Toujours développé par le studio chilien Dual Effect et toujours édité par PQube, Tormented Souls 2 est la suite directe du premier opus, sorti en 2021. On y retrouve toujours Caroline Walker, qui cette fois-ci, va se rendre dans une petite ville appelée Villa Hess pour y aider sa soeur. Comme vous vous en doutez, il va (encore) se passer des choses bien sombres et encore une fois, ce sera à nous de sortir notre héroïne de ce pétrin. Disponible depuis le 23 octobre sur PS5, Xbox Series S|X et PC, je suis parti redonner une chance à Tormented Souls. Ce que j’en pense de cette suite ? Tout simplement que la nostalgie à parfois bon dos pour nous vendre un survival horror très paresseux. Explications.
| Version | Dématérialisée sur PS5 (Pro), fournie par l’éditeur |
| Temps de jeu | 17 heures |
| Histoire terminée | Oui |
| Complétion totale | 100% du scénario |
| Difficulté | Accessible (Normale mais avec certaines aides activées) |
| Genre(s) | Survival Horror |
| Date de sortie | 23 octobre 2025 |
| Prix (maximum conseillé) | 34.99€ |
| Plateforme(s) | PS5, Xbox Series X|S et PC |
| Voix | Anglais |
| Textes français | Oui |
| Connexion obligatoire | Non |
Suite aux atroces évènements survenus à l’hôpital Wildberger du premier opus, Caroline Walker espère retrouver une vie normale avec sa sœur, Anna. Mais les mois passent et Anna devient peu à peu hantée par des visions de violence et de mort, la poussant à dessiner des entités cauchemardesques qui se manifestent soudainement dans la réalité. Prête à tout pour la délivrer de cette mystérieuse malédiction, Caroline se rend dans la ville isolée de Villa Hess et arrive dans une mystérieuse clinique nichée dans les montagnes au sud du Chili. Mais derrière les sourires chaleureux des employés se cache une vérité plus que dérangeante, et la situation va très vite basculer dans l’horreur absolue…
Je viens de vous résumer la première demi heure de cette suite, qui vous vous en doutez, n’aura rien de mignon (dîtes adieu aux ours tout doux, ils sont absents du casting). Caroline va devoir une nouvelle fois se surpasser pour se sortir de ce nouveau pétrin et vous entrainera, vous, joueurs et joueuses, dans un nouveau cauchemar comme les amateurs de Survival horror en ont l’habitude.
En parlant d’abord du scénario, je ne vais pas y aller par quatre chemins : j’ai vu mieux (mais aussi bien pire). Cette suite nous raconte une histoire d’horreur qui n’aura aucune fulgurance et même pire, d’un côté, repose sur des acquis déjà bien en retard par rapport à ce qu’il se fait ailleurs. De plus, la narration, déjà bien balbutiante se sert de ses collectibles pour tout nous révéler, ce qui, je trouve, est une bien mauvaise idée, surtout quand on voit à quel point le scénario et sa narration sont très mal gérés. Il se passe certes des choses en arrière plan et on voit bien certaines conséquences mais rien ne m’a donné envie de m’impliquer. Si, on pourrait m’évoquer le studio Remedy et son Control (chef d’oeuvre absolu soit dit en passant) qui avait eu comme narration celle cachée dans les collectibles, Remedy avait tout de même pris le soin de travailler sa narration environnementale pour motiver le joueur à en apprendre plus et donc prendre lui même la décision (ou non) d’en découvrir davantage sur l’univers de Control. Ici, c’est plus fourbe. Puisque c’est mal écrit ou qui manque justement de travail d’écriture, devoir aller dans les collectibles pour finalement comprendre ce qui se trame sous notre nez n’est pas du même acabit que le génie de Remedy.
Cela étant dit, le personnage de Caroline Walker est mieux mis en avant que dans le premier. Plus charismatique, ses motivations sont mieux expliquées, je me suis tout de même attaché à elle et c’est l’une des deux raisons qui m’ont poussé à aller jusqu’à ma fin, la bonne fin d’ailleurs.
Côté gameplay, si vous avez déjà accompli le premier épisode, vous savez où vous mettez les pieds. On retrouve la caméra en vue fixe, l’inventaire limité, la sauvegarde à certains endroits bien précis (rappelant fatalement la machine à écrire et ses tampons encreurs à trouver), bref tout ce qui faisait le sel du genre, de Resident Evil à Silent Hill, à la fin des années 90. Malheureusement, Tormented Souls, et on parlera ici exclusivement de ce second volet, se prend les pieds dans le tapis, notamment en termes de prise en main et d’ergonomie. On vise avec R1 et on tire avec R2 dans Tormented Souls 2, oui messieurs dames ! Notre roue d’équipement se gère avec le joystick droit, oui messieurs dames ! Et toujours ce même problème d’éclairage au début de notre cauchemar où il nous faudra jongler avec notre briquet et/ou notre arme.
Seul véritable point positif, à mes yeux, ce sont les graphismes et la direction artistique, qui se voit être largement mieux travaillée que dans le premier opus. Pour un Survival Horror en vue caméra fixe (toujours comme dans les premiers Resident Evil des années fin 90, début 2000), oui Tormented Souls 2 est vraiment somptueux. Développé à l’aide de l’Unreal Engine 5 (encore lui, bah oui), cette suite nous offre des décors vraiment superbes mais se perd dans les visages de ses personnages, Caroline en tête. Néanmoins, je ne savais pas avec quel moteur graphique il était réalisé et il m’aura fallu attendre de découvrir le logo du moteur dans le générique de fin pour me voir me gratter la tête en me disant » C’est de l’UE5 ça ??? ». Là encore, en prenant d’autres projets avec le même moteur (au hasard Silent Hill 2 Remake ou Cronos The New Dawn), on peut tout de même se poser des questions sur l’utilisation du moteur…
Du côté de la technique, je n’ai rien à dire, cela tourne en 60 FPS sans aucun problème de ralentissements, ni de freezes mais j’ai tout de même relancé une ou deux fois une sauvegarde en me rendant compte que mes ennemis ne prenaient pas leur balles. Ce qui est ballot quand on doit composer avec une avarice de la part du studio sur ce point bien précis, surtout dans la difficulté la plus basse. Je finirais sur la durée de vie de cette suite, comptez tout de même 5-6 heures de plus que le premier opus pour en voir le générique de fin. De mon côté, en y jouant normalement, je l’ai bouclé en 17 heures. Mais avec une narration aussi défaillante et un scénario aussi mal dirigé, le ressenti entre le temps de jeu véritable et factuel et ce que je ressens après l’avoir complété est différente et rallonge l’impression d’y avoir été retenu en otage durant plus de temps.
Enfin, on notera la différence de terrain de jeu entre son prédécesseur et cette suite. Alors que le premier s’était contenté d’un seul et unique cadre à visiter, Tormented Souls 2 s’étend et propose différentes zones à arpenter. A cela s’ajoute un bestiaire, plus fourni et plus varié. De ce côté là, le studio a revu ses ambitions à la hausse, ce qu’on ne peut pas lui reprocher. Malheureusement, cela ne suffit pas forcément à relever le niveau de ses nombreuses faiblesses.
Allez, je ne vais pas tourner autour du pot, je vous livre (enfin !) mon avis sur cette suite. Vous le savez si vous me lisez assidûment, mon genre de prédilection est le Survival Horror (aux côtés des oeuvres de SF et/ou d’anticipation). Si, en 2021, j’avais déjà trouvé le premier opus vraiment en retard de quelques années par rapport à ce qu’il se faisait ailleurs dans le genre auquel il appartient, ici le constat est le même, mais je vais être beaucoup plus virulent que mon test de l’époque. Je me suis fait avoir une première fois en 2021 et je suis (re)tombé dans l’entourloupe une seconde fois en 2025. Tormented Souls 2 fait partie des pires Survival Horror que j’ai pu faire (et j’en ai fait un paquet…). Pourquoi ? Hé bien parce qu’il vise notre nostalgie d’une époque maintenant révolue pour nous raconter une histoire paresseuse, mal écrite, d’une narration irrespectueuse. Je n’ai aucun souci à être nostalgique, mais ce que fait Tormented Souls 2, c’est se réfugier derrière son statut d’œuvre indépendante pour nous livrer un récital de poncifs éculés. On y met un niveau dans les égouts pour valider une case, on y met des énigmes abracadabrantesques pour continuer à valider la check-list, pareil pour l’étape de la sauvegarde, parce que c’est cool de devoir chercher un ruban encreur pour pouvoir sauvegarder. On fait exprès de mettre le moins de munitions possible, parce que c’est cool aussi de faire comme les copains d’il y a 20 ans. Il se cache derrière son statut autoproclamé d’hommage aux premiers Resident Evil, mais sans vraiment chercher à faire évoluer la recette. On nous sert la même soupe, quasi 30 ans après.
Ce qui n’est pas cool, en revanche, c’est de se souvenir pourquoi les Resident Evil et les Silent Hill de l’époque étaient justement comme ils étaient et de se dire que plus de 20-30 ans plus tard, on referait bien la même chose sans comprendre le pourquoi du comment de l’époque. En résulte donc un Tormented Souls 2 raté sur bien des points. Prendre en otage la nostalgie des amateurs de Survival Horror ne me dérange pas en soit, par contre, ce qui me dérange, c’est de voir un Tormented Souls 2 sortir la même année qu’un Cronos The New Dawn, développé avec le même moteur graphique et ne proposer que ce qu’il propose, c’est à dire un travail bâclé et en demi teinte sur sa partie scénario et narration. Je n’évoquerais pas le gameplay, par exemple la latence quand Caroline doit esquiver (qui fonctionne une fois sur dix suivant l’espace dans la pièce où vous vous trouvez). Je n’évoquerais pas non plus les énigmes qui n’ont rien de logique et ne sont placées là que pour embêter son joueur. Une énigme se doit d’être ludique et donner « envie » aux joueurs de les résoudre, pas de les forcer à les résoudre pour continuer bon gré, mal gré son chemin.
En résulte donc un manque de respect envers son genre et ses joueurs de la part du studio qui méritent, selon moi, beaucoup plus, surtout que dans le même temps, nous avons droit à des (chef d’)œuvres comme The Evil Within (2014), The Evil Within 2 (2017), Resident Evil 7 (2017), Observer (2017), Resident Evil 2 Remake (2019), Resident Evil 3 Remake (2020), Resident Evil Village (2021), The Medium (2021) Resident Evil 4 Remake (2023), Silent Hill 2 Remake (2024) et enfin Cronos The New Dawn (2025). J’aurais pu élargir la liste en y incluant Outlast et sa suite mais je n’ai listé que les « grosses » productions, de celles qui ont réussi à remettre le genre sur des rails après une très grosse traversée du désert. D’où ma virulence. Je me souviens d’une époque pas si lointaine (entre 2010 et 2014) où le genre à été en très grande souffrance. Voir une œuvre comme Tormented Souls 2 me fait mal à mon Survival Horror, genre qui mérite que les studios qui s’aventurent sur ce terrain là s’engagent vraiment sans faire de la figuration donc.
Si j’ai laissé le bénéfice du doute en 2021 pour le premier épisode et son studio Dual Effect, il est plus qu’évident avec ce Tormented Souls 2 que le studio se montre particulièrement paresseux avec un genre qui mérite plus qu’une simple redite d’une formule vieille de plus de 30 ans en espérant que les joueurs soient suffisamment nostalgiques pour foncer tête la première dans l’entourloupe. Si ça fonctionne avec la grosse majorité des joueurs (il n’y a qu’a voir les avis sur Steam pour s’en convaincre), ça ne marchera pas sur moi, éduqué et cultivé sur l’un de mes deux genres de prédilection. En résulte un test à contre courant et vindicatif, parce que j’assume jusqu’au bout ma façon de voir les choses et surtout mon ardent désir de protéger coûte que coûte un genre encore en souffrance il n’y a de ça pas si longtemps que ça. Qui plus est, manque de bol, Tormented Souls 2 est sorti la même année que Cronos The New Dawn, autre Survival Horror qui mérite largement plus votre attention que cette vaste supercherie en bande pas si organisée que ça.
- Le travail artistique et graphique, c’est superbe…
- Caroline Walker, charismatique
- Le thème du générique de fin
- Les nombreuses références à la pop culture disséminés ici et là
- … Mais des visages complètement ratés
- Un scénario et une narration ratée
- La prise en main (raccourcis des équipements avec le joystick droit, viser et tirer avec R1 et R2)
- Une œuvre hostile à son joueur (latence lors du changement et rechargement d’une arme, esquive qui fonctionne rarement, énigme illogique et non ludique)
- Un véritable récital de poncifs éculés
- Une gestion calamiteuse des denrées, même en accessible
- Un Survival Horror sorti 20 ans trop tard
- Temps de jeu 17 heures, mais le ressenti est plus lourd en termes de durée de vie
