Fallout 76 ou l’art de se tirer une balle dans le pied? Pour beaucoup de fans de la licence, la réponse est sans appel. Souvenez-vous, peu avant l’E3 2018, Bethesda teasait le nouvel épisode d’une de ses licences phares sur Twitch. Numéroté 76, ce nouveau Fallout a levé le voile sur ses projets qui ont fait l’effet d’une bombe nucléaire qui s’abattait sur son univers. En effet, il controverse la licence toute entière en abandonnant l’expérience solo en histoire, pour en faire un épisode entièrement multijoueurs, mêlant coopération et joueur contre joueur.
Fraîchement débarqué sur consoles et PC, Fallout 76 mérite-t-il l’accueil glacial qui lui a été réservé? Un grand merci à Minuit Douze et Bethesda de m’avoir permis de mettre la main sur ce nouvel épisode. Le vilain petit canard a-t-il une chance de séduire?
Fallout, ses Terres Désolées, et son univers entre futurisme post-apocalyptique et années 60. Cet épisode 76 ne change pas de recette et garde cette identité propre à la licence. Peut-être même un peu trop visuellement. Ce que l’on remarquera en premier, c’est bien son moteur vieillissant qui peine à évoluer au fil des années. Graphiquement, Fallout reste Fallout sans vraiment proposer quoi que ce soit de réellement neuf, optimisations mid gen comprises (les captures présentes dans cet article proviennent de la version Xbox One X).
Mais au delà de graphismes qui datent un peu, ce n’est ni inregardable ni injouable pour autant, on ne manque pas d’admirer certains jolis environnements qui attirent l’oeil et force est de constater les effets de certaines explosions. A côté de ça, parlons un peu d’optimisation technique pure, qui fait que, dans l’ensemble, Fallout 76 est dans les choux et une session de jeu peut virer au drame (cet avis est basé sur l’avant mises à jour de décembre) et l’expérience peut vite se résumer à crash et freeze à répétition, bugs en tout genre, et saccades en veux-tu en voilà. Bref, c’est pas la joie, mais bon on lui laisse le bénéfice du doute pour apprécier ce qu’il a à offrir.
Voici donc ce que j’ai ressenti lors de l’expérience Fallout 76.
Nous, joueurs, demarrons notre périple dans l’abri 76, premier refuge pour les survivants de la fin du monde nucléaire qui s’est abattu sur la Terre 20 ans auparavant. Notre but est de se construire un avenir dans ce monde irradié. C’est sur cette note de pseudo scénario qu’il faut se baser pour aller de l’avant. C’est dur, on a du mal à s’y faire mais c’est comme ça. Les seuls êtres humains arpentant les terres dévastées des Appalaches ne seront autres que nous-mêmes et les autres joueurs que nous serons amenés à éventuellement rencontrer dans ce vaste monde. Durant les plusieurs dizaines d’heures qui suivront, ce ne sont que des PNJ robotiques et autres espèces mutantes qui croiseront notre chemin sur lequel nous ne suivrons pas vraiment une route prédéfinie dans un scénario linéaire. Notre aventure se transforme en une accumulation de quêtes principales et secondaires qui se déverouilllent au fur et à mesure de notre découverte de la carte et qui ne nous racontent pas grand chose. Et pourtant on se prête au jeu.
On visite, on ramasse tout ce qu’on trouve, on étoffe notre bric à brac, on participe aux événements publics et on joue à ce Fallout comme on jouerai à n’importe quel autre épisode de la licence avec quelques subtilités. Plus loin encore que ce qu’on connaît, Fallout tente les mécaniques de jeu de survie à proprement parler et il l’assume parfaitement.
Malheureusement, à force de trop se prendre au jeu, on découvre vite ses limites, car malgré tout il reste un jeu 100% multijoueurs dans lequel il faut penser à toute éventualité venant de nos confrères. Du coup, malgré l’envie de la part de Bethesda de penser à une cohabitation saine, on se retrouve avec une cache sécurisée pleine à craquer et un inventaire à la limite de l’explosion nous obligeant à arpenter les Appalaches sans pouvoir sprinter ni même utiliser le voyage rapide. Les missions nous semblent donc interminables ce qui n’aide pas à plus apprécier le Fed Ex qui sont en elles. Et c’est à peine si on prend le temps de se lancer dans la construction d’un pied à terre tant cela ne sert finalement pas à grand chose.
Et dans l’histoire, tout comme le moteur qui n’a pas bougé d’un poil, le gameplay non plus. C’est lourd, c’est rigide, peu réactif à la visée, les premières heures de reprise en main sont pesantes, durant lesquelles on découvre un arbre de compétences avec un système de cartes aléatoires qu’on a du mal à digérer et qui à la longue ne donne pas de réelle impression de faire évoluer notre personnage. On regrette son prédécesseur. Mais on continue joyeusement. Fallout 76 c’est une avalanche de défauts qu’on ne peut que trop bien énumérer. On subit parfois certaines sessions, et pourtant il attise la curiosité. Où tout ça va-t-il nous mener? Finalement, on ne ressent pas trop son orientation multijoueurs, on croise des joueurs de temps en temps, on s’ignore le plus souvent, ou on se suit paisiblement pour venir à bout de quelques ennemis pour finalement se séparer sans encombres et continuer notre route, ou on s’invite le temps d’un événement pour profiter un peu des avantages à plusieurs.
Ce qui nous fait tenir sur ce Fallout 76? Ce n’est pas son scénario, ce n’est pas spécialement ses missions, souvent redondantes, éventuellement don côté coop, bien que les joueurs solos peuvent très bien se plaire dans ces Terres Désolées, mais Fallout 76 à bel et bien une grande force. L’atout majeur de cet épisode est qu’il reste un Fallout et c’est cet appel de l’univers quasi viscéral qui nous pousse à le lancer sans relâche. Un univers mêlé au goût pour la difficulté qui nous avait manqué dans Fallout 4. On ose des face à face improbables contre des bêtes surdimensionnées, et le jeu ne nous punit pas d’essayer.
Fallout 76 divise. On passe des heures à ne pas comprendre pourquoi la licence en est arrivé là. Cette licence que l’on aime tant méritait mieux et cette question me trotte encore dans la tête: la coop, oui, pourquoi ne pas avoir fait un Fallout « classique » en y ajoutant simplement le mode coopératif? Ou tout cela va-t-il le mener? Reussira-t-il à se faire une place sur le long terme? Bethesda ont-ils prévu de le faire durer avec un apport de contenu? Le pari était risqué et le résultat n’a pas pris, pour preuve les énormes promotions déjà en place à peine quelques semaines après sa sortie. Et pourtant, je ne déteste pas ce Fallout. Il est bourré de défauts mais on finit par l’apprécier malgré ça.
Les +
- L’appel de l’univers
- La difficulté
- La coop, bon enfant, et la bonne ambiance
Les –
- Techniquement à la ramasse
- Pas d’évolution graphique
- Un gameplay qui vieilli
- L’arbre de compétences trop aléatoire
J’ai pris le temps de te lire 🙂 C’est cool. Tu reste sage parce que moi je l’aurais démonté sur place (ce que j’ai d’ailleurs fait…) mais la lecture est cool.