
Sorti en 2018, Kingdom Come Deliverance avait su conquérir le cœur de milliers de joueurs et de joueuses, de par sa proposition audacieuse et surtout inédite : proposer un RPG immersif avec une formule réaliste, dans la Bohème du XVème siècle. Nous sommes 7 ans plus tard et le studio Warhorse, avec à sa tête Daniel Vávra, nous propose sa suite directe, qui est disponible sur PS5, Xbox Series S/X et PC depuis le 4 février dernier. 95 heures de jeu plus tard, je vous propose donc mon avis sur mon jeu de l’année à n’en pas douter. Comme dirait notre cher ami Hans Capon : Audentes Fortuna Iuvat !*
*La fortune sourit aux audacieux

Version | Physique en Edition Gold sur Xbox Series X, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | 95h18mn |
Histoire terminée | Non |
Complétion totale | 20 succès sur 48 pour 365G |
Difficulté | Difficulté unique |

Genre(s) | Solo, Action-RPG, FPS, Action, Aventure |
Date de sortie | 4 février 2025 |
Prix (maximum conseillé) | 69€99 pour la version simple, 89€99 pour la version Gold |
Plateforme(s) | PS5, Xbox Series S/X et PC |
Voix | Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Tchèque |
Textes | Allemand, Anglais, Chinois, Coréen, Espagnol, Français, Italien, Japonais, Polonais, Portugais, Russe, Tchèque, Turc, Ukrainien |
Connexion obligatoire | Non |
Avant de pleinement se lancer dans l’aventure de ce test, un petit retour sur l’histoire de Kingdom Come Deliverance s’impose. Ecrit par Daniel Vávra, Kingdom Come Deliverance (que je vais appeler KCD afin de gagner du temps) nous transporte dans l’époque du XVème siècle dans la Bohème de l’époque (l’actuelle Tchéquie), qui fait partie du Saint Empire Romain Germanique. A la suite de la mort du roi Charles IV en 1378, son fils Venceslas prend sa succession. Mais il se révèle être totalement incompétent, ce qui pousse alors plusieurs seigneurs à demander l’aide de Sigismond de Luxembourg, beau fils de Charles IV et roi de Croatie et de Hongrie. Néanmoins, personne n’aurait pu prédire que Sigismond pèterait un fusible et réagisse aussi violement : il enferme Venceslas en prison et se met littéralement à attaquer le Royaume en le pillant sans vergogne. Au début de KCD, sorti en 2018 sur PS4, Xbox One et PC, nous incarnons Henry, fils d’un forgeron d’un petit village appelé Skalice. Alors qu’il a la vie devant lui et ne rêve que d’aventures, son destin bascule et échappe de peu à l’attaque d’une violence inouïe de son village par les forces mercenaires de Sigismond. Ayant tout perdu, que ce soit ses parents, ses ami(e)s et son village, Henry (et par extension le joueur) est livré à lui même et devra survivre au jour le jour pour se lancer ensuite dans une quête folle de vengeance envers Sigismond et ses mercenaires.

Nous sommes 7 ans plus tard et KCD 2 sort sur PS5, Xbox Series S/X et PC. Toujours chapeauté (que ce soit à la réalisation et l’écriture) par Daniel Vávra, cette suite nous fait toujours incarner Henry de Skalice dans sa croisade (et donc sa vengeance) contre Sigismond. Cette fois-ci, l’aventure nous fera visiter non pas une mais bien deux régions et nous entraine dans une aventure bourrée de rebondissements. Et je n’en dirais pas plus. C’était bien, voilà, fin du test, bisous.
Mais non je plaisante. Si vous n’avez jamais posé les mains sur un KCD, laissez moi vous expliquer que le studio Warhorse souhaite vous faire vivre l’expérience la plus réaliste possible (malgré tout de même certains compromis en termes de gameplay pour rendre l’aventure la plus appréciable possible). Se faisant, vous devrez prendre énormément de paramètres en compte pour vous en sortir. Par exemple, vous devrez vous nourrir à intervalles régulier, prendre le temps de dormir, de vous laver (ainsi que faire nettoyer vos vêtements avec du savon ou dans une laverie), vous équiper en tenant compte des multiples couches de vêtements si vous souhaitez vous équiper d’une armure (par exemple un couvre chef en dessous du casque pour éviter que la peau n’entre en contact avec l’acier). Lors des combats, il vous faudra une vraie stratégie d’attaque et non pas balancer votre épée comme un margoulin, lors de certains dialogues, les vêtements peuvent influencer votre interlocuteur (non, on ne va pas à une soirée mondaine en armure complète, non). Je pourrais continuer comme ça pendant très longtemps mais sachez que la formule de KCD exige beaucoup, trop diront certain(e)s. Mais vous le rendra au centuple.

Côté écriture, outre la qualité scénaristique des quêtes secondaires qui n’en ont que le nom, l’aventure principale, lorsqu’elle nous prend la main sans jamais nous la lâcher fait parti du panier haut de ces dernières années. Tout est finement écrit avec un soin précis et un sens certain du détail, que ce soit l’histoire en elle même que les dialogues et les personnages que nous rencontrons lors de notre périple. Certains personnages marquent bien évidement plus que d’autres mais dans l’ensemble, tout fait partie d’un immense tableau et rien n’est laissé au hasard. Premier gros coup de cœur, ce scénario donc, alors que je me suis momentanément arrêté dans la seconde région du jeu, le temps de vous proposer ce test.
Du côté du gameplay, FPS oblige, KCD 2 ne souhaite pas révolutionner complétement cette partie là mais regorge tellement de possibilités que ça en est (très) impressionnant. J’en veux pour preuve le « mini jeu » de l’alchimie qui exigera de vous de réellement préparer vos potions à l’aide d’une recette et des ingrédients récoltés dans la nature ou achetés chez un apothicaire. Cela étant dit, il faut saluer les combats puisque ceux-ci proposent tellement de possibilités que chaque Henry de chaque joueur peut être différent. De mon côté, si j’ai choisi de jouer épée bouclier, je sais que d’autres joueurs pourraient le jouer a l’arc ou l’arbalète et ainsi de suite.


Développé à l’aide du Cry Engine, moteur maison du studio Crytek (Far Cry, Crysis, Ryse Son Of Rome) et sur Xbox Series X, je le dit cash : KCD 2 est magnifique. Que ce soit ses panoramas ou ses intérieurs (qui regorgent de détails) de jour (on peut même savoir en avance quand il va pleuvoir en suivant les nuages) ou de nuit (nuit totalement noire qui oblige à se déplacer torche à la main), vous l’avez compris, j’ai pris une petite claque graphique.
Un mot, maintenant, sur la technique. Si, dans les premiers jours je n’ai pas trop eu de soucis particuliers à part de fortes chutes de framerate dans les forêts (j’y joue en 60 FPS) et des retours au menu « dashboard » inopinés, dernièrement j’ai remarqué subir de gros flash lumineux notamment lorsque je tourne la caméra. De plus, lors de mes lancements de session au menu de démarrage, je dois obligatoirement aller dans le menu des extensions pour les activer, sous peine de ne pas pouvoir charger ma sauvegarde. Cela n’arrive que lors du premier lancement et par la suite, je ne rencontre plus ce souci. Malgré ce genre de petits problèmes très singuliers, je trouve que sur le plan général, mes très nombreuses sessions se passent relativement bien, sans de réelles déconvenues. Je me dois tout de même d’évoquer avec vous l’IA du jeu, qui est vraiment poussée (par exemple, elle réagit à votre odeur corporelle si vous ne sentez pas la rose ou alors si vous vous lancez dans le grand banditisme, elle réagira si vous avez déjà volé par le passé et se méfiera de vous). Bref, vous l’avez compris avec ce petit exemple, l’IA de KCD 2 est redoutable. Sauf qu’il lui arrive régulièrement de faire dans le grand n’importe quoi. Par exemple, au début de l’aventure, je rencontre un PNJ qui m’aide et que j’aide en retour. Passé quelques heures, je me décide de dormir dans le premier lit venu et manque de chance, c’est le sien. Alors que cela fait trois heures que nous sommes devenus amis et qu’on se tutoie sans vergogne, le même PNJ me claque alors des vouvoiements et a totalement oublié que nous étions comme larrons en foire pas plus tard qu’il y a 2 minutes !


Un mot sur la bande son, celle-ci est dans le ton de l’aventure et surtout de l’époque visée, c’est à dire le moyen âge et se permet de proposer tout ce qu’il faut pour marquer le joueur, surtout dans les moments où il faut rajouter du spectaculaire sur un passage très spectaculaire. Enfin, je finis mon tour d’horizon par le doublage français où ce dernier souffle le chaud et le froid, Si la mention est très bien sur la voix française de Henry (Alexandre Gillet, inoubliable Frodon dans le Seigneur des Anneaux ou Chris Evans) ainsi que celles des autres rôles principaux, le reste du doublage pose un réel souci d’immersion. Par exemple, certains PNJ secondaires ont un parler très monotone, sans vie, qui rappelle les doublages des années 90-2000 et pourrait faire penser à de l’IA alors qu’il n’en est rien. Fort heureusement, le studio proposera prochainement un patch qui réglera le souci mais en attendant, si le casting principal est de très haute volée, c’est donc un peu plus compliqué quand on écoute les PNJ secondaires.
Maintenant, place à mon avis. Accrochez votre selle, préparez votre Lasagne cheval, nous sommes partis pour une (très longue aventure).

Au delà de son aventure principale et son histoire de vengeance, KCD 2 vous offrira, de force, une aventure qui deviendra donc votre aventure bien personnelle. Voici la mienne (pour vous mettre dans l’ambiance, souvenez-vous du générique de la série New York Unité Spéciale, ça va vous aider). Pour commencer, sachez que je me suis vu confier la lourde tâche de vous réaliser ce test. C’est avec le sens certain du challenge que j’ai accepté, ne sachant pas où je mettais les pieds. Se faisant, je me suis lancé durant 7 petites heures dans le premier KCD sur PS4, juste le temps d’accomplir le prologue (c’est à dire l’attaque du village de Henry). Puis, je me suis lancé dans KCD 2, sans avoir compris un traitre mot du côté du gameplay. Je me suis dit à ce moment là, grand fou furieux que je suis, que ça passerait facile (mais si ça paaaaasse)… Et là, se fut le drame. Pèle mêle, j’ai vécu un harcèlement de plusieurs meutes de loups qui m’ont mis la misère, je suis mort bêtement d’empoisonnement parce que je m’étais sustenter de nourriture avariée provenant de mon inventaire, me faisant perdre trois heures de jeu (au passage, sauvegardez votre partie souvent, ça peut aider). Puis, au bout de 10 heures, alors que j’enchainais les déconvenues, le fait de ne jamais réussir ce que j’entreprenais (mais vraiment, je tentais quelque chose, ça ne fonctionnait pas, je tentais quelque chose d’autre pour compenser, c’était la même sentence).
C’était, un peu, avec la mort dans l’âme que je me suis alors stoppé dans ma partie et je me suis posé, en allant lire ce que les autres joueurs pensaient de leur aventure à ce moment là. Et là j’ai eu le déclic ! Je me suis tourné vers le grand banditisme. Le vol de haut niveau, le meurtre (de nuit alors que tout le monde dort sinon ça ne vaut pas le coup), le larcin, les menaces, les arrestations… Bref, le déclic est finalement arrivé alors à ce moment là et j’ai découvert qu’avant de vraiment me lancer dans l’aventure principale, je devais passer certaines étapes : me construire mon Henry selon la vision que je voulais, même si au final, il s’est avéré que si au départ je voulais être archer (je me souviens encore de ce passage où j’ai essayé de prendre un camp de bandit à l’arc en tirant cette foutue flèche à côté de la tête du bandit alors que j’étais littéralement dans son dos… Ah la jeunesse, si insouciante…), j’ai fini par être un guerrier au bouclier et épée, bien hardcore, prêt à casser des bouches à tout va. Il m’aura fallu 30 heures. 30 heures pour réussir à obtenir un Henry à mon image, que ce soit au niveau de son éloquence, de sa force ou bien de ses compétences (sachez que la composante de prise de niveaux et de compétences est extrêmement intelligente puisqu’elle est pensée de telle sorte que plus on utilise un attribut, par exemple le fait de se promener surchargé fera monter à la fois votre force mais aussi votre vitalité, plus votre compétence sera élevée et vous permettra d’acquérir une compétence dans le domaine en question). De ce fait, on finit par avoir un Henry à notre image, qui n’est absolument pas restreint par aucune barrière que ce soit. Si d’un coup d’un seul, vous souhaitez le réorienter en armes lourdes, c’est possible, tout en conservant ce qui a déjà été acquis. De ce fait, arrivé au bout d’un long processus, je me suis rendu compte que mon Henry était devenu une vraie bête de guerre et je me suis enfin lancé dans l’aventure principale.


Si le plus marquant, pour moi, restera ce très long passage, qui même après 95 heures me fait beaucoup rire en repensant à mes déboires du début, le scénario n’est pas en reste non plus puisqu’une fois la main du joueur pris, on assiste alors à une histoire épique, totalement folle furieuse dans ses situations, ses dialogues alternant le burlesque ou bien le sujet très sérieux. Parfois, quand je me prenais quelques minutes pour réfléchir à ce que j’allais vous en dire, il m’arrive, même pendant l’écriture de ce test, de placer Kingdom Come Deliverance 2 sur le même pied d’égalité qu’un autre RPG qui me marquera à vie : Cyberpunk 2077. Même si le premier prône un réalisme poussé à un extrême et que le second se veut être plus arcade dans son gameplay, les deux se rejoignent sur la même donnée : son fond et leur propos sous-jacent. Si l’œuvre de CDPR souhaitait avant tout nous parler du sujet de la vie, de la mort et du capitalisme poussé à l’outrance, le bébé de Warhorse propose énormément de flèches à son arc pour marquer le joueur que je suis. De ce réalisme poussé, à la proposition d’explorer un territoire du moyen âge respecté mais tout de même réarrangé pour les besoins du joueur, de cette envie d’offrir au joueur sa propre aventure qu’il vivra différemment, de cette évasion constante et de cette bouffée d’air frais constant, j’ai eu envie de vous écrire ce test alors que je suis toujours dans mon aventure, non pas pour bazarder le jeu derrière et fin de l’histoire, mais bel et bien pour profiter des dernières heures le plus possible sans avoir la pression de me dire que je me dois de rendre un contenu. Parce que j’ai envie de savourer le plus longtemps possible mon aventure avant de me relancer dans une nouvelle run, cette fois-ci sur PS5 puisque pour soutenir le studio, je me suis offert une version PlayStation durant mes sessions sur Xbox.
Vous l’avez certainement compris mais les superlatifs me manquent pour vous décrire à quel point j’aime profondément Kingdom Come Deliverance 2. Une aventure unique. Singulière, intelligente, parfois drôle, parfois un peu moins mais c’est ce qui résume la vie, dira t’on. D’ailleurs, si j’utilise la phrase fétiche de Hans Capon, jusque dans le titre du test, ce n’est pas un hasard parce que la chance m’a vraiment sourit à force de faire preuve d’audace et de patience. Alors : Audentes Fortuna Iuvat !


Si mes débuts ont été extrêmement compliqués, c’est en prenant à bras le corps que j’ai finalement découvert toute l’intelligence de cette suite toujours chapeautée par le studio Warhorse et Daniel Vavra. Une suite bien écrite, avec autant de fond que de forme et beaucoup de générosité dans toutes les strates de son gameplay et sa formule qui exige énormément du joueur. Si l’œuvre n’est pas à placée dans toute les mains, pour peu que vous ne soyez pas patient(e)s, je prends tout de même le temps et le courage de vous le recommander chaudement, surtout si vous aimez les œuvres d’aventures avec pour cadre le moyen âge. Vous en ressortirez conquis(e), immergé(e) dans une aventure dépaysante, qui vous fera certainement oublier les affres de notre monde…

- Henry, charismatique au possible
- Alexandre Gillet, au top de sa forme
- Le reste du casting n’est pas en reste non plus
- Une écriture marquante, intelligente qui respecte son joueur
- Une œuvre d’une intelligence sans commune mesure
- l’Alchimie et la cueillette de plantes, ça détend
- Un système de compétences, là encore, d’une redoutable intelligence et simplicité
- Qui a dit que le crime ne payait pas ?
- Une durée de vie hallucinante
- Un sens particulier de la simulation au moyen âge
- Certains dialogues, à mourir de rire
- Le mode photo
- Le Cry Engine, il envoie du lourd

- Du côté de la technique, c’est parfois un peu compliqué, entre les chutes de framerate ou les flashs lumineux ainsi que d’autres joyeusetés
- Le doublage des PNJ secondaires qui fait très années 90-2000, on aurait pu s’en passer
- J’aurais aimé un mode photo plus fourni en terme de possibilités
- L’IA qui, parfois, fait n’importe quoi