La sortie de Disgaea 6 Defiance of Destiny est un véritable casse-tête: sorti sur PS4 et Nintendo Switch en janvier 2021 au Japon, puis en mai de la même année dans le reste de l’Asie, pour finalement arriver sur les autres continents un mois plus tard, exclusivement sur Nintendo Switch. Il a fallu attendre le 28 juin 2022 avant de voir débouler la version dite Complete sur PS4, PS5 et PC en Occident. Et c’est cette version dont je vais vous parler aujourd’hui. Tout d’abord qu’implique cette édition complète? Pas de mystère, elle inclut tous les DLC (personnages, éléments cosmétiques et nouveaux coloris) déjà sortis jusqu’ici.
Disgaea peut-il encore aspirer à être une référence du tactical RPG? Après près de 40h de jeu (et je suis loin d’avoir tout exploré), je vous livre mon avis sur ce nouvel opus d’une licence que je n’avais pas tâté depuis…2009.
Cet article est rédigé à partir d’une version physique commerciale PS5 fournie par Koch Media France, que je remercie encore et toujours pour leur confiance.
Nous incarnons Zed, un zombie. Accompagné par son compagnon canin, lui aussi mort vivant, Cerbère, ils s’allient afin de sauver Beeko, la jeune sœur de Zed, capturée par le grand méchant Death-tructor Divin. Avide de vengeance et de puissance, Zed profitera de son pouvoir d’Ultra-réincarnation, lui permettant, comme son nom l’indique de ne pas pouvoir mourir, pour venir à bout de son ennemi. Insociable, le jeune zombie devra malgré tout faire équipe avec bon nombre de compagnons de route aussi excentriques que délirants pour obtenir justice et réparation.
Le scénario de Disgaea 6 se compose de deux parties bien distinctes. La première se concentre sur l’ennemi de départ, le Death-tructor Divin, et la quête de Zed pour sauver sa sœur. La deuxième quant à elle prend une toute autre direction, parsemée de révélations en tous genres, offrant à sa première partie un tout nouveau sens, mais pas de divulgachage ici, alors je n’en dirais pas plus.
Sur un ton totalement décalé et délirant, Disgaea 6 propose une quête principale assez simpliste dans son déroulement et une écriture classique mais ne manque pas de se démarquer par son univers et ses personnages bourrés d’humour et totalement loufoques (les Prinny et leur « Dude » en tête de liste), l’essence même de la licence est donc toujours de la partie et c’est tout ce qu’on lui demande, pas plus pas moins.
Mais si Disgaea a su briller et attirer toujours plus de joueurs au fil des épisodes c’est bien par son gameplay et son contenu (et c’est une joueuse qui n’est habituellement pas de l’école tactical RPG qui vous le dit). La licence joue la carte du tactical RPG en tour par tour sur des espaces plutôt réduits. Et ça fonctionne. Une fois notre équipe sur le terrain de jeu prête à en découdre de nos adversaires, Disgaea 6 propose un expérience vidéoludique dynamique, fluide et incroyablement addictive (on remerciera également le mode auto qui aide grandement à gagner un temps précieux). Mais plus qu’un jeu tactique, dont la difficulté s’accroit au fil des missions principales, il faudra aussi très bien gérer ses personnages. Gestion de niveau, d’équipements d’armures et d’armes, de maléfices, gestion de ses Hells (la monnaie du jeu), de son mana (qui sert également de monnaie), de capacités spéciales et de leur renforcement, apprentissage de papyrus, bref, Disgaea 6 propose de parfaire votre équipe pour en faire une machine de guerre de destruction massive. Il faut néanmoins ne pas lésiner sur la compréhension de tout ça, tant les informations sont nombreuses à emmagasiner. D’ailleurs je suis persuadée de ne pas avoir exploiter tout comme il faut, tant c’est complet mais surtout complexe.
Mais la base de la base pour avancer dans Disgaea, c’est le farm, beaucoup de farm, à outrance même. Si ce n’est pas votre truc, passez votre chemin, cela risque de vous ennuyer au plus haut point, ou pire, de vous en faire pleurer quelques larmes de sang. Car Disgaea 6 (et probablement les autres épisodes) fait tout dans la démesure: le nombre de niveaux (je suis quasi niveau 8000 avec Zed), de points d’attaques, de PV, de PC, et j’en passe. Mais pour espérer rouler sur vos ennemis, il faudra passer par la case farming en refaisant certains niveaux de l’histoire principale, envoyer des alliés en exploration, ou tout simplement trouver le bon filon d’exploiter le Monde des Objets qui vous permettra d’en ressortir avec plusieurs centaines de niveaux supplémentaires mais également avec des armes ou armures plus puissants. Et ces nombreuses heures de farm se répètent dès qu’on en ressent le besoin, aussi bien dans l’histoire principale que dans ses défis endgame qui redoublent de difficulté à chaque nouveau niveau.
Plus loin dans le contenu, on pourra s’adonner à des activités telles que les « Dimensions« , proposant des ennemis aux niveaux totalement hors concours mais bon, quand on propose un jeu dans lequel on peut atteindre le niveau 99 999 999, rien ne peut faire peur.
Dire de Disgaea que c’est un jeu chronophage est un doux euphémisme. Si j’ai atteint les (seulement) 40 heures, les chiffres à 3 ou à 4 chiffres sont totalement atteignables sans même nous en rendre compte, tant il propose un contenu dantesque, quasi même infini.
Graphiquement, Disgaea a abandonné l’emblématique 2D pour laisser place à la 3D. Totalement inédit pour la série, le rendu n’en reste pas moins très plaisant à l’œil, bien que le changement d’angle de caméra ne soit pas très intuitif. Son style graphique « animé » lui va comme un gant, et le chara design y est soigné, bien qu’un tantinet « too much » pour certains personnages, mais qui correspond parfaitement à ce que nous propose cet épisode: de l’humour et du toujours-plus-décalé en barre.
Côté bande son, si notre oreille apprécie ce qu’on entend sur le moment, avec quelques notes en fond très jazzy, elle peinera à marquer. En termes de doublages, que vous fassiez partie de l’équipe voix anglaises ou japonaises, le tout est de très bonne facture, et on ne saura qu’apprécier la présence des sous titres français, dont la traduction est assez excellente (à quelques coquille près).
Après plus de 10 ans sans avoir touché à la licence, on peut presque dire que c’est mon premier Disgaea. Un univers déjanté, bourré d’humour, des dialogues et une répartie exquise, du hors norme, bref Disgaea 6 s’est révélé être LE jeu qui m’a fait éteindre le cerveau le temps de 40h. Mais pas trop quand même, car malgré son fond totalement WTF, sa forme, autrement dit son gameplay et ses mécaniques, demandent de l’attention et de la compréhension pour tenter ne serait-ce qu’un minimum pour exploiter tout ce qu’il a à proposer. Malgré tout, il ne conviendra pas forcément à tous les joueurs, notamment à cause de sa volonté à vous obliger de farmer à tord et à travers, ce qui ne manque pas de pouvoir en décourager plus d’un. Si vous êtes des habitués de la licence, je n’ai qu’une seule chose à dire: foncez!
Les plus
- Un univers décalé et déjanté
- Un scénario classique mais qui ne manque pas de surprises
- Je n’ai jamais autant apprécié un tactical
- Le mode auto: une bénédiction
- Un doublage et des sous-titres aux oignons
- Un contenu magistral
Les moins
- Trop de farm peut tuer le farm, et pour certains le jeu
- Quelques mécaniques pas toujours évidentes à exploiter pour les néophytes
One thought on “[Avis] Disgaea 6 Complete (PS5): Come on, Dude!”