
Spirit of the North est le premier jeu d’Infuse Studio, édité par Merge Games. Sorti en premier lieu sur PS4 en 2019 puis sur PC, Nintendo Switch, PS5 et Xbox Series S|X en 2020, cette aventure dans laquelle on incarne un renard avait fait forte impression auprès de la critique. Cinq ans plus tard, le studio réitère l’expérience avec une suite sobrement nommée Spirit of the North 2. Attendu pour le 8 mai 2025 sur PC, PS5 et Xbox Series S|X, si je suis habituellement totalement cliente de ce genre de production atypique, je l’avoue, après 15h de jeu il m’est tombé des mains, et je vous explique pourquoi dans les paragraphes qui vont suivre…

Version | Numérique sur PS5, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | 15 heures |
Histoire terminée | Non |
Complétion totale | Non communiquée |
Difficulté | Unique |

Genre(s) | Aventure, Puzzle, RPG |
Date de sortie | 8 mai 2025 |
Prix (maximum conseillé) | 34€99 |
Plateforme(s) | Xbox Series S/X, PC et PS5 |
Voix | / |
Textes français | Oui |
Connexion obligatoire | Non |

Dans Spirit of the North, nous incarnons un renard, que nous avons la possibilité de personnaliser. Dans cette suite, il est rapidement accompagné d’un compagnon, un corbeau. Leur périple se dessine au moment où l’île des renards subit une mystérieuse attaque, la dévastant totalement. C’est avec ce seul événement que notre aventure démarre sans trop savoir où elle va nous mener.
Pour ceux qui ont fait le premier opus, aucune surprise à l’horizon puisque cette suite reprend son concept. Un gigantesque monde à explorer, dénué de toute explication, dans lequel notre instinct nous pousse à suivre de mystérieuses nuées de fumée rouge. Au fil de notre exploration et des énigmes, le lore de cet épisode se révèle un peu plus à nous, nous dévoilant notre objectif: ce qui a attaqué l’île et libérer l’esprit des différents gardiens de ces terres…
Dans ses grandes largeurs, toutes mesures gardées, Spirit of the North pourrait facilement rappeler un certain Shadow of the Colossus, les immenses colosses en moins, dans sa narration silencieuse et énigmatique. Les tenants et les aboutissants restent assez abstraits, tout comme son scénario, ou plutôt son lore, finalement plus développé dans les collectibles à trouver.

Spirit of the North 2 se veut être avant tout une aventure poétique, régie par la solitude dans un vaste monde en ruines dans lequel seuls quelques vestiges nous permettent de faire la lumière sur ce qu’il s’est passé. Inspiré par les légendes nordiques, Spirit of the North 2 promet un voyage dépaysant, et je mentirai si je disais que ce n’est pas le cas mais, malheureusement, cela n’a pas suffit à me scotcher manette en mains.
C’est donc avec un simple postulat de départ que nous commençons notre périple dans cet immense monde ouvert désolé et pourtant si beau. Chaque zone, chaque biome, abrite un gardien à sauver. Pour ce faire, il faudra avant tout retrouver des vestiges anciens qui nous permettront d’ouvrir la porte de leur prison avant de pouvoir les « combattre » et les libérer. Ainsi donc, Spirit of the North 2 nous demandera de résoudre de très nombreuses énigmes environnementales, plutôt variées mais nous demandera également d’utiliser de nombreuses capacités un peu spéciales.



Inspiré par les légendes et le folklore nordiques, chaque gardien sauvé nous octroie sa bénédiction et donc de nouvelles façons d’explorer le monde et d’avancer, que je ne développerais pas pour laisser le plaisir de la découverte intacte. De plus, le jeu utilise, à l’instar du premier volet, un système de runes, à trouver ou à acheter grâce à des cristaux, assignées à chaque partie du corps de notre renard roux. De la tête au bout de la queue en passant par le dos ainsi qu’à notre corbeau. Chaque rune confère une capacité également utile à l’exploration, à la résolution des énigmes, ou en « combat » (je parle de combat mais le jeu est non violent et ne propose aucune forme d’attaque à proprement parler).
Spirit of the North 2 dispose également d’une dimension RPG avec un arbre de compétences utile à l’amélioration de capacités de base (augmentation de la barre de vie, de la jauge spirituelle ou encore le temps de planage, en sont quelques exemples). Afin de l’étoffer, pas de système de niveaux bateau mais des points de compétences à trouver aux quatre coins des différentes zones, dans des coffres par exemple.

En cela, le jeu d’Infuse Studio propose des mécaniques atypiques, avec un concept pour le moins original, et une exploration fort bien exploitée. Des mécaniques de gameplay qui sentent bon le dépaysement, l’évasion et le voyage onirique. La formule a vraiment tout pour plaire. Mais alors pourquoi m’est-il tombé des mains après seulement 15h?
Alors que les premières heures ont bel et bien laissé place à une magnifique escale dans le folklore nordique, c’est malheureusement l’ennui qui a vite remplacé ce sentiment d’évasion. Au fil des heures, l’exploration n’est plus devenu un plaisir mais une obligation. En effet, très vite le jeu vous demande d’explorer à outrance notamment pour trouver de nombreux feux follets, nécessaires à l’ouverture de certaines portes, ou encore la nécessité de trouver des cristaux (qui, à la façon d’un Dark Souls, bien que moins punitif, sont à retrouver sur le lieu de notre mort) et des points de compétences pour ne citer que quelques exemples de lieux clés à trouver. Dans ce monde, tout devient presque nécessaire pour éviter des allers retours interminables. Et si scénaristiquement et narrativement, tout le justifie, le monde de Spirit of the North 2 est incroyablement vide, trop vide. Au final, l’aventure en devient répétitive, peu intéressante, peu ludique, voire même trop longue.

Et ça, c’est sans mentionner ses nombreux problèmes. Le plus évident, le saut, une faiblesse que possédait déjà le premier opus. Pour que notre renard saute à l’endroit où nous le voulons, il faut attendre l’apparition d’une petite flèche bleue qui nous indique où nous atterrirons. Cela laisse place à l’imprécision et un certain manque de fluidité dans les actions, sans oublier les nombreux bugs de collision. Après quinze heures de jeu, c’est la frustration et le désintéressement pour cette aventure qui s’annonçait pourtant onirique qui ont pris le pas sur le plaisir de jeu.
Cette suite est sans l’ombre d’un doute un jeu magnifique, et ce même avec ces aspects parfois un peu datés. Des panoramas magnifiques, des biomes diversifiés, des plans fascinants, des couleurs parfois éclatantes, une ambiance assez unique et une direction artistique intéressante. Oui, Spirit of the North 2 est à l’image de ce qu’il veut transmettre et faire vivre: un magnifique voyage dépaysant.

Mais là encore, tout ne sera pas au beau fixe. Si ses jeux d’ombres et de lumières donnent le plus clair de leur temps un vrai bel effet, c’est au niveau de sa luminosité que le jeu pêche nettement plus. Bien souvent, principalement en « intérieur », à force de vouloir jouer sur la luminosité et l’obscurité, le jeu nous laisse dans le noir profond, nous laissant y voir comme à travers une pelle, et ce même en jouant avec les options de luminosité. On finit par avancer à tâtons, en espérant trouver le bon chemin. Et il faudra bien souvent recommencer le parcours jusqu’à y arriver.
Du côté de la bande originale, sans être mémorable, elle saura nous accompagner dans notre périple avec de jolies mélodies suaves et reposantes. Mais là encore, le jeu souffrira de moments pesants. Les pistes laisseront parfois place à un silence de mort, total. Si elle aurait pu pallier à cette impression de vide, l’OST va même la pousser encore un peu plus dans ses retranchements, clou du spectacle pour me sortir totalement de l’aventure, malheureusement.


Le concept même de Spirit of the North, et dans ce cas précis, de sa suite, est enchanteur et onirique. On y incarne un renard roux accompagné d’un corbeau dans un monde empreint de folklore et de légendes nordiques dans un jeu non violent et aux mécaniques de gameplay accrocheuses, en tout cas sur le papier. Si les premières heures de jeu sont synonyme d’évasion et de dépaysement, elles peuvent laisser place au sentiment de répétitivité, et, dans mon cas, à l’ennui et au désintéressement. Le monde ouvert, vide, se révèle finalement bien trop grand pour son propre bien, mettant l’accent sur une exploration organique tout en nous orientant de façon discrète vers notre prochaine escale, mais qui répond non pas à l’appel de l’aventure mais à l’obligation d’y déambuler pour pouvoir avancer. En cela, Spirit of the North 2 est un jeu clivant qui saura sans l’ombre d’un doute ravir une partie de ses joueurs mais pourra en frustrer une autre. Et en ce qui me concerne, ses qualités n’ont malheureusement pas réussi à prendre le pas sur ses défauts. Malgré tout, son potentiel est clair comme de l’eau de roche malheureusement sous exploité.

- Un monde ouvert dépaysant…
- Une narration silencieuse et onirique
- Les énigmes variées
- Le système de runes original
- Une belle direction artistique

- …mais trop grand pour son propre bien
- Et trop vide, bien que cela soit justifié
- Une maniabilité souvent fastidieuse pour les sauts
- L’exploration obligatoire et redondante
- Une luminosité qui nous laisse souvent dans une totale obscurité
- La répétitivité s’installe très vite
- L’OST bien trop silencieuse