
Dead or Alive, une licence de jeux de baston des années 90 dont on n’entend plus parler depuis Dead or Alive 6, échec critique et commercial, sorti en 2019. Un ultime épisode qui a sonné le glas pour cette franchise atypique avec son casting pulpeux. Une série qui a pris un virage tumultueux depuis que son créateur, Tomonobu Itagaki, a quitté le navire en 2008. Une licence aujourd’hui synonyme de nostalgie pour ses joueurs, dont Mathieu Lallart, qui nous livre ici son quatrième livre. Dead or Alive, Les Poupées de Tomonobu Itagaki, c’est son titre, a été publié en auto édition et est disponible depuis le 23 février 2025 exclusivement sur Amazon.

Editeur | Amazon |
Prix | 22€90 |
Date de sortie | 23 février 2025 |
Nombre de pages | 240 |
Format | 156 x 233 mm |
Modèle | Malvina Kurtz |

Mathieu Lallart publie son premier livre, en auto édition, en 2018, Jeu Vidéo et Cinéma : Une question de point de vue dans lequel il dresse le parallèle entre deux medium que l’on considère intrinsèquement différents. Deux ans plus tard, on le retrouve chez Third Editions chez qui il signe La Saga GTA: Transgressions et visions de l’Amérique. L’année dernière, il publie, une nouvelle fois en auto édition, La La Saga Myst : L’Âge de raison du jeu vidéo (dont la chronique arrive bientôt) pour enfin déboucher sur ce nouvel ouvrage dédier à Dead or Alive et son créateur.
Tout au long de cet ouvrage, l’auteur s’attèle à nous livrer sa genèse, sa création, son développement, sa consécration mais aussi son évolution au fil des épisodes, pour devenir la licence que l’on connait aujourd’hui. Ainsi donc c’est tout un pan de l’histoire du jeu de combat qui nous est dépeint dans cet ouvrage. Plus loin encore, c’est une lettre de respect, d’admiration pour son créateur, Tomonobu Itagaki, de la célèbre Team Ninja, que l’on connait aujourd’hui aussi beaucoup pour son Ninja Gaiden.
« Et ne nous y trompons pas: c’est bel et bien parce que Dead or Alive 2 fait carton plein, cochant toutes les cases d’un cahier des charges rondement complété tout en participant à l’évolution de son genre, qu’il est entré au panthéon de la baston. » – Mathieu Lallart – Dead or Alive, Les Poupées de Tomonobu Itagaki – page 72

Car comprendre Dead or Alive, c’est aussi comprendre son créateur, son rapport à l’industrie, au développement, à la technologie, ses ambitions, sa volonté, ses inspirations également. Non, Dead or Alive ne se résume pas, en tout cas, de son temps, à des combattantes sexy, aux fortes poitrines en maillot de bain. Dead or Alive c’était une vision du divertissement, du rapport à la technologie, à la 3D, mais aussi une vision bien particulière du versus fighting.
Et malgré son titre, Dead or Alive: Les Poupées de Tomonobu Itagaki ne se concentre pas sur une franchise seule. Impossible de ne pas citer l’entièreté de l’œuvre du créateur de ses débuts chez Tecmo, en passant par Ninja Gaiden, ainsi que l’après Tecmo avec Devil’s Third.
« Itagaki a toujours considéré l’aspect exutoire du médium comme divertissant, et Ninja Gaiden ne déroge pas à la règle: les effusions de sang, nombreuses, font presque office de récompenses pour le « beau jeu ». – Mathieu Lallart – Dead or Alive, Les Poupées de Tomonobu Itagaki – page 84

Mais au fil des pages, Mathieu Lallart ne se contente pas de nous réciter un pan d’histoire du jeu vidéo de façon très scolaire. A maintes reprises il y appose une certaine réflexion, avec recul et discernement. Il y évoquera donc forcément des thèmes comme la sexualité, la représentation de la femme, ou encore la violence, et l’importance du rapport à l’incarnation dans le jeu vidéo. Ainsi donc, plus qu’un simple ouvrage qui souhaite faire honneur à une franchise, c’est un ouvrage profondément personnel qui se dévoile à nous. Un ouvrage qui fera de nombreuses fois lien entre deux époques qui s’opposent, les années 90 et aujourd’hui, et qui ne sera pas sans évoquer l’évolution des mœurs et de la société en général, avec l’apparition d’internet et des réseaux sociaux. C’est donc de façon assez étonnante que Mathieu Lallart réussi à allier genèse et analyse d’une franchise tout en faisant de nombreux parallèles avec des sujets d’actualité, sociologiques mais aussi politiques. Des sujets qui ne plairont pas forcément à tout le monde, mais ici, l’auteur souhaite ouvrir ses lecteurs à la réflexion, au discernement et à l’ouverture d’esprit.
Plus loin encore, au cours de la lecture, Dead or Alive: Les Poupées de Tomonobu Itagaki, nous propose également l’histoire assez condensée de chaque personnage, et leur importance dans le lore du jeu pour se terminer sur une entrevue avec Tomonobu Itagaki lui-même qui nous permet de cerner le personnage après de nombreuses années d’absence sur le devant de la scène.

« Dans un contexte où le jeu de baston est devenu sérieux, et où le reste du monde est finalement grave – c’est ce que se disent bon nombre d’individus en parcourant les réseaux sociaux chaque jours, – Dead or Alive nous projette automatiquement à la fin des années 90, une période d’opulence certes probablement déraisonnable (on parle ici de consumérisme, d’écologie, etc), mais éloignée de l’anxiété actuelle. » Mathieu Lallart – Dead or Alive, Les Poupées de Tomonobu Itagaki – page 220
Dead or Alive, Les Poupées de Tomonobu Itagaki n’est pas qu’un livre d’histoire du jeu vidéo, de l’industrie et du versus fighting. Au fil des pages il s’ouvre sur la réflexion de son auteur qui a souhaité analyser deux époques qu’aujourd’hui presque tout oppose. Et si certains sujets abordés peuvent paraître hors sujet, ou semblent partir un peut trop loin dans le parallèle, l’ouvrage n’en reste pas moins une lettre ouverte personnelle de la part de Mathieu Lallart qui a voulu s’ouvrir sur l’actualité voire même poser une certaine réflexion sur des sujets pouvant être considérés comme sensibles. Un ouvrage qui ne plaira pas forcément à tout le monde mais qui a le mérite d’être à l’image de son auteur, si on a déjà échangé avec lui, parfois brut de décoffrage mais ne se perd dans la binarité actuelle.
