
La toute première fois que l’on a entendu parler de Rusty Rabbit, c’était lors du Tokyo Game Show de 2023 avec un premier teaser en guise de carotte à se mettre sous la dent. L’année suivante, en juin, NetEase annonce que le nouveau jeu de NitroPlus sera disponible sur PC et PS5 en septembre de la même année. Malheureusement, à peine quelques semaines avant la date butoir, le jeu est repoussé à une date inconnue pour un vague 2025. Les mois passent et l’éditeur chinois est fin prêt à annoncer un lancement mondial, avec une petite surprise. En janvier dernier, Rusty Rabbit a trouvé sa date de sortie pour le 17 avril 2025, avec une démo dès le 20 février et surtout une version Nintendo Switch est venue s’ajouter aux plateformes initialement prévues. A quelques jours de sa sortie, je vous propose mon test des aventures de Stamp. Un gentil petit lapin? Certainement pas.

Version | Numérique sur PS5, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 22h |
Histoire terminée | Oui |
Complétion totale | 45% des trophées débloqués |
Difficulté | Unique |

Genre(s) | Action, Aventure, Metroidvania |
Date de sortie | 17 avril 2025 |
Prix (maximum conseillé) | 19€99 |
Plateforme(s) | PS5, Nintendo Switch, PC |
Voix | Anglais, Japonais |
Textes | Français, Anglais, Allemand, Espagnol, Japonais, Chinois simplifié et traditionnel |
Connexion obligatoire | Non |

Nous incarnons Stamp, un vieux lapin grognon qui vit à Laitonbourg, un petit village peuplé de… lapins. L’Homme a disparu de la surface de la Terre après une nouvelle ère glacière, laissant pour seuls habitants de la planète ces petits mammifères aux grandes oreilles. Stamp est ferrailleur. Plus qu’un métier c’est toute sa vie, une activité qu’il mène en solitaire avec Limaille, son mecha adoré qu’il a bricolé lui-même. Alors qu’il vaque à ses occupations habituelles au Mont Fuligineux, c’est à dire forer sans relâche, il découvre de bien mystérieux messages sur les terminaux D-TAM, vestiges laissés par les fameux géants. Des messages qui semblent avoir été laissés… par sa fille, qui a depuis bien longtemps quitté le terrier. Un nouveau but se dessine devant lui, trouver tous ces terminaux pour enfin avoir des nouvelles de sa progéniture en espérant qu’elle revienne au bercaille…
C’est donc le postulat de départ de Rusty Rabbit. On y découvre notre protagoniste dont la solitude commence peu à peu à peser et pour qui la seule raison de vivre n’est plus que d’écouter la voix de la ferraille, forer, et restaurer des vestiges de l’ancien monde. Au fil des heures, au delà d’un lapin grognon qui manque de sociabilité, c’est un personnage attachant malgré ses sautes d’humeur (qui font beaucoup rire). Mais bien plus qu’une simple histoire qui raconte la vie d’un rongeur mangeur de carottes, Rusty Rabbit c’est avant tout un univers post-apocalyptique avec sa propre mythologie, que dis-je, sa propre religion. Si le jeu se veut évidemment centré sur Stamp et la recherche de sa fille, son lore est au cœur de son scénario, permettant ainsi d’approfondir ses thèmes au fil des heures.

Pour autant, sa narration prend son temps, parfois même un peu trop. Mais il faut aussi savoir remettre le studio dans son contexte: NitroPlus est avant tout un studio spécialisé dans les visual novel et cela se ressent dans cette nouvelle aventure. En effet, Rusty Rabbit manque parfois de décoller pleinement pour nous en mettre plein la vue. Et pourtant malgré un rythme qui aurait mérité d’être un peu mieux maitrisé, on apprend à l’apprécier, voire même à se laisser porter par le mystère qui ne cesse de planer au dessus de lui jusqu’à sa toute fin. On se laisse également prendre au jeu de l’humour, et aux nombreuses fois où il brisera le troisième mur. Mais il faut bien le dire, là où Rusty Rabbit excelle c’est dans le choix de la voix pour son personnage principal pour raconter son histoire.
Si vous ne le saviez pas encore, en version japonaise, c’est Takaya Kuroda, éternel et indémodable Kazuma Kiryu dans la saga Yakuza/Like A Dragon également entendu dans Atelier Yumia très récemment, qui prête son timbre de voix à Stamp. Une voix qui a elle seule nous transporte dans son histoire, somme toute assez classique (bien qu’on lui accorde une certaine originalité) et nous fait porter les pattes et le blouson de ce vieux lapin aigri.

Rusty Rabbit est un jeu en 2.5D à défilement latéral, autrement dit, c’est un Metroidvania, genre aujourd’hui porté par des titres comme Hollow Knight, le duologie Ori, ou encore l’excellent Prince of Persia The Lost Crown, pour ne citer que quelques exemples. Et quand on pense Metroidvania, on pense à son indéfectible difficulté liée à l’exigence de son gameplay mais aussi à une forte consonnance pour l’exploration. Rusty Rabbit a préféré jouer la carte de l’exploration tout en proposant un Metroidvania plus accessible, plus « chill » si je puis dire. Mais avant d’approfondir cet aspect, parlons de la construction de nos périples au Mont Fuligineux. Il se compose de plusieurs « donjons », des zones plus ou moins grandes, avec des décors variés (on peut passer d’un décor très futuriste, robotique, à des décors plus verdurés, dans lesquels la nature a repris ses droits). Des zones qui renferment des matériaux différents, mais surtout les fameux terminaux D-TAM, seul moyen qu’a trouvé Stamp, contre toute attente, pour avoir des nouvelles de sa fille.
Ainsi donc notre aventure nous fera découvrir une foultitude de donjons, qui joueront sur l’horizontalité et la verticalité en termes d’exploration, nous rapprochant petit à petit des réponses que l’on cherche. Des donjons dans lesquels nous croiseront la bande des BF, un groupe de jeunes ferrailleurs un peu tumultueux et téméraires, et dans lesquels on trouvera matériaux, plans, et ennemis, ici appelés bêtes de rouille. C’est en cela que l’exploration du Mont Fuligineux sert autant son scénario que son gameplay. En effet, elle ne se fait pas sans un but précis: améliorer et équiper Limaille au fil des heures, en trouvant des nouveaux plans d’armes, mais aussi de nouveaux composants tout en augmentant de niveaux pour étoffer notre arbre de compétences.
D’ailleurs chaque zone du Mont Fuligineux se dote d’une certaine rejouabilité. Si vous ne pouvez pas passer à un endroit la première fois que vous venez, vous ne serez pas sans revenir plus tard pour déterrer ces trésors, avec l’équipement adéquate. Pour autant, l’exploration de ces donjons peut aussi parfois s’avérer un tantinet répétitive mais qui sait aussi récompenser son joueur comme il se doit donnant une réelle sensation de ne pas avoir tout ça pour rien.

Mais il faudra aussi souvent faire une petite pause bien méritée à Laitonbourg qui sert de HUB central. C’est là que l’on peut rendre les missions de livraisons données par Lucas au bar, écouter les élucubrations du prêtre, mais aussi restaurer des vestiges, ou fabriquer de nouvelles armes, le tout en proposant également l’exploration de donjons aléatoires dont le level design est généré de façon procédurale.
Rusty Rabbit dévoile donc un contenu assez surprenant et généreux, surtout quand on considère son petit prix. Si j’y ai passé plus de 20 heures en accomplissant une grande partie des livraisons, en explorant un maximum les différents donjons, en augmentant les liens avec les autres habitants de Laitonbourg, j’ai encore du pain sur la planche pour tout terminer à 100%.
Pour ce qui est de sa difficulté, il se démarque de ses homologues Metroidvania et se révèle en effet plus accessible, moins exigent, ayant préféré mettre l’accent sur l’exploration brute. Contrairement à un Prince of Persia The Lost Crown, il ne demande pas de faire une succession de cabrioles et de mécaniques de gameplay dans un level design qui n’a pour seule raison d’être que de vous voir échouer. Si Stamp est évidemment équipé de plusieurs armes et outils pour pouvoir avancer, il préfère nous voir avancer en douceur, de façon intuitive tout en exploitant les différentes mécaniques qui sont à notre disposition. Et il en va de même pour les combats et les affrontements de boss et leurs patterns. Ici, rien n’est vraiment insurmontable.

Mais s’il est indéniablement plus accessible qu’on aurait pu l’imaginer, certaines mécaniques restent toutefois un peu tendancieuses et imprécises. Je pense par exemple au système de visée, à l’arme ou au grappin, qui a tendance à nous mettre quelques bâtons dans les pattes et peut nous freiner dans notre élan pourtant bien engagé. Je pense aussi au système d’accroche sur les surfaces verticales qui aura tendance à un peu trop se déclencher sans qu’on le veuille vraiment.
Rusty Rabbit a été développé sous Unreal Engine 5, moteur très prisé sur la génération actuelle. Il mêle ici textures réalistes tout en disposant d’une très jolie direction artistique variant les décors comme je l’évoquais plus haut. Pour ce qui est du character design, la légende raconte que Gen Urobuchi (Psycho-Pass, Fate/Zero) a eu l’idée de Rusty Rabbit après avoir vu une image d’une poupée Sylvanian Families dans un mécha sur le réseau social Twitter/X. Et il faut bien avouer que la ressemblance des personnages de Rusty Rabbit avec la célèbre marque de jouets est frappante. Si le jeu tend vraisemblablement vers le réalisme tout au long de l’aventure, quelques plans façon peinture à l’huile émergeront de temps à autre, notamment en explorant les récits de la « bible » à l’église ou en restaurant des véhicules, tranchant avec le rendu graphique habituel, apportant une touche artistique assez singulière.

Quant à son OST, on est sur un tendance très blues, rythmée par les cordes de guitares électriques la plupart du temps, tout en s’abandonnant à des tonalités qui tirent sur la synthwave. La bande originale se veut donc très éclectique. Mention spéciale à son thème principal mais également les pistes lors des restaurations de vieilles guimbardes.
On revient sur le doublage, tout d’abord japonais, mené par le grand Takaya Kuroda, accompagné par Fairouz Ai, Show Hayami, ou encore Hiroki Yasumoto (Grimoire Weiss dans NieR Replicant ver.1.22474487139). Ceci dit, le doublage anglais n’est pas en reste. Stamp est cette fois-ci incarné par Yong Yea, qui double lui aussi Kazuma Kiryu depuis que Yakuza/Like A Dragon dispose d’un doublage anglais. Un choix tout ce qu’il y a de plus logique. On pourra également entendre la voix suave de David Hayter (éternel Snake dans Metal Gear Solid) ou même Nolan North (Nathan Drake d’Uncharted). Bref, les petits plats dans les grands nous sont ici servis quelque soit le doublage choisi.


Rusty Rabbit ne sera indéniablement pas le Metroidvania de l’année. Et pourtant il saura se faire apprécier, de par son accessibilité pour les néophytes, par une histoire touchante bien qu’aussi souvent longuette, un humour toujours présent qui nous fait esquisser quelques rictus, et un personnage principal bougon mais attachant. C’est aussi un jeu avec une mythologie bien développée au fil des heures qui nous propose sa vision d’un univers post-apocalyptique bien définie. Son gameplay où l’exploration est au cœur de l’aventure est intuitif et accessible au détriment de la difficulté initiée par son genre bien que parfois répétitif. Son contenu n’est pas en reste, Rusty Rabbit est un jeu généreux autant dans sa quête principale que dans son contenu secondaire, porté notamment par les donjons aléatoires, ou par les nombreuses activités proposées à Laitonbourg, HUB central du jeu. Ce nouveau jeu de NitroPlus possède autant de qualités que de défauts, il est imparfait, et pourtant il s’est révélé être une aventure prenante avec son petit goût de reviens-y. Mention spéciale pour ses doublages, anglais ou japonais, qui proposent un casting 5 étoiles ainsi que pour son OST et ses coups de gratte. Mais pour tout vous dire, oui, j’aimerai qu’il ait la visibilité qu’il mérite. C’est un jeu avant tout sans prise de tête mais avec l’ambition de proposer une aventure originale.

- Stamp, un personnage principal auquel on s’attache
- Un humour omniprésent
- Un Metroidvania accessible, c’est rafraichissant
- Un casting de doublage 5 étoiles
- L’exploration agréable
- La rejouabilité des donjons au fil de l’aventure
- Un tout petit prix pour une durée de vie honorable
- Graphiquement c’est super joli
- L’OST assez marquante

- Quelques mécaniques imprécises
- Parfois répétitif
- Les nombreuses longueurs scénaristiques
- Pas de version physique en occident