
Maliki est, à l’origine, un webcomic (une BD publiée en ligne) écrit par Souillon qui a démarré en 2004. La particularité de cette BD réside dans sa portée autobiographique et de sa thématique assez proche de la vie quotidienne. En 2007, l’héroïne connait la parution d’un premier tome au format papier aux éditions Ankama, à qui l’on doit également le jeu Dofus ou encore la série animée et le manga Wakfu, entre autres. Les années passent et aujourd’hui la série compte 8 tomes, un spin-off démarré en 2016 en autoédition, Maliki Blog ainsi que 3 romans et un art-book. Cette année la série va connaitre un nouveau format sous forme de… jeu vidéo, développé par le studio français Blue Banshee, co-créé par Souillon lui-même. Le projet Maliki: Poison of the Past, c’est son nom, est officialisé en 2024, après plusieurs années de germination, sur Nintendo Switch et PC. A peine plus d’un an après, Maliki: Poison of the Past est enfin arrivé ce 22 avril 2025. Et je réponds évidemment présente pour vous livrer mon avis sur cette itération que j’avais rapidement vu tourner lors du TGS Toulouse 2024.

Version | Numérique sur PC, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 22h |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | Non communiquée |
Difficulté | Unique |

Genre(s) | Action, Aventure, RPG |
Date de sortie | 22 avril 2025 |
Prix (maximum conseillé) | 29€99 |
Plateforme(s) | PC, Nintendo Switch |
Voix | / |
Textes français | Oui |
Connexion obligatoire | Non |

Dans un futur proche pendant lequel l’humanité est menacée par le terrible Poison, nous incarnons Sand (personnage créé spécialement pour l’occasion), une jeune athlète, qui se voit téléportée vers un mystérieux endroit au continuum temporel différent du sien: le Domaine. Elle y fait la rencontre de Fang, Maliki, Becky et Fénimale, quatre jeunes femmes pour le moins atypiques. L’heure est grave, elles ont toutes les quatre besoin de cette nouvelle arrivante pour sauver le monde des attaques de Poison, rien que ça. Et pour accomplir cette mission elles devront toutes s’allier et contrer les plans de cet ennemi polymorphe enclin au chaos en explorant différentes époques du passé, le tout à l’aide d’une bien étrange invention, le Chronopack.

Je me garde évidemment d’en dire plus par souci de ne rien vous divulgâcher malencontreusement, mais voici une bonne base du postulat de départ de ce Maliki: Poison of the Past qui nous transporte dans son univers fantastique. Au fil des heures, cette aventure inédite dévoile une histoire prenante qui met l’accent sur l’histoire de ses personnages, Maliki en tête, vous vous en doutez bien mais pas que.
Pour les fans de la première heure, Maliki dans cette itération en jeu vidéo se révèle être un condensé de tout ce qu’ils peuvent déjà connaitre de l’univers, des personnages inhérents à la BD en passant par leur background tout en découvrant un scénario tout frais et inédit imaginé pour l’occasion. Pour ceux qui, comme moi, viendraient à découvrir cet univers rose bonbon, vont se retrouver face à une excellente porte d’entrée pour apprendre à le connaître et à le découvrir.

En résulte une histoire particulièrement dense dont la thématique principale est le temps et les conséquences du voyage dans le temps, le tout agrémenté de thèmes engagés et matures. Malgré une écriture assez classique pour le genre, on suit malgré tout cette histoire avec engouement tant on se retrouve face à des personnages atypiques pour lesquels on développe un certain attachement et évidemment avoir les réponses aux questions que l’on viendrait à se poser. C’est rafraichissant, c’est cozy, bourré d’humour et puis mine de rien, il a un gameplay franchement grisant.

Maliki: Poison of the Past est un RPG en tour par tour. On retrouve donc les codes du genre, dont par exemple le système de faiblesses que l’on connait par cœur, mais avec ses subtilités liés aux thèmes abordés. Mais avant de partir sur ce terrain là, parlons plutôt du schéma global de gameplay. Chaque chapitre, au nombre de cinq, nous demande d’explorer certaines périodes clés permettant de développer les tenants et les aboutissants de ce conflit entre les habitantes du Domaine et Poison. Le but étant de mettre notre ennemi hors d’état de nuire dans chaque temporalité pour pouvoir avancer à la suivante. Au programme, de nombreux combats comprenant, évidemment, des combats de boss mais surtout beaucoup d’exploration et de résolution d’énigmes.
En effet, la dimension d’exploration dans Maliki: Poison of the Past se voit être primordiale afin notamment de trouver les matériaux nécessaires à la fabrication et l’amélioration d’armes et armures supérieures pour chaque membre de l’équipe. On pourra également s’adonner au contenu secondaire qui consiste avant tout à retrouver des objets perdus par les habitants. De plus, chaque monde pourra être exploré de deux façons, pendant et après l’invasion de Poison, permettant de les découvrir de façon totalement différentes. Mais aussi, parfois, pour farmer un peu les points d’expérience et augmenter le niveau de l’équipe afin notamment d’obtenir de nouvelles capacités en combat.

Les combats, parlons-en. S’ils se dessinent comme un RPG en tour par tour assez classique avec un système d’ordre d’attaque, l’éternel système de faiblesses, ils se composent d’une mécanique pour le moins originale: la possibilité de faire joujou avec le temps. Avancer ou reculer le temps, par exemple, permet ainsi de prendre l’avantage (ou pas) en combat que cela soit pour se soigner et récupérer des points de capacités mais aussi pour changer l’ordre d’attaque, ou exécuter des attaques en duo et autres actions temporelles possibles (là encore pouvant être obtenues en explorant un tant soit peu). En cela ce qui semblait être un tour par tour plutôt simpliste, il se dévoile peu à peu avec une dimension très tactique parfois même exigeante. Oui, sans une bonne stratégie, les pics de difficulté pourront se révéler nombreux au fil de l’aventure.
Une chose est sûre, en termes de gameplay, Maliki: Poison of the Past excelle dans son domaine pour apporter une petite touche bien à lui, permettant, tout en embrassant les codes les plus basiques du genre, de se doter d »une certaine originalité liée à son thème principal tout en apportant sa patte personnelle pour ajouter une petite dose de défi.

En résulte un gameplay plutôt dense, avec ses subtilités et ses forces, le tout demandant tout de même de s’y investir un peu. Car Maliki: Poison of the Past cache également un autre pan de gameplay bien ancré dans le Domaine. Servant de HUB central entre chaque chapitre, le Domaine est un lieu qui demandera qu’on y passe du temps également. On pourra s’y adonner à la confection de recettes dont les plats permettent d’obtenir des bonus non négligeables pendant un certain temps (force, points d’expérience, etc). Mais pour exploiter cette fonctionnalité, il faudra…cultiver. Et autant vous dire qu’elle pourra s’avérer très chronophage. Car pour varier les plats, il faudra varier les ingrédients et pour cela il faudra agrandir le Domaine grâce aux Naturons pour débloquer de nouvelles zones et découvrir de nouvelles graines (en plus de débloquer de nouvelles parcelles de terres cultivables).
Bref, vous l’aurez compris, il se révèle être d’une générosité assez significative, pouvant nous faire passer la barre des 20h de jeu contre les 10/15 heures annoncées par le studio, le tout sans forcer tant c’est un réel plaisir de déambuler et s’investir dans l’univers de Maliki et compagnie.

Et le clou du spectacle c’est évidemment sa partie graphique rondement menée par sa direction artistique enchanteresse. Dans un style cozy très coloré, avec un character design en chibi in game et des modèles dessinés lors des dialogues , Maliki: Poison of the Past est un régal visuel (pour rappel, j’y ai joué sur PC, le tout avec les options graphiques à fond de chez à fond sur ma vieille guimbarde de plus de 10 ans). Ajoutez à cela les nombreuses planches façon BD absolument exquise et vous avez une bonne idée du rendu visuel.
On lui regrette surtout l’absence de certains repères visuels, notamment l’absence d’une barre de vie pour les ennemis ou encore celle d’une mini-map pour l’exploration. Si la volonté de rendre le tout particulièrement organique tout en proposant un ATH minimaliste est à saluer pour la partie visuelle, cela manque malgré tout d’indications primordiales pour le genre ne serait-ce qu’en option, à activer ou désactiver au bon vouloir des joueurs.

Pour finir, parlons de la bande-son composée par Starrysky, groupe de rock français, dont la musique est fortement inspirée des sonorités J-pop/J-rock et métal, ainsi que de la pop culture en général. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’OST fait mouche. Chaque lieu possède ses propres pistes, ses propres genres musicaux, le tout est agrémenté d’un thème principal sans cesse revisité au fil de l’aventure. L’univers de Maliki en musique c’est quand même quelque chose. De plus, le jeu s’est offert une collaboration avec le grand Motoi Sakuraba, qui a œuvré sur de nombreux épisodes de la saga Tales of, Golden Sun, Star Ocean, Baten Kaitos, ou encore les Souls de From Software (si peu), le temps d’une seule et unique piste.


Avec Maliki: Poison of the Past, l’univers de Maliki s’ouvre à un nouveau médium à explorer pour se développer. Et le moins que l’on puisse dire est que ce coup d’essai est une franche réussite dans tous ses aspects. Une histoire inédite pour les fans de la jeune femme, une excellente porte d’entrée pour les nouveaux arrivants dans l’univers, Maliki: Poison of the Past s’est révélé être une excellente surprise. Un gameplay qui oscille entre RPG en tour par tour classique et tactique, des thèmes abordés aussi bien dans son scénario que manette en main, un univers et des personnages fascinants, une direction artistique à tomber, sans oublier l’OST incroyable. On pourra éventuellement lui regretter quelques pics de difficultés qui nous stoppent radicalement dans notre avancée ou encore l’absence de version physique « grand public » pour la version Switch. Mais une chose est sûre, la franchise tient quelque chose de rafraichissant dans le genre.

- Une nouvelle façon de découvrir l’univers de Maliki mais aussi une excellente porte d’entrée
- Un contenu particulièrement généreux
- L’utilisation du temps dans le gameplay qui apporte une dimension tactique
- La rejouabilité des mondes
- Une belle durée de vie
- L’OST fabuleuse
- Une direction artistique cozy et colorée

- Manque de repères visuels (barre de vie des ennemis, mini-map)