts n’ont pas finit de nous surprendre!
Les plus
- Un nouveau scénario poignant et fascinant
- Les nouvelles mécaniques de gameplay efficaces et d’anciennes revisitées
- La classe des Voleurs Fantômes toujours au rendez-vous
- Une difficulté présente mais maitrisée
- Une durée de vie honorable, ni trop longue ni trop courte
- L’essence de Persona 5 conservée
- L’OST toujours aussi exceptionnelle
- Les sous titres localisés
Les moins
- Pas d’équivalent au Memento pour farmer
- Le bazar visuel dans les phases de combats
- La caméra parfois capricieuse
Je confirme que le titre est abordable sans connaître le premier Persona 5. Je suis un peu moins enthousiaste que toi car je l’ai, pour ma part, trouvé assez répétitif. Néanmoins, les personnages et l’histoire m’ont assez intéressée pour rendre l’expérience plaisante jusqu’à la fin. Dans tous les cas, merci pour ton test !
C’est vrai qu’il peut sembler répétitif aux vues de son gameplay qui appelle souvent à ce ressenti. C’est évidemment au ressenti propre à chacun. Mais malgré ça, le scénario tient assez en haleine pour aller au delà de ça. Merci pour ton retour toujours aussi constructif et bienveillant. 😊