La légende raconte que Guayota est une divinité maléfique de la culture guanche de Tenerife. Mais, c’est aussi le nom du projet de Team Delusion, studio madrilène, dont c’est le tout premier jeu, édité par Dear Villagers, et est directement inspiré de cette légende tout droit venue des îles Canaries. Guayota est initialement un projet qui nait en 2019, pour valider un master à l’Université Complutense de Madrid. Jouable dans une première démo cette même année, elle permet au studio de remporter plusieurs prix notamment au PlayStation Contest 2019 ou encore au FIMP 2019 de l’AEVI (Association Espagnole du Jeu Vidéo) ainsi qu’aux DevTalks 2019 à Madrid.
Les années passent et le petit studio espagnol travaille d’arrache pieds pour sortir son jeu, au mieux en 2022. Mais Guayota met un peu plus de temps que prévu à sortir, permettant à ses créateurs de peaufiner ce petit projet qui devient réalité. Mais son heure est arrivée, et c’est donc le 13 août 2024 que Guayota sera disponible sur PC et Nintendo Switch. Voici donc sans plus attendre mon test de ce jeu de réflexion sur fond de légende espagnole! Si Guayota vous fait de l’œil, sachez qu’une démo est disponible sur Steam.
Version | Numérique sur PC, fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | Environ 12h |
Histoire terminée | Non mais presque (la dernière énigme est en train de me rendre zinzin) |
Complétion totale | 23% des succès débloqués |
Difficulté | Unique |
Genre(s) | Aventure, Puzzle, Réflexion |
Date de sortie | 13 août 2024 |
Prix (maximum conseillé) | 14€99 |
Plateforme(s) | PC, Nintendo Switch |
Voix | Anglais, Espagnol |
Textes | Français, Anglais, Espagnol, Chinois simplifié et traditionnel, Japonais, Portugais |
Connexion obligatoire | Non |
1506. La couronne d’Espagne vous demande votre aide et vous confie une mission secrète: lors d’une expédition, vous devrez partir à la recherche de l’île de Saint Brendan, une île fantôme, qui, d’après la légende, a été découverte par un ecclésiastique du même nom et serait un paradis. Alors que vous arrivez aux abords de l’île, vous êtes gagné par un profond sommeil. A votre réveil, Nicolas, un de vos camarades de voyage, vous confie la mission d’explorer ses différents temples afin d’une part d’y retrouver les autres membres de l’équipage égarés mais également découvrir les sombres secrets de cette île mystérieuse.
C’est ainsi que démarre Guayota. Tout au long du jeu, la narration se révèle plutôt discrète pour se concentrer sur la légende elle-même de l’île, sa compréhension, son interprétation, en évoquant les figures qui l’ont rendue célèbre, au travers de tablettes dessinées jadis et d’une dualité de « dimensions ». C’est là que se dévoile notre objectif, découvrir les secrets que renferme Saint Brendan. Mais ce que nous ignorions à notre arrivée, c’est que l’île de Saint Brendan cache bien plus de mystères et de questionnements qu’on ne l’imaginait, rendant le scénario discret, certes, mais finalement particulièrement intrigant et jouissant d’une certaine profondeur.
Guayota est un jeu d’aventure en vue du dessus axé sur les casse-têtes et leur résolution. Autant vous le dire tout de suite, si vous n’êtes pas adeptes de jeux de réflexion, le jeu de Team Delusion n’est pas fait pour vous. De prime abord, Guayota se veut relativement simple et propose une série d’énigmes très intuitives à résoudre. Mais les premières heures sont loin d’être représentatives de ce qui nous attend plus loin.
Chaque temple proposera bien souvent deux versions de certaines de ces salles influant sur les énigmes tout en ayant un élément/thème de prédilection. Cela peut être le feu ou la lumière par exemple, et c’est ce qui donne le ton sur la façon de résoudre les énigmes dans des salles plus ou moins grandes dans lesquelles il faut parfois éclairer un certain nombre de stèles, ou encore rediriger des lasers pour ouvrir les portes. Autrement dit, Guayota propose son lot d’énigmes tantôt plutôt faciles et intuitives, tantôt bien plus ardues, qui demanderont un certain temps de réflexion. Vous pourrez ne passer que quelques minutes à résoudre l’énigme d’une salle tout comme vous pourrez vous creuser les méninges pendant plusieurs heures (et je parle en connaissance de cause).
Du long de ses 4 temples, Guayota demande un certain sens de la logique. Une fois le schéma des énigmes compris, il faudra avant tout faire appel à votre bon sens pour mettre en pratique la façon de les résoudre. Mais sur le papier c’est plus facile à dire qu’à faire et dans son exécution, Guyota mettra à mal bien plus d’un de vos neurones. En effet, il laisse libre court à votre logique, sans aucun indice, une torche pour seul équipement, vous êtes entièrement seuls avec vous-mêmes et le devoir d’avoir un sens de l’observation aiguisé et peut-être parfois un peu de chance.
Mais derrière sa difficulté indéniable, Guayota est sans l’ombre d’un doute un jeu addictif qui nous pousse dans nos derniers retranchements, et nous scotche manette, clavier et souris en mains jusqu’à ce nous arrivions à avancer. Chaque étape passée est une vraie victoire et un petit pas vers la suite de l’aventure. Mais à côté de ça, il pourra souvent se dévoiler frustrant, mettant à mal notre patience. La faute, dans un premier temps, a une difficulté parfois en dents de scie. Mais aussi, plus souvent, à son level design. S’il est des plus ingénieux, il peut aussi se révéler très alambiqué, dans des salles souvent trop grandes, dans lesquelles il est difficile de visualiser la marche à suivre, surtout vers la fin du jeu. En ressortira donc des énigmes qui trainent parfois en longueur, ce qui alimentera impatience et frustration.
Guayota a été développé sous Unreal Engine. Si le moteur aide énormément à sa qualité visuelle, la direction artistique proposée par le studio espagnol n’en reste pas moins d’une beauté certaine de par ses couleurs flamboyantes, évidemment, mais aussi grâce à une maitrise des effets de lumières qui permettent à leur jeu de jouir d’une ambiance aussi fascinante que déconcertante.
L’OST se révèle d’une véritable douceur. Les compositions de Miguel Prida et Omar Riveros ont un réel impact apaisant sur nos nerfs. Du côté du doublage, bien que très discret tout au long de l’aventure, il faut saluer les prestations de Sarah Nightingale pour la version anglaise et Graciela Molina pour la version originale en espagnole.
En termes techniques, rien à signaler sur la version PC. Très stable et peu gourmand on peut s’attendre à ce que la version Switch soit du même acabit. Néanmoins, je me dois de vous expliquer les 22h de jeu. Si je me suis souvent heurté à certaines énigmes particulièrement fastidieuses pour mon cerveau de moineau, j’ai également essuyé un bug bloquant vers la moitié du jeu. En effet, alors que je m’apprêtais à entrer dans l’avant dernier temple, le jeu était, lui, persuadé que je l’avais déjà parcouru m’invitant à explorer le dernier. Malheureusement, impossible d’avancer plus loin faute de ne pas posséder les clés nécessaires à son ouverture. J’ai donc décidé de recommencer tout le jeu. Ce bug a donc été remonté au studio afin qu’une mise à jour puisse être déployée dans les plus brefs délais.
Guayota n’est évidemment pas parfait mais pour un premier jeu, Team Delusion s’en sort haut la main pour proposer un jeu de réflexion palpitant, intrigant et addictif. Evidemment, difficile de le conseiller à des non initiés au genre, puisqu’il aura tendance à se révéler parfois très complexe tant la construction de ses énigmes est particulièrement poussée. Mais bien que son approche peut parfois être frustrante, Guayota nous scotche manette en main et nous pousse dans nos derniers retranchements pour réussir à poursuivre l’aventure. Le traitement de la légende des îles Canaries est véritablement passionnant et sert évidemment son scénario avec brio. Si Guayota a parfois très largement mis à mal mes capacités cognitives, il n’en reste pas moins une petite perle de la scène indépendante qui ravira ceux qui aiment la réflexion et les défis.
- La mise en valeur d’une légende canarienne
- Un gameplay minimaliste au service de la réflexion
- Difficile mais addictif…
- La variété des énigmes
- Deux dimensions qui influent sur la résolution des énigmes
- Une direction artistique somptueuse
- L’ambiance globale fascinante
- L’OST apaisante
- Le doublage anglais et espagnol très qualitatif
- Des énigmes qui traînent trop en longueur vers la fin du jeu
- Un potentiel bug bloquant peut faire son apparition à la moitié du jeu
- …mais aussi parfois frustrant