
Sorti le 20 septembre 2024 exclusivement sur PC, presque 1 an jour pour jour après, voilà que Frostpunk 2, la suite du city-builder phare, développé et édité, d’11 bit studios s’exportera sur consoles, PS5 et Xbox Series S|X (inclus dans le Game Pass de surcroit), le 18 septembre. S’il sera disponible en version numérique, une édition physique sera également de la partie, initialement prévue en même temps, mais reportée au 18 novembre 2025. Si vous nous lisez assidument, vous n’êtes pas sans savoir qu’on admire le studio éditeur pour ses propositions toujours plus impressionnantes, novatrices et qui sortent des sentiers battus (The Alters, Indika, The Thaumaturge, The Invincible). Pour 11 bit studios, je suis donc complètement sortie de ma zone de confort pour partir à la découverte d’une de ses dernières productions, un city-builder, genre dont je ne suis pas spécialement friande. Et une fois de plus, ils réussissent un véritable tour de force que je vais vous dévoiler dans les paragraphes qui vont suivre. La survie, mais à quel prix?

Version | Numérique sur PS5, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 20h |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | Non communiquée |
Difficulté | Citoyen |

Genre(s) | City-builder, survie, gestion |
Date de sortie | 18 septembre 2025 |
Prix (maximum conseillé) | 44.99€ |
Plateforme(s) | PS5, Xbox Series X|S et PC |
Voix | Anglais |
Textes français | Oui |
Connexion obligatoire | Non |

Frostpunk 2 se place 30 ans après le premier opus. Alors que vous avez bravé l’enfer blanc, vous voilà propulsés à la tête de la Nouvelle-Londres en tant que Gouverneur pour redresser la ville, et permettre à ses habitants de survivre dans une nouvelle ère glaciaire. Une quête qui se verra bien plus difficile qu’imaginé puisque la ville comptera de nombreuses factions à contenter, une météo menaçante, le tout en devant choisir ce qui sera le mieux pour la ville et ses habitants, économiquement et socialement.
Voilà grossièrement de quoi sera ponctuée votre gouvernance durant les 5 chapitres et le prologue qui composent le mode histoire de Frostpunk 2. Si les objectifs pour arriver au chapitre suivant sont bel et bien scriptés c’est la façon dont vous allez les accomplir ainsi que les choix que vous ferez qui pourra différer rendant donc la narration de Frostpunk 2 très personnelle. Car c’est un fait, Frostpunk 2 est une œuvre politique, parmi celles qui vous confrontent à vos principes moraux et à d’autres, immoraux ou à l’encontre de vos valeurs. Frostpunk 2 vous met à la tête d’une ville, vous lâche en tant que Gouverneur et à vous de façonner la Nouvelle-Londres et mettre en pratique vos idéaux, politiques, économiques et sociaux tout en devant mettre au premier plan la survie de vos concitoyens. En cela, chacun de vos choix nourrira le Zeitgeist citadin, autrement dit l’idéologie de la ville, qui se divise en 3 axes: technologie, économie et société, qui se divisent eux-mêmes en 2 voies bien distinctes soutenues ou non par les 4 factions que vous serez amenés à gérer. Vous l’aurez donc compris, de nombreuses mécaniques de gameplay seront donc au service de la narration, votre narration, et de ce qu’il se passera à la Nouvelle-Londres et ses alentours en fonction de ce que déciderez ou pas de faire.


Mais avant de pouvoir imaginer aller plus loin dans les mécaniques de Frostpunk 2, il faut apprendre à maitriser ses bases: la gestion de ressources, sa météorologie, souvent glaciale, et ses habitants. Pour cela, et c’est là qu’intervient son penchant pour le city-builder, Frostpunk 2 vous apprend à nourrir et chauffer vos concitoyens mais aussi à créer une économie pour étendre la Nouvelle-Londres ou en tout cas la faire survivre et subsister au fil des semaines, le tout grâce à un système de district (résidentiel, alimentaire, d’extraction, etc, etc), le tout en bravant le froid et la poudreuse à déblayer. Une fois les bases maitrisées (apprises dans le prologue), le jeu vous lâche avec de nouvelles mécaniques à apprivoiser une fois lancés dans le vif de son scénario qui apporte son lot de crises à gérer (famine, météo, insalubrité, criminalité, santé et évidemment politiques).
Et autant vous prévenir de suite, Frostpunk 2 est un jeu qui a été conçu pour être difficile et exigeant, même en facile, envers son joueur, et souhaite nous apprendre à nous relever et à apprendre de nos erreurs (à l’instar de The Alters, pour citer l’exemple le plus probant du même studio) et ce malgré un système de gestion simplifié par rapport au premier opus. Autrement dit, si vos décisions peuvent être les bonnes dès le départ, elles pourront aussi très vite se retourner contre vous et il faudra soit gérer la crise, soit tenter de continuer sur votre lancée au risque de vous faire destituer. Mais si exigeant il est, Frostpunk 2 n’en oublie pas de respecter son joueur et de le récompenser comme il se doit, autrement dit la réussite face à un cas de force majeur, une gestion rondement menée saura se révéler satisfaisante et généreuse avec un véritable sentiment d’accomplissement.


Au fil des heures, Frostpunk 2 dévoile donc de nouvelles mécaniques de gameplay. Après la construction brute et la gestion des ressources, il y a évidemment la partie politique au travers du Conseil qui vous demandera de promulguer des lois et de l’institut de recherche (qui lui-même influera sur les possibilités de construction pour améliorer la qualité de vie des habitants mais aussi de nouvelles lois à promulguer) et son arbre à idées étroitement liés aux factions à contenter. Très vite, le city-builder x jeu de survie d’11 bit studios offre un gameplay systémique dans lequel tout est lié, dans lequel tout peut vous réussir ou au contraire vous faire échouer en fonction de la façon dont vous saurez gérer les nombreuses situations et de vos choix, particulièrement cornéliens, en vous confrontant à ce qui devra devenir le plus important pour vous dans un tel cas.

Tout au long de son histoire, le jeu se veut être aussi clément, en vous laissant le temps de faire ce que bon vous semble, qu’impitoyable. Il ne manque pas non plus de vous mettre face à de nombreux moments de tensions et d’urgence mais sans en oublier de vous laisser entièrement libre de vos actions et maitre de vos décisions.
Le dernier pan de gameplay du jeu est l’exploration de l’Etendue entourant la Nouvelle-Londres, offrant de nouvelles possibilités d’expansion et une nouvelle source de revenus en matières premières. Là encore, le jeu vous demandera de faire de nombreux choix qui pourront influer sur la santé de la cité.

En cela, Frostpunk 2 est un jeu qui peut mettre votre morale à mal et vous laissera face à des dilemmes cornéliens. Qu’est ce qui vous est le plus important? Voilà la question qui tournera en boucle dans votre esprit jusqu’à sa scène finale. On se retrouve donc face à un jeu qui se veut particulièrement personnel, qui saura aussi s’adapter à vous au même titre que vous devrez vous adapter à lui. Cela en fait un jeu d’une profondeur étonnante mais aussi un jeu incroyablement addictif qui a hanté mon esprit dès que je n’étais pas dessus. Et pour être tout à fait franche avec vous, avec mon inexpérience dans le genre, jamais je n’aurais imaginé pouvoir le terminer, connaissant l’exigence des autres titres du studio/éditeur.
Mais une question subsiste toutefois: est ce que ça se joue bien à la manette? Et la réponse est incontestablement: oui. Le studio a fait un travail absolument fabuleux pour le rendre parfaitement jouable à la manette sur consoles (rappelons que le genre est souvent attribué au PC et aura tendance à se faire plus rare sur consoles pour des raisons de maniabilité). S’il faut un certain temps d’apprentissage pour bien mémoriser les nombreuses mécaniques liées aux boutons de notre manette, sa maniabilité en devient naturelle et intuitive après finalement quelques heures seulement. Surtout que le jeu possède de nombreux menus et sous menus à arpenter, notamment dans le mode de construction de bâtiments.
Toutefois, il me faut vous avertir d’un petit souci lors de l’ouverture de la vue étendue de la ville (qui permet d’avoir accès aux HUD et de certains menus comme par exemple le menu de recherches). En effet, l’écran se fige, rendant les commandes impossibles. Parfois, il suffira juste de faire un retour pour que tout revienne à la normale le temps que vous êtes dans le menu (oui, il faudra recommencer la manipulation à chaque fois), parfois il faudra ouvrir un autre menu (j’avais opté pour la page des didacticiels) pour que l’écran se défige et vous laisse accéder aux commandes souhaitées (là encore une manipulation à réitérer à chaque fois que vous ouvrirez ce menu). Evidemment, cela rend la maniabilité parfois fastidieuse et forcément peu fluide.

Une fois l’histoire terminée, 11 bit studios vous propose le mode Bâtisseur d’Utopie, autrement dit le mode bac à sable de Frostpunk 2 dans lequel vous choisissez une carte parmi une sélection de 8, dont la difficulté peut varier en fonction de sa taille, son nombre de ressources et son Etendue. Un mode qui vous laisse en totale liberté pour mettre en pratique ce que le mode histoire nous aura appris et qui permet au passage de drastiquement augmenter la durée de vie du jeu. On y choisit sa difficulté, ses ambitions et ses communautés ainsi que les récits que nous souhaitons suivre. De plus, cette version console embarque d’emblée la mise à jour du 8 mai 2025 et son mode sérénité, qui rend le début de jeu plus clément.

Graphiquement, Frostpunk 2 est d’une beauté certaine. Evidemment, inutile d’attendre un changement de saison quelconque et un changement d’ambiance tout au long de votre gouvernance, il n’y en aura pas, le jeu visitant une ère glaciaire dans les temps modernes avec un fort penchant pour le Steampunk. Plus largement, le jeu ne dispose donc d’aucun changement d’environnement drastique, puisque que cela soit à la Nouvelle-Londres ou dans l’Etendue, on restera bien souvent sur la même vue du dessus tout au long du jeu, avec une visibilité constante sur ce qui se passe dans l’entièreté de la cité au fil des semaines. Cela étant dit, Frostpunk 2 ne manque pas d’avoir son petit lot de détail à regarder de temps à autre, avec un zoom rapprocher sur les districts permettant d’observer une cité vivante avec une population et des axes routiers constamment en mouvement.


Techniquement, j’ai dû faire face à un crash (en 20h) du jeu, me faisant perdre quelques semaines sur ma sauvegarde, dans mon malheur une infime période par rapport à mon avancée dans le jeu. De plus, son système de sauvegarde automatique (ajustable en nombre de semaines) pourra vous faire essuyer de nombreuses chutes de framerate, voire de figer l’écran le temps de quelques secondes, ce qui n’est pas toujours très rassurant.
Du côté de la bande son, si la musique reste assez discrète tout au long du jeu, le peu de fois où elle se réveille est incroyablement épique et à l’image de ce que nous propose habituellement le studio, d’une grande qualité. Le reste du temps c’est surtout la voix de notre Gouverneur qui se fera entendre dans les hauts parleurs pour annoncer un nouveau changement dans la société (nouvelle loi, changement climatique, rappels de savoir vivre, etc) renforçant ici le sentiment d’une société vivante et évolutive.

Pour 11 bit studios je suis totalement sortie de ma zone de confort, mais ça en valait la peine. Et malgré cette appréhension constante de ne pas arriver à en voir le bout, de ne pas faire les bons choix, de ne pas savoir gérer les crises qui me tombaient sur le coin du nez, Frostpunk 2 se révèle être un véritable coup de cœur, avec son exigeance et sa difficulté mais qui a su aussi me le rendre et récompenser mes efforts. « L’important n’est pas le nombre de fois où l’on chute. C’est le nombre de fois où on se relève. » Un slogan qui lui sied à merveille tant dans son fond que dans sa forme. Un jeu de gestion, de survie et un city-builder jusqu’au boutiste et pointu qui saura ravir les connaisseurs du genre et leur apporter son lot de défis, mais aussi aux néophytes, au prix de quelques échecs. Le studio livre une nouvelle fois un grand jeu, qui certes pourra diviser, mais dont on ne peut ignorer les immenses qualités et la volonté, une fois de plus, de sortir des sentiers battus.

- Un mélange de genres qui fonctionne (gestion, survie, city-builder, stratégie)
- La difficulté personnalisable…
- Un jeu qui nous met face à nos propres choix et convictions
- Le gameplay systémique
- Une durée de vie idéale (qui peut s’accroitre à notre bon vouloir avec le mode Bâtisseur d’Utopie)
- La liberté mêlée aux moments de tensions et d’urgence
- Une cité toujours vivante et évolutive

- Quelques soucis à l’ouverture de certains menus (écran figé)
- …mais qui peut rester difficile, même en facile
- La sauvegarde automatique qui fige l’écran c’est pas toujours rassurant