Le 23 avril 2010 beaucoup de joueurs découvraient une nouvelle histoire signée Yoko Taro: NieR, développée par Cavia et éditée par Square Enix. Au pays du soleil levant nommée Replicant sur PS3 et Gestalt sur Xbox 360. Ce sera cette dernière qui sera distribuée en Occident simplement appelée NieR. Les deux versions étaient vraisemblablement identiques au détail près que seule l’apparence du personnage principal différait ainsi que sa relation avec une petite fille nommée Yonah. Onze ans après, jour pour jour, les fans du premier jour ainsi que les nouveaux joueurs ont pu (re)découvrir NieR dans sa mouture japonaise. Et c’est aux mains de Toylogic qu’est confiée cette remasterisation, impliquant également Takahisa Taura de Platinum Games, studio à l’origine de sa suite, NieR Automata (2017). C’est ainsi qu’est né NieR Replicant ver.1.22474487139, disponible sur PS4, Xbox One (et de ce fait, rétrocompatible PS5 et Xbox Series) et PC.
Considéré comme chef d’œuvre par ses joueurs, peut-on lui réserver le même accueil onze ans plus tard? Après une bonne quarantaine d’heures de jeu, après avoir fait toutes les fins disponibles, je vous dévoile mon ressenti final sur cette œuvre qui ne m’a pas laissée de marbre. Je garantie une nouvelle fois un article 100% sans spoilers (notamment concernant la fin E, exclusive à cette version remasterisée).
Un immense merci à Square Enix et LU6.1 pour le code du jeu sur PlayStation 4.
Nous commençons notre périple après que de notre personnage principal, un jeune garçon que le jeu nous laisse nommer à notre bon soin, et de sa sœur, Yonah, atteinte d’un mal mystérieux: la nécrose runique. Les premières minutes du jeu nous servent de didacticiel aux combats mêlant attaques physiques au corps à corps et attaques magiques. Puis une ellipse de 1412 ans nous transporte dans le vif du sujet.
Les questions commencent à fuser dans nos têtes puisque nous retrouvons donc nos 2 jeunes personnages dans leur village. Notre quête, celle du grand frère inquiet, consiste à sauver coûte que coûte Yonah de ses maux. Elle nous conduit donc aux quatre coins des plaines qui les entourent où nous rencontrerons des alliés, des frères d’armes, des amis dont Grimoire Weiss, une livre magique, doté de la parole, légèrement condescendant sur les bords ainsi que Kainé, communément appelée la dévergondée par le susnommé livre, la faute à son accoutrement de peu de vertu (non, franchement, vous auriez pu l’habiller un peu plus), et Emile, une créature aux pouvoirs étonnants. Mais les choses ne se passent pas comme prévues et notre quête nous dévoilera d’immenses secrets. Vous attend un périple fort en émotions si tant est d’être réceptif aux différents sujets abordés.
Le jeu se décompose en 2 parties bien distinctes. La première se dévoile assez longuette et manque cruellement d’intérêt contrairement à la deuxième qui ne manque pas de nous retourner le cerveau et le cœur. Quoi qu’il en soit, NieR Replicant regorge de moments forts, déchirants, émouvants pendant lesquels nous suivons un quatuor de personnages aux multiples personnalités et attachants au possible.
Au delà d’une simple quête de sauvetage, NieR Replicant dévoile une écriture sur ses personnages des plus soignées et si tant est que vous avez aimé ce qu’il vous a raconté la première fois, le jeu vous appelle à continuer et à en découvrir plus. C’est ainsi qu’il se découpe en un total de 5 fins, les 2 premières ne demandant pas de prérequis particuliers.
Mais faire toutes les fins c’est s’adonner à une répétitivité certaine puisque chacune (mise à part la fin E) vous demandera de refaire une bonne partie de la deuxième moitié du jeu. Mais l’apport scénaristique, l’apport de réponses en valent le détour tant cela donne un réel cachet et une réelle sensation d’accomplissement et de satisfaction. Car pour être honnête, je n’étais moi-même pas sûre d’avoir le courage de tout faire. La faute à un déroulement très linéaire, nous demandant souvent de faire d’innombrables allers et retours. La faute aux nombreuses quêtes annexes pour la plupart inintéressantes, presque indigestes, mais qui demandent d’être faites pour obtenir toutes les armes (notamment à l’achat). Non, au départ NieR Replicant ne n’emballait pas plus que ça malgré ses messages, malgré ses thèmes, malgré sa bande originale envoutante, apaisante, épique mais tout aussi inquiétante. Et pourtant, une quarantaine d’heures plus tard, j’ai finis par l’aimer, bien plus que je ne l’aurais imaginé malgré un retour dans le passé indéniable d’une décennie.
NieR Replicant ver.1.22 n’est autre qu’une version améliorée de la version de 2010 (ou remastered) notamment dans son gameplay qui a été remanié pour ressembler à sa suite, NieR Automata.
Le jeu est un action RPG plutôt classique dans lequel nous est donnée la possibilité d’attaquer au corps à corps avec les nombreuses armes mises à notre disposition (de l’arme à une main à l’arme à deux mains), d’attaquer avec les pouvoirs de notre ami Weiss, esquiver, et bloquer. Rien de vraisemblablement compliqué, le gameplay est d’ailleurs très intuitif. Les améliorations sont également de la partie, notamment grâce au système de mots (semblable aux puces d’Automata) entre autres.
Mais NieR Replicant saura varier les plaisirs avec de rares phases en 2D et en shoot’em up (vue du dessus) cassant parfois la routine de l’exploration brute dans ce semi monde ouvert. En clair, simple mais non moins efficace, c’est ce qui définit le mieux la jouabilité de NieR Replicant.
Visuellement, NieR Replicant ne s’est doté que d’un petit lifting limitant ainsi le poids des années subit. Mais pour autant, cela reste enchanteur tant sa direction artistique soignée est ravissante. Rappelant parfois les productions de la Team Ico (Ico, Shadow of The Colossus, The Last Guardian), l’oeuvre de Yoko Taro n’a pas besoin d’être clinquante ni d’artifices pour être considérée comme belle aux yeux de ses joueurs. Son univers, ses plaines, ses décors, ses différents environnements suffisent à nous transporter dans son récit et l’apprécier. Malgré tout, on remarquera un certain vide, un manque de « vie » mais tout à fait cohérent avec ce qu’il raconte alors on passe très vite à autre chose.
Et puis il y a ces musiques d’une splendeur incontestable qui selon le contexte dans lesquelles elles sont utilisées vous retourneront l’estomac et le cœur. Certaines passeront inaperçues, d’autres vous laisseront de marbre, mais au moins une vous restera en tête des heures durant, le tout étant d’être réceptifs à ce genre de mélodies.
Je suis moi-même étonnée de cet avis final. Les premières heures et mon premier run étant loin de m’avoir convaincue, c’est finalement la fin B qui m’a conquise. L’ajout de certaines scènes et de certains dialogues m’ont permis de vouloir en voir plus, me poussant donc à compléter le prérequis pour débloquer les autres fins. Une histoire émouvante, des scènes déchirantes, il ne m’en a pas fallu plus pour que je finisse par aimer NieR Replicant. Forcément, la répétitivité s’est installée à force de refaire une seule et même partie du jeu mais sans pour autant me décourager. Malgré tout, ses défauts ne peuvent être ignorés. Si son scénario et son écriture peuvent convaincre, son déroulement en revanche peut en rebuter plus d’un, car NieR Replicant n’est souvent qu’une succession d’allers et retours. Oui, NieR Replicant peut être qualifié de chef d’œuvre, en 2010 ou en 2021, pour autant il ne peut l’être pour tout le monde. Pour moi, c’est un véritable coup de cœur, une surprise, une révélation, notamment grâce à son groupe de personnages qui mérite toute notre attention (sauf la petite culotte de Kainé, on aurait pu s’en passer).
Les plus
- Un quatuor attachant et émouvant
- Une panoplie de thèmes et de messages abordés avec sagesse
- Une bande originale splendide
- Sa direction artistique qui renforce un réel sentiment de beauté
- Un appel à faire toutes fins qui apportent énormément au scénario
Les moins
- Beaucoup de quêtes secondaires indigestes
- Un déroulement qui consiste à faire des allers et retours
- Une première partie un peu longuette
- Habillez moi cette pauvre Kainé, son accoutrement ne lui apporte rien
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