After Us est le nouveau jeu du studio espagnol Piccolo Studio (Arise A Simple Story, 2019) et édite par Private Division (The Outer Worlds, Kerbal Space Program 1 et 2, etc…), une filiale de Take Two Interactive. Alors que j’ai eu la chance d’avoir déjà pu poser mes petites mains sur la première heure de jeu d’After Us, il est temps pour moi de vous en proposer son test maintenant que j’ai pu le terminer. Le jeu sort aujourd’hui même, 23 mai, sur PS5, Xbox Series et PC et pour l’instant exclusivement en version numérique.
Conditions de test:
- Version: numérique sur PS5
- Fournie par l’éditeur
- Temps de jeu: 8h30
- Histoire terminée: Oui
- Complétion totale: Réceptacles 8/8, Esprits 57/100, Souvenirs 72/89
- Difficulté: Unique
Nous incarnons Gaïa, personnification de l’esprit de la vie, qui est témoin des derniers instants de la vie sur Terre. Elle doit faire face à la dure réalité: les dévoreurs l’ont détruite, ainsi que fait disparaître toute forme de vie. Gaïa y est envoyée pour retrouver l’esprit des animaux et les guider vers l’Arche ainsi que donner une nouvelle chance à la nature de reprendre ses droits.
C’est peu ou prou ce qu’After Us nous racontera tout au long de ce malheureux périple. Et c’est derrière ce postulat, poignant et déchirant, qu’il s’accroche pour nous happer dans son univers post-humanité dont nous sommes les principaux responsables. Car il ne fait aucun doute que derrière ce scénario, notre mode de vie à grande échelle est remis en cause et ce ne sont pas ses différents biomes qui pourront me contredire, mais je reviendrai dessus un peu plus bas. Répondent à l’appel des thèmes tels que la mort, la destruction, la douleur, mais aussi l’espoir, le regret ou la vie.
Et bien que les lignes de dialogues se fassent rares, c’est au travers de son level design, son character design et de sa direction artistique qu’After Us se veut être le plus explicite. D’une autoroute détruite à une carrière surexploitée en passant par des fonds marins pollués ou encore une ville dont la principale distraction sont des écrans de télévision, les différents biomes d’After Us se dévoilent variés, entre surréalistes voire même abstraits et réalistes, mais dans tous les cas hostiles à la nature et à sa survie.
Car le périple de Gaïa se voit parsemé d’obstacles, des objets créés par les dévoreurs, autrement dit les Hommes, des êtres « titanesques » avides de destruction. Des balles de fusil qui nous effleurent aux scies circulaires qui nous traquent, une pluie « acide » ou encore des harpons qui virevoltent dans l’océan, voilà à travers quoi notre jeune femme aux cheveux albâtres devra se faufiler pour mener à bien sa mission. Derrière cette direction artistique et ce level design particulièrement moroses se cache un message profondément dénonciateur de nos actes en faisant donc toute la beauté du titre mais aussi toute sa noirceur.
Et afin d’appuyer son postulat et la dureté de ses propos, chaque zone se termine par la découverte d’un esprit majeur, autrement dit un réceptacle: le dernier animal de son espèce et les conditions dans lesquelles il a disparu. Chaque scène est déchirante, voire même parfois cruelle. Le dernier cerf chassé, ou encore le dernier aigle enfermé en cage, After Us ne laisse rien au hasard pour nous marquer au plus profond de nos tripes.
After Us est un jeu de plateformes assez classique dans ses mécaniques de bases. Mais alors que la première heure de jeu s’était révélée plutôt simple dans le gameplay, n’introduisant seulement que quelques mécaniques classiques comme le saut et double saut, le « dash » et permettant d’exploiter très brièvement la force vitale de Gaïa, lui permettant de se frayer un chemin sur des sols emplis de noirceur ou lui permettant de réveiller les esprits, la suite du jeu révèle une véritable évolution du gameplay propre à chaque biome.
En effet, dans chaque nouvel environnement, Gaïa réveillera le temps de quelques instants de nouvelles possibilités de sa force vitale à exploiter, par exemple la possibilité de glisser sur des lignes électriques, ou courir sur certains murs et les utiliser afin de résoudre de nombreuses énigmes qui lui permettront d’avancer mais également combattre les quelques dévoreurs survivants à cette catastrophe, avides des derniers signes de vie. Ces derniers se révèleront pêchus et parfois même plutôt exigeants. Pour autant, le jeu ne se veut pas punitif et permettra reprendre un combat là où on l’a laissé en cas d’échec. De cette façon, After Us dévoile une bien belle manière d’exploiter aussi bien les possibilités de son gameplay de prime abord simple mais également les thèmes propres à chaque biome, permettant ainsi une certaine diversité tout en se coupant d’une éventuelle répétitivité. Mais comme tout jeu de plateformes, il se voit rattrapé par quelques faiblesses: dans mon cas, il m’a souvent été difficile de rattraper un saut raté alors que les mécaniques de gameplay aurait dû me le permettre.
Le jeu se voit dénué de tout ATH, permettant aussi bien de ne pas entacher la direction artistique du jeu mais aussi laisser libre court à notre imagination pour nous orienter vers notre prochaine destination. Notre seule source d’indication se trouve derrière une carte dite de lien vital, nous permettant éventuellement de nous orienter vers les différents embranchements de ce monde semi-ouvert. De plus, afin d’y ajouter un peu de douceur, le chant de Gaïa lui permet de localiser les esprits ainsi que les souvenirs, si toutefois nous sommes à proximité de ceux-ci.
Visuellement, After Us est une franche réussite, à l’image de son message de fond, tant par son style graphique que par sa direction artistique précédemment évoquée. Toutefois, on lui regrette de nombreuses chutes de framerate, voire même de petits freeze, notamment lors des sauvegardes automatiques. Un aspect qui nous coupe du rythme du jeu le temps de quelques secondes malheureusement.
Alors que la première heure de jeu d’After Us lors de ma session de preview m’avait déjà conquise j’étais loin d’imaginer à quel point Piccolo Studio allait réussir à me happer dans cet univers post-humanité, profondément dénonciateur, invitant ses joueurs à la réflexion aussi bien sur le fond de son message que sur la forme de son gameplay. Ne se perdant pas dans un amas de dialogues interminables, c’est sa direction artistique qui fait tout le travail de nous raconter une histoire déchirante et poignante. Et derrière des mécaniques classiques et simples se révèle finalement une exploitation brillante de son level design. On regrette néanmoins que pour un jeu exclusivement current gen, il souffre de nombreuses chutes de framerate et freeze lors de ses sauvegardes automatiques.
Les plus
- Une direction artistique au service de ses propos
- Un gameplay simple et classique mais qui sait évoluer au fil des biomes
- Des scènes qui prennent aux tripes
- La diversité des biomes et de leur level design
- Visuellement réussi
- Les thèmes abordés, sujets à une vraie réflexion
Les moins
- Beaucoup de chutes de framerate et de freeze lors des sauvegardes automatiques principalement
- Un gameplay qui trouve parfois ses limites